Puis qu’elle est tout hyver, toute la mesme glace

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Puis qu’elle est tout hyver, toute la mesme glace
Les Amours, Texte établi par Hugues VaganayGarnier2 (p. 320).

XXIIII.

Puis qu’elle est tout hyver, toute la mesme glace,
Toute neige, et son cœur tout armé de glaçons,
Qui ne m’aime sinon pour avoir mes chansons,
Pourquoy suis-je si fol que je ne m’en delace ?
Dequoy me sert son nom, sa grandeur et sa race,
Que d’honneste servage, et de belles prisons ?
Maistresse, je n’ay pas les cheveux si grisons,
Qu’une autre de bon cœur ne prenne vostre place.
Amour, qui est enfant, ne cele verité.
Vous n’estes si superbe, ou si riche en beauté,
Qu’il faille desdaigner un bon cœur qui vous aime.
R’entrer en mon Avril desormais je ne puis :
Aimez moy, s’il vous plaist, grison comme je suis,
Et je vous aimeray quand vous serez de mesme.