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REVUE POUR LES FRANÇAIS

rer les femmes de leurs maris et les enfants de leurs parents. La plupart des dispersés périrent dans la solitude des forêts au travers desquelles ils se jetèrent naïvement pour retrouver leur patrie. Les plus heureux fondèrent plus tard, sous le ciel clément de la Louisiane, des villages où se sont maintenues avec le vieux langage du temps, les coutumes fidèlement importées jadis des campagnes de Normandie.

Bientôt la fortune des armes tourna. Le fort Duquesne tomba et sur ses ruines lut fondée, en l’honneur de William Pitt qui devenait à ce moment même premier ministre, la ville de Pittsburg. On reprit Louisbourg dont les constructions furent rasées au profit d’Halifax, sa nouvelle voisine. Crown-Point et Niagara furent occupés définitivement et Wolfe enfin mit le siège devant Québec. Toute cette période serait digne de trouver un historien de génie qui sut en faire ressortir la sauvage beauté. Les détails s’y fondent en une série de tableaux tour à tour poétiques et grandioses. Le vaste continent émerge à peine des brumes et déjà l’on se dispute sa possession sans connaître encore ses limites ni ses richesses. La civilisation y est toute jeune et déjà elle est teinte de sang innocent. On s’y bat avec une magnifique vaillance pour des patries qui ne regardent pas, au nom de souverains indignes des trônes qu’ils occupent. Des hameaux se forment qui, cent ans plus tard, seront devenus de grandes villes pleines de bruits d’usines et d’agitation humaine ; et des forteresses édifiées au poids de l’or rentrent dans le néant au point qu’aujourd’hui quelques pierres en indiquent seules l’emplacement. Dans les campagnes neigeuses passent les silhouettes des Peaux-Rouges courant sur leurs snow-she os une course fantastique ; tandis que les Algonquins dont la guerre réveille les instincts primitifs dévorent au clair de la lune, le chef Miami qu’ils ont capturé, le gentilhomme chrétien leur allié Montcalm appelle sur ses amis la protection divine et Wolfe dont l’âme puissante dompte les souffrances, marche au trépas en donnant un poétique regret au bonheur entrevu qui l’attend au delà des mers. La mort qui pro cure à ces deux adversaires si dignes l’un de l’autre un même tombeau épargne avec un soin jaloux le héros privilégié qui vainement s’expose à ses coups. Washington sort indemne de tous les combats : il échappe à tous les périls. An début de cette guerre qui doit lui applanir les voies pour son œuvre à venir, on l’a chargé de porter l’ultimatum aux avant-postes français. Il est