Une épopée babylonienne/II.1

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II
ÉTUDE SUR LE CARACTÈRE ET L'ÂGE DU POÈME
CARACTÈRES GÉNÉRAUX.
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Une telle œuvre nous frappe, au premier aspect, par son air d’étrangeté. Tout, en effet, dans ce poème est particulier : l’action, la scène et les personnages. L’action se déroule en un large tableau disposé sur deux plans. Au premier plan, une lutte de héros contre des monstres et des animaux fabuleux ; au second plan, un voyage à travers l’inconnu, à la poursuite de l’immortalité — une merveilleuse Odyssée faisant suite à une Iliade gigantesque. La scène est proportionnée à l’action. D’abord assez restreinte, tout d’un coup elle s’agrandit, au point de devenir aussi vaste que l’univers. Elle se passe, en partie à Uruk et dans la basse Chaldée autour d’une source, sur la montagne de cèdres, le long de l’Euphrate ; en partie au milieu de contrées mystérieuses, dans la région de la nuit, aux portes du soleil, parmi des jardins enchantés, au bord de l’Océan et des eaux de la mort, à la bouche des fleuves, au soin des enfers. Dans ce cadre s’agitent des personnages surhumains : Gilgamès, le héros puissant, le monstre Eabani, le géant redoutable Humbaba, le taureau divin, les hommes-scorpions, la déesse Sabit, reine de la mer, le pilote Amel-Ea, Samas-napistim et sa femme, un couple immortel, et, derrière ces personnages, les faisant mouvoir par des ressorts cachés, la légion des dieux propices ou hostiles, Anu, Samas, Bel, Ea, Norgal, Istar... On se sent vraiment tout dépaysé, au cours d’incidents aussi extraordinaires, devant ce défilé de figures bizarres ou de surnaturelles apparitions, projetées sur un mobile décor, aux perspectives infinies. On a même quelque peine à s’y reconnaître d’abord ; l’œil, offusqué par la nouveauté des objets, dérouté par de perpétuels changements à vue, ne s’y fait qu’à la longue et par l’effet d’une lente accommodation. A l’issue du spectacle, l’impression très nette est que l’on vient de traverser un monde de féerie.

Ainsi se trouve résolu du premier coup, en ce qui concerne notre poème, le problème critique, parfois si embarrassant, qui s’impose au début de toute étude sur les épopées primitives, touchant la réalité des événements qui en forment la trame. Fiction ou histoire ? Une telle question ici paraîtrait naïve. Au sortir d’une féerie, il n’y a que des enfants pour demander si cela est arrivé. Nul doute que nous ne soyons ici en plein dans le domaine du merveilleux. L’épopée de Gilgamès est une épopée essentiellement mythique.

Mais l’esprit, en ses créations les plus libres, emprunte ses éléments à la réalité, à ses sensations, à ses souvenirs. Une analyse minutieuse et subtile parviendrait, sans doute, à dégager les éléments réels dont se compose cette fantaisie, à démêler les images vécues dont est fait ce rêve. Tout d’abord, nous rencontrons ici et là, engagés dans les diverses parties du poème, des éléments d’un système cosmique dès longtemps disparu. En essayant de te reconstituer d’ensemble, à l’aide de tels fragments, on reconnaît sans peine que l’univers, d’après la vieille conception chaldéenne, comprenait, de haut en bas, quatre parties : le ciel, la terre, les enfers et l’abîme.

Le ciel [1] était conçu comme une voûte solide, dont le sommet « le ciel d’Anu » se trouve jeté à une grande hauteur dans l’espace et dont la base confine aux extrémités de la terre. Le long de cette voûte circulent, suivant des routes tracées, les étoiles et le soleil. On le divisait idéalement en quatre régions, dont la direction est marquée par les vents cardinaux. Des deux côtés opposés de l’horizon, à l’Orient et à l’Occident, formant le trait-d’union entre le monde supérieur et le monde inférieur, se dressent les monts Masu, percés d’une grande porte, par où se lève et se couche le soleil — une sorte d’Atlas dédoublé, reposant sur les fondements de la terre et supportant la coupole du ciel.

La terre [2], continent et mers, de forme circulaire, était représentée comme une immense montagne entourée par l’Océan. De même que le ciel, on la divisait en quatre régions, suivant la direction même des points cardinaux. A son extrême limite, à l’Orient et à l’Occident, s’élèvent les monts Masu, qui, par leur grande porte, livrent passage au soleil, ces monts fameux, dont la cime atteint le ciel et dont le pied touche aux enfers. Au-delà des monts Masu, s’étend la région des ténèbres, si vaste qu il ne faut pas moins de vingt-quatre heures pour la parcourir dans le sens de sa longueur. La région des ténèbres aboutit elle-même aux jardins enchantés, où, après une longue éclipse, réapparaît le soleil, et à la mer, le grand fleuve. Ces terres mystérieuses étaient comme l’ ultima Thule des anciens Chaldéens. Du rivage, en suivant le chemin du soleil, c’est-à-dire en s’engageant dans la mer souterraine [3], on parvient à l’île de Samas-napistim, située au loin, à la bouche des fleuves, après une navigation de trente-cinq jours, — Gilgamès accompagné du pilote Amel-Ea l’accomplit en trois jours, — à travers l’Océan et les eaux de la mort. De cette île au puits des eaux jaillissantes, la distance est d’environ soixante heures, la même à peu près que celle qui sépare Uruk de la mer.

À l’intérieur de la terre, se place la région des enfers [4]. C’est là proprement l’Aral, auquel on donnait encore divers autres noms. Tantôt, en effet, il était pris pour la terre elle-même, tantôt, il était désigné comme le pays des ténèbres, le séjour des ombres (sulu), le sheol des Hébreux. On se le figurait bâti à la façon d’une forte citadelle ou d’une vaste prison, fermée de toutes parts à la lumière, éternellement plongée dans la nuit. Situé dans le voisinage des eaux de la mort, l’Aral semble bien avoir communiqué, par quelque endroit, avec l’abîme et le puits aux eaux jaillissantes.

Au-dessous de l’Aral, avec lequel il est relié par des couloirs secrets, s’étend l’abîme [5], qui ne paraît pas distinct et du puits aux eaux jaillissantes et de la bouche des fleuves.

