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[[Catégorie:L’Encyclopédie, 1re édition]]
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Version du 10 janvier 2014 à 15:11

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CHEVREFEUILLE, s. m. caprifolium, genre de plantes à fleurs monopétales, soûtenues par un calice, disposées en rond, tubulées & partagées en deux levres, dont la supérieure est découpée en plusieurs lanieres, & l’inférieure est faite ordinairement en forme de langue. Le calice devient dans la suite un fruit mou, ou une baie qui renferme une semence applatie & arrondie. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Le chevrefeuille, est un arbrisseau grimpant, fort connu & très-commun, que l’on cultive cependant pour l’agrément, & qui est admis depuis long-tems dans les plus beaux jardins, par rapport à la variété & à la durée de ses fleurs, dont la douce odeur plaît généralement : mais ce n’est qu’en rassemblant les différentes especes de chevrefeuilles qu’on peut se procurer un agrément complet. Quelques-uns de ces arbrisseaux ont leurs feuilles opposées & bien séparées ; dans quelqu’autres especes, les feuilles sont tellement jointes par leur base, qu’il semble que la branche ne fait que les enfiler ; d’autres ont les feuilles découpées ; d’autres les ont panachées ; d’autres enfin les gardent pendant toute l’année. Leurs fleurs sur-tout varient par la couleur, par l’odeur, par la saison où elles paroissent, & par la durée ; ensorte que l’on peut tirer grand parti de ces arbrisseaux pour l’ornement d’un jardin. Ils s’élevent assez pour garnir de hautes palissades, des portiques, des berceaux, des cabinets. On peut aussi les réduire à ne former que des buissons, des haies, des cordons ; & par le moyen d’une taille fréquente on peut les arrondir & leur faire une tête. Les Anglois l’employent encore à garnir la tige des grands arbres, des ormes sur-tout, dont le feuillage peu épais ne nuit point à la fleur du chevrefeuille ; ses rameaux flexibles entrelacent les branches de l’arbre, & parfument l’air d’une excellente odeur.

Ces arbrisseaux croissent promptement, sont très robustes, réussissent en toutes terres, à toutes expositions, & se multiplient très-aisément. Le plus court moyen d’y parvenir, est de coucher des branches plûtôt en automne qu’au printems, parce qu’elles font peu de racines ; ce qui oblige à les aider en marcottant la branche, en y rapportant un peu de bonne terre, & en ne négligeant pas d’arroser dans les sécheresses. Avec ces précautions, il se fera des racines suffisantes pour la transplantation l’automne suivant. On peut encore les faire venir de boutures, qui réussiront plus sûrement si on les coupe avec un peu de vieux bois, & si on les fait en automne, parce que ces arbrisseaux commencent à pousser dès le mois de Décembre. Il se plaisent sur-tout dans un terrein frais & leger, & à l’exposition du nord, où ils ne sont pas si souvent infectés de pucerons, auxquels la plûpart de ces arbrisseaux ne sont que trop sujets ; mais comme ces insectes s’attachent toûjours aux plus jeunes rejettons, on y remédie en quelque sorte par la taille.

Especes & varietés du chevrefeuille. 1°. Le chevrefeuille précoce. Les Anglois l’appellent chevrefeuille de France ; il fleurit dès la fin d’Avril.

2°. Le chevrefeuille Romain. La fleur paroît au commencement du mois de Mai.

Ces deux especes ne sont pas tant estimées que les autres, parce que leurs fleurs passent vîte, & qu’ils sont trop sujets à être attaqués de pucerons qui couvrent entierement ces arbrisseaux, dès que les premieres chaleurs de l’été se font sentir, & les dépouillent de leurs feuilles ; ensorte que pendant le reste de l’année ils ne font plus qu’un aspect desagréable, qu’on leur passe toûjours, en considération de ce que leurs fleurs sont très-printanieres.

3°. Le chevrefeuille blanc d’Angleterre. Ses fleurs viennent à la mi-Mai.

4°. Le chevrefeuille rouge d’Angleterre. Sa fleur, qui paroît à la fin de Mai, est blanche en-dedans & rouge en-dehors.

Ces deux especes se trouvent dans les haies en plusieurs endroits d’Angleterre ; leurs tiges sont plus menues & plus foibles que dans les autres especes ; aussi sont-elles plus sujettes à s’incliner & à traîner sur terre. M. Miller dit que c’est la principale cause qui a fait négliger de les admettre dans les jardins.

5°. Le chevrefeuille à feuille de chêne, ainsi nommé de ce que sa feuille a sur les bords des sinuosités irrégulieres, qui lui donnent quelque ressemblance avec la feuille du chêne. C’est une variété du chevrefeuille blanc d’Angleterre, qu’on a découverte dans les haies de ce pays-là, mais qu’on y trouve rarement ; c’est au reste ce qui en fait tout le mérite.

