« Page:Verlaine - Œuvres complètes, Vanier, III.djvu/22 » : différence entre les versions

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Et qu’insipides fleurs, hors de prix, en façade
Au revers de leur bel habit terne et maussade ;
Gent laide et dont, si j’étais femme, l’aspect pur
Et simple dresserait entre elle et moi quel mur !
Ton choix s’ébat ou s’ébattrait si toi libre,
S’ébat ou s’ébattrait, sans beaucoup d’équilibre,
Du soldat bon enfant au joyeux ouvrier,
Sinon, et comme au lieu de grives, sans trier,
On prend des merles, d’un poète bien candide,
Amusamment vêtu sans faux-col qui le bride,
Et rieur, à l’artiste ébouriffé qui va,
Baguenaudant gaîment sous l’azur qu’il creva.

Certes tu m’en fis part et je le croirais presque.
Dans ta prime jeunesse il t’eût paru grotesque
De n’avoir pas d’amants très bien (et tu les eus !).
Ce qu’ils ont dû souffrir avec toi, doux Jésus !
Aussi ce n’était pas ta botte, ces fantoches,
Et d’abord, comme tu me le fais sans reproches,
À moi qui ne suis guère, après tout, qu’un pur gueux.
Tu trompais ces bons gentlemen à coups fougueux,
Faisant bien en ce cas, mais que non pas dans l’autre.
En ce pauvre petit ménage qu’est le nôtre !
Bref, pour y revenir, tes goûts sont pour le sain,
Fût-il mal habillé, pour l’homme au large sein
Où le cœur bat à l’aise, encor que sous la bure.

Eh bien ! j’ai tes dadas et croirais faire injure