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un jour éclatant, des horizons nets, où tout se découvre ; ici les longues houles accourues du fond de l’Atlantique, ondulations puissantes qui soulèvent comme fétus les masses les plus orgueilleuses et les font pesamment retomber sous l’écrasement de leurs volutes ; là-bas des lames violentes et rageuses, mais courtes, qui lancent à l’assaut du cuirassé des « paquets de mer », des embruns plus gênans que dangereux. Et puis, aux colères du grand lac bleu, bien vite apaisées, des chapelets de grandes îles opposent des barrières derrière lesquelles on a tôt fait de trouver un abri.

Tout cela justifie nos pères, gens avisés et de bon conseil, d’avoir eu deux marines de caractères très distincts, la Marine du Ponant, avec ses vaisseaux de haut bord, aux flancs robustes, au lourd échafaudage de voiles, et la Marine du Levant, avec ses fines galères, agiles et basses, dont la tactique, bénéficiant d’un moteur indépendant des caprices de la brise, ressemble beaucoup à celle des escadres modernes.

Faut-il s’inspirer de cet exemple et admettre deux types tranchés de navires de combat, l’un à murailles élevées, du moins à l’avant, l’autre à plat-bord bas ; l’un résigné aux vastes superstructures, qui offrent des cibles si complaisantes aux coups répétés de l’artillerie à tir rapide, l’autre résolu, puisque la mer le lui permet, à ne présenter à son adversaire qu’un but réduit et des surfaces fuyantes ? Sans doute, il le faut, et sans hésiter. Ce n’est même pas assez de rechercher la solution du monitor de haute mer pour la Méditerranée, solution facile ; l’intensité du feu sera telle dans les batailles de l’avenir, et si complète la destruction par les obus à explosifs de tout ce qui dépasse la ceinture de flottaison, qu’il conviendrait dès maintenant d’attirer l’attention des constructeurs sur le problème général de l’abaissement de cette cible, de la suppression de cette muraille verticale. Bon gré, mal gré, le bâtiment de ligne doit s’araser comme la forteresse, car de vouloir tout couvrir de revêtemens métalliques, c’est folie, folie ruineuse ; et de prétendre que l’on peut, tel jour donné, « sacrifier les œuvres mortes », où l’on installe pourtant des services essentiels, où on loge l’équipage, c’est se faire une étrange idée des conditions pratiques de la guerre, oublier que l’on se battra loin de sa base d’opérations, et que, pour la regagner, il faut compter avec la mer, avec le mauvais temps.

Voilà donc ce que nous impose l’étude des deux élémens fixes, permanens, de la détermination des types d’une flotte