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II
préface

toire plaisante et facétieuse de Lazare de Tormès », ils ont bien vu qu’on pouvait « recongnoistre bonne partie des mœurs, vie et condition des Espagnolz », comme dit un de nos vieux traducteurs : de là le succès prodigieux à l’étranger de ce pamphlet social, en un temps où l’Espagne, à la tête des nations occidentales, attirait tous les regards, provoquait toutes les jalousies et toutes les haines. On épiait les défauts et les faiblesses du colosse ; on fut ravi qu’il les dénonçât lui-même. Pendant plus de cinquante ans l’Europe ne connut guère l’Espagne et les Espagnols qu’au travers des croquis à la fois plaisants et cruels de ce livre, et en plein xviie siècle le Lazarille était encore assez goûté chez nous pour qu’un Espagnol, réfugié en France, s’occupât d’en rajeunir le style et le continuât à sa façon.

L’histoire littéraire voit à juste titre dans notre roman le prototype de la nouvelle picaresque ; elle fait du Lazarille le père de toutes ces gueuseries qui ont pullulé pendant près d’un siècle sur le sol espagnol et nous ont donné, par le Gil Blas, notre roman de mœurs moderne.

Deux procédés ont concouru à la formation de ce genre, où les Espagnols ont excellé : le récit autobiographique et la satire des mœurs contemporaines. Le héros parle en son nom, conte lui-même sa vie, voilà le premier trait ; mais ce qu’il conte lui est, pour ainsi dire, prescrit d’avance, il se meut dans un cercle déterminé d’idées, de sentiments, de situations ; il ne lui est pas loisible de s’égarer, comme les héros des chevaleries ou des bergeries, dans des aventures plus ou moins extraordinaires, où l’imagination crée tout et s’en donne à cœur joie ; il doit rester de son pays et de son temps, le plus près possible du réel, faire ressemblant, car le but de l’œuvre étant surtout la satire des vices et des ridicules contemporains, il convient que les allusions