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par l’horizontale BG et le cercle F, n’est là que pour empêcher l’étai DE de fléchir. Si l’architecte qui a tracé cet arc-boutant eût pu faire tailler le triangle DBG dans un seul morceau de pierre, il se fût dispensé de placer le lien AB. Toutefois, pour oser appareiller un arc-boutant de cette façon, il fallait être bien sûr du point de la poussée de la voûte et de la direction de cette poussée, car si ce système de buttée eût été placé un peu au-dessus ou au-dessous de la poussée, si la ligne DE n’eût pas été inclinée suivant le seul angle qui lui convenait, il y aurait eu rupture au point B. Pour que cette rupture n’ait pas eu lieu, il faut supposer que la résultante des pressions diverses de la voûte agit absolument suivant la ligne DE. Ce n’est donc pas trop s’avancer que de dire : le système de l’arc-boutant, au XIVe siècle, était arrivé à son développement le plus complet. Mais on peut avoir raison suivant les règles absolues de la géométrie, et manquer de sens. L’homme qui a dirigé les constructions de l’église de Saint-Urbain de Troyes était certes beaucoup plus savant, meilleur mathématicien que ceux qui ont bâti les nefs de Chartres, de Reims ou d’Amiens, cependant ces derniers ont atteint le but et le premier l’a dépassé en voulant appliquer ses matériaux à des combinaisons géométriques qui sont en complet désaccord avec leur nature et leurs qualités ; en voulant donner à la pierre le rôle qui appartient au bois, en torturant la forme et l’art enfin, pour se donner la puérile satisfaction de les soumettre à la solution d’un problème de géométrie.

Ce sont là de ces exemples qui sont aussi bons à étudier qu’ils sont mauvais à suivre.

Ce même principe est adopté dans de grands édifices. On voit dans la partie de la nef de la cathédrale de Troyes, qui date du XVe siècle, un arc-boutant à double volée particulièrement bien établi pour résister aux poussées des grandes voûtes. Il se compose de deux buttées rigides de pierre réunies par une arcature à jour (67) ; la buttée inférieure est tangente à l’extrados de l’arc, de manière à reporter la poussée sur la naissance de cet arc, en le laissant libre toutefois par la disposition de l’ap-