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d’avoir voulu s’opposer au transport des blés qui s’opérait d’Alexandrie à Constantinople. C’était aussi raisonnable que d’accuser, comme on l’a fait durant la révolution, les aristocrates d’affamer le peuple.

Constantin crut ou feignit de croire à cette absurdité, et le champion de l’orthodoxie fut exilé à Trèves par le prince qui s’en était toujours déclaré le défenseur. Pendant ce temps, Arius était rappelé à Constantinople. En sortant du palais impérial, il mourut subitement. Pour Constantin lui-même, le terme de la vie était arrivé : il mourut aussi, après avoir rappelé Arius et banni saint Athanase, penchant au moins vers l’arianisme, comme le déclare saint Jérôme : In Arianum dogma déclinat. Grande leçon pour les souverains qui interviennent dans la discussion des croyances religieuses : celui qui avait eu la gloire d’affranchir le christianisme, et, selon la belle expression de M. de Broglie, de hâter de quelques années le progrès du monde, est mort en opprimant l’orthodoxie ! Grande leçon aussi pour l’église, quand elle attend son triomphe de la protection de l’autorité séculière : on l’a vu par l’exemple de Constantin lui-même, la protection produit la dépendance et aboutit à la persécution.

Avant de mourir, Constantin, qui avait toujours eu la rage de faire le docteur, et qui n’était pas même catéchumène, reçut tardivement à Nicomédie le baptême, que, par un calcul bizarre et désapprouvé par l’église, il avait mis en réserve pour l’heure suprême, voulant d’un coup laver toutes les fautes qu’il se laissait la liberté de commettre et le pouvoir d’expier. Bien que l’église grecque, par une dernière complaisance, ait mis dans le ciel ce saint d’un catholicisme douteux selon saint Jérôme, son historien prononce sur lui ce jugement, dont il s’efforce de tempérer autant que possible la sévérité, et que termine une conclusion plus indulgente qu’admirative : « Constantin ne fut ni assez grand ni assez pur pour sa tâche. Ce contraste, trop visible à tous les yeux, a justement choqué la postérité. Toutefois l’histoire a vu si peu de souverains mettre au service d’une noble cause leur pouvoir et même leur ambition, qu’elle a droit, quand elle les rencontre, de réclamer pour eux la justice des hommes et d’espérer la miséricorde divine. » Ce qu’il y a de mieux à faire pour Constantin en effet, n’est-ce pas de le recommander à la miséricorde divine ?

Après Constantin, l’empire se divise de nouveau ; l’unité qu’il avait voulu établir se brise. Le despotisme oriental, renouvelé de Dioclétien, porte ses fruits, et semble devancer les horreurs qui marqueront un jour le début du règne des sultans. Huit membres de la famille impériale sont massacrés en peu de jours. Ces meurtres