« Page:Revue de métaphysique et de morale, supplément 3, 1914.djvu/14 » : différence entre les versions

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fondamentale du jugement moral, et
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même du jugement moral de l’individualiste
ou de l’hédoniste ; et l’impératif
catégorique devrait être : « Veuille objectivement »,
ou : « Considère toujours les
choses du point de vue qui est pour toi
le plus lointain ».

Une dernière partie étudie l’application
de cette norme à la pratique, à la vie
morale, et termine ce livre qui, à part
quelque lenteur dans l’exposé et la critique
des systèmes de morale, est solidement
composé et témoigne d’une étude psychologique
très approfondie et très neuve des
processus psychologiques du jugement
moral.

'''Wort und Seele'''. ''Eine Untersuchunq über die Gesetze in der Dichtung'', par
Hellmuth Falkenfeld, Leipzig, Meiner,
1914. — Cette étude, dans l’esprit de
son auteur, doit être accessible à tous,
non aux seuls esthéticiens. C’est une
déclaration de guerre à « l’anarchie qui
règne aujourd’hui en art et spécialement
en poésie ». Le livre ne se propose
pas de poser des lois absolues, d’étudier
le concept du beau ou de l’art ; il ne se
pose pas la question : qu’est-ce que la
poésie ? mais : comment la poésie est-elle
possible, si elle se compose de ces deux
facteurs : le mot et l’âme ? En résolvant
ce problème, l’auteur espère élever une
« barrière à l’invasion grandissante du
libertinisme artistique ».

Il importe tout d’abord de situer nettement
la poésie au milieu des arts limitrophes.
L’âme exerce son activité dans
le temps et dans l’espace ; d’une activité
de jeu déployée dans l’espace naissent
les arts plastiques ; l’âme qui « pénètre
le temps » engendre la musique. Cette
distinction est capitale ; car le mot,
instrument de la poésie, est à la fois
spatial et temporel ; la poésie est donc un
art a la fois spécial et largement compréhensif.

Au début, le mot et l’âme sont « deux
adversaires » irréconciliables. Ils n’ont
rien de commun ; l’âme évite le mot
quand elle veut se traduire dans sa véritable
essence (les grandes joies et les
grandes douleurs sont muettes) ; et le
mot, lui, a une âme, une âme spéciale :
il enferme, sous un extérieur correct et
figé, une expérience, ou le souvenir de
quelque chose de vécu. C’est la conciliation
des deux termes de cette antinomie
qui est le but de l’art, et non la réalisation
d’un idéal musical (temporel) ou
plastique (spatial). L’harmonie pure est,
en poésie nue, un naturalisme inconscient ;
les poètes qui recherchent exclusivement
la musique du vers ne « saisissent que
l’animalité du mot ». Car les mots sont
l’animalité du mot ». Car les mots sont
chargés de pensée, de sentiment, de souvenirs
chargés de pensée, de sentiment, de souvenirs ;
et si les mots « beauté » et
et si les mots « beauté » et
« amour » sonnent à notre oreille comme
« amour » sonnent à notre oreille comme
des notes musicales, c’est moins pour des
des notes musicales, c’est moins pour des
raisonsacoustiquesque pour les souvenirs
raisons acoustiques que pour les souvenirs
concrets qu’ils évoquent et font vibrer
concrets qu’ils évoquent et font vibrer
synchroniquement en nous.
synchroniquement en nous.















