« Page:Revue des Deux Mondes - 1889 - tome 96.djvu/76 » : différence entre les versions

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être vidée qu’en passant par la maison. Les tuyaux de descente des eaux ménagères sont mal joints. Les cabinets d’aisances prennent jour sur l’escalier ; ils sont disposés à la turque et manquent d’eau ; les clapets en sont obstrués ; le sol est imprégné de liquides. Les mêmes fautes se retrouvent aux étages supérieurs avec de légères variantes. La maison insalubre est éclairée au gaz ; mais les becs ne sont pas ventilés, et les cheminées n’ont pas de prise d’air à l’extérieur.

Lorsqu’on a franchi la passerelle et pénétré dans la maison salubre, le changement est complet. Des papiers de couleur claire, des rideaux de guipure blanche donnent un aspect riant à ces petites pièces. Les parquets sont démontables. Les uns sont à l’anglaise, les autres en chêne, à point de Hongrie. Les cheminées ont des prises d’air à l’extérieur. Les cabinets d’aisances sont pourvus de cuvettes à occlusion hydraulique ; le réservoir de chasse est à tirage ; le système est desservi par le « tout à l’égout. » Les carreaux supérieurs des fenêtres de l’escalier ont des ventilateurs à valves de mica. Les lavabos, les toilettes ont des effets d’eau, des tuyaux d’injection syphonnés et ventilés. La cuisine est desservie par un robinet d’eau de source, son évier est muni d’un syphon, avec regard de visite ; son carrelage en grès permet les lavages à grande eau. Les canalisations sont irréprochables, et leurs tuyaux sont peints en couleurs différentes, ce qui permet de les distinguer. La cour est plus spacieuse, mieux éclairée que l’autre et son dallage est en bon état. Il existe un sous-sol éclairé par une lampe Edison qui permet de voir les détails de la canalisation et les compteurs pour les eaux de source et de rivière.

Je me suis arrêté avec complaisance sur ces deux maisonnettes, parce que leur comparaison constitue une leçon d’hygiène urbaine complète, qui s’adresse à la fois aux médecins, aux architectes, aux entrepreneurs et aux ouvriers du bâtiment. Ils apprennent là à distinguer ce qu’il faut faire, de ce qu’il faut éviter. Les gens du métier reconnaissent, avec le tact professionnel, la supériorité des dispositions qu’on leur recommande, et tout le monde constate ce fait, sur lequel on ne saurait trop insister, c’est que l’hygiène n’est pas aussi dispendieuse qu’on le croit et qu’une maison salubre ne coûte pas beaucoup plus à édifier et à entretenir qu’une maison qui ne l’est pas.

Cette démonstration, qui parle aux yeux, fait le plus grand honneur aux ingénieurs de l’assainissement de Paris ; mais il est juste d’en attribuer le principal mérite à celui qui fut leur maître, à l’homme qui a le plus fait pour la salubrité des habitations et des villes, et dont l’Hygiène porte encore le deuil. C’est Durand-Claye