Tel nous apparaît, d’après la vieille conception chaldéenne, l’univers pris dans son ensemble : une immense montagne creuse, reposant sur l’abîme, surmontée d’un pavillon étoile, où, de l’Orient à l’Occident, chemine le soleil. Qu’on imagine un vaste édifice comprenant, au rez-de-chaussée, une salle spacieuse unique bien percée, au sous-sol, une cave obscure, assis sur des fondements, qui plongeraient jusque dans les eaux inférieures et terminé par un dôme, qui irait se perdre dans les nues. C’est, démesurément agrandie, une reproduction exacte de l’habitation des riverains de l’Euphrate et du Tigre ou de la tente des nomades, telles quelles sont représentées dans les antiques bas-reliefs. Conception primitive, toute fondée sur ce système d’apparence, où les choses sont ce qu on les aperçoit ; conception enfantine, qui rapetisse les choses à notre courte vue, échafaude l’infini entre quatre piliers et construit l’univers à l’image de nos taupinières.

Parmi ces éléments cosmographiques, on a cru démêler des fragments, faisant partie d’un ancien système astronomique. Dès l’abord, en effet, la relation a paru frappante, entre le cycle des aventures de Gilgamès et les vicissitudes du soleil dans sa révolution annuelle. Ainsi, n’a-t-on pas hésité à affirmer, que le héros de cette épopée était une personnification solaire et que les douze tablettes, dont se compose sa légende, correspondaient aux douze mois de l’année et aux douze signes du zodiaque [6].

H. C. Rawlinson a le premier émis une telle opinion [7]. D’après ce savant, la victoire sur le taureau ailé doit se rapporter, à la fois, à la deuxième tablette et au signe zodiacal du Taureau. De même, la sixième tablette, où il est question d’Istar, représente le mois placé sous le signe de la Vierge et spécialement consacré à Vénus. Sur l’identification de la dixième tablette avec le dixième mois, il subsiste encore dos doutes, à cause de l’obscurité même du nom attribué à ce mois par les Babyloniens. Mais, comme les divinités Pap-Suked et Mamit, auxquelles il était consacré, sont regardées comme les arbitres de la vie et de la mort, qui forment l’objet principal de la dixième tablette, il est à présumer que, dans la pensée des Babyloniens, l’idée de mort avait été associée avec le solstice d’hiver et le signe du Capricorne. Quant à la dernière tablette, qui, probablement, se terminait par la mort d’Izdubar et préludait à sa renaissance pour l’année qui allait s’ouvrir, elle était dans une connexion étroite avec le dernier mois, dont le nom babylonien rappelle l’époque de la moisson ou de la fin de toute végétation.

Ces vues ont été reprises et largement développées par A. H. Sayce et Fr. Lenormant [8]. Voici, dans leur expression définitive, les conclusions de ce dernier savant, qui résument et complètent les résultats de tous les travaux antérieurs.

La première tablette manque. Dans la deuxième tablette, Isdhubar envoie quérir Ea-bani, moitié homme et moitié taureau, c’est à savoir, dans « le mois du taureau propice, » présidé par Ea, le créateur d’un tel monstre. La troisième tablette, où nous voyons Ea-bani, séduit par Scham’hat et ’Harimat, se rendre à Uruk et lier amitié avec Isdhubar, demeure sans explication. Dans la quatrième tablette, Isdhubar entrant en campagne contre Houmbaba, se révèle comme un véritable Hercule, précisément dans le mois consacré à Adar, l’Hercule chaldéo-assyrien. Dans la cinquième tablette, Isdhubar, qui n’est autre chose qu’une forme du dieu Feu, triomphe de ’Houmbaba, c’est à savoir, au mois du Feu, sous le signe du lion terrassant le taureau, expression symbolique de la victoire de la lumière sur les ténèbres. La sixième tablette, dans laquelle Ischtar se propose elle-même en mariage à Isdhubar, et, se voyant refusée, de dépit, exige d’Anou, son père, la création du taureau divin, lequel finit par être terrassé, correspond exactement au « mois du message d’Ischtar » et marque, par le triomphe du héros sur le monstre, le moment de plénitude de sa force. Dans la septième tablette, Isdbubar tombe malade et est privé de son ami, juste dans le mois qui suit l’équinoxe d’automne, où le soleil se trouve déjà sur son déclin. Dans la huitième tablette, Isdhubar parti à la recherche de ’Hasisatra, pour obtenir sa guérison et le secret de la vie, rencontre les deux hommes-scorpions sous le signe même du Scorpion. La neuvième tablette, où se trouve racontée la navigation d’Isdhubar, dans la barque d’Our-’hanschâ, à travers l’Océan et les eaux de la mort, est en rapport avec le solstice d’hiver et la fin du mois placé sous la garde de Nergal, le dieu de la mort. C’est dans la dixième tablette et au mois « de la caverne, » qu’Isdhubar parvient à l’embouchure des fleuves, dans l’endroit secret qu’habite ’Hasisatra. Les récits du déluge et de la guérison d’Isdhubar prennent place dans la onzième tablette, parce que le onzième mois est celui du signe du verseau, et, qu’à partir de ce moment, le soleil reprend sa marche ascendante. Enfin, dans la douzième tablette, l’ombre d’Éa-bani arrachée aux enfers, est transportée parmi les dieux, c’est à savoir, dans le mois de la constellation des deux poissons d’Ea, qui symbolisent la résurrection.

Nous reconnaîtrions sans peine, avec Fr. Lenormant, que « toutes ces coïncidences, qui s’enchaînent si régulièrement, ne sauraient être fortuites, » si, en réalité, elles étaient toutes également fondées. Mais, tant à cause de l’imperfection du texte, que de l’incertitude même des traductions, il s’est glissé, ici et là, des erreurs regrettables. Dans le court exposé que ce savant nous a donné du contenu de l’épopée, l’ordre des tablettes a été plusieurs fois interverti, la septième tablette ayant pris la place de la huitième, et la huitième celle de la neuvième. Ainsi se trouve rompue cette chaîne si régulière et brisée l’harmonie d’une telle concordance. Il n’échappe d’ailleurs à personne que certains de ces rapprochements sont forcés, et qu’il s’y mêle trop de conjecture.

Grâce au texte critique publié par P. Haupt et aussi à une connaissance plus approfondie du poème, Alf. Jeremias a pu fixer avec une assez grande précision le sens astronomique des diverses tablettes [9].

