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Par le dehors, et qu’au dedans
On nous fait allonger les dents
Par la faim qui sera suyvie
D’une austre fin de nostre vie,
Je jure que je n’ay point eu
Douleur qui m’ait tant abbatu,
Et qui m’ait semblé plus amère,
Que pour vostre asne, ma commère.
Vostre asne, hélas ! ô quel ennuy !
Je meurs quand je repense à luy.
Vostre asne qui, par aventure
Fut un chef d’œuvre de nature,
Plus que l’asne Apuléien[1].
Mais quoy ? la mort n’espargne rien !
Il n’y a chose si parfaicte
Qui ne soit par elle deffaicte.
Aussi son destin n’estoit pas
Qu’il deust vivre exempt du trespas :
Il est mort, et la Parque noire,
A l’eau de Styx l’a mené boire,
Styx des morts l’éternel séjour
Qui n’est plus passable au retour.
Je perds le sens et le courage
Quand je repense à ce dommage,
Et tousjours depuis en secret
Mon cœur en gémit de regret ;
Tousjours, en quelque part que j’aille,
En l’esprit me revient la taille,
Le maintien et le poil poly
De cet animal tant joly ;


    suite de la Satyre que dans l’édition datée de 1594, et maintenue dès lors dans toutes les autres. Elle a été composée par Gilles Durant, sieur de la Bergerie, avocat au Parlement de Paris.

  1. L’âne qui joue un si grand rôle dans les Métamorphoses d’Apulée.