Un deuil (Verhaeren)

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Les Ailes rouges de la guerreMercure de France (p. 191-194).

UN DEUIL


Elle eut trois fils ; tous trois sont tombés à Boncelle.
Le soir se fait. J’entends parler sa tendre voix.
Un trop rouge soleil joue encor dans les bois,
Mais la douceur de l’ombre est flottante autour d’elle.

Bien que toute heure, hélas ! lui soit une heure triste ;
Elle ne prétend pas renoncer au malheur
Dont est lasse sa chair, mais dont est fier son cœur
Et dont la clarté belle, en ses larmes, persiste.


Et je la vois là-bas qui de sa lente main
Cueille, pour ses trois morts, trois fleurs dans le chemin
Et mon âme s’emplit de joie involontaire
À voir marcher ce deuil bienfaisant sur la terre.