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partage de la Pologne, c’est-à-dire pendant cent cinq ans, sans protestation de la part de la Moscovie. Non-seulement le cabinet de Saint-Pétersbourg n’a élevé jusqu’à cette époque aucune réclamation contre l’incorporation déjà quatre fois séculaire d’une grande partie de la Ruthénie à la Pologne ; mais lorsque les Polonais reconnurent en 1764 à Catherine II le titre de tsarine de toutes les Russies, l’impératrice renouvela l’engagement, déjà pris en 1634 par le tsar Basile, de ne pas se prévaloir de ce titre contre les droits du roi de Pologne. « Nous avons, dit Catherine II, envoyé à la sérénissime république de Pologne et au grand-duché de Lithuanie des ministres avec nos ordres et notre assentiment, pour exposer et expliquer notre véritable et sincère pensée touchant l’usage que nous entendons faire du titre d’impératrice de toutes les Russies, auxquelles volontés nos ministres ont satisfait par la déclaration suivante :
partage de la Pologne, c’est-à-dire pendant cent cinq ans, sans protestation de la part de la Moscovie. Non-seulement le cabinet de Saint-Pétersbourg n’a élevé jusqu’à cette époque aucune réclamation contre l’incorporation déjà quatre fois séculaire d’une grande partie de la Ruthénie à la Pologne ; mais lorsque les Polonais reconnurent en 1764 à Catherine II le titre de tsarine de toutes les Russies, l’impératrice renouvela l’engagement, déjà pris en 1634 par le tsar Basile, de ne pas se prévaloir de ce titre contre les droits du roi de Pologne. « Nous avons, dit Catherine II, envoyé à la sérénissime république de Pologne et au grand-duché de Lithuanie des ministres avec nos ordres et notre assentiment, pour exposer et expliquer notre véritable et sincère pensée touchant l’usage que nous entendons faire du titre d’impératrice de toutes les Russies, auxquelles volontés nos ministres ont satisfait par la déclaration suivante :




« Il est notoire que le traité de paix conclu en 1686 entré la Russie et la sérénissime république de Pologne renferme une énumération exacte des pays, des provinces et des contrées qui sont et seront dans la possession des deux parties contractantes, et qu’il ne saurait y avoir ni doute ni contestation a cet égard ; mais l’on redoute souvent ce qui n’est pas à redouter, et c’est ainsi que l’on a cru voir un danger dans ce titre : ''impératrice de toutes les Russies''. Afin que tous connaissent et voient l’esprit d’équité et les dispositions bienveillantes de l’impératrice de toutes les Russies envers la sérénissime république de Pologne et le grand-duché de Lithuanie, nous déclarons, en réponse à la réclamation qui nous a été adressée, que sa majesté impériale, en prenant le titre d’impératrice de toutes les Russies, n’entend s’arroger aucun droit, soit pour elle, soit pour ses successeurs, soit pour son empire, sur les pays et les terres qui, sous le nom de Russie, appartiennent à la Pologne et au grand-duché de Lithuanie. Reconnaissant leur domination, elle offre plutôt à la sérénissime république de Pologne une garantie ou conservation de ses droits, de ses privilèges, aussi bien que des pays et terres qui lui reviennent de droit ou qu’elle possède actuellement, et elle promet de la soutenir et de la protéger contre quiconque tenterait de la troubler<ref>''Bibliothèque des archives diplomatiques. — Pologne'', par le comte d’Angeberg, p. 25.</ref>. »
« Il est notoire que le traité de paix conclu en 1686 entré la Russie et la sérénissime république de Pologne renferme une énumération exacte des pays, des provinces et des contrées qui sont et seront dans la possession des deux parties contractantes, et qu’il ne saurait y avoir ni doute ni contestation a cet égard ; mais l’on redoute souvent ce qui n’est pas à redouter, et c’est ainsi que l’on a cru voir un danger dans ce titre : ''impératrice de toutes les Russies''. Afin que tous connaissent et voient l’esprit d’équité et les dispositions bienveillantes de l’impératrice de toutes les Russies envers la sérénissime république de Pologne et le grand-duché de Lithuanie, nous déclarons, en réponse à la réclamation qui nous a été adressée, que sa majesté impériale, en prenant le titre d’impératrice de toutes les Russies, n’entend s’arroger aucun droit, soit pour elle, soit pour ses successeurs, soit pour son empire, sur les pays et les terres qui, sous le nom de Russie, appartiennent à la Pologne et au grand-duché de Lithuanie. Reconnaissant leur domination, elle offre plutôt à la sérénissime république de Pologne une garantie ou conservation de ses droits, de ses privilèges, aussi bien que des pays et terres qui lui reviennent de droit ou qu’elle possède actuellement, et elle promet de la soutenir et de la protéger contre quiconque tenterait de la troubler<ref>''Bibliothèque des archives diplomatiques. — Pologne'', par le comte d’Angeberg, p. 25.</ref>. »




