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Trois Filles de leur mère/Chapitre 10

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X

Quand je rouvris les yeux, Teresa rentrait, toujours nue, et ramenant avec elle Lili ; une Lili nouvelle pour moi, une Lili en chemise de nuit, avec une petite natte dans le dos ; une Lili qui dormait debout.

Elle la plia sur un fauteuil comme une poupée et vint me dire à l’oreille, mais en accentuant chaque syllabe :

« Laisse-moi faire. C’est ma fille. Je l’élève comme je veux. Si tu m’insultes devant cette gosse de dix ans, ou si tu l’empêches de m’obéir, je ne te le pardonnerai jamais. »

Phrases superflues, car je ne pensais à rien. Je me sentais abruti. Je n’avais aucun dessein, ni bienveillant ni hostile.

Teresa fit lever la petite du fauteuil où elle avait l’air de se rendormir, et elle l’éveilla tout à fait en quelques mots :

« Montre-nous comme tu t’éveilles bien quand tu vois un homme. Allons ? Une ! Deux ! Trois ! On ne dort plus ?

— Non, maman.

— Eh bien ! et qu’est-ce que doit faire une petite fille quand elle est en chemise devant un monsieur ? »

Comme si on lui rappelait une maxime de la Civilité puérile et honnête, Lili, avec un sourire très drôle, leva sa chemise jusqu’à la ceinture et ouvrit un peu les pattes. Puis elle me sauta au cou et, gentille, un peu grondeuse :

« Tu en as fait des queues avec Charlotte ! Elle m’a tout dit.

— Ça ne m’étonne pas d’elle ! fis-je en m’éveillant à mon tour. Elle m’a tout dit moi aussi.

— Je sais comment tu manges tes biscuits.

— Mes biscuits ? Quand je lui en mets un dans le chat avant qu’elle se branle ? Et quoi encore ? »

Je me tournai vers Teresa :

« On peut lui demander comment elle est née ?

— Mais oui. Dis comment, Lili. »

Et Lili hésita pourtant. Puis, voyant que je le savais, elle se mit à rire :

« C’est Charlotte qui est mon papa. Elle m’a faite à maman avec son cul. »

Même… (et comme je n’ai jamais vu Lili jeter une gaffe, je pense que ce fut une malice) elle ajouta vite ce qu’on ne lui demandait guère :

« Dans la famille, c’est comme ça qu’on fait les gosses. Maman vient d’en faire un cette nuit à Charlotte ; mais il prendra pas : c’était dans la bouche. »

Lili ne riait point quand elle plaisantait. Devinant que je ne riais pas non plus, Teresa dit aussitôt :

« Est-ce pour avoir l’air d’un petit ange que tu gardes ta liquette, espèce de grenouille mal branlée ? Veux-tu m’enlever ça et nous montrer tout ? En voilà une tenue pour les taches de foutre ! »

Sans s’émouvoir de l’algarade, le petit ange ôta sa chemise et dit à sa maman :

« Faut-il défaire ma natte ?

— Non. Viens sur moi. Raconte-nous ce que tu as fait avec lui hier.

— J’ai eu sa queue partout, maman. Par-devant, par-derrière et par la bouche.

— C’est tout ?

— Oui. Je n’ai que trois trous. C’est malheureux que tu ne m’en aies pas donné quatorze.

— Écoutez-la… Et qu’est-ce que tu sais faire encore ?

— Ce qu’on veut.

— Dis quoi. »

Lili hésita, soupira… puis, après m’avoir regardé, elle répondit… avec le découragement d’une fille qui renonce à élever sa mère :

« Bien des choses qu’il n’aime pas, maman. J’ai vu ça tout de suite.

— Ah ! tu as vu ça ?

— Oui. C’est pas un monsieur qui pisse sur les petites filles ni qui se fait faire des cochonneries. Il n’aime rien de ce qui est sale et il aime tout ce qui est bon… Et il n’est pas méchant non plus. C’est pas un homme à donner le fouet. Mais je sais quelque chose qu’il ne dira pas non. »

Elle le chuchota dans l’oreille de sa mère avec une grande animation.