D’après lui, la carrière héroïque d’Izdubar, qui, « tel qu’un buffle, » domine sur les hommes, s’ouvre dès le début de la première tablette et sous le signe du Bélier, qui, chez les Assyriens, est le symbole même de la royauté (lûlimu=sarru). Le deuxième signe, celui du Taureau, paraît être en rapport avec la deuxième tablette, où le rôle principal est dévolu à Eabani, représenté comme l’homme-taureau, et le deuxième mois, dont le nom, écrit en signes idéographiques, signifie « le taureau qui se tient debout ». Le troisième signe, celui des Gémeaux, correspond à la troisième tablette, dans laquelle Eabani et Izdubar, après avoir lutté ensemble, se lient d’une étroite amitié. La sixième tablette, où se trouve racontée l’aventure amoureuse de la déesse Istar, est dans une relation évidente avec le signe de la Vierge, et le sixième mois, qui a nom « l’envoi de la déesse Istar ». Si le signe du Sagittaire est conçu sous la forme de l’homme-scorpion, ainsi que certaines représentations figurées semblent l’indiquer, un tel signe se trouverait dans une connexion étroite avec la neuvième tablette, dont l’événement capital est la rencontre d’Izdubar avec les hommes-scorpions. Enfin, si le signe du Verseau peut être considéré comme le symbole de la saison pluvieuse, ici encore, l’accord serait frappant d’un tel signe avec le récit du déluge, qui forme l’objet principal de la onzième tablette, et le onzième mois, désigné comme le mois « de la malédiction de la pluie. »

Au système ainsi présenté, à celui de H.C. Rawlinson, A. H. Sayce et Fr. Lenormant comme à celui d’Alf. Jeremias, on a fait une objection : De ce que, a-t-on dit, le poème se trouve inscrit sur douze tablettes, on conclurait à tort qu’il ait été divisé en douze chants. Dans ce cas, en effet, chaque tablette devrait accuser, au début et à la fin, une division nette dans le récit, qui ne se trahit nulle part.

En s’appuyant sur de telles considérations, A. Loisy [10] prétend que Gilgamès doit être regardé comme une personnification solaire, non parce qu’il a accompli douze travaux en rapport avec les douze signes du zodiaque et les douze mois de l’année, mais bien parce que la carrière qu’il a fournie est parallèle, sinon identique, à la révolution annuelle du soleil. En effet, à ses débuts, Gilgamès, le héros solaire, cherche a nouer des relations avec Eabani, l’homme-taureau, symbole du Taureau zodiacal et conclut avec lui une alliance figurée par le signe des Gémeaux. A partir de ce moment, les deux amis courent d’exploits en exploits, jusqu’au jour où survient la mort d’Eabani, de même que le soleil croit en force et en vigueur, depuis le commencement du printemps jusqu’à la fin de l’été. La rencontre de Gilgamès avec les hommes scorpions, qui ne sont pas autre chose, sans doute, que le signe du Scorpion et du Sagittaire réunis, ces terribles gardiens placés à l’entrée de la région de la nuit, où tous les jours s’engage le soleil, paraît signifier l’entrée de la saison hivernale. Après le Scorpion-Sagittaire, Gilgamès rencontre Sabit, la déesse de la mer, dont le nom rappelle celui de la gazelle, de la chèvre-poisson qui est le signe du Capricorne et parvient enfin auprès de son aïeul, Samas-napistim, qui représente le signe du Verseau. Là, il reprend des forces, de même que le soleil après le solstice d’hiver, puis, la saison hivernale n’étant pas encore complètement terminée, il reprend sa course sur mer et traverse le signe des Poissons. Arrivé chez lui bien portant, il lui est donné de revoir Eabani, à la fin même de l’hiver, marquant le retour de l’année nouvelle. Ainsi, « le séjour d’Eabani aux enfers correspond aux six mois de l’automne et de l’hiver, tandis que la durée de sa carrière terrestre correspond aux six mois du printemps et de l’été. »

Les observations ajoutées par Alf. Jeremias et A. Loisy aux résultats déjà acquis par H. C. Rawlinson, A. H. Sayce et Fr. Lenormant, pour être ingénieuses, n’en paraissent pas moins solides. Tout au plus, pourrait-on opposer quelques réserves. Nous nous contenterons de faire remarquer que, jusqu’ici, l’on s’est préoccupé trop exclusivement de la révolution annuelle du soleil dans ses rapports avec le cycle de Gilgamès, alors que, au cours de notre épopée, les évènements se trouvent entremêlés, de façon à symboliser, par un jeu de combinaison savante, les vicissitudes du soleil, non seulement dans sa course annuelle, mais encore dans sa course diurne. On ne saurait trop insister sur ce dernier point.

Gilgamès passe par la grande porte qui livre passage au soleil [11], et, s’engageant sur son chemin, à travers la région de la nuit, parvient aux jardins enchantés et à la mer. Des bords de la mer, monté sur la barque de Samas-napistim, il se rend auprès de son aïeul, et aborde, vers le milieu de sa course, à l’île où il demeure. Du rivage de cette île, il s’en revient comme il était venu, en passant de nouveau par la grande porte du soleil. Ainsi, Gilgamès, moitié par voie de terre, moitié par voie de mer, fournit, du matin au soir, la même carrière que le soleil. Le voyage de Gilgamès est un symbole transparent de la révolution diurne du soleil [12].

Il y a plus encore : il est dit expressément dans notre poème que nul, en dehors de Samas, ne saurait franchir la mer [13]. Or, à cet endroit même, nous voyons que Samas-napistim a à sa disposition une barque, conduite parle pilote Amel-Ea, sur laquelle il passe à son gré le grand fleuve de l’Océan [14]. Puisqu’il en est ainsi, faut-il voir en Samas-napistim autre chose qu’une doublure de Samas ? Son nom même, « soleil de vie, » semble indiquer qu’il personnifie le soleil, se reposant, la nuit, des fatigues du jour, réparant ses forces et puisant une nouvelle vigueur dans le sommeil. Samas-napistim ne représenterait-il pas le soleil sous sa face nocturne, tandis que Samas serait le soleil vu sous sa face diurne ? Cet ancêtre immortel de Gilgamès, aussi vert malgré les ans, que son petit fils, grâce à l’arbre de vie, paraît bien être le soleil éternellement rajeuni dans l’Océan, à la source même de la vie. Si l’on considère, en outre, que Gilgamès est uni à Samas-napistim par les liens d’une parenté rapprochée [15], et à Samas lui-même par des relations étroites de dépendance [16], ne résulterait-il pas de là que Gilgamès, peut être regardé comme le substitut de l’un et de l’autre ? En tout cas, de telles connexions sont trop frappantes pour être dues au hasard.

À des observations astronomiques et cosmiques à la fois semble se rattacher le déluge, dont le récit constitue un épisode important de notre poème.

Si, en effet, la relation est réelle, que l’on a prétendu découvrir entre la onzième tablette de l’épopée et le mois « de la malédiction de la pluie » ou la constellation zodiacale du Verseau, il faudrait voir dans la version chaldéenne du déluge, la notation d’un phénomène astronomique se reproduisant à intervalles fixes, un signe marquant le retour périodique de la saison pluvieuse.

