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à surgir, notre commun accord suffirait à tenir en échec les cabinets absolutistes, et, tout d’un coup, nous apprenons que le gouvernement de sa majesté la reine d’Angleterre manifeste hautement sa désapprobation et son ressentiment de l’union d’un de nos princes avec l’infante sœur de la reine d’Espagne. Enfin des traités existaient qui n’avaient point été faits à notre profit, mais à notre détriment, dont nous aurions pu vouloir nous affranchir, dont nous avons cependant accepté les douloureuses stipulations, et voici que, sans motifs sérieux, sans négociations préalables, ces traités sont déchirés par ceux-là mêmes qui ont un intérêt si évident à laisser aux derniers arrangemens territoriaux survenus en Europe leur caractère inviolable et définitif.

Pour savoir quelle a été au milieu de ces complications l’attitude du gouvernement français, ce qu’il a fait, ce qu’il se propose de faire, le public n’a plus long-temps à attendre. Dans peu de jours, les documens officiels seront communiqués aux chambres de France, d’Angleterre et d’Espagne, et, du haut des tribunes qui vont leur être rouvertes, les ministres de ces grands états constitutionnels seront à même de s’expliquer devant l’Europe. Dès aujourd’hui cependant les personnes qui vivent dans le monde des affaires et qui ont mis quelque soin à se tenir bien renseignées sont en état de se former une opinion sur la conduite du cabinet français. Une chose au moins ne sera contestée par personne ; il ne dépendait pas de lui de ne pas rencontrer cette question des mariages espagnols. Pouvait-il y rester indifférent, accepter à l’avance tous les candidats et souffrir sans ombrage qu’un proche parent de la maison d’Autriche ou d’Angleterre vînt donner des souverains à l’Espagne et changer ainsi un état de choses qui dure en Europe depuis un siècle et demi ? On ne l’oserait pas soutenir, au moins en France. On y a donc généralement approuvé les paroles par lesquelles M. Guizot a fait connaître à la chambre des députés, dans la séance du 2 mars 1843, que la France ne voulait imposer aucun choix à l’Espagne, qu’elle trouverait bien tous ceux qui auraient pour résultat de maintenir sur le trône d’Espagne la glorieuse famille qui y siège depuis Louis XIV. Cette déclaration, conforme aux intérêts les plus simples et les plus évidens de la France, n’avait rien d’exclusif. Elle admettait un grand nombre de prétendans à la main de la reine, et, de fait, la France en a non-seulement admis, mais, à diverses époques, proposé et patroné plusieurs : — d’abord le comte d’Aquila, frère du roi de Naples, qui a toujours paru avoir peu d’entraînement pour cette union, et a depuis épousé une princesse brésilienne ; le comte de Trapani, qui a été long-temps notre candidat pour ainsi dire officiel, à tel point que la répugnance chaque jour plus notoire de la nation espagnole pour ce mariage, et les manifestations quasi-parlementaires dont il a été l’objet à Madrid et qui l’ont définitivement écarté, ont été partout représentées