Un institut oriental à Saint-Pétersbourg

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SAINT-PETERSBOURG.Création d’un institut oriental. – On organise à présent dans cette ville un institut oriental, sur un plan très-vaste. Il sera placé sous la direction du conseiller d’état M. Frœhn qui l’a projeté, et que le gouvernement a chargé de l’établir. Cet institut est une espèce d’académie pour l’instruction des professeurs russes, ainsi que pour les interprètes et les agens diplomatiques. À cet établissement seront attachés onze professeurs pour l’enseignement théorique, et environ vingt-quatre pour les cours pratiques des langues de l’Asie. Les membres de l’institut rédigeront un Journal Asiatique, pour lequel 10,000 roubles par an sont déjà assignés. Les langues qui feront l’objet de l’enseignement sont l’arabe, le persan, le turc, le tartare, le chinois, le mantchou, le sanscrit, le tibetain, le mogol, le kalmouk, le géorgien et l’arménien. Il y aura également des cours sur l’histoire et la littérature des peuples qui parlent ces idiomes. Les élève pourront en outre apparendre l’anglais, le grec moderne, le français et l’italien.

Après cinq années, les étudians, dont le nombre est fixé à quarante, seront envoyés dans différens pays de l’Orient, en Chine, en Perse, etc., dans le but de se perfectionner et de recueillir des notions nouvelles sur l’état de ces contrées. Cet institut formera une branche de l’université de Saint-Pétersbourg. Il aura une typographie orientale, une bibliothèque et un musée. On ne doute pas que cet établissement ne soit d’une immense utilité pour la Russie, dont les plans gigantesques relatifs à l’Asie, prennent de jour en jour plus de consistance. On croit qu’un des principaux buts du gouvernement est de se concilier l’amitié des différentes peuplades et principautés qui séparent ses frontières asiatiques de celles de la compagnie des Indes. On parle aussi de plusieurs étrangers chargés par le gouvernement d’aller explorer les parties méridionales de l’Asie. Ils doivent voyager sous le titre modeste d’antiquaires ou de philologues, pour ne pas exciter les soupçons d’une puissance qui ne voit qu’avec inquiétude l’extension des conquêtes de la Russie dans l’Orient. Ainsi s’accomplissent peu à peu les projets de Pierre-le-Grand.