« Répète-le tout haut, fit Teresa. N’aie pas peur. Dis-le comme tu viens de me le dire. »

Lili baissait les yeux et paria d’un air si gêné qu’elle poussait un soupir entre chaque mot :

« Quand il… Quand il… t’enculera… maman… je te mettrai… je te mettrai la main dans le chat… et je… je…

— Oh ! petite nigaude ! fit Teresa. Tu lui prendras la queue à travers la peau du con et tu la lui branleras dans mon cul. En fais-tu des manières pour si peu de choses ! Et si je le suce ?

— Je lui ferai des langues sous les couilles et feuille de rose.

— Et si je baise ?

— Ça m’épaterait ! » dit sérieusement Lili.

Teresa eut un éclat de rire qui lui secoua les reins et le ventre.

Jusque-là, Lili avait le trac. Si libre avec sa mère et même avec moi, elle s’intimidait devant nous parce qu’elle nous voyait ensemble et qu’à nous deux nous formions un public. Le rire de sa mère la transforma, comme un petit succès imprévu met des ailes à une jeune actrice. À partir de cet instant, elle eut un autre visage. Teresa, toujours prompte à lire les physionomies de ses filles, dit tout haut :

« Mademoiselle Lili, venez en scène. Qu’est-ce que c’est ce costume-là ?

— Un costume complet de petite fille toute nue. C’est maman qui me l’a fait, comme les vers à soie, en travaillant avec son…

— Et votre cache-sexe, mademoiselle ?

— Oh ! pour ce que j’ai de sexe, madame, ça ne vaut pas la peine de le cacher ! »

Mais Lili devenait drôle quand elle prenait de l’aplomb ! Je l’interrogeai à mon tour :

« Vous voulez que je vous engage, mademoiselle ? Comme danseuse ? Cantatrice ? Acrobate ? Qu’est-ce que vous savez faire ?

— Sucer la queue du directeur, dit Lili sans hésiter. »

Elle allait bien !… Sur le même ton tranquille et sans chercher un mot, elle continua :

« Comme acrobate, je sais un tour de ma grand-mère. Monsieur, voulez-vous le numéro de la fille-serpent ? Avec l’art de trouver une gousse dans son lit quand on couche toute seule ?

— Oui, dit Teresa. Vas-y.

— Si maman le savait !… » commença Lili.

Et à partir de là, je crus qu’elle récitait un petit rôle appris par cœur. Je ne connaissais pas encore assez Lili pour imaginer qu’elle avait composé tout cela elle-même, avec des bribes de phrases entendues par hasard et un don naturel de comédienne-enfant.

Elle s’accroupit au pied du lit, les coudes sur les genoux, les pieds sous les fesses, et dit avec mélancolie :

« Vous voyez devant vous la petite fille martyre dont il a été question dans les journaux, la plus malheureuse petite fille du monde. On n’a pas osé imprimer pourquoi, tellement c’est épouvantable. J’ai une mère dénaturée, monsieur. Que Dieu lui pardonne !

— Tu l’entends ? fit Teresa.

— Il y a des petites filles qu’on bat, qu’on fouette, qu’on enchaîne, qu’on martyrise, qu’on fait manger par les punaises et qu’on prive de nourriture. Mais moi, savez-vous ce qui m’est défendu jusqu’à ma majorité ? Ah ! monsieur ! personne ne devinerait par où ma mère me supplicie ! Elle m’a défendu de me branler !

— Croirait-on pas que c’est vrai ? » fit encore Teresa.

Lili ne sourcilla point. De la voix lente et résignée d’une enfant qui conte ses malheurs sans espoir de consolation, elle continua en faisant presque avec pudeur ce qu’elle racontait :

« Monsieur, je vous prends à témoin. Je me branlais sagement comme ça : un doigt dans le cul, un doigt dans la fente et un doigt sur le petit bouton. Je ne me faisais pas de mal, je vous assure, mais j’ai eu beau le dire à maman : les grandes personnes, ça ne comprend rien.

