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d’Espagne. Le duc d’Orléans, fils de Monsieur frère de Louis XIV, étant lui-même dans la ligne des héritiers possibles de la couronne de France, dut, pour rentrer dans l’esprit du traité et garder ses droits à la couronne de France, faire acte de renonciation à la couronne d’Espagne. Quelle est la signification évidente de ces renonciations ?

Ces princes, tous héritiers directs et possibles des deux couronnes de France et d’Espagne, renonçaient pour eux et leur postérité, à cause de l’incompatibilité des deux couronnes stipulée dans le traité, aux prétentions qu’ils auraient pu, si le traité d’Utrecht n’eût pas existé, établir à la couronne d’Espagne. Ces renonciations voulaient-elles dire qu’il y eût pour leurs descendans directs une incapacité radicale d’arriver jamais au trône d’Espagne, incapacité qui serait de telle nature, que, si un héritier de la couronne d’Espagne, ayant des droits pleins et entiers, venait jamais à contracter alliance avec quelques-uns de leurs descendans, ces droits seraient par cela seul frappés de nullité et de déchéance ? Jamais pareille doctrine n’a été mise en avant ni même imaginée, soit au moment du traité d’Utrecht, soit depuis. Non-seulement la doctrine n’a pas été émise, mais des faits, des exemples palpables, en ont rendu, dès le lendemain du traité d’Utrecht, et en rendent encore aujourd’hui la production impossible. Je ne reviendrai pas sur les énonciations souvent faites des mariages nombreux qui ont eu lieu entre les descendans des deux lignes, quelquefois entre les héritiers directs des deux couronnes ; je ne citerai pas le plus éclatant de tous, le mariage du fils de Louis XV avec l’infante fille de Philippe V. Aucun de ces mariages n’a donné lieu, de la part de l’Angleterre, à des protestations de la nature de celle que lord Palmerston vient de lancer dans le monde politique, au grand ébahissement, je ne dirai pas seulement des savans qui ont pâli sur la collection des traités, mais du premier individu venu qui aura regardé l’atlas de Lesage ou feuilleté par désoeuvrement un almanach royal. Après tout cependant, si les doctrines du ministre principal de sa majesté britannique étaient vraies, qu’importerait, en bonne logique, que ses prédécesseurs au Foreign Office eussent oublié de s’en servir, en leur temps, dans les guerres entre la France et l’Angleterre qui ont suivi de si près le traité d’Utrecht ? Il y aurait seulement à regretter, pour la réputation des hommes politiques de cette époque, et en particulier de lord Chatham, qu’ils n’eussent pas songé à produire, dans leurs manifestes contre la France, cette victorieuse argumentation. Mais que voulez-vous ? les plus grands hommes ont négligé quelquefois de se servir de tous leurs avantages. Lord Palmerston lui-même aurait pu faire contre nous un bien plus redoutable usage de la théorie qu’il a eu l’honneur d’inventer. Que le secrétaire principal de sa majesté britannique veuille bien prendre la peine de jeter un coup d’œil sur la première carte généalogique des maisons de France et d’Espagne qui lui