Le Corbeau et le Renard (Faërne)

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Le Corbeau et le Renard
Traduction par Charles Perrault.
J. B. Coignard (p. 454).

XV. Le Corbeau & le Rénard.


Sur le haut d’un Chêne, un Corbeau
Ténoit dans ſon bec un fromage ;
Quel eſt ce merveilleux Oiſeau
Que je voi là sur ce branchage ?
Dit un Rénard ; qu’il eſt grand, qu’il eſt beau !
Rien n’aproche de ſon plumage ;
Aux moindres rayons du ſoleil,
Il prend mille couleurs d’un éclat ſans pareil.
Aimable Oiſeau je vous ſaluë ;
Si vous charmez l’ouïe auſſi-bien que la veuë,
Je vous tiens le plus beau des habitans de l’air,
Sans même en excepter l’oiſeau de Jupiter.
L’Oiſeau pipé fit ſon ramage,
Et laiſſa tomber ſon fromage.
Corbeau, dit auſſi-tôt le Rénard qui le prit,
Vous avez tout hors de l’eſprit.
» Louer en face est une lâche ruſe,
» Et pour s’y laiſſer prendre, il faut être bien buſe.