« Page:Tolstoï - Résurrection, trad. Wyzewa, 1900.djvu/379 » : différence entre les versions

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mêsnnnncrion 375
— Pour tout le monde , j’imagine? — répondit Nekh-
ludov.
—— Non, pas pour tout le monde!Pour les véritables
révolutionnaires, plusieurs me l'ont dit, c’est au con-
traire un ·ep0s, une sécurité. Les malheureux vivent
dans Pangoisse, dans la privation, dans la crainte, crai-
gnant à la fois et pour eux, et pour les autres, et pour
l'œuvre. Et puis, un beau jour, on les prend, et tout est
Hui, toute responsabilité cesse, ils n’ont plus qu’a rester
étendus et à se reposer. J `en connais qui, en se voyant
pris, ont éprouvé une joie réelle. Mais pour les jeunes,
comme Lydotchka, surtout pour les innocents, le pre-
mier choc est terrible. La suite, en comparaison, n'est
rien. La privation de la liberté, les mauvais traitements,
le manque d’air et de nourriture, tout cela n’aurait
aucune importance et se supporterait facilement s`il
n’y avait pas ce choc moral qu’on ressent quand on se
trouve emprisonné pour la première fois.
La mère de Lydie, revenant près de Nekhludov, lui
annonça que sa fille était soulfrante et avait dû se
mettre au lit.
— Sans motif aucun, ils ont perdu cette jeune vie! —
dit la tante. —- Et je souffre plus encorea la pensée que,
malgré moi, j’ai été la cause de cet affreux malheur.
— Mais non, rien n’est perdu! l’air de la campagne
la remettra. .
— Sans vous, en tout cas, elle aurait certainement péri!
— reprit la tante en se tournant vers Nekhludov, —
Mais, au fait, j‘oublie de vous dire une des raisons pour
lesquelles je désiraîs vous voir. C`était pour vous prier
de remettre cette lettre à Vera Efremovna! L’enveloppe
n’est pas fermée, vous pourrez lire la lettre, et la déchi-
rer si vos opinions ne vous permettent pas d’en approuver
le contenu. Mais je n’y ai rien écrit de compromettant.
Nekhludov prit la lettre, et, ayant dit adieu aux deux
dames, il sortit. Dans la rue, avant de serrer la lettre
dans son portefeuille, il cacheta l’enveloppe, bien résolu
à faire la commission dont l’avait chargé la tante de
Lydie Choustova.

Version du 3 décembre 2008 à 14:22

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`—"?"'T'ï" 7 ' ' mêsnnnncrion 375 — Pour tout le monde , j’imagine? — répondit Nekh- ludov. —— Non, pas pour tout le monde!Pour les véritables révolutionnaires, plusieurs me l'ont dit, c’est au con- traire un ·ep0s, une sécurité. Les malheureux vivent dans Pangoisse, dans la privation, dans la crainte, crai- gnant à la fois et pour eux, et pour les autres, et pour l'œuvre. Et puis, un beau jour, on les prend, et tout est Hui, toute responsabilité cesse, ils n’ont plus qu’a rester étendus et à se reposer. J `en connais qui, en se voyant pris, ont éprouvé une joie réelle. Mais pour les jeunes, comme Lydotchka, surtout pour les innocents, le pre- mier choc est terrible. La suite, en comparaison, n'est rien. La privation de la liberté, les mauvais traitements, le manque d’air et de nourriture, tout cela n’aurait aucune importance et se supporterait facilement s`il n’y avait pas ce choc moral qu’on ressent quand on se trouve emprisonné pour la première fois. La mère de Lydie, revenant près de Nekhludov, lui annonça que sa fille était soulfrante et avait dû se mettre au lit. — Sans motif aucun, ils ont perdu cette jeune vie! — dit la tante. —- Et je souffre plus encorea la pensée que, malgré moi, j’ai été la cause de cet affreux malheur. — Mais non, rien n’est perdu! l’air de la campagne la remettra. . — Sans vous, en tout cas, elle aurait certainement péri! — reprit la tante en se tournant vers Nekhludov, — Mais, au fait, j‘oublie de vous dire une des raisons pour lesquelles je désiraîs vous voir. C`était pour vous prier de remettre cette lettre à Vera Efremovna! L’enveloppe n’est pas fermée, vous pourrez lire la lettre, et la déchi- rer si vos opinions ne vous permettent pas d’en approuver le contenu. Mais je n’y ai rien écrit de compromettant. Nekhludov prit la lettre, et, ayant dit adieu aux deux dames, il sortit. Dans la rue, avant de serrer la lettre dans son portefeuille, il cacheta l’enveloppe, bien résolu à faire la commission dont l’avait chargé la tante de Lydie Choustova.