Si le poète doit se garder de n’être
Si le poète doit se garder de n’être
qu’un musicien, il lui faut encore plus
qu’un musicien, il lui faut encore plus
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son âme dans le mot. Ce dualisme, cette
son âme dans le mot. Ce dualisme, cette
antinomie du mot et de l’âme se retrouvent
antinomie du mot et de l’âme se retrouvent
dans la poésie épique, dramatique;
dans la poésie épique, dramatique ;
lyrique, dans l’humour et dans le grotesque
lyrique, dans l’humour et dans le grotesque
(sa forme supérieure), et le vrai
(sa forme supérieure), et le vrai
poète est celui qui la résout.
poète est celui qui la résout.
A côté de quelques redites qui semblent
A côté de quelques redites qui semblent
empruntées au Laokoon de Lessing,
empruntées au Laokoon de Lessing,
ce livre renferme des choses nouvelles
ce livre renferme des choses nouvelles
imprégnées d’une philosophie toute moderne
imprégnées d’une philosophie toute moderne
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Eine internationale bibliographische
Eine internationale bibliographische
Jahres&bersicht über alle auf dem Gebiete
Jahres&bersicht über alle auf dem Gebiete
der Philosophie erschienenen Zeitsohriflen,
der Philosophie erschienenen Zeitsohriflen,
Bûcher, Aufsâtze, Dissertationen usw., in
Bûcher, Aufsâtze, Dissertationen usw., in
sachlicher and alphabetisches Anordnung,
sachlicher and alphabetisches Anordnung,
herausg, von D’ ARNOLD Ruge, Privatdozent
herausg, von D’ARNOLD Ruge, Privatdozent
an der Universitât Heidelberg.
an der Universitât Heidelberg.
The Philosophy of the Present Tim’è;
The Philosophy of the Present Tim’è ;
La Philosophie Contemporaine. La
La Philosophie Contemporaine. La
Filosofla Contemporanea. III. Literatur
Filosofla Contemporanea. III. Literatur
1911. 1 vol. in-8, dexn-314 p., Ileidelberg,
1911. 1 vol. in-8, dexn-314 p., Ileidelberg,
Weiss, 1913. – Troisième volume de cette
Weiss, 1913. – Troisième volume de cette
excellente et déjà classique bibliographie
excellente et déjà classique bibliographie
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Le nombre des numéros passe de
Le nombre des numéros passe de
3030 à 3328. Signalons des vétilles.
3030 à 3328. Signalons des vétilles.
Brunschvicg (et non Brunschwicg),
Brunschvicg (et non Brunschwicg),
nos 44, 1551, n’a rien à voir avec
nos 44, 1551, n’a rien à voir avec
Brunswig (n° 104). N" 2i79, pour G. Lebon,
Brunswig (n° 104). N" 2i79, pour G. Lebon,
lire G. Le Bon; et, dans la table, distinguer
lire G. Le Bon ; et, dans la table, distinguer
entre E. Lebon (n° 320) et G. Le Bon,
entre E. Lebon (n° 320) et G. Le Bon,
qui n’ont rien à voir l’un avec l’autre.
qui n’ont rien à voir l’un avec l’autre.
N° 87, pour Ouvetelet, lire Quetelet
N° 87, pour Ouvetelet, lire Quetelet
(ouvrage de Lottin); et, dans la table,
(ouvrage de Lottin) ; et, dans la table,
pour Lottini, lire Lottin. Pourquoi l’ouvrage
pour Lottini, lire Lottin. Pourquoi l’ouvrage
de Vaschide, le « Sommeil et les
de Vaschide, le « Sommeil et les
Rêves »,cité sous larubrique «Bibliothèque
Rêves », cité sous larubrique « Bibliothèque
fondamentale du jugement moral, et
même du jugement moral de l’individualiste
ou de l’hédoniste; et l’impératif
catégorique devrait être « Veuille objectivement
», ou « Considère toujours les
choses du point de vue qui est pour toi
le plus lointain ».
Une dernière partie étudie l’application
de cette norme à la pratique, à la vie
morale, et termine ce livre qui, à part
quelque lenteur dans l’exposé et la critique
des systèmes de morale, est solidement t
composé et témoigne d’une étude psychologique
très approfondie et très neuve des
processus psychologiques du jugement
moral.
Wort und Seele. Eine Vntersuchunq
ilber die Gesetze in der Dichtung, par
Jlellmuth Falkenfeld, Leipzig, Meiner,
1914. Cette étude, dans l’esprit de
son auteur, doit être accessible à tous,
non aux seuls esthéticiens. C’est une
déclaration de guerre à « l’anarchie qui
regne aujourd’hui en art et spécialement
en poésie ». Le livre ne se propose
pas de poser des lois absolues, d’étudier
le concept du beau ou de l’art; il ne se
pose pas la question qu’est-ce que la
poésie? mais comment la poésie est-elle
possible, si elle se compose de ces deux
facteurs le mot et l’àrne? En résolvant
ce problème, l’auteur espère élever une
« barrière à l’invasion grandissante du
libertinisme artistique
importe tout d’abord de situer nettement
la poésie au milieu des arts limitrophes.
L’âme exerce son activité dans
le temps et dans l’espace; d’une activité
de jeu déployée dans l’espace naissent
les arts plastiques; l’âme qui « pénètre
le temps engendre la musique. Cette
distinction est capitale car le mot,
instrument de la poésie, est à la fois
spatial et temporel; la poésie est donc un
art a la fois spécial et largement compréhensif.
f.
Au début, le mot et l’âme sont « deux
adversaires » irréconciliables. Ils n’ont
rien de commun: l’âme évite le mot
quand elle veut se traduire dans sa véritable
essence (les grandes joies et les
grandes douleurs sont muettes); et le
mot, lui, a une âme, une âme spéciale
il enferme, sous un extérieur correct et
figé, une expérience, ou le souvenir de
quelque chose de vécu. C’est la conciliation
des deux termes de cette antinomie
qui est le but de l’art, et non la réalisation
d’un idéal musical (temporel) ou
plastique (spatial). L’harmonie pure est,
en poésie nue, un naturalisme inconscient
les poètes qui recherchent exclusivement
la musique du vers ne « saisissent que

Version du 8 septembre 2015 à 21:36

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fondamentale du jugement moral, et même du jugement moral de l’individualiste ou de l’hédoniste ; et l’impératif catégorique devrait être : « Veuille objectivement », ou : « Considère toujours les choses du point de vue qui est pour toi le plus lointain ».