Mais ce phénomène astronomique n’allait point, assurément, sans perturbations terrestres. Le passage du soleil dans la constellation zodiacale du Verseau coïncidait avec des orages violents et des inondations redoutables. Parmi ces déluges, soit que l’un d’entre eux ait frappé vivement les esprits à l’exclusion des autres, soit que tous ensemble se soient fondus à la longue en une impression résultante unique, toujours est-il que le souvenir d’un tel événement resta profondément gravé dans la mémoire des antiques générations. Souvenir net et précis, qui ne saurait être expliqué à l’aide de simples combinaisons astronomiques, mais seulement d’après des données réelles. Le déluge chaldéen, malgré la foi me mythique qu’il a revêtue, a sou origine dans un fait historique.

Quant à l’universalité du déluge, laquelle se trouve affirmée expressément dans notre récit, elle doit s’entendre évidemment, tout en faisant sa part à l’emphase orientale, du monde connu des Chaldéens. Mais bien restreinte fut la terra cognita pour ces anciens hommes. Elle ne s’étendait guère, en effet, au delà de leur vallée et de l’horizon de montagnes qui la terminaient. A l’Orient et à l’Occident se dressaient, ainsi que nous l’avons vu, les montagnes du soleil, ouvrant sur la région de la nuit, aboutissant aux jardins enchantés et à la mer. Or, cette mer, c est à savoir l’Océan qui entoure la terre et forme, par conséquent, les dernières limites du monde, se trouvait à peine à soixante heures de marche d’Uruk. Dans la direction du nord-est, le point extrême paraît avoir été le mont Nizir [17]. Il résulte de ces considérations que ce qui parut, autrefois, un déluge universel, n’est pour nous, aujourd’hui, qu’un déluge local. Le déluge, tel qu’il nous a été décrit par le poète chaldéen, resta circonscrit dans la vallée du Tigre et de l’Euphrate.

L’épopée de Gilgamès n’est point un traité de cosmographie et d’astronomie, aussi, avons-nous eu quelque peine à reconstituer d’ensemble les idées des Chaldéens à ce sujet, d’après des vestiges recueillis çà et là, tout le long du poème. Il n’en est point de même pour les faits historiques et les données mythologiques, dont les traces subsistent encore visiblement à toutes les pages. L’épopée de Gilgamès, en effet, est avant tout un poème national et religieux.

La basse Chaldée [18] nous apparaît, à travers le poème, comme une vaste plaine, entrecoupée de collines, bornée au nord-est par le mont Nizir et au sud-est, du côté d’Élam, par la montagne de cèdres. Ses limites semblent s’être confondues avec les limites mêmes de la terre, tout entière comprise, ainsi que nous l’avons déjà dit, de l’Orient à l’Occident, entre les monts Masu, où se lève et se couche le soleil. Cette plaine était arrosée par de larges fleuves, tels que l’Euphrate, et d’autres cours d’eau moins importants. Elle possédait une faune et une flore variées.

Cette région se trouvait divisée, à cette époque, en trois pays distincts : le pays de Nizir, au nord-est, le pays d’Uruk, au sud, et le pays d’Elam, au sud-est ; ces deux derniers, constitués déjà à l’état de royaumes indépendants et même, comme on l’a prétendu, rivaux. De ce que, en effet, l’adversaire principal de Gilgamès, Humbaba, est d’origine Élamitique [19], on a cru reconnaître, dans la lutte des deux héros, une personnification de la vieille rivalité qui exista entre Uruk et Élam.

Quoi qu’il en soit, la basse Chaldée [20] paraît avoir été, dés ce moment, assez florissante. Au milieu de la plaine, s’élevait Uruk supuri, « Uruk la bien gardée », une grande ville, fière de ses remparts, d’aspect pittoresque, d’ailleurs, avec ses maisons basses, aux rares ouvertures, bâties tout le long de rues bien tracées, avec ses palais et ses temples, se dressant au milieu de jardins et de bosquets. On y rencontrait, en outre, d’autres villes assez importantes : Nippur, l’antique Surippak, Ganganna, Babel et Cutha.

Dans ces divers centres, la famille et la cité elle-même revêtaient déjà des formes bien définies. La famille [21] y constituait un groupe, dont le père, son chef naturel, était regardé comme le maître absolu. Nous le voyons, en effet, entouré de ses femmes, de ses enfants, de tout un peuple de serviteurs et de servantes, distribuer à chacun, selon son bon plaisir, des caresses ou des coups.

C’est là le régime patriarcal saisi dans sa pleine rigueur. Quant à la cité [22], elle était soumise, elle aussi, à une organisation régulière. A sa tête était un roi-pasteur, ayant pour attributs la couronne et le sceptre, une sorte de tyran, qui ne reconnaissait d’autres lois que son caprice. Immédiatement au dessous de lui, se plaçait une aristocratie puissante, comprenant plusieurs castes : celle des prêtres, des guerriers et des nobles. Il semble que ces divers corps, réunis en assemblée générale dans certaines circonstances extraordinaires, aient eu voix consultative. Enfin, tout au bas de l’échelle sociale, venait la foule obscure des artisans, des marchands et des laboureurs. C’est là, on le voit, une monarchie absolue déjà tempérée par un mélange d’oligarchie. Une telle constitution remontait sans doute à une époque fort reculée. Dans notre poème, en effet, il est question c des porteurs de couronnes, qui, jadis, gouvernèrent la contrée » et aussi, de la distinction établie, de temps immémorial, à Surippak, entre « le peuple et les anciens. » Une telle société était déjà parvenue à un certain degré de civilisation [23]. Les Chaldéens, en effet, semblent avoir possédé l’écriture de toute antiquité. Ils s’en servaient, dès cette époque, pour graver, sur des tablettes d’argile, de courtes inscriptions commémoratives ou même de longs poèmes, où se révélaient leurs aptitudes littéraires. Ils ne restaient pas non plus étrangers à la science. Ils étaient les inventeurs d’un système de nombres et de mesures, ingénieux et commode à la fois, à l’aide duquel ils appréciaient les grandeurs, supputaient le temps, mesuraient les distances, déterminaient la superficie, le poids et la capacité. Ils n’ignoraient pas absolument la physique et s’adonnaient avec passion à la cosmographie et à l’astronomie, mais, dans l’étude des phénomènes célestes et terrestres, ils se bornaient à noter les apparences et à les expliquer par l’action des dieux. Plus encore que les lettres et les sciences, l’art et l’industrie avaient pris parmi eux un développement considérable. Ils connaissaient les principes et la technique de l’architecture et de la plastique, lis construisaient en brique ou en pierre de solides remparts, des habitations commodes, des palais et des temples magnifiques qu’ils décoraient de statues. Ils savaient également tisser de belles étoffes, travailler le bois, le métal, l’or, l’argent et les pierres précieuses, dont ils fabriquaient toute sorte d’objets d’utilité ou de luxe.

