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l’homme dans ces lieux redoutables, où tout s’accorde à lui révéler qu’il n’est rien. Le Valais commence là, sans que rien indique ce qui a pu déterminer cette délimitation arbitraire entre deux solitudes ; et l’art de l’ingénieur est venu élever sous les forteresses naturelles des Alpes, une forteresse dérisoire, à laquelle les oiseaux de proie dédaignent de confier leur nid. Par le pont du Chatelard, on repasse à la droite de l’Eau noire, et de là, on s’élève au sommet d’une nouvelle montagne, qui est proprement ce que l’on appelle la Tête-Noire. La couleur profondément triste de la sombre végétation qui ombrage son front menaçant, lui a probablement fait donner ce nom. Le sentier hardi, ou plutôt l’escalier très-ascendant qui la parcourt, car ce chemin est formé presque partout de larges pierres superposées, est tracé sûr un revers si rapide, que des mules, qui venaient de Martigny à notre rencontre, paraissaient comme suspendues au-dessus de nous. Aussi est-il presque indispensable de reprendre haleine à quelque hauteur, sous une espèce de grotte qu’on appelle la Barme, ou plutôt la Balme rousse, et qui présente une retraite assez commode contre les tourmentes si communes dans ces contrées orageuses. Une inscription bien extraordinaire y apprend aux rares voyageurs de la Tête-Noire que cette caverne a été achetée du gouvernement du Valais par une comtesse et un lord, en reconnaissance de l’abri imposant et paisible qu’elle a prêté à leurs seigneuries. Etrange vanité du rang et de la fortune, qui croient attacher une recommandation de plus aux beautés majestueuses de la nature, en les scellant de leurs chiffres et de leurs écussons [1] !

  1. La France n’a peut-être plus le droit de sourire de cette facétie britannique, depuis qu’un journal parisien, éminemment religieux, comme on dit, lui a raconté, dans le procès-verbal officiel du saint sacrifice de Jésus-Christ sur l’autel, que je ne sais quel grand seigneur avait daigné l’honorer de sa présence.