« Page:Tolstoï - Le Faux Coupon et autres contes.djvu/342 » : différence entre les versions

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Cette première année de ménage était pour Eugène une année très difficile. Elle était difficile parce que les affaires qu’il avait ajournées pendant ses fiançailles, maintenant arrivaient toutes à la fois ; et il était forcé de constater qu’il lui était impossible de se tirer complètement des dettes. On vendit une partie de la propriété pour payer les dettes les plus pressantes, mais il y en avait d’autres, et l’on restait sans argent. La propriété donnait de bons revenus, mais il fallait envoyer au frère, il y avait eu des dépenses pour le mariage, de sorte que l’argent manquait, et l’on dut même arrêter le fonctionnement de la raffinerie. Il n’avait qu’un moyen de se tirer d’affaire : se servir de l’argent de sa femme. Lise ayant compris la situation de son mari l’exigea. Eugène consentit, mais à condition de mettre, par un acte de vente, la moitié de la propriété au nom de sa femme. Et il fit ainsi, bien entendu, pas pour sa femme, qui en était froissée, mais pour sa belle-mère.
Cette première année de ménage était pour Eugène une année très difficile. Elle était difficile parce que les affaires qu’il avait ajournées pendant ses fiançailles, maintenant arrivaient toutes à la fois ; et il était forcé de constater qu’il lui était impossible de se tirer complètement des dettes. On vendit une partie de la propriété pour payer les dettes les plus pressantes, mais il y en avait d’autres, et l’on restait sans argent. La propriété donnait de bons revenus, mais il fallait envoyer au frère, il y avait eu des dépenses pour le mariage, de sorte que l’argent manquait, et l’on dut même arrêter le fonctionnement de la raffinerie. Il n’avait qu’un moyen de se tirer d’affaire : se servir de l’argent de sa femme. Lise ayant compris la situation de son mari l’exigea. Eugène consentit, mais à condition de mettre, par un acte de vente, la moitié de la propriété au nom de sa femme. Et il fit ainsi, bien entendu, pas pour sa femme, qui en était froissée, mais pour sa belle-mère.

Version du 27 mars 2014 à 17:42

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VII

Cette première année de ménage était pour Eugène une année très difficile. Elle était difficile parce que les affaires qu’il avait ajournées pendant ses fiançailles, maintenant arrivaient toutes à la fois ; et il était forcé de constater qu’il lui était impossible de se tirer complètement des dettes. On vendit une partie de la propriété pour payer les dettes les plus pressantes, mais il y en avait d’autres, et l’on restait sans argent. La propriété donnait de bons revenus, mais il fallait envoyer au frère, il y avait eu des dépenses pour le mariage, de sorte que l’argent manquait, et l’on dut même arrêter le fonctionnement de la raffinerie. Il n’avait qu’un moyen de se tirer d’affaire : se servir de l’argent de sa femme. Lise ayant compris la situation de son mari l’exigea. Eugène consentit, mais à condition de mettre, par un acte de vente, la moitié de la propriété au nom de sa femme. Et il fit ainsi, bien entendu, pas pour sa femme, qui en était froissée, mais pour sa belle-mère.

La situation critique de ses affaires fut une des choses qui empoisonnèrent la vie d’Eugène pendant cette première année. L’autre fut la maladie de sa femme. Cette même première année, sept mois après le mariage, en automne, un accident arriva à Lise. Elle était partie en char-à-bancs à la rencontre de son mari qui revenait de la ville. Le cheval, très doux, se mit à gambader. Lise prit peur et s’élança de la voiture. Sa chute avait été relativement heureuse ; elle avait pu s’accrocher à une roue, mais elle était enceinte, et dans la nuit elle