Mais ce peuple, rude encore malgré son goût de civilisation, se plaisait surtout à la chasse et à la guerre [24]. Contre les fauves il luttait de ruse ou de force, tendant des filets, creusant des fossés ou attaquant de face. Avec les hommes, déjà, la tactique était plus savante. L’armée paraît avoir été, dès cette époque, assez fortement constituée. Composée de troupes indigènes et auxiliaires, commandée par un seul chef, elle faisait des sièges en règle et essuyait de vraies batailles rangées. Comme armes défensives les guerriers portaient le casque et la cuirasse ; ils avaient pour armes offensives, l’arc, le glaive et la hache. Ils se montraient très ardents au combat et ne redoutaient point la mort, car, ils savaient le sort bienheureux qui attend dans l’Aral, les braves tombés sur le champ de bataille. Aussi ces anciennes guerres, sauvages et meurtrières, ne se terminaient guère que par l’extermination de l’ennemi.

Non moins que la passion de la chasse et de la guerre, les Chaldéens eurent le goût des aventures lointaines. Établis le long des rives du Tigre et de l’Euphrate, dans le voisinage même de la mer, ils furent marins autant par nécessité que par vocation. Ils excellèrent, de bonne heure, dans l’art de la navigation [25]. De quels procédés ils usaient pour construire et équiper un vaisseau, nous l’apprenons, au cours de notre poème, par la description même de l’arche. Pour cela, ils dressaient d’abord la charpente d’après un plan, puis en adaptaient les diverses parties entre elles de façon à constituer un vaste coffre percé de portes et de lucarnes, protégé en haut et en bas par un lit de roseaux et muni d’avirons. Ils divisaient ensuite l’intérieur en plusieurs étages, et chaque étage en compartiments. Enfin, ils l’enduisaient de bitume et de naphte tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. De tels vaisseaux pouvaient supporter de lourdes cargaisons, et sous la conduite d’un pilote expérimenté, résister aux gros temps, puisque nous voyons l’arche de Samas-napistim surnager au-dessus des eaux du déluge.

Nul peuple ne fut plus profondément religieux que ce peuple de guerriers et de navigateurs. Les Chaldéens, en effet, avaient peuplé l’univers d’une infinité d’êtres surnaturels, dieux ou démons.

Leurs dieux [26] ne furent point d’abord distincts des forces de la nature. Ce caractère physique, qui est resté empreint dans la plupart des noms qui servaient à les désigner, se manifeste clairement, par des actions déterminées, en plusieurs endroits de notre poème. Mais, presque partout, ce mode primitif de représentation y fait place aux conceptions zoomorphiques et anthropomorphiques. Les dieux que nous rencontrons là, sont des dieux de chair, à peine dégagés des formes animales, déjà revêtus des belles proportions humaines. Ils participent, d’ailleurs, à toutes nos passions terrestres. Ils sont, comme nous, mobiles, tour à tour sages et inconsidérés, capricieux, irascibles, pitoyables, bons ou mauvais, suivant les circonstances, mais, en toute occasion, redoutables vengeurs de l’iniquité.

Ces dieux, mâles et femelles, forment entre eux des groupes, calqués sur le modèle de nos associations. Ils sont répartis par familles, distribués, suivant une hiérarchie savante, en dieux supérieurs et inférieurs. Parfois même, ils se constituent en assemblée, sous la haute présidence d’Anu.

Chacun d’eux a ses attributions particulières et une juridiction déterminée ; entre tous, ils se partagent le gouvernement de l’univers. Souverains maîtres des hommes et des choses, dispensateurs de la vie et de la mort, ils agissent en diverses manières : tantôt intervenant directement, par leurs actions et leurs discours, tantôt indirectement, par la voie mystérieuse des songes.

Au-dessous des dieux, viennent les démons, [27] dont quelques-uns paraissent avoir été de vraies divinités, sortes de génies malfaisants, personnifications des maladies qui se logent en notre corps et jusque dans les arbres.

Entre les dieux et les démons, se place l’homme [28], créature de basse extraction et de tristes destinées. Il a été façonné par l’artiste suprême avec de l’argile, de même que la statuette, fabriquée par l’ouvrier avec le limon du fleuve. Il est poussière et doit retourner en poussière. Après une courte vie, il descend de la terreaux enfers, la vaste prison, la forte citadelle, où voltigent les ombres, pareilles à des chauves-souris, dans les ténèbres éternelles. Il vase perdre parmi les têtes banales des morts, qui vivent de boue, à moins qu un sort illustre et la piété filiale ne lui aient valu une place de choix, où il boit l’eau pure en compagnie des siens. On se souvenait encore, il est vrai, d’un certain Samas-napistim, lequel avait été, par un privilège spécial, enlevé au ciel parmi les dieux. Mais le temps était passé de telles apo théoses. Gilgamès, le petit-fils de Samas-napistim, avait essayé d’atteindre l’immortalité à la suite de son aïeul. Un instant, il avait tenu entre ses mains l’arbre de vie, mais, hélas ! un serpent de malheur le lui avait ravi... L’homme était condamné désormais à une destinée inéluctable.

De sa naissance à sa mort, il est en butte à la poursuite des démons, qui l’assaillent de toutes parts et le frappent de maladies étranges, auxquelles il succombe, comme Eabani, ou dont il ne se relève qu’avec peine, comme Gilgamès, à l’aide d’aliments magiques et de purifications.

Se sentant faible et coupable il vit dans la crainte perpétuelle des dieux. Qu’il soit, en effet, l’objet de leurs faveurs, le jouet de leurs caprices, ou la victime de leur haine, toujours il nous apparaît vis à vis d’eux dans une posture humiliée, et si, parfois, il se redresse de sa fierté d’homme contre les dieux ennemis et le prend de haut avec eux, il paye cher de telles licences, ayant à subir leur colère.

Bien précaire et bien misérable est l’existence de l’homme ainsi placé entre les dieux et les démons, continuellement exposé d’ailleurs à de sauvages agressions, au sein d’une nature âpre peuplée de géants, de monstres et de fauves.

