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296 É PITRE DÉDICATOIRE.

l\ l^iviiinré, qu’on trouve dans lo recueil que le 1*. du Ilalde a donné au public. Celte pièce chinoise l’ut composée au xive siècle, sous la dynastie même de (lengis-kan : c’est une nouvelle preuve ([ue les vainqueurs tartares ne changèrent point les moEMirs de la nation vaincue ; ils protégèrent tous les arts établis à la Chine : ils adoptèrent toutes ses lois.

Voilà un grand exemple de la supériorité naturelle que donnent la raison et le génie sur la force aveugle et harhare ; et les Tartares ont deux fois donné cet exemple, car lorsi^u’ils ont con(|uis encore ce grand empire, au commencement du siècle passé, ils se sont soumis une seconde fois à la sagesse des vaincus ; et les deux peuples n’ont formé qu’une nation, gouvernée par les plus anciennes lois du monde : événement frappant, qui a été le premier but de mon ouvrage.

La tragédie chinoise qui porte le nom de rOrplwUn est tirC.> d’un recueil immense des pièces de théâtre de cette nation : elh’ cultivait depuis plus de trois mille ans cet art, inventé un peu plus tard par les Grecs, de faire des portraits vivants des actions des hommes, et d’établir de ces écoles de morale où l’on enseigne la vertu en action et en dialogues. Le poème dramatique ne fii donc longtemps en honneur que dans ce vaste pays de la Chine, séparé et ignoré du reste du monde, et dans la seule ville d’Athènes. Rome ne le cultiva qu’au bout de (juatre cents années. Si vous le cherchez chez les Perses, chez les Indiens^ qui passent pour des peuples inventeurs, vous ne l’y trouvez pas ; il n’y est jamais parvenu. L’Asie se contentait des fables de Pilpay et de Lokman, qui renferment toute la morale, et qui instruisent en allégories toutes les nations et tous les siècles.

11 semble qu’après avoir fait parler les animaux, il n’y eût qu’un pas à faire pour faire parler les hommes, pour les introduire sur la scène, pour former l’art dramatique : cependant ces

1. LV’dition originale porte Bremare. C’est une faute qui, depuis 1755, s’est repétce d’édition en édition jusqu’en 1825. Elle avait cependant été signalée dans le Mercure de 1755, décembre, tome 1', p ; ige 218 : la traduction du P. Pré- mare, imprimée d’abord dans la Description de la Chine, a été réimprimée en 1755, ainsi qu’il est dit dans V Avertissement da Beucliot.

2. L’art dramatique n’c’tait point inconnu des Indiens. Nous avons les Chefsd’œuvre du théâtre indien, traduits de roriçjinal sanscrit en anglais par 31. H. -H. Wilson, et de l’anglais en français par M. A. Lançilois, 1828, deux volumes in-8°'. M. Cliezy vient d’imprimer en sanscrit, avec une traduction française, la liecon- Jiaissance de Sakountala, 1830, in-4". Une traduction de Sakountala, ou l’Anneau filai, faite par Brnguières de Sorsum, d’après la traduction de W. Joncs, avait paru en 180 : t, in-8". (B.)