6°. Le chevrefeuille panaché à feuille de chêne. C’est une autre variété plus curieuse que belle.

7°. Le chevrefeuille blanc d’Angleterre à feuille panachée de jaune. C’est encore une autre variété dont il ne paroît pas qu’on fasse grand cas.

8°. Le chevrefeuille d’Allemagne. Cette espece se trouve communément en Bourgogne, dans les bois & dans les haies : elle n’en mérite pas moins la préférence sur celles qui précedent. Ses fleurs, qui viennent en gros bouquets, durent très-long-tems ; elles commencent à paroître à la mi-Juin, & continuent jusqu’aux gelées ; & l’arbrisseau est très-rarement attaqué par les pucerons. Il pousse de plus longs rejettons que les autres especes ; mais il donne moins de fleurs. Si on veut les ménager, il faudra s’abstenir de racourcir ses branches, jusqu’à ce que la fleur soit passée.

9°. Le chevrefeuille rouge tardif. C’est une des plus belles especes du chevrefeuille, & l’arbrisseau le plus apparent qu’il y ait en automne, tems où il y en a bien peu d’autres qui fleurissent. Il produit au bout de chaque branche plusieurs bouquets de fleurs bien garnis, qui s’épanouissent presque tous à la fois, & qui font un bel aspect pendant environ quinze jours.

10°. Le chevrefeuille toûjours verd. C’est encore une très-belle espece de chevrefeuille, qui avec ce qu’il ne quitte pas ses feuilles pendant l’hyver, produit les plus belles fleurs & en grande quantité. Elles paroissent au commencement de Juin, & continuent souvent jusqu’en automne ; il en paroît encore quelques bouquets au mois d’Octobre, & jusqu’au gelées. La branche couchée est la voie la plus sûre pour multiplier cette espece, qui ne réussit de bouture que très-difficilement. Etant originaire d’Amérique, il se trouve un peu plus délicat que les autres especes ; les grands hyvers lui causent quelque dommage lorsqu’il est placé à une situation trop découverte ; mais il est fort rarement attaqué des pucerons.

11°. Le chevrefeuille de Canada. Sa fleur est petite & de peu d’apparence.

12°. Le chevrefeuille de Candie. On n’en sait guere que ce qu’en a dit Tournefort ; que ses feuilles ressemblent à celles du fustet ; & que sa fleur, qui n’a point d’odeur, est en partie blanche, en partie jaunâtre.

13°. Le chevrefeuille de Virginie. C’est l’un des plus beaux arbrisseaux qui résistent en plaine terre dans ce climat. Ses fleurs jaunes en-dedans, & d’une couleur écarlate, vive, fine, & brillante au-dehors, paroissent au commencement de Mai, continuent avec abondance tout l’été, & il en reparoît encore quelques-unes en automne, qui durent jusqu’aux gelées. Il croît très-promptement ; il résiste aux plus cruels hyvers ; il s’accommode de tous les terreins & de toutes les expositions ; il garnit très-bien une palissade, & je l’ai vû s’élever jusqu’à 15 piés. On lui donne encore le mérite de garder ses feuilles pendant l’hyver, mais je n’ai pas trouvé qu’il conservât cette qualité en Bourgogne, sinon dans sa premiere jeunesse. Il se multiplie très-aisément, & tout aussi bien de bouture que de branches couchées. Il suffira de ne les coucher qu’au printems, & on pourra differer jusqu’en été à faire les boutures. Ces moyens réussiront également, & les plants se trouveront en état d’être transplantés l’automne suivant ; car cet arbrisseau se fournit de quantité de racines, & avec la plus grande facilité, même dans le sable & sans arrosemens. Il ne lui manque que l’agrément d’avoir de l’odeur ; au moins n’en a-t-il point de desagréable ; on peut dire même qu’il n’en a aucune. Il est un peu sujet aux pucerons dans les étés trop chauds, & lorsqu’il est placé au midi. (c)

Chevrefeuille, (Matiere médicale.) On attribue à toutes les parties du chevrefeuille la vertu diurétique. Le suc exprimé des feuilles est vulnéraire & détersif : on le recommande pour les plaies de la tête, la gratelle, & les autres vices de la peau. On employe la décoction des feuilles en gargarisme, pour les maladies des amygdales, l’inflammation de la gorge, les ulcérations, & les aphthes.

L’eau distillée des fleurs de cette plante est utile pour l’inflammation des yeux ; & Rondelet l’estime fort pour accélerer l’accouchement, sur-tout si on fait prendre un gros de graine de lavande en poudre, avec trois onces de cette eau. Geoffroi, mat. méd.