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leurs mâchoires dans un but bien différent. Ils passèrent toute la journée à découper la chair du bœuf en longues, lanières qu’ils introduisaient dans leurs bouches le plus avant possible ; puis, les coupant avec leurs couteaux à la hauteur de leur nez, ils les engloutissaient comme l’eussent fait des chiens affamés. A force de se passer de ces tranches l’un à l’autre, ils parvinrent à dévorer toute la chair qui recouvrait le cou, l’épine du dos et les flancs d’une des moitiés du bœuf ; cependant de temps en temps ils s’arrêtaient, et étendus sur le dos, ils se plaignaient de ne pouvoir plus manger ; puis, retournant à la charge avec le couteau d’une main et le morceau inachevé de l’autre, ils recommençaient avec autant d’énergie qu’auparavant, aussitôt qu’ils se sentaient capables d’avaler une nouvelle bouchée. Dégoûtantes brutes ! L’hyène se serait contentée de remplir son ventre et se serait livrée au sommeil ; mais il n’y avait que l’impossibilité absolue de faire parvenir les morceaux au-delà de l’entrée de leur gosier, qui pût mettre un terme à la voracité de ces êtres censés humains et raisonnables.

« Au moment même où ils paraissaient incapables de manger davantage, notre soupe fut prête ; je leur offris de la partager avec nous. Poo-yet-tah en prit deux ou trois cuillerées, et avoua qu’il lui était impossible d’en avaler plus. Je tâtai son estomac avec la main, et je fus réellement étonné de l’énorme distension qu’il avait subie, distension que, sans cet examen, j’aurais cru une créature humaine incapable de supporter. En effet, si je n’avais pas connu leurs habitudes, j’aurais été persuadé que la mort seule pouvait être la conséquence d’une pareille gloutonnerie. »

Le 4 mai, le commandant Ross et son compagnon de voyage étaient de retour à bord du Victory.Ils s’étaient assurés que le passage au nord dont parlaient les naturels n’existait pas, du moins sur le point qu’ils avaient visité dans cette excursion. Il restait encore à examiner les rivages de cette baie, sur les bords de laquelle le commandant était arrivé lors de son premier voyage, et qu’il avait reconnu d’une manière positive appartenir à la mer polaire occidentale. Il partit, en conséquence, le 17 mai, accompagné de quelques hommes de l’équipage et muni de vivres pour trois semaines. Arrivé sur les bords de la baie, et après en avoir suivi le rivage septentrional pendant quelque temps, il reconnut qu’elle s’élargissait considérablement, et que cette route le conduirait insensiblement dans la direction du nord. Il passa alors sur l’autre bord de la baie et le suivit également pendant plusieurs jours. Le 29 mai, il se trouvait par les 69°, 46’, 49" lat. nord et les 98°, 32’, 49" long. ouest.

« La certitude où nous étions alors d’avoir doublé la pointe la plus