« Page:Baudelaire - Petits poèmes en prose 1868.djvu/143 » : différence entre les versions

La bibliothèque libre.
ThomasBot (discussion | contributions)
m maintenance
AkBot (discussion | contributions)
Pywikibot touch edit
 
(Aucune différence)

Dernière version du 21 juillet 2018 à 21:57

Cette page a été validée par deux contributeurs.




XLVII

MADEMOISELLE BISTOURI



Comme j’arrivais à l’extrémité du faubourg, sous les éclairs du gaz, je sentis un bras qui se coulait doucement sous le mien, et j’entendis une voix qui me disait à l’oreille : « Vous êtes médecin, monsieur ? »

Je regardai ; c’était une grande fille, robuste, aux yeux très-ouverts, légèrement fardée, les cheveux flottant au vent avec les brides de son bonnet.

« — Non ; je ne suis pas médecin. Laissez-moi passer. — Oh ! si ! vous êtes médecin. Je le vois bien. Venez chez moi. Vous serez bien content de moi, allez ! — Sans doute, j’irai vous voir, mais plus tard, après le médecin, que diable !… — Ah ! ah ! — fit-elle, toujours suspendue à mon bras, et en éclatant de rire, — vous êtes un médecin farceur, j’en ai connu plusieurs dans ce genre-là. Venez. »

J’aime passionnément le mystère, parce que j’ai toujours l’espoir de le débrouiller. Je me laissai donc entraîner par cette compagne, ou plutôt par cette énigme inespérée.

J’omets la description du taudis ; on peut la trouver