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lement les fonds de cet emprunt seraient destinés à la reine d’Espagne, et nous savons que M. Aguado n’a pas attendu la réalisation de ce projet, pour faire offrir à la régente tous les services qu’il est capable de lui rendre. De telles offres, de la part de M. Aguado, valent bien la reconnaissance conditionnelle de quelques souverains, et la régente saura sans doute les apprécier. Il était aussi trop invraisemblable de supposer que M. Aguado, qui, en France, se rattache par ses principes et par ses liaisons an mouvement et à l’opposition, se ferait le partisan de don Carlos et du parti de la Foi en Espagne. Le caractère généreux et loyal que M. Aguado a montré si souvent, devait le mettre à l’abri de pareilles imputations.

Il en est ainsi du bruit qui s’est répandu de l’entrée de M. de Talleyrand au ministère des affaires étrangères. Nous le répétons, M. de Talleyrand a été forcé de venir en France par suite de la mort d’un de ses hommes d’affaires, et il ne tardera pas à retourner en Angleterre. Ce serait d’ailleurs une dérision que d’offrir le portefeuille des relations extérieures à M. de Talleyrand, qui regarde Londres comme le marché des affaires de la France, et qui a su en effet y concentrer toutes les négociations. Faut-il donc dire que ce n’est pas sans de profondes méditations et de grands efforts, que M. de Talleyrand est parvenu à retenir et à attirer à Londres les négociateurs qui y traitent pour le compte des puissances, et que ce personnel, qui lui convient, ne se retrouverait pas à Paris ? M. de Talleyrand n’a pas le temps de recommencer à rassembler ici les élémens d’une nouvelle conférence ; il ira retrouver à Londres ceux qu’il y a laissés, et les mésintelligences qui existent entre lui et M. de Broglie ne l’arrêteront pas. Un mot suffira. M. de Talleyrand ne correspond pas avec M. de Broglie. Sa chancellerie seule communique avec les bureaux. Les lettres de l’ambassadeur vont à une autre adresse. C’est à ce prix que se conservent aujourd’hui les ministères !

Il est vrai que les ministères valent la peine d’être conservés. M. Humann, principal actionnaire des salines de l’Est, vient de faire cerner, par la gendarmerie, des exploitations de salines rivales. Les portes des bâtimens ont été enfoncées violemment par ordre du sous-préfet, muni d’un mandat de M. le ministre des finances, et ces établissemens fermés malgré les réclamations des propriétaires. Les tribunaux seront appelés à faire justice de cet acte de violence. Nous ne préjugerons pas la question, mais il est fâcheux, pour la réputation de M. Humann, que lui et tous ses amis d’Alsace, MM. Saglio, Hermann, Gontard et autres, soient si directement intéressés à la ruine de ceux qu’il poursuit avec tant de véhémence.

En attendant, les tribunaux ont donné une rude leçon à M. Persil, en