Une dernière partie étudie l’application de cette norme à la pratique, à la vie morale, et termine ce livre qui, à part quelque lenteur dans l’exposé et la critique des systèmes de morale, est solidement composé et témoigne d’une étude psychologique très approfondie et très neuve des processus psychologiques du jugement moral.

Wort und Seele. Eine Untersuchunq über die Gesetze in der Dichtung, par Hellmuth Falkenfeld, Leipzig, Meiner, 1914. — Cette étude, dans l’esprit de son auteur, doit être accessible à tous, non aux seuls esthéticiens. C’est une déclaration de guerre à « l’anarchie qui règne aujourd’hui en art et spécialement en poésie ». Le livre ne se propose pas de poser des lois absolues, d’étudier le concept du beau ou de l’art ; il ne se pose pas la question : qu’est-ce que la poésie ? mais : comment la poésie est-elle possible, si elle se compose de ces deux facteurs : le mot et l’âme ? En résolvant ce problème, l’auteur espère élever une « barrière à l’invasion grandissante du libertinisme artistique ».

Il importe tout d’abord de situer nettement la poésie au milieu des arts limitrophes. L’âme exerce son activité dans le temps et dans l’espace ; d’une activité de jeu déployée dans l’espace naissent les arts plastiques ; l’âme qui « pénètre le temps » engendre la musique. Cette distinction est capitale ; car le mot, instrument de la poésie, est à la fois spatial et temporel ; la poésie est donc un art a la fois spécial et largement compréhensif.

Au début, le mot et l’âme sont « deux adversaires » irréconciliables. Ils n’ont rien de commun ; l’âme évite le mot quand elle veut se traduire dans sa véritable essence (les grandes joies et les grandes douleurs sont muettes) ; et le mot, lui, a une âme, une âme spéciale : il enferme, sous un extérieur correct et figé, une expérience, ou le souvenir de quelque chose de vécu. C’est la conciliation des deux termes de cette antinomie qui est le but de l’art, et non la réalisation d’un idéal musical (temporel) ou plastique (spatial). L’harmonie pure est, en poésie nue, un naturalisme inconscient ; les poètes qui recherchent exclusivement la musique du vers ne « saisissent que l’animalité du mot ». Car les mots sont chargés de pensée, de sentiment, de souvenirs ; et si les mots « beauté » et « amour » sonnent à notre oreille comme des notes musicales, c’est moins pour des raisons acoustiques que pour les souvenirs concrets qu’ils évoquent et font vibrer synchroniquement en nous.








Si le poète doit se garder de n’être qu’un musicien, il lui faut encore plus soigneusement éviter d’empiéter sur le doiîiaine des arts plastiques. Car le mot est impuissant à traduire l’espace. Puis vient un long chapitre consacré à l’étude de ce que M. Falkenfeld appelle î « la tragédie du dilettantisme j>, où il montre comment le dilettante, qui s’isole aristocratiquement au milieu du labeur social qu’est la poésie, est au fond un impuissant qui veut se donner des allures de destructeur, un impuissant à rendre son âme dans le mot. Ce dualisme, cette antinomie du mot et de l’âme se retrouvent dans la poésie épique, dramatique ; lyrique, dans l’humour et dans le grotesque (sa forme supérieure), et le vrai poète est celui qui la résout. A côté de quelques redites qui semblent empruntées au Laokoon de Lessing, ce livre renferme des choses nouvelles imprégnées d’une philosophie toute moderne Tétude que fait, à un point de vue tout spécial, M. Falkenfeld sur Hebbel et Ibsen, est à la fois paradoxale et curieuse. Die Philosophie der Gegenwart. Eine internationale bibliographische Jahres&bersicht über alle auf dem Gebiete der Philosophie erschienenen Zeitsohriflen, Bûcher, Aufsâtze, Dissertationen usw., in sachlicher and alphabetisches Anordnung, herausg, von D’ARNOLD Ruge, Privatdozent an der Universitât Heidelberg. The Philosophy of the Present Tim’è ; La Philosophie Contemporaine. La Filosofla Contemporanea. III. Literatur 1911. 1 vol. in-8, dexn-314 p., Ileidelberg, Weiss, 1913. – Troisième volume de cette excellente et déjà classique bibliographie annuelle, Même plan que l’année précédente. Le nombre des numéros passe de 3030 à 3328. Signalons des vétilles. Brunschvicg (et non Brunschwicg), nos 44, 1551, n’a rien à voir avec Brunswig (n° 104). N" 2i79, pour G. Lebon, lire G. Le Bon ; et, dans la table, distinguer entre E. Lebon (n° 320) et G. Le Bon, qui n’ont rien à voir l’un avec l’autre. N° 87, pour Ouvetelet, lire Quetelet (ouvrage de Lottin) ; et, dans la table, pour Lottini, lire Lottin. Pourquoi l’ouvrage de Vaschide, le « Sommeil et les Rêves », cité sous larubrique « Bibliothèque