— Pauvres petites ! soupirai-je avec elle.

— Et ça vous lance des mots !… Maman m’a fait jurer que je ne reprendrais plus jamais la funeste habitude de la "masturbation" ! Un mot pareil en pleine figure ! Sur une petite fille, monsieur !

— Est-il permis !… Et vous ne l’avez jamais reprise, cette funeste habitude ?

— Non, parce que je n’ai qu’une parole.

— Et vous ne vous êtes pas suicidée ?

— Non, parce que je m’en foutais comme de mes trois pucelages. Depuis que je peux plus me branler, je me gousse. »

Instinctivement, Lili laissa tomber cette dernière réplique sans aucun accent. Elle garda sa voix simple et douce. Dix ans de théâtre pour certaines actrices ne valaient pas dix ans d’existence pour Lili. Je ne pus m’empêcher de dire à l’oreille de Teresa :

« Il faut en faire une comédienne !

— C’est fait, répondit Teresa. Elle offre de sucer le directeur avant même de lui expliquer ce qu’elle peut foutre sur la scène. Qu’est-ce que tu veux donc lui apprendre de plus ? »

Mais Lili achevait de parler et modulait des mots énormes comme une flûte angélique.

« Alors, c’est la faute de ma mère si je ne me branle plus sous ma chemise de nuit comme une petite fille modèle. Au lieu de ça, je passe une heure toute nue à me frotter le cul sur ma petite gueule en me disant : “Lili, tu ne t’embêteras pas quand tu pourras te sucer du foutre !” Les grandes personnes, monsieur, ça ne peut pas savoir comme ça donne de mauvais conseils parce que, heureusement, on ne les écoute jamais ; on ne fait que semblant ; mais quand une fois par hasard on est assez rosses pour leur obéir, alors voilà ce qui arrive.

— Dis donc, Lili ! fit Teresa gaiement grondeuse.

— Tu n’es pas là, maman », répondit Lili qui reprit son rôle aussitôt pour annoncer qu’elle allait se taire, parce que son exercice lui couperait la parole.

À peine avait-elle commencé… qu’elle réussit. Elle s’enroula en boule, les épaules touchant le drap du lit, les jambes ouvertes derrière la tête, les bras croisés sur les reins. Sa motte lui baisa le menton… et ce détail ne fut pas d’abord ce dont je fus le plus curieux. Je regardais son corps si petit déjà, si fluet, si court, si léger, devenir deux fois plus petit, se réduire presque à rien, comme s’il rentrait dans sa coquille.

Lili prolongeait l’exercice, et quand je voulus commander : « Repos ! » Teresa dit tout le contraire :

« Mieux que ça maintenant. Assez de bouton. La langue dans la fente. Bien. Et voilà tout ce que tu sais faire ? Tu peux pas aller plus loin ?… Regarde si c’est putain, une gosse pareille ! Regarde-moi cette feuille de rose qu’elle se tourne !… Mieux que ça, Lili ! toute la langue dans le cul !… Regarde ce qu’elle s’en fourre ! Quelle putain d’enfant !… Ça va, Lili ! c’est pas mal ! Engagée pour la saison ! »

Lili se releva très rouge et…

Tous les éducateurs me comprendront : ou bien il ne faut pas permettre aux petites filles-serpents de se livrer au saphisme sur elles-mêmes devant leur mère et l’amant de leur mère, ou bien, si l’on y consent, et si elles y renoncent, il faut les en féliciter.

