« Œuvres complètes de Béranger/Le Champ d’Asile » : différence entre les versions

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Version du 17 mars 2012 à 14:57

Pour les autres éditions de ce texte, voir Le Champ d’Asile.

Œuvres complètes de Béranger
Œuvres complètes de BérangerH. Fournier2 (p. 14-16).


LE CHAMP D’ASILE


AOÛT 1818



Un chef de bannis courageux,
Implorant un lointain asile,
À des sauvages ombrageux
Disait : « L’Europe nous exile.
« Heureux enfants de ces forêts,
« De nos maux apprenez l’histoire :
« Sauvages ! nous sommes Français ;
« Prenez pitié de notre gloire.

« Elle épouvante encor les rois,
« Et nous bannit des humbles chaumes
« D’où, sortis pour venger nos droits,
« Nous avons dompté vingt royaumes.
« Nous courions conquérir la paix
« Qui fuyait devant la Victoire.
« Sauvages ! nous sommes Français ;
« Prenez pitié de notre gloire.

« Dans l’Inde, Albion a tremblé
« Quand de nos soldats intrépides

« Les chants d’allégresse ont troublé
« Les vieux échos des Pyramides.
« Les siècles pour tant de hauts faits
« N’auront point assez de mémoire.
« Sauvages ! nous sommes Français ;
« Prenez pitié de notre gloire.

« Un homme enfin sort de nos rangs ;
« Il dit : « Je suis le dieu du monde. »
« L’on voit soudain les rois errants
« Conjurer sa foudre qui gronde.
« De loin saluant son palais,
« À ce dieu seul ils semblaient croire.
« Sauvages ! nous sommes Français ;
« Prenez pitié de notre gloire.

« Mais il tombe ; et nous, vieux soldats,
« Qui suivions un compagnon d’armes,
« Nous voguons jusqu’en vos climats,
« Pleurant la patrie et ses charmes.
« Qu’elle se relève à jamais
« Du grand naufrage de la Loire !
« Sauvages ! nous sommes Français ;
« Prenez pitié de notre gloire. »

Il se tait. Un sauvage alors
Répond : « Dieu calme les orages.
« Guerriers ! partagez nos trésors,
« Ces champs, ces fleuves, ces ombrages.
« Gravons sur l’arbre de la Paix
« Ces mots d’un fils de la Victoire :

« Sauvages ! nous sommes Français ;
« Prenez pitié de notre gloire. »

Le champ d’Asile est consacré ;
Élevez-vous, cité nouvelle !
Soyez-nous un port assuré
Contre la fortune infidèle.
Peut-être aussi des plus hauts faits
Nos fils vous racontant l’histoire,
Vous diront : Nous sommes Français ;
Prenez pitié de notre gloire.