Contre de tels maux, il ne reste à l’homme qu’un seul recours, c’est à savoir de se rendre les dieux propices. Or, pour se concilier leurs faveurs, il n’est que de leur rendre le culte qui leur est dû.

Aussi, voyons-nous l’homme élever à ses dieux des temples, grands et beaux comme des palais, où se dressent leurs statues, revêtues d’ornements magnifiques, où se déployent à certains jours d’imposantes cérémonies, richement dotés d’ailleurs et servis par tout un peuple de fonctionnaires. En dehors de ces tem ples, certaines montagnes, certaines villes paraissent leur avoir été spécialement consacrées.

L’homme honore encore la divinité par des offrandes et des sacrifices. Ces dieux antiques, ne sont point encore faits d’une matière si subtile qu’ils ne se plaisent à manger, à boire et à dormir, comme de simples mortels, à respirer l’odeur de l’encens et autres parfums exquis, voire même à recevoir de petits cadeaux [29].

Il lui rend aussi des hommages et lui adresse des prières. Il se tient devant sa divinité, la droite levée, ou se prosterne devant elle et lui baise les pieds. Il l’invoque en toute circonstance, pour être délivré d’un tyran, du fléau de la guerre, du danger ou de la maladie, pour obtenir de revoir l’ombre d’un ami. Il use dans ses prières de termes parfois très touchants, s’adressant à la divinité comme à un père ou à une mère [30].

Hommages et prières, offrandes et sacrifices sont des actes de religion essentiellement intéressés. Toute la théorie en est incluse dans cette formule : « Nous t’avons rendu des hommages, ô roi ! En retour, tu nous accorderas ta protection, ô roi ! » C’est là, entre les dieux et les hommes, un échange de bons procédés, une manière de contrat, un véritable prêté-rendu [31].

Mais l’épopée de Gilgamès n’est pas simplement un reflet des idées nationales et religieuses de la race chaldéenne, à une époque déterminée de son histoire. Il arrive aussi, au cours du poème, que les sentiments particularistes font place à des vérités plus largement humaines. Un accent plus profond coupe heureusement, en maints endroits, le thème banal inspiré par la circonstance.

Ainsi, sur la femme, le poète chaldéen nous a-t-il fait part de l’expérience des antiques générations, qui fut aussi celle de tous les temps. Nul assurément, mieux que ce mage, ne nous a révélé cet être double et contradictoire, à la fois charmant et redoutable, nul ne nous a dévoilé d’une main plus sûre les mystères de ce cœur, où s’allient, en des proportions étranges, la douceur et la cruauté. Harimtu et Samhatu, si délicieusement perverses qu’elles arrachent à ses bêtes le monstre Eabani et l’attirent à elles, Istar, la Vénus inassouvie, abêtissant, paralysant ou tuant ceux qu’elle a séduits, dans sa furie d’amour, sont vraiment des créations éternelles.

De même, où trouver ailleurs une peinture plus vraie de l’amitié. L’amitié de Gilgamès et d’Eabani est au nœud même de l’action. Au début, Gilgamès envoie quérir Eabani, puis, une fois qu’il se l’est attaché, nous voyons les deux amis, toujours inséparables, courir les mêmes aventures, jusqu’au jour où la mort impitoyable vient les désunir ; alors, Gilgamès, inconsolable, part à la recherche d’Eabani, qu’il lui est donné enfin de revoir dans une suprême évocation. L’épopée de Gilgamès, on le voit, est à la lettre le poème de l’amitié. Qu’on relise en particulier, pour mieux s’en convaincre, cette scène familière, où les deux héros, après avoir terrassé le taureau divin, suscité contre eux par la colère d’Istar et lavé leurs mains dans l’Euphrate, s’asseoient à côté l’un de l’autre comme des frères, ou encore, cette lamentation souvent répétée de Gilgamès sur Eabani, où revient le doux nom d’ami, avec une insistance si touchante.

Dans ces âmes antiques, partagées entre l’amour et l’amitié, déjà se fait jour aussi la pitié, sentiment mystérieux, né, s’il faut en croire ce sage de Chaldée, au cœur d’une femme, mais épelé d’une façon intelligible par une voix d’homme. A sa femme, visiblement émue de la souffrance de Gilgamès, Samas-napistim adresse cette parole, sublime dans sa simplicité : « Tu souffres, je le vois bien, de la souffrance de l’humanité ! »

Mais l’intérêt général du poème n’est point tout entier dans de tels sentiments. L’homme, en effet, ne s’y découvre pas à nous seulement par ce côté extérieur, mais encore dans ce qu’il a de plus intime, dans son fonds de religiosité native.

Aux temps anciens, l’homme sans cesse aux prises avec une nature rebelle, peuplée de monstres et de bêtes féroces, toujours en guerre avec ses semblables, ses pires ennemis, eut beaucoup à peiner et à souffrir. Ainsi voyons-nous Gilgamès et Eabani lutter sans paix ni trêve contre Humbaba, le taureau divin, les lions... Dès cette époque d’ailleurs, l’homme était divisé avec lui-même. Toujours désireux du bien, souvent il faisait le mal, où l’entraînait sa nature violente. Aussi vécut-il longtemps sous le coup d’une menace perpétuelle, car, il se reconnaissait coupable et n’ignorait point que les pécheurs encourent de terribles châtiments de la part des dieux. On racontait, en effet, qu’autrefois, à cause de la corruption de la ville de Surippak, la terre entière avait été noyée, de par le dieu Bel, dans un déluge, auquel Samas-napistim n’avait échappé, que grâce au dieu Ea, à cause qu’il était juste.. Que faire, en cette extrémité, sinon se tourner vers les dieux et tenter de les apitoyer par des supplications et des offrandes ? Ainsi, voyons-nous encore Gilgamès et Eabani, adresser des prières à Samas, à Sin, suspendre un ex-voto dans le temple du dieu de Marad, et Samas-napistim, sauvé du déluge, offrir un sacrifice d’action de grâces... Or, de telles prières et de tels sacrifices, malgré les formes caduques qu’ils ont revêtues, ne sont-ils pas, à leur manière, une preuve vivante de cet instinct d’adoration, qui, de tout temps, a fait brûler de l’encens et pousser des cris vers le ciel ? N’est-ce pas là ce même besoin d’infini qui nous tourmente, alors que nous sortons de la lutte humaine, le corps et l’âme endoloris ?

