« Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome32.djvu/292 » : différence entre les versions

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Mais remarquez qu’il y n dos nuances différentes. Les nuances font beaucoup dans la peinture des passions, et c’est là le grand art si caché et si difficile dont Racine s’est servi pour aller jusqu’au cinquième acte sans rebuter le spectateur. Il n’y a pas dans ce monologue un seul mot hors de sa place. Ah, lâche ! fais l’amour, et renonce a l’empire. Ce vers et tout ce qui suit me paraissent admirables.

SCÈNE V.

Vers 145. Vous êtes empereur, seigneur, et vous pleurez!

Ce vers si connu faisait allusion à cette réponse de Mlle Mancini à Louis XIV: Vous m’aimez, vous êtes roi, vous pleurez, et je pars ! Cette réponse est bien plus remplie de sentiment, est bien plus énergique que le vers de Bérénice. Ce vers même n’est au fond qu’un reproche un peu ironique. Vous dites qu’un empereur doit vaincre l’amour ; vous êtes empereur, et vous pleurez !

Vers 116. Oui, madame, il est vrai, je pleure, je soupire.

Cela est trop faible; il ne faut pas Aire je pleure; il faut que par vos discours on juge que votre cœur est déchiré. Je m’étonne comment Racine a, cette fois, manqué à une règle qu’il connaissait si bien.

Vers 130. Je sais qu’en vous quittant, le malheureux Titus
Passe l’austérité de toutes les vertus.

Cela me paraît encore plus faible, parce que rien ne l’est tant que l’exagération outrée. Il est ridicule qu’un empereur dise qu’il y a plus de vertu, plus d’austérité à quitter sa maîtresse qu’à immoler à sa patrie ses deux enfants coupables. Il fallait peut-être dire, en parlant des Brutus et des Manlius, Titus en vous quittant les égale peut-être, ou plutôt il ne fallait point comparer une victoire remportée sur l’amour à ces exemples étonnants ci presque surnaturels de la rigidité des anciens Bomains. Les vefsl sont bien faits, je l’avoue; mais, encore une fois, cette scène élégante n’est pas ce qu’elle devrait être.

Vers dern. Adieu.

Peut-être cette scène pouvait-elle être plus vive, et porter dans les cœurs plus de trouble et d’attendrissement: peut-être est-elle plus élégante et mesurée que déchirante.

Et que tout l’univers reconnoisse, sans peine,
Les pleurs d’un empereur, et les pleurs d’une reine.