« Page:Revue des Deux Mondes - 1829 - tome 1.djvu/119 » : différence entre les versions

La bibliothèque libre.
AkBot (discussion | contributions)
Pywikibot touch edit
(Aucune différence)

Version du 23 juillet 2018 à 04:18

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de la corporation de Londres, corporation, avait-il dit, toute populaire, toute libérale, toujours protectrice de l’indépendance des citoyens. Soudain, à une des extrémités de notre table, un monsieur, d’une tournure d’homme comme il faut, se lève et demande à faire quelques observations. Ce monsieur à tournure d’homme comme il faut c’est Hunt, connu à Paris comme à Londres, pour ses opinions et son cirage sans pareil (matchless blacking). Il entreprend de prouver que la corporation de Londres est loin de se montrer toute populaire et libérale ; il rappelle combien de fois elle s’est montrée hostile, inique, calomnieuse envers les catholiques asservis ; il rappelle quelle fut sa haine contre ces Stuarts précipités du trône, précisément pour avoir tenté de faire ce qu’on vient d’accomplir aujourd’hui ; il s’écrie : « Nous sommes assemblés à quelques pas du monument où la corporation a fait graver sur une pierre impérissable l’infame mensonge que les catholiques ont incendié Londres, et nous porterions un toast en l’honneur de cette corporation !!! Hunt parle sans art, mais avec vivacité, avec chaleur ; ses paroles furent suivies de longs et bruyans applaudissemens.

Pendant ce discours, le mécontentement se peignait sur les traits expressifs de mon voisin Lawless, et tout irrité qu’on refusât un toast proposé par O’Connell, il s’était déjà levé pour répondre. Mais notre chairman, sentant qu’il fallait de l’habileté plus que de la hardiesse, se tourna vers son ami, et lui dit : « Non, Lawless, je ne le veux pas. » Alors il répondit lui-même, et il répondit si bien, il éluda avec tant de bonheur et d’adresse les difficultés du sujet, qu’il arracha les acclamations de l’assemblée, que Hunt se rassit en silence, et que nous bûmes à la santé de la corporation de Londres. J’aurais voulu que vous vissiez O’Connell. Pendant son argumentation subtile, il se courbe, il se replie sur lui-même comme le serpent qui enveloppe son ennemi ; puis tout à coup, sûr d’entraîner ceux qui l’écoutent, il se relève, il grandit, sa