« Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Roman, tome II.djvu/396 » : différence entre les versions

La bibliothèque libre.
Stéphane22 (discussion | contributions)
mAucun résumé des modifications
Aucun résumé des modifications
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 37 : Ligne 37 :
— Des faulx, des piques, des hacquebutes, des pioches. Toutes sortes d’armes fort violentes.
— Des faulx, des piques, des hacquebutes, des pioches. Toutes sortes d’armes fort violentes.


Le roi ne parut nullement inquiet de cet étalage. Le compère Jacques crut devoir ajoutera : — Si votre majesté n’envoie pas promptement au secours du bailli, il est perdu.
Le roi ne parut nullement inquiet de cet étalage. Le compère Jacques crut devoir ajouter : — Si votre majesté n’envoie pas promptement au secours du bailli, il est perdu.


— Nous enverrons, dit le roi avec un faux air sérieux. C’est bon. Certainement nous enverrons. Monsieur le bailli est notre ami. Six mille ! Ce sont de déterminés drôles. La hardiesse est merveilleuse, et nous en sommes fort courroucé. Mais nous avons peu de monde cette nuit autour de nous. — Il sera temps demain matin.
— Nous enverrons, dit le roi avec un faux air sérieux. C’est bon. Certainement nous enverrons. Monsieur le bailli est notre ami. Six mille ! Ce sont de déterminés drôles. La hardiesse est merveilleuse, et nous en sommes fort courroucé. Mais nous avons peu de monde cette nuit autour de nous. — Il sera temps demain matin.

Version du 30 avril 2019 à 06:41

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Et qui se dirige, dites-vous, contre monsieur le bailli du Palais de Justice ?

— Il y a apparence, répondit le compère, qui balbutiait, encore tout étourdi du brusque et inexplicable changement qui venait de s’opérer dans les pensées du roi.

Louis XI reprit : — Où le guet a-t-il rencontré la cohue ?

— Cheminant de la Grande-Truanderie vers le Pont-aux-Changeurs. Je l’ai rencontrée moi-même comme je venais ici pour obéir aux ordres de votre majesté. J’en ai entendu quelques-uns qui criaient : À bas le bailli du Palais !

— Et quels griefs ont-ils contre le bailli ?

— Ah ! dit le compère Jacques, qu’il est leur seigneur.

— Vraiment !

— Oui, sire. Ce sont des marauds de la Cour des Miracles. Voilà longtemps déjà qu’ils se plaignent du bailli, dont ils sont vassaux. Ils ne veulent le reconnaître ni comme justicier ni comme voyer.

— Oui-da ! repartit le roi avec un sourire de satisfaction qu’il s’efforçait en vain de déguiser.

— Dans toutes leurs requêtes au parlement, reprit le compère Jacques, ils prétendent n’avoir que deux maîtres, votre majesté et leur Dieu, qui est, je crois, le diable.

— Hé ! hé ! dit le roi.

Il se frottait les mains, il riait de ce rire intérieur qui fait rayonner le visage. Il ne pouvait dissimuler sa joie, quoiqu’il essayât par instants de se composer. Personne n’y comprenait rien, pas même « maître Olivier ». Il resta un moment silencieux, avec un air pensif, mais content.

— Sont-ils en force ? demanda-t-il tout à coup.

— Oui certes, sire, répondit le compère Jacques.

— Combien ?

— Au moins six mille.

Le roi ne put s’empêcher de dire : Bon ! Il reprit : — Sont-ils armés ?

— Des faulx, des piques, des hacquebutes, des pioches. Toutes sortes d’armes fort violentes.

Le roi ne parut nullement inquiet de cet étalage. Le compère Jacques crut devoir ajouter : — Si votre majesté n’envoie pas promptement au secours du bailli, il est perdu.

— Nous enverrons, dit le roi avec un faux air sérieux. C’est bon. Certainement nous enverrons. Monsieur le bailli est notre ami. Six mille ! Ce sont de déterminés drôles. La hardiesse est merveilleuse, et nous en sommes fort courroucé. Mais nous avons peu de monde cette nuit autour de nous. — Il sera temps demain matin.