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précédé dans les montagnes et dans la vallée du Xanthos par une population araméenne, les Solymes. La rareté des monumens venus jusqu’à nous, le petit nombre des inscriptions, épaississent comme à plaisir les lourdes ténèbres qui pèsent depuis vingt siècles et plus sur cette étrange contrée, véritable vallée de Josaphat, où le voyageur foule les cendres de morts inconnus et, sur la montagne ou dans la plaine, ne rencontre que des tombeaux.

Bien que le jour de la résurrection paraisse encore fort éloigné pour ces antiques nations, il y a plaisir à suivre en ce pays des morts des guides aussi sûrs que MM. Perrot, Guillaume et Delbet. Grâce à ce dernier explorateur, on connaît enfin pour la première fois, dans leur rude vérité, les panathénées barbares qui se déroulent aux flancs des rochers de la Ptérie, dans ce district de la Cappadoce où se heurtèrent les armées de Crésus et de Cyrus. M. Guillaume, l’auteur de l’admirable restauration idéale du temple de Rome et d’Auguste, à Ancyre, en Galatie, a été loué avec une compétence incontestable par M. Beulé. M. George Perrot, l’historien des Galates, était le chef de la mission. Les bonnes études lui doivent, outre des découvertes d’une grande importance pour l’histoire de l’art et des religions antiques, faites en Phrygie et surtout en Cappadoce, la copie la plus complète de l’inscription fameuse sous le nom de Testament d’Auguste, gravée en latin et en grec sur les parois du temple d’Ancyre. Les cent soixante-trois inscriptions découvertes ou recopiées par l’érudit français dans son exploration ajoutent encore à ses titres sérieux dans le domaine de l’épigraphie. En France, après Le Bas et M. Waddington, — car Texier ne fut guère qu’un voyageur actif et intelligent, — nul n’a plus fait que M. George Perrot pour la connaissance des contrées, des monumens et des antiquités de l’Asie-Mineure.

Les humanistes de l’ancienne école, trop exclusivement préoccupés des Grecs et des Romains, n’atteignaient qu’une couche tout à fait superficielle de l’antiquité. Bien des siècles avant que Rome et la Grèce, avant que les Mèdes et les Perses, la Syrie, la Phénicie et la Judée, l’Assyrie et la Babylonie, pour ne rien dire de la Chine et de l’Inde, entrassent dans l’histoire du monde, un peuple de la vallée du Nil avait déjà développé, dans les arts et dans les connaissances pratiques de la vie, une activité qui non-seulement lui assura pendant des siècles l’empire d’une vaste partie de la terre, mais lui permit d’exercer, jusque dans les âges les plus reculés, une influence considérable sur la marche de la civilisation générale.

Ce n’est pas le lieu de rechercher quelle a pu être l’action directe de l’Égypte sur les peuples de la vallée du Tigre et de l’Euphrate, et partant, d’une manière indirecte, sur la civilisation de