Mais il y a plus encore : ces mêmes hommes, harcelés sans cesse par le démon de la maladie, parfois avertis par ces coups subits qui les frappaient dans ce qu’ils avaient de plus cher, connurent cette étrange torture du condamné, calculant les heures qui le séparent de sa fin. Gilgamès, privé tout d’un coup d’Eabani, déjà atteint lui-même d’un mal secret, goûta par avance, avec les tristesses de la séparation, l’amertume de la mort. Oh ! ce cri arraché tout ensemble à l’amitié et à la peur : « Mon ami, celui que j’aimais tant, est retourné en poussière ; moi, je ne veux point mourir comme lui... » quelle âme a jamais rendu un son plus humain ! N’était-il donc pas possible de se soustraire à cette dure fatalité ? La science n’avait-elle pas de remède à opposer à ce mal de la mort ? Gilgamès accomplit un long voyage en quête de l’arbre de vie qui devait le rendre immortel. Il avait enfin découvert la plante salutaire, et s’en revenait joyeux, lorsque, tout d’un coup, par une amère ironie, un serpent sortit la terre et la lui ravit. Hélas ! il s’était fatigué en pure perte, la science n’avait point tenu ses promesses ! Que faire, en de telles conjonctures, sinon se tourner encore une fois vers les dieux et demander à la religion ce que la science ne donne pas, la certitude d’une vie meilleure ? Gilgamès, en effet, frustré dans ses recherches, vint se jeter éperdu dans les bras de ses dieux, qui, pris de pitié, lui dévoilèrent, dans une évocation, un coin du royaume mystérieux de la mort et lui mirent au cœur l’espérance.

Ainsi, d’un côté, joies et déceptions de l’amour, douceur de l’amitié, goût de la pitié, de l’autre, besoin d’adoration né de la souffrance, peur du néant, désir inquiet d’immortalité, qu’une science décevante exaspère et qui ne s’apaise que dans la croyance, n’est-ce pas là l’expression même de la vie sociale universelle et de la vérité religieuse éternelle ?




Notes[modifier]

    17, 104 ; IX, I, 8 ; IX, II,1-9, 19-21 ; IX, III, 9 ; IX, IV, 40, 41 ; X, V, 6, 7, 8, 17, 18 ; X, VI b, 25 ; XI, 12, 101, 105, 108, 110, 140-145, 157, 192, 194, 217, 276, 281 ; XII, I, 18, 23 ; XII, (?) b, 38 ; (?), (?) a, 50 ; (?), III b, 3 ;(?),(?)i, 16.
    2° La flore et la faune : II, II, 39, 40, 41, 46 ; II, III, 6, 11, 21, 24, 33, 38, 42, 45, 51 ; II, IV, 1, 3, 4, 5, 14, 23, 24, 25, 27, 35, 39, 46 ; II, V, 1,9 ; III, III, 4, 5, 19 ; IV, I, 14, 16 ; IV, II, 16 ; IV, V, 1, 4, 5 ; IV, (?) c, 5 ; IV, VI, 41, 45 ; V, I, 1-3, 6-10 ; V, II, 44 ; V, VI, 42 ; VI, 12, 18, 19, 43, 48-50, 51, 52, 61, 63, 64 ; VIII, I, 16, 17, 22, 23, 27, 29, 30, 42, 43-46 ; IX, 1, 9 ; IX, V, 47-51 ; IX, VI, 24, 27, 28 ; X, II, 3, 29 ; X, III, 41, 45 ; X, V, 3, 6, 7, 10, 11, 31 ; X, V b, 11, 14, 20 ; 21 ; X, V c, 46 ; X, VI, 30 ; X, VI b, 11, 15, 19, 22, 24 ; XI, 44, 45, 71, 86, 147-148, 150-151, 153-154, 159, 188, 190, 284, 285, 286, 291, 295, 297-299, 304-305, 313, 314 ; XI, b, 10 ; XII, 1, 16, 31 ; XII, II, 22 ; XII, (?) a, 10 ; XII, (?) b, 34 ; (?), (?) a, 48 ; (?), III b, 2, 7, 8, 9, 10, 12, 14 ; (?), (?) c, 47 ; (?), (?) d, 46, 47 ; (?), (?) e, 2 ; (?), (?) f, 16, 18, 19, 20, 21 ;(?),(?) j, 4, 5.
    3° Divisions géographiques : a) le pays d’Uruk : II, V, 31 ; IV, II, 38, 39, 49, 50 — b) le pays d’Élam : IV, I. 14 ; IV, II, 11-12, 14-16 ; IV, V, 1, 4, 5 ; IV, (?) b, 33, 40, 44-46 ; IV, VI, 45 ; V, I, 1-10 ; V, II, 44 ; X, V, 10 ; X, Vb, 14 ; X, V, 46 ; X, VI b, 15, — c) le pays de Nizir : XI, 141,142, 143-145.

