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|[[Académie des sciences – Séance hebdomadaire/04|11 août 1873]]
|18 août 1873
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11 août 1873

18 août 1873

25 août 1873

ACADÉMIE DES SCIENCES

Séance du 18 août 1873. — Présidence de M. Bertrand.

Dans des communications antérieures, M. Chevreul a appelé l’attention sur l’effervescence inattendue que le guano manifeste quand on le met en contact avec l’eau. L’auteur montre aujourd’hui que cette propriété est due à la présence du bicarbonate d’ammoniaque, et l’analyse et la synthèse ont été nécessairement mises à contribution pour faire cette démonstration. En présence de l’effervescence qui nous occupe, on pourrait croire que le guano mis dans un champ humide perd instantanément tout son excès d’acide carbonique, et par conséquent son activité. Mais il n’en est rien, il faudrait pour cela que l’eau fut continuellement renouvelée. Une fois saturée elle devient inerte et la décomposition n’a lieu que successivement. La matière dissoute par l’eau est cristalline : M. Chevreul reconnut qu’elle est constituée par un sel ammoniacal, mais jusqu’ici son acide n’est point encore déterminé et il est probable qu’il appartient à la longue série des dérivés uriques. Le résidu que l’on obtient par l’action de l’eau est partiellement soluble dans l’alcool. Ce dissolvant renferme divers principes immédiats du guano et parmi eux le principe odorant c’est-à-dire l’acide avique. Enfin ce que l’alcool ne dissout pas consiste surtout en phosphate de chaux. Une remarque intéressante à l’égard de l’acide avique, c’est que le guano dépouillé de cette substance, et rendu par conséquent inodore, reprend peu à peu son arôme caractéristique. C’est la reproduction de ce que M. Chevreul lui-même avait observé dès le début de sa carrière chimique à l’occasion du musc. Ayant privé celui-ci de son principe odorant il trouva qu’il l’avait recouvré après plusieurs années. Suivant M. Chevreul, c’est par un mécanisme analogue que le gibier laisse sur le sol une trace permanente sensible à l’odorat du chien.

— Une bien ingénieuse invention est exposée à l’Académie par M. Dupuy de Lôme au nom de M. Pellegrin. Il s’agit d’envoyer par le télégraphe un dessin ou un relevé topographique qui, chose curieuse, n’a pas besoin d’être exécuté au moment de l’expédition. C’est, comme on voit, beaucoup plus fort que le télégraphe Caselli. Le procédé est d’ailleurs extrêmement simple. Supposez qu’on veuille envoyer un relevé topographique. On dispose verticalement une glace hémi-circulaire dont la circonférence est graduée ; au centre est une alidade graduée elle-même et posant sur un coulant un mica marqué d’un point noir : ce point grâce au mouvement de l’alidade et à son propre mouvement le long de celle-ci, peut prendre sur la glace toutes les positions possibles. En avant de la glace se trouve un viseur fixe. Cela posé, on met l’œil au viseur puis on amène le point noir successivement sur tous les points du relevé à reproduire, et on note les coordonnées polaires de chacun d’eux ; les nombres ainsi obtenus sont envoyés par le télégraphe. Le récepteur est analogue, mais le mica est remplacé par un style et on marque sur la glace successivement tous les points désignés. Le dessin est donc transmis sans qu’il soit nécessaire qu’on l’ait dessiné au départ.

— D’après M. Fabre le massif des monts d’Aubrac dans la Lozère présente des traces certaines de phénomène glaciaire. Les galets basaltiques striés sont, paraît-il, très-fréquents.

— Le bassin de la Loire fournit à M. Grand’Eury des fossiles végétaux du terrain houiller, d’un intérêt extrême. La houille n’a en général rien conservé de l’organisation des végétaux dont elle dérive ; mais il n’en est pas de même des roches siliceuses et spécialement des poudingues qui l’accompagnent. Là on retrouve des vestiges admirablement conservés de plantes ordinairement herbacées qui révèlent tous leurs caractères distincts, leur mode de fructification, etc. C’est toute une flore nouvelle que l’auteur fait connaître aux botanistes.

— M. Daubrée expose une découverte bien inattendue que M. Nordenskiold vient de lui annoncer dans une lettre datée des régions polaires. Le savant scandinave a reconnu que la neige est toujours accompagnée d’une poussière noire composée surtout de charbon et de fer métallique et ayant tous les caractères d’une matière météorique. L’auteur avait fait cette observation d’abord sur de la neige recueillie à Stockholm, mais pensant qu’on pouvait l’attribuer aux impuretés répandues dans l’atmosphère par les nombreuses cheminées de la ville, il demanda à son frère de recueillir les substances minérales de la neige qui tombe dans les forêts désertes de la Finlande. L’examen de cette matière confirma les premières observations qui se vérifièrent encore par de la neige recueillie par 80 degrés de latitude lors de la dernière expédition arctique. Ce fait acquiert encore plus d’intérêt quand on remarque que les météorites tombées à Hessle (Suède), le 1er janvier 1869 étaient accompagnées d’une poussière charbonneuse, et d’autre part que les météorites charbonneuses dont le type a été formé par la chute d’Orgueil, tombent en poudre dès qu’elles sont humidifiées ; il en résulte en effet que chaque chute de météorites doit être accompagnée de l’arrivée dans l’atmosphère d’une quantité plus ou moins grande de poussière, et d’autre part que l’explosion des bolides à la suite desquels on en voit peu tomber, peut être causée par l’arrivée de pierres charbonneuses qui se résolvent en poudre dans l’atmosphère.

Stanislas Meunier.