Traité de la peinture (Cennini)/XVII

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xvii.00Comment tu dois teindre le parchemin et lui donner le poli.

Quand tu veux teindre le parchemin, il convient de le mettre dans l’eau de fontaine ou de puits jusqu’à ce qu’il devienne mollet et traitable. Puis on le tend avec des petits clous sur une planche comme une peau de tambour ; et comme nous avons dit ci-dessus on lui donne la teinte peu à peu. S’il arrivait que le parchemin ou le papier ne fussent pas polis et tendus selon ton désir, prends-les et étends-les sur une planche de noyer ou sur une pierre bien plane et propre. Recouvre la feuille que tu as teintée d’une autre feuille de papier bien nette, et avec une pierre à brunir l’or, brunis en frottant de toute la force de ton poignet. De cette manière la feuille deviendra malléable et polie. Il est vrai que quelques-uns préfèrent brunir directement sur la feuille teinte, afin que la pierre, en se promenant sur le papier même, y ajoute un peu de lustre. Fais-en ce que tu voudras, mais je tiens mon premier moyen comme meilleur. La raison en est qu’en frottant la pierre à brunir sur la teinte pour la lustrer, tu nuis au lustre du crayon dont tu te serviras pour dessiner, et de même à l’aquarelle que tu passeras, tu n’obtiendras ni les clairs ni le fondu comme avec le premier moyen. Sit nihil hominibus[1], fais comme tu voudras.

  1. Il faudrait dire, sit nihilominus, etc. Toutes les fois que l’auteur a voulu se servir de phrases latines, il l’a fait de travers, comme font gens du peuple.
    (Note du cav. Tambroni.)