  1. Le ciel : II, II, 19 ; II, III, 3, 30 ; II, V, 27 ; III, III, 15 ; III, IV, 28 ; IV, (?), 15 ; VI, 81 (Cf. ibid. 82-83) ; IX, I, 8 ; IX, II, 1-2, 3, 4-5, 6, 9 ; IX, III, 9, 12-14 ; IX, IV, 40, 41, 43, 46 ; IX, V, 38, 45 ; X, VI, 31 ; XI, 93, 106, 113, 115, 156 ; (?), (?) f, 19.
  2. La terre : IV, (?) c, 15 ; IX, I, 8 ; IX, II, 1-2, 3, 4-5, 6, 9, 19, 21 ; IX, III, 9, 10, 11, 12-14, 20 ; IX, IV, 40, 41, 43, 46, 47-50 ; IX, V, 23-40, 44, 45, 46-51 ; IX, VI, 24-29, 32, 36 ; X, I, 1-2, 9,15-16, 21-22 ; X, II, 16-17, 18-19, 21-24, 25-27, 31, 34, 42, 45, 47 ; X, III 5, 33-34, 35, 41, 45, 49, 50 ; X, IV, 3 ; X, V, 25, 26, 27, 34 ; XI, 41, 42, 101, 105, 108, 110, 124, 132, 133, 135, 139, 192, 194, 204-205, 216-217, 245-247 (Cf. ibid. 248-253), 256, 260-261, 265, 269-270, 278, 300-303, 314, 316, 317, 318-320 ; XII, I, 18, 23 ; XII, II, 23 ; XII, III, 23, 27 ; XII, IV, 2, 4 ; (?), (?) h, 24 ; (?), (?) f, 19 ; (?), (?) l, 11— Un fragment géographique, publié par F. E. Peiser (Zeits. f. Assyr, 1889, p. 361-370), nous a conservé une construction graphique de la terre, telle que l’avaient imaginée les Chaldéens, une sorte de mappemonde, dressée par un scribe babylonien d’après un original ancien et accompagnée d’une légende explicative. On la dirait faite exprès pour servir d’illustration au poème de Gilgamès. Le tracé, dans ses lignes principales, correspond assez bien à notre description. Au cours de la légende, d’ailleurs, se trouvent mentionnés la terre avec ses quatre régions (kibrâti irbitti), l’endroit où le soleil devient invisible (asar an-par nu idi-lal) et le fleuve Océan (a-gùr marratu).
  3. Ceci résulte, du seul rapprochement des textes relatifs à l’itinéraire de Gilgamès, ainsi que de la comparaison de ces textes avec les autres documents babyloniens. Cf. en particulier l’Hymne au Soleil, publié et traduit par R. E. Brünnow dans Zeits. f. Assyr. 1889, p. 1 et suiv. Nous comptons revenir ailleurs sur ce sujet et en fournir une preuve complète.
  4. Les enfers : IX, II, 4-5 ; X, II. 14 ; X, III, 31 ; X, V, 22 ; XII, I, 28-31 ; XII, II, 19-22, 23, 24, 25, 26 ; XII, III, 1, 2, 3, 4, 8, 9, 10, 11, 17, 18, 19,23,27 ; XII, IV, 2, 4 ; XII, VI, 8 ; XII, (?) a, 8 ; XII,(?) b, 29, 32, 35, 40, 44, 45, 46, 47.
  5. L’abîme : II, I, 1, 7 ; VI, 214 ; IX, VI, 38 ; X, VI, 42 ; XI. 204-205, 290, 300-308, 314, 330 ; XII, I, 28-31 ; XII, II, 19-22 ; XII, (?) b, 40, 44, 43 — Sur la communication des enfers avec l’abîme : X, II, 25-27, 42 ; X, III, 50 ; X, IV, 3 ; XI. 204-205, 245-247 (Cf. ibid. 248-253), 290. 300-303 ; XII, I, 28-31 ; XII, II, 19-22 ; XII, (?) b, 40, 44,45.
  6. H. C. Rawlinson : The Athenœum, 7 décembre 1874.
  7. Dans l’exposé des opinions des divers savants à ce sujet, nous nous sommes attachés à reproduire exactement leur pensée. Même, nous avons poussé le scrupule, jusqu’à respecter la prononciation et l’orthographe attribuées aux noms propres par ces auteurs : Ainsi, qu’on ne s’étonne point de trouver ici des lectures aujourd’hui démodées, comme Pap suked, Our-’hanschd, ou des transcriptions différentes du même mot/comme Izdabar, Isdhubar, Gilgamès.
  8. A. H. Sayce : Babylonian literature, p. 27 et suiv. ; Fr. Lenormant : Les premières civilisations, t. II, p. 67-81 ; Les Origines de l’histoire, t. I, p. 238-241 ; Histoire ancienne des peuples de l’Orient, t. V, p. 175-178.
  9. Alf. Jeremias : Izdubar-Nimrod, p. 66-68.
  10. A. Loisy : Les mythes chaldéens de la création et du déluge, p. 66-71.
  11. Aucun texte, dans le poème, ne nous permet de déterminer avec précision, s’il s’agit ici de la porte de l’Orient ou de la porte de l’Occident. La chose d’ailleurs a peu d’importance, puisque, en réalité, cette terra incognita, aux côtés opposés, se trouve divisée avec symétrie et que les mêmes régions s’y succèdent dans le même ordre.
  12. Itinéraire de Samas et de Gilgamès : IX, I, 6-8 ; IX, II, 1-12 ; IX, III, 8-14, 20 ; IX, IV, 39-43, 44-50 ; IX, V, 23-51 ; IX, VI, 24-36 ; X, I. 1-21 ; X, II, 15-34 ; X, III, 32-35, 47-50 ; X, IV, 1-20 ; X, V, 25-27 ; XI, 204-205, 216-217, 243-247, 248-251, 256, 260-261, 265, 269-270, 272-273 ; 276-278, 281, 290, 300-302, 314, 316-317, 318-320.
  13. X, II, 20-24.
  14. X, II, 28-31.
  15. IX, III, 3.
  16. II, V, 21 ; IV, II, 10-18. Cf. Hymne à Gilgamès (Voir l’Appendice).
  17. Le mont Nizir fait partie de la chaîne du Zagros, la plus rapprochée de la Babylonie.
  18. La basse Chaldée : 1° Aspect général : II, II, 38, 40, 43 ; II, III, 5, 7, 12, 21, 32, 34, 39, 42, 47-48, 50, 61 ; II, IV, 2, 4, 7 ; II, V, 3, 23 ; III, VI, 9 ; IV, IV, 7 ; IV, (?) b, 36 ; IV, (?) c, 21 ; VI, 15,
  19. Humba est le nom d’un dieu élamite, qui est entré dans la composition de divers mots, servant à désigner des personnes ou des lieux : Humbanigas, Tilhumbi, etc. Quant à la signification de l’élément syllabique ba, elle reste inconnue.
  20. Les villes de la basse Chaldée : 1° Uruk supuri : II, I, 9, 10 ; II, II, 19, 24, 32 ; II, III, 14, 27 ; II, IV, 36-39, 44-46 ; II, V, 1, 6, 24, III, III, 9 ; III, IV, 39 ; 10, V, 6 ; IV, 1, 22-23, 27-28 ; IV, II, 7, 35, 46, 48, 49 ; IV, IV, 3 ; VI, 13-14, 34-35, 174, 196, 197, 207 ; X, VI b, 17, 29 ; XI, 260, 269, 320, 322, 323-324, 325-326, 327, 328 ; XII, I, 13 ; XII, II, 28 ; (?), III b, 11-12, 13-14, 15-16 ; (?), (?) e, 6 ; (?), (?) i, 24. 2° Nippur : VIII, 1, 46 ; (?), III b, 20 ; (?), (?) l, 13. 3° Surippak : XI, 11-13, 23, 35, 40. 4° Ganganna : (?), III b, 6. 5° Babel : (?), III b, 21 ; (?), (?) 1,7. 6° Cutha : (?), (?) 1,12.
  21. La famille : II, II, 16, 17, 20,23, 27, 28 ; II, III, 25 ; III, VI, 3 ; IV, II, 46, 48 ; IV, (?) a, 4 ; VI, 6-9, 42, 46-79, 173 ; IX, III, 3 ; X, V b, 19 ; X, VI b, 21 ; XI, 85, 112 ; XI b, 9 ; XII, I, 24-27 ; XII, II, 15-