« Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/259 » : différence entre les versions

La bibliothèque libre.
(Aucune différence)

Version du 24 septembre 2019 à 11:08

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

magnifique ; mais, malgré leur belle apparence, les Bédouins se moquaient d’eux, et disaient qu’ils seraient les premiers à fuir.

Dans l’après-midi du second jour, nous aperçûmes du côté du désert un grand nuage qui s’étendait comme un brouillard épais, aussi loin que l’œil pouvait atteindre ; peu à peu ce nuage s’éclaircit, et nous vîmes paraître l’armée ennemie.

Cette fois ils avaient amené leurs femmes, leurs enfants et leurs troupeaux : ils établirent leur camp à une heure du nôtre ; il était composé de cinquante tribus, formant en tout soixante-quinze mille tentes. Autour de chacune étaient attachés des chameaux, un grand nombre de moutons qui, joints aux chevaux et aux guerriers, formaient une masse formidable à l’œil. Ibrahim-Pacha en fut épouvanté, et envoya en toute hâte chercher le drayhy, qui, après avoir un peu remonté son courage, revint au camp faire faire les retranchements nécessaires. À cet effet on réunit tous les chameaux, on les lia ensemble par les genoux et on les plaça sur deux rangs, devant les tentes. Pour compléter ce rempart, un fossé fut creusé derrière eux. L’ennemi en fit autant de son côté. Le drayhy ordonna ensuite de préparer le hatfé.

Voici en quoi consiste cette singulière cérémonie : On choisit la plus belle parmi les filles des Bédouins ; on la place dans un haudag richement orné, que porte une grande chamelle blanche. Le choix de la fille qui doit occuper ce poste honorable, mais périlleux, est fort important, car le succès