C’est huit ans après cette déclaration qu’avait lieu le premier partage, et en 1795 la Russie s’était incorporé tout le territoire que l’on appelle aujourd’hui les ''anciennes provinces'' ; mais la cour de Saint-Pétersbourg n’est arrivée que progressivement et à une époque très récente à prétendre que ces provinces n’appartenaient pas légitimement à la Pologne, et qu’elles avaient été reprises comme une ancienne possession de la Russie. Si l’empereur Alexandre Ier avait eu cette idée, on ne s’expliquerait pas sa correspondance avec le
C’est huit ans après cette déclaration qu’avait lieu le premier partage, et en 1795 la Russie s’était incorporé tout le territoire que l’on appelle aujourd’hui les ''anciennes provinces'' ; mais la cour de Saint-Pétersbourg n’est arrivée que progressivement et à une époque très récente à prétendre que ces provinces n’appartenaient pas légitimement à la Pologne, et qu’elles avaient été reprises comme une ancienne possession de la Russie. Si l’empereur Alexandre Ier avait eu cette idée, on ne s’expliquerait pas sa correspondance avec le

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partage de la Pologne, c’est-à-dire pendant cent cinq ans, sans protestation de la part de la Moscovie. Non-seulement le cabinet de Saint-Pétersbourg n’a élevé jusqu’à cette époque aucune réclamation contre l’incorporation déjà quatre fois séculaire d’une grande partie de la Ruthénie à la Pologne ; mais lorsque les Polonais reconnurent en 1764 à Catherine II le titre de tsarine de toutes les Russies, l’impératrice renouvela l’engagement, déjà pris en 1634 par le tsar Basile, de ne pas se prévaloir de ce titre contre les droits du roi de Pologne. « Nous avons, dit Catherine II, envoyé à la sérénissime république de Pologne et au grand-duché de Lithuanie des ministres avec nos ordres et notre assentiment, pour exposer et expliquer notre véritable et sincère pensée touchant l’usage que nous entendons faire du titre d’impératrice de toutes les Russies, auxquelles volontés nos ministres ont satisfait par la déclaration suivante :


« Il est notoire que le traité de paix conclu en 1686 entré la Russie et la sérénissime république de Pologne renferme une énumération exacte des pays, des provinces et des contrées qui sont et seront dans la possession des deux parties contractantes, et qu’il ne saurait y avoir ni doute ni contestation a cet égard ; mais l’on redoute souvent ce qui n’est pas à redouter, et c’est ainsi que l’on a cru voir un danger dans ce titre : impératrice de toutes les Russies. Afin que tous connaissent et voient l’esprit d’équité et les dispositions bienveillantes de l’impératrice de toutes les Russies envers la sérénissime république de Pologne et le grand-duché de Lithuanie, nous déclarons, en réponse à la réclamation qui nous a été adressée, que sa majesté impériale, en prenant le titre d’impératrice de toutes les Russies, n’entend s’arroger aucun droit, soit pour elle, soit pour ses successeurs, soit pour son empire, sur les pays et les terres qui, sous le nom de Russie, appartiennent à la Pologne et au grand-duché de Lithuanie. Reconnaissant leur domination, elle offre plutôt à la sérénissime république de Pologne une garantie ou conservation de ses droits, de ses privilèges, aussi bien que des pays et terres qui lui reviennent de droit ou qu’elle possède actuellement, et elle promet de la soutenir et de la protéger contre quiconque tenterait de la troubler[1]. »


C’est huit ans après cette déclaration qu’avait lieu le premier partage, et en 1795 la Russie s’était incorporé tout le territoire que l’on appelle aujourd’hui les anciennes provinces ; mais la cour de Saint-Pétersbourg n’est arrivée que progressivement et à une époque très récente à prétendre que ces provinces n’appartenaient pas légitimement à la Pologne, et qu’elles avaient été reprises comme une ancienne possession de la Russie. Si l’empereur Alexandre Ier avait eu cette idée, on ne s’expliquerait pas sa correspondance avec le

  1. Bibliothèque des archives diplomatiques. — Pologne, par le comte d’Angeberg, p. 25.