Je m’empressais donc d’offrir à la jeune acrobate les compliments qui lui étaient dus lorsque Teresa nous interrompit :

« Va dans le cabinet de toilette, ma gosse. Ferme la porte, fais-toi belle, brosse tes poils du cul et reviens quand je t’appellerai. »

Au premier signe, Lili obéit de bonne grâce. Elle esquissa pourtant un curieux sourire sur les mots : « Brosse les poils du cul ! » Il me parut vaguement qu’elle se disait en elle-même : « Moi, si je voulais bien répondre, je serais plus spirituelle que ça… » Mais elle sut prouver d’une autre façon qu’elle n’était pas bête : elle ne répondit rien du tout.

La porte refermée, il y eut un silence. Teresa ne parlait point, et bien qu’elle aimât Lili autant ou même plus que maternellement, j’aurais été bien naïf si j’avais cru qu’elle attendait, pendant ce troisième entracte, mes compliments pour sa petite fille.

Elle mit son regard sur mes yeux.

Sa main sur mon flanc.

Sa cuisse sur ma cuisse.

Rien de plus. Une minute lui suffit pour obtenir, sans aucun attouchement direct, le résultat qu’elle cherchait. Plus las d’esprit que de corps, j’eus la paresse de ne pas accueillir par une allocution vibrante la réussite instantanée de ce magnétisme à distance. Je n’aime pas servir de sujet aux scènes de thaumaturgie ; et du reste, je commençais à connaître Teresa : je devinais sans peine qu’elle avait eu dessein d’exciter mes sens, non de les satisfaire.

« Je ne veux plus rien te dire sans que tu bandes ! fit-elle impitoyablement.

— Vous voyez devant vous, soupirai-je, le jeune homme martyr dont il a été question dans les journaux.

— Bande et attends ! Fais comme moi. Quand Lili va me gousser, tu verras si je me retiens.

— Votre religion vous l’ordonne, madame ? Cette forte résolution est la conséquence d’un vœu ? »

Avec un petit rugissement, elle m’empoigna par… Oh ! j’aime encore moins ces plaisanteries-là !… Mais ce ne fut qu’une menace. En quelques mots, elle fit savoir ce qu’elle m’offrait de voluptés, ce qu’elle attendait de ma persévérance, et le rôle que jouerait Lili. Je ne vous le dis pas ; ce n’est point par dissimulation : c’est parce que vous le lirez à la page suivante. Teresa me donnait un scénario qui me parut bien long pour un acte.

J’aurais voulu lui exposer que j’avais reçu de la Providence, non pas comme les belles tribades un godmiché miraculeux, mais un organe susceptible de prouver la faiblesse humaine… Elle ne m’écouta plus. Elle cria :

« Lili !

— Chic fit la petite en m’apercevant, c’est pas commencé. Qu’est-ce qu’on va faire ?

— Trois choses. Viens sur moi. Tu les devineras toute seule. »

Teresa l’aida bien un peu, en la laissant, comme par mégarde, sentir l’état de jouissance où elle était restée. Lili eut un cri de joie :

« Oh ! c’est pour moi tout ça ?

— Et ensuite ? Qu’est-ce que tu n’as pas eu aujourd’hui petite gousse ?

— Une pine dans le cul. Mais j’osais pas demander celle-là.

— On va te la prêter. Tu me la rendras. Et après, qu’est-ce que tu nous feras ?

— La main par-dedans. »

Preste et plus serpent que jamais, Lili glissa le long du corps et se fourra la figure entre les cuisses de sa mère. La petite tête disparut dans ces longs poils noirs où ma main s’était plusieurs fois perdue. Teresa m’étreignit en se tordant une épaule, mais resta couchée par le bas, car elle avait la taille souple…

Et il fallut l’entendre. Elle voulait parler. Elle me dit ces choses inimaginables dans un murmure égal, ardent, coupé de sourires :

« Chut ! Écoute-moi bien. Je suis calmée à présent ; tu me croiras. Le voilà, mon vice. Le voilà, mon bonheur. Je suis allée dans mon bordel. J’ai pris au choix la petite putain que je voulais. Tu peux l’appeler putain, celle-là, comme Charlotte. Moi seule, tu n’as pas le droit de m’appeler putain.

« Et quelle putain ! Elle n’est même pas ma gousse ; elle ne m’a pas fait jouir ; elle vient lécher le foutre que j’ai fait pour toi. Hier, c’était la même scène et ce n’était pas la même putain. J’ai déchargé pour ta queue dans la bouche de Charlotte, pour ta queue ! ta queue ! ta queue ! et tu ne l’as pas compris, puceau ! »

Que ce dernier mot fut adroit ! Elle sentit que je ne la suivais point, que Lili m’avait amusé, que je pensais trop à Lili ; et, d’un mot, elle changea la source de ma mauvaise humeur en m’exaspérant pour la troisième fois par ce nom de puceau. Cela dit, elle me ferma la bouche, doubla ses violences de langage et mit un tremblement dans son murmure :

« Pas une mère n’a fait boire autant de lait à ses filles que je leur ai fait boire de foutre. Celle-ci a dix ans, elle me tète encore. Pas mes tétons ! mes tétons, je te les donne pour te chauffer les mains, te caresser les couilles, te serrer la queue ! Si j’avais du lait dans mes tétons, je te le donnerais à toi, pas à elle. Regarde-la sucer, comme un petit chat qui tète sous le ventre d’une chatte ! Elle n’a que dix ans ! Combien d’années aurai-je encore sa langue dans le cul ? Charlotte me tète le foutre depuis vingt ans et elle n’est pas sevrée.

— Crois-tu qu’il y ait une mère plus infâme que toi, chuchotai-je à mon tour.

— Dis-moi ça, tu m’excites. Je coule. Plus tu me le diras, plus ma fille aura de foutre à boire…

— Est-ce que tu vas jouir, infamie ?

— Non. Elle lèche tes restes, ma petite putain. J’étais inondée. Elle n’a pas fini ! Alors je suis une mère si infâme que ça ? Tu es sûr ? Il y en a tant d’autres !

— Les autres ont l’excuse de céder aux vices des hommes ; mais les scènes d’inceste que tu viens de faire chez moi, malgré moi…

— Je suis pire qu’une putain, je sais.

— Cent fois pire ! Tu es effrayante ! Tu es pire que les putains, les gousses, les maquerelles, pire que les michés eux-mêmes. »

Ici, Lili releva la tête et, sans avoir rien entendu de notre murmure, elle dit :

« Non, mais qu’est-ce que tu as, maman ? Plus j’en suce et plus il en coule.

— Stop ! Lili ! fit Teresa qui se ressaisit avec effort. Joue à autre chose. Fourre-toi du savon dans le derrière, essuie-toi la rigole des fesses et reviens t’asseoir là-dessus. »

Le ciel ne m’a pas donné un tempérament de voyageur. Aussi ne fus-je pas fâché quand Teresa me lâcha la bride après m’avoir maintenu par ses enchantements dans l’état que vous savez. Je l’avoue même à ces moralistes que je désespère de fléchir et qui vont encore me reprocher la scène suivante. J’étais content d’en finir.

Mais, comme une fois déjà, Mlle Lili avait commis à mon égard un outrage à la pudeur en venant « s’asseoir là-dessus » selon l’expression de sa mère : je la fis changer de posture. D’ailleurs, je me sentais las d’être couché.

Sans me mettre en frais d’imagination, je plaçai la petite debout sur un tabouret, au bord du lit, le corps incliné en avant. Dans les histoires véritables, les postures sont toujours plus simples que dans les romans.

« Tiens-toi bien ! fit Teresa. Tu as l’air d’une petite marchande de violettes qui monte sur son panier pour se faire enculer dans les chiottes d’un bistro.

— Et pour avoir l’air d’une petite princesse, comment faut-il se faire enculer ? » dit Lili.

Elle s’y prit comme une enfant sage et redevint sérieuse à l’instant.

Tournant la tête du côté où sa mère ne la voyait pas, elle me regarda par-dessus l’épaule avec une gentille expression des yeux et un petit baiser à peine dessiné. Cela signifiait : « Je ne te dis rien parce que maman est là. » Mon regard lui répondit que nous nous comprenions ; mais ce fut avec le même mystère, car plus les petites filles sont petites, plus les grands secrets sont grands.

Notre dialogue silencieux fut bientôt, ainsi qu’on le pense, interrompu par Teresa qui ne dissimulait plus son excitation.

Teresa me lança un sourire où je crus voir de la férocité, un sourire des dents plutôt que des lèvres, et elle me dit à l’oreille :

« Te prostituer ma fille à dix ans, par le cul, ce n’est rien ! Çe qui m’échauffe c’est de lui retirer ta queue et de… Écoute ! Écoute ! »

Elle vint se coucher près de moi sur le flanc, au milieu du lit :

« Ta langue, ma Lili, dit-elle. Lèche-moi le trou. Mouille-le bien. Écarte les poils. Prends la queue maintenant, ma gosse. Encule-moi toi-même. Et dis ce que c’est qu’une petite fille qui fait enculer sa mère. Dis-le. »

Lili trouva deux réponses. Elle me chuchota dans un souffle :

« C’est une enfant de putain. »

Et tout haut, à Teresa :

« On voit bien que c’est une petite fille qu’on a faite avec le cul. »

La première réponse m’amusa si fort que je faillis oublier mon rôle et manquer mon entrée, malgré les bons soins de Lili régisseuse.

Teresa n’entendit, je crois, ni la première ni la seconde. Comme elle me tournait le dos, elle ne vit même pas mon rire dérobé ; mais elle parla de telle sorte que mon envie de rire s’éteignit. Elle vomissait des mots. Elle devenait terrible. Devant une petite fille « un peu putain » sans doute, mais drôle et fine, devant une enfant trop jeune pour comprendre le délire des sens, il me sembla que ce débordement d’obscénités était inutile… Teresa s’y vautrait. Elle voulut forcer tout ce qu’elle avait dit devant Charlotte, comme si la frêle enfance de sa plus jeune fille la surexcitait à l’audace.

Lili, attentive, pas intimidée, mais pourtant silencieuse, fit alors son dernier exercice.

Sa petite main, allongée en fuseau, put s’introduire tout entière dans le sexe de Teresa qui n’était pas large. Là, peu à peu, la petite main adroite s’ouvrit, effleura, parut voleter, puis saisit fermement à travers la muqueuse le membre qui ne pouvait lui échapper.

Je ne crains pas d’affirmer que, jusqu’à cette heure de ma vie, je n’avais jamais accepté les complaisances de la main. Elles me semblent un peu ridicules, et vraiment indésirables. Mais l’exercice de Lili était de la plus haute école. J’en restai muet d’admiration.

Plût aux dieux que Teresa fût restée muette elle aussi ! Elle ne cessait de crier : « Ah ! quelle putain de gosse ! quelle tireuse de foutre ! Ah ! tourne-toi, ma fille, viens que je branle ton cul, saloperie ! » et cent autres phrases de la même couleur. Cela m’étourdissait. J’en avais un pli entre les sourcils. Quand une acrobate fait son tour de force, l’orchestre s’arrête. Le tour suprême de Lili méritait un peu de silence. L’inceste même ne venait s’y ajouter que pour le plaisir de Teresa. Je n’en serais passé.

Jouir d’une très belle femme par la voie italienne qu’elle préfère avec ardeur ; et sentir tout à coup au fond de ses entrailles une petite main douce mais tenace, qui vous prend, qui vous serre, vous palpe, vous caresse… Vraiment, si vous n’avez jamais éprouvé cela, croyez bien qu’il est superflu d’ajouter une idée morale telle que l’inceste à une sensation physique aussi intense par elle-même, quand on sait régler ses désirs, modérer ses passions, vivre content de peu.

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