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Le vertueux Bayard[1], et vous, brave amazone[2],
La honte des Anglais, et le soutien du trône[3].

« Ces héros, dit Louis, que tu vois dans les cieux,
Comme toi de la terre ont ébloui les yeux ;
La vertu comme à toi, mon fils, leur était chère :
Mais, enfants de l’Église, ils ont chéri leur mère ;
Leur cœur simple et docile aimait la vérité ;
Leur culte était le mien : pourquoi l’as-tu quitté ? »

Comme il disait ces mots d’une voix gémissante,
Le palais des Destins devant lui se présente :
Il fait marcher son fils vers ces sacrés remparts,
Et cent portes d’airain s’ouvrent à ses regards.

Le Temps, d’une aile prompte et d’un vol insensible.

  1. Bayard (Pierre du Terrail, surnommé le Chevalier sans peur et sans reproche). Il arma François Ier chevalier à la bataille de Marignan ; il fut tué en 1523, à la retraite de Rebec, en Italie. (Note de Voltaire, 1730.)
  2. Jeanne d’Arc, connue sous le nom de la Pucelle d’Orléans, servante d’hôtellerie, née au village de Domremy-sur-Meuse, qui, se trouvant une force de corps et une hardiesse au-dessus de son sexe, fut employée par le comte de Dunois pour rétablir les affaires de Charles VII. Elle fut prise dans une sortie à Compiègne, en 1430, conduite à Rouen, jugée comme sorcière par un tribunal ecclésiastique, également ignorant et barbare, et brûlée par les Anglais, qui auraient dû honorer son courage, {kl., 1730.)

    Voici ce qu’on a écrit de plus raisonnable sur la Pucelle d’Orléans : c’est Monstrelet, auteur contemporain, qui parle :

    « En l’an 1428, vint devers le roi Charles de France, à Chinon, où il se tenoit, une pucelle, jeune fille âgée de vingt ans, nommée Jeanne, laquelle étoit vêtue et habillée en guise d’homme, et étoit des parties entre Bourgogne et Lorraine, d’une ville nommée Droimi, à présent Domremy, assez près de Vaucoulcur ; laquelle pucelle Jeanne fut grand espace de temps chambrière en une hôtellerie, et étoit hardie de chevaucher chevaux, les mener boire, et faire telles autres apertisos et habiletés que jeunes filles n’ont point accoutumé de faire ; et fut mise à voye, et envoyée devers le roi, par un chevalier nommé messire Roger de Baudrencourt, capitaine, de par le roi, de Vaucouleur, etc. »

    On sait comment on se servit de cette fille pour ranimer le courage des Français, qui avaient besoin d’un miracle : il suffit qu’on l’ait crue envoyée de Dieu, pour qu’un poëte soit en droit de la placer dans le ciel avec les héros. Mézeray dit tout bonnement que saint Michel, le prince de la milice céleste, apparut à cette fille, etc. Quoi qu’il en soit, si les Français ont été trop crédules sur la Pucelle d’Orléans, les Anglais ont été trop cruels en la faisant brûler ; car ils n’avaient rien à lui reprocher que son courage et leurs défaites. {Id., 1723.)

  3. Dans la Pucelle, chant II, vers 278-79, l’auteur a dit :

    Suivez du moins cette auguste amazone :
    C’est votre appui ; c’est le soutien du trône.