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trie ; mais ces problèmes ne peuvent être résolus que par des personnes en petit nombre, qui ont une culture spéciale.

Un autre exercice du même genre consiste à faire répéter de mémoire une série de chiffres. On récite devant le sujet cinq à dix chiffres, sans rythme, avec une vitesse de deux chiffres par seconde ; il doit les écouter attentivement, puis les répéter après une seule audition ; il doit faire un effort pour les répéter tous exactement, et dans l’ordre où on les lui a dits. Cette répétition exige un très sérieux effort d’esprit. Cette expérience a un avantage : on peut la faire même sur des personnes ignorantes, qui ne savent pas calculer de tête, qui ne savent pas leur table de multiplication, sur des individus qui ne savent ni lire ni écrire. Malheureusement, il y a une cause d’erreur : le sujet est obligé de répéter à haute voix les chiffres entendus, et par conséquent cet exercice de la parole vient ajouter au travail intellectuel un certain nombre de phénomènes moteurs qui en altèrent la nature : la respiration, par exemple, est modifiée par la parole. Il est presque impossible d’éviter cette erreur en priant le sujet de faire un effort pour retenir les chiffres et de ne pas les répéter ; car, du moment que le sujet sait qu’il n’aura pas à répéter les chiffres, il ne fait pas d’ordinaire un aussi grand effort pour les retenir que s’il doit les répéter devant témoins.

Quelques expérimentateurs ont imaginé d’autres expériences de mémoire, un peu plus compliquées : par exemple évoquer un souvenir ancien, se rappeler tel passage d’un auteur connu, ou exposer de mémoire une théorie philosophique. Mentz et Kiesow ont employé des épreuves de ce genre. En général, elles ont le défaut d’exiger un exercice de la parole, par conséquent le sujet fait des mouvements, ce qui complique les effets du travail intellectuel.

On peut encore signaler comme épreuves de travail intellectuel rapide la lecture. C’est un exercice que l’on peut faire seul et sans aide, et qui permet par conséquent