« Page:Revue des Deux Mondes - 1882 - tome 54.djvu/477 » : différence entre les versions

La bibliothèque libre.
Phe-bot (discussion | contributions)
m Phe: split
 
État de la page (Qualité des pages)État de la page (Qualité des pages)
-
Page non corrigée
+
Page corrigée

Version du 4 novembre 2017 à 18:20

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

abandonne-t-il cette convention ? C’est qu’évidemment il veut donner une certaine satisfaction aux adversaires des grandes compagnies, aux partisans du rachat des chemins de fer. Comment remplacer cependant la somme qui vient de disparaître du budget ! C’est bien simple : on présume que les pluies de la saison auront interrompu les travaux, que l’argent déjà voté n’aura pas été dépensé et qu’avec cela on pourra suffire à tout. Malheureusement, vérification faite, il se trouve que les pluies n’ont pas rendu le service qu’on leur demandait, que les travaux sont engagés, que les sommes ont été ordonnancées. Voilà le déficit qui reparaît, qui dans tous les cas dépassera 100 millions. Comment sortir de là ? Oh ! c’est encore plus simple que tout le reste. M. Tirard fera appel à la dette flottante, de sorte qu’au bout de tout on en revient à cet expédient d’un emprunt plus ou moins déguisé, d’un accroissement démesuré, toujours dangereux, de la dette flottante, à moins qu’on n’émette des bons du trésor, — et c’est là ce qui s’appelle relever l’ordre financier si étrangement compromis !

Tout se tient, et si le gouvernement est si peu fixé dans les affaires de finances, c’est qu’il n’est pas bien sûr de ce qu’il peut ni même de ce qu’il veut dans sa politique, c’est qu’il se sent pris dans une situation dont il ne méconnaît pas la gravité, mais à laquelle il n’a pour le moment à opposer que des paroles. Il a une certaine tentation de vouloir quelque chose, il met de bonnes intentions dans, son programme : l’embarras, pour lui, est de faire passer ses intentions dans ses actes, dans son attitude, dans la direction de sa politique. Il ne peut échapper à une sorte de contradiction permanente qui éclate un peu partout, sous toutes les formes, qui tient à la division ou à la confusion des conseils et des idées.

Que peut-on croire ? Le ministère, qui a omis un certain nombre de questions délicates dans sa déclaration, a cru néanmoins utile de dire qu’il était temps d’en finir avec l’éternelle réforme judiciaire et qu’il croirait obéir au vœu du pays en présentant à son tour ses vues sur ce sujet. Ces vues n’ont probablement rien d’extrême. Le gouvernement n’est pas pour l’élection des juges ; il ne doit pas ignorer, puisqu’il parle si souvent de l’ordre, qu’une des conditions de cet ordre est d’avoir une magistrature indépendante, et au fond il n’est pas opposé au principe de l’inamovibilité. Qu’en est-il cependant en pratique ? M. le garde des sceaux a, paraît-il, en réserve un projet qui ne serait tout simplement qu’une suppression subreptice et mesquine de l’inamovibilité, qui, en permettant des épurations nouvelles, laisserait les juges à la discrétion et merci de tout ministre de passage à la chancellerie. M. le ministre de l’instruction publique, de son côté, fait des circulaires pour recommander aux préfets la modération et la prudence au sujet de l’enlèvement. des emblèmes religieux et crucifix placés jusqu’ici dans les écoles. Il ne veut, dit-il, rien qui ressemble à