Thresor de la langue françoise/Caire

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(2p. 97-98).
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caire, m. pen. Qu'on dit aussi par adjonction, le grand Caire à cause de sa grandeur. (Car les Rois d'Egypte, qui en la langue du pays sont appelez Sultans, ou comme nous prononçons Soldans) ont à l'envi l'un de l'autre aggrandi le circuit et pourpris de cette ville, si qu'elle est grande et peuplée à merveilles, et entourée de murs, ce que n'est nulle autre ville du pays, horsmis

Alexandrie) est la ville capitale d'Egypte, et assise (comme le rapporte Dominique Marius le Noir en sa Geographie) en la frontiere d'Arabie, et d'Aphroditopolis. Au premier appelée Litus, (selon Josephe, qu'il appelle aussi Sucho, c'est à dire camp à trenchées et rampars) et apres Babul, ou Babel, Que nous disons Babylon. Car quand Cambyses debella l'Egypte, estant laditte ville de Litus, deshabitée et par terre, il y fut par ne sçay quels peuples, dits Babyloniens (comme dit Strabon) bastie et eslevée une forteresse et un bourg, et y feirent leur demeure par l'octroy des Rois dudit pays, y adorans pour leur Dieu Ceppus (qui est une beste sauvage en Aethiopie, ayant le visage d'un Satyre, le surplus de son corps moitoyen entre la figure de l'ours et du chien) et finalement a esté appelée Caire, divisée selon ledit Dominique en trois parties ou villes ou cantons, comme on les voudra nommer. Dont celle qui est assise au milieu, obtient ledit nom de Caire, où il y a une forteresse eslevée sur un bas rocher appelée Cahira, dont ladite ville prend son nom, qui signifie forteresse ou chasteau. Celle qui est à la main droite se nomme Bubach, Et celle qui est plantée à la gauche retient encore le nom de Babul, ou Babel, que nous disons Babylon, estant l'orée du fleuve, et comprenant l'Isle d'iceluy, qui luy est vis à vis, couverte de tres-plaisans jardins. Vulgo Cairum, olim Memphis. Les Turcs l'appellent Mitriz.