« Cent Proverbes/76 » : différence entre les versions

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Dernière version du 8 février 2017 à 19:54

H. Fournier Éditeur (p. 308).

et Léon continua à voyager dans les hautes régions de l’existence littéraire. Il avait pris voiture comme il l’avait annoncé, et habitait un appartement somptueux, réunissant autour de lui toutes les apparences de la richesse et du luxe.

Mais si le proverbe Ne vous fiez pas aux apparences a mérité de s’appliquer à quelqu’un, assurément c’était bien à lui. Le riche mobilier, la livrée, les chevaux de Léon, recouvraient un gouffre sans fond de papier timbré, de protêts, de saisies et de contraintes, que l’homme le plus intrépide n’eût pu entrevoir sans trembler. Chaque matin, la sonnette du poète, ébranlée par une suite de créanciers, formait une symphonie peu mélodieuse qui se prolongeait souvent jusqu’à l’heure du dîner.

Pendant un certain temps, son imagination infatigable fit face à tous. Les pièces qui se succédaient, les volumes qui s’accumulaient, lui permettaient d’amoindrir les dettes les plus menaçantes. Mais bientôt il fut, comme on dit, débordé de toutes parts. Tous ses manuscrits étaient saisis à l’avance, ses plans de pièces, ses ébauches de volumes, ses moindres velléités poétiques devenaient la proie des recors.

Alors, il n’y tint plus, sa tête se troubla, et un jour qu’il lui avait fallu donner audience à tous ses créanciers qu’il avait essayé d’amadouer avec plusieurs volumes inoctavo de promesses, d’excuses et de protestations, il s’avoua vaincu, et sortant précipitamment de son brillant intérieur qui était devenu pour lui un véritable enfer, il résolut de n’y plus rentrer.

Il se dirigea machinalement vers ce docte quartier