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réforme de style est donc consacrée pour la première fois par un succès ; à présent, ce sera une question d’hommes.


2 juillet 1830.

J’ai conçu l’idée, ce matin, que l’on devrait écrire l’histoire d’un pays comme d’un homme. D’abord son portrait, sa place sur le globe, — conformation géographique, et topographique, — sa configuration, — ses traits, montagnes ou vallées, — les rapports entre les habitants et la terre ; habitants : leurs traits, leur origine, leur histoire ; — l’histoire de leurs gouvernements.

Titre : la Corse, essai d’histoire.

J’en causerai avec M. Pozzo di Borgo.


10 juillet.

Je viens de passer deux heures et demie avec M. Pozzo di Borgo. Je l’ai interrogé sur la Corse ; il m’a répondu un peu sur la Corse et beaucoup sur Pozzo di Borgo. Il s’est représenté comme l’antagoniste de Bonaparte.

Bonaparte et moi, moi et Bonaparte reviennent à chaque instant dans sa conversation. Il m’a montré et lu à haute voix, en les traduisant à mesure, trois imprimés de l’année 1792, époque à laquelle la Corse se déroba à la domination de la Convention. Jusques à cette époque, la famille Bonaparte avait été unie à celle de Pozzo di Borgo. Paoli, vieux et mutile, mais considéré et imposant, dirigeait la Corse, retiré dans un logement d’une caserne des régiments français.

Pozzo di Borgo, ayant vingt-quatre ans, fut envoyé à l’Assemblée Constituante, avec une députation de notables de Corse. J’ai vu son nom au bas de chaque acte : Pozzo di B…, SECRETAIRE. Il s’excusa de cette dénomination, me disant qu’il était bien jeune alors.

Le but de cette députation était de faire la soumission de la Corse à la Constitution nouvelle. Il y eut sous la Convention une assemblée des notables de l’île, présidée par Paoli, laquelle rédigea ses séances en procès-verbal. De ce procès-verbal, un précieux et unique exemplaire est dans les mains de M. Pozzo di Borgo ; il vient de me le montrer. Un curé corse l’avait caché dans un missel, entre le carton et la couverture. Il est écrit en italien, et il y a ce passage remarquable que j’écris de mémoire :