« Page:Proudhon - De la création de l’ordre dans l’humanité.djvu/230 » : différence entre les versions

La bibliothèque libre.
AkBot (discussion | contributions)
Pywikibot touch edit
(Aucune différence)

Version du 24 juillet 2018 à 07:11

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fidèle : de là le concept transcendental de qualité [1]. Tous ces concepts se résolvent en dernière analyse dans la faculté qu’a l’esprit de dire oui, lorsqu’il a l’intuition d’une série ; non, lorsque cette intuition cesse tout à coup : — oui, lorsque la raison des unités est observée ; non, lorsqu’elle ne l’est pas. Ce ne sont pas là des formes de l’entendement, ce sont des actes de la conscience. Et ces actes sont dénommés par l’esprit, en raison des objets qui les provoquent.

343. Dans la théorie sérielle, les concepts s’engendrent réciproquement, se soutiennent et se supposent l’un l’autre : cet enchaînement admirable, on le chercherait en vain dans la critique de Kant. Là les catégories symétrisées, je dirais presque cristallisées dans un cadre immobile, sont indépendantes l’une de l’autre, sans lien commun, sans genèse. Leur point de jonction est l’entendement : hors de là, elles n’offrent aucun rapport entre elles ; elles se suivent, mais on ne sait ce qu’elles sont ni d’où elles viennent. Et, qu’on veuille bien le remarquer, il n’en pouvait être autrement dans le système des formes innées de la raison : car, supposez que les catégories soient ou des conversions l’une de l’autre, ou des aspects divers d’une intuition primitive ; le système s’écroule aussitôt, et tout cet effort d’argumentation pour affranchir la connaissance humaine de l’intuition sensible, comme condition suprême de sa possibilité, aboutit au néant.

344. Comme la catégorie de quantité est donnée par l’analyse de la série en tant que multiple et différenciée, et celle de qualité par la défectuosité, plus ou moins grande, de la réalisation physique, de la série : ainsi la catégorie de modalité embrasse les propriétés de la série par rapport au jugement, c’est-à-dire les conditions d’intelligibilité des choses. C’est ce que nous avons suffisamment expliqué en traitant tour à tour des formes et des lois de la série, de la source de tout sophisme et des causes de nos erreurs, des faits anormaux et anté-normaux ; en d’autres termes, de ce qui constitue pour nous le possible, le réel, le nécessaire ; et leurs corrélatifs, l’impossible, le non-être, le contingent. La quatrième classe de catégories implique la théorie entière de la loi sérielle : comme la série elle-même, elle est essentiellement empirique, et les concepts qui la composent se résolvent tous, comme ceux de quantité et qualité, en un acte soit d’affirmation, soit de négation

  1. On voit ici pourquoi le concept de qualité n’est point applicable aux mathématiques, qui n’opèrent que sur des séries exactes et des figures régulières. Le concept de qualité commence dans la physique, réalisation de la série pure, de l’idée.