Traité élémentaire de chimie/Partie 2/Tableau 18

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Tableau des combinaisons du radical muriatique oxygéné


Tableau des combinaisons du radical muriatique oxygéné, ou acide muriatique avec les bases salifiables, dans l’ordre de leur affinité avec cet acide.



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Tableau des combinaisons de l’acide muriatique oxygéné avec les différentes bases salifiables avec lesquelles il est susceptible de s’unir.



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OBSERVATIONS


Sur l’acide muriatique & sur le Tableau de ses combinaisons.


L’acide muriatique est répandu très-abondamment dans le règne minéral : il y est uni avec différentes bases, principalement avec la soude, la chaux & la magnésie. C’est avec ces trois bases qu’on le rencontre dans l’eau de la mer & dans celle de plusieurs lacs : il est plus communément uni avec la soude dans les mines de sel gemme. Cet acide ne paroît pas avoir été décomposé jusqu’à ce jour dans aucune expérience chimique ; en sorte que nous n’avons nulle idée de la nature de son radical : ce n’est même que par analogie que nous concluons qu’il contient le principe acidifiant ou oxygène. M. Berthollet avoit soupçonné que ce radical pouvoit être de nature métallique ; mais comme il paroît que l’acide muriatique se forme journellement dans les lieux habités, par la combinaison de miasmes & de fluides aériformes, il faudroit supposer qu’il existe un gaz métallique dans l’atmosphère ; ce qui n’est pas sans doute impossible, mais ce qu’on ne peut admettre, au moins que d’après des preuves.

L’acide muriatique ne tient que médiocrement aux bases avec lesquelles il est uni : l’acide sulfurique l’en chasse, & c’est principalement par l’intermède de cet acide que les Chimistes ont coutume de se le procurer. On pourroit employer d’autres acides pour remplir ce même objet, par exemple, l’acide nitrique, mais cet acide étant volatil, il auroit l’inconvénient de se mêler avec l’acide muriatique dans la distillation. Il faut dans cette opération employer environ une partie d’acide sulfurique concentré, & deux de sel marin. On se sert d’une cornue tubulée dans laquelle on introduit d’abord le sel ; on y adapte un récipient également tubulé, à la suite duquel on ajoute deux ou trois bouteilles remplies d’eau, & qui sont jointes par des tubes, à la manière de M. Woulfe. La figure 1, planche IV, représente cet appareil. On lute bien toutes les jointures, après quoi on introduit l’acide sulfurique dans la cornue par la tubulure, & on la referme aussitôt avec son bouchon de cristal. C’est une propriété de l’acide muriatique, de ne pouvoir exister que dans l’état de gaz, à la température & au degré de pression dans lequel nous vivons : il seroit donc impossible de le coercer, si on ne lui présentoit de l’eau avec laquelle il a une grande affinité. Il s’unit dans une très-grande proportion à celle contenue dans les bouteilles adaptées au ballon ; & lorsqu’elles en sont saturées, il en résulte ce que les anciens appeloient esprit de sel fumant, & ce que nous appelons aujourd’hui acide muriatique.

Celui qu’on obtient par ce procédé, n’est pas saturé d’oxygène autant qu’il le peut être, il est susceptible d’en prendre une nouvelle dose, si on le distille sur des oxides métalliques, tels que l’oxide de manganèse, l’oxide de plomb ou celui de mercure : l’acide qui se forme alors, & que nous nommons acide muriatique oxygéné, ne peut exister, comme le précédent, lorsqu’il est libre, que dans l’état gazeux ; il n’est plus susceptible d’être absorbé par l’eau en aussi grande quantité. Si on en imprègne ce fluide au-delà d’une certaine proportion, l’acide se précipite au fond du vase sous forme concrète. L’acide muriatique oxygéné est susceptible comme l’a démontré M. Berthollet, de se combiner avec un grand nombre de bases salifiables ; les sels qu’il forme sont susceptibles de détoner avec le carbone & avec plusieurs substances métalliques : ces détonations sont d’autant plus dangereuses, que l’oxygène entre dans la composition du muriate oxygéné avec une très-grande quantité de calorique qui donne lieu par son expansion à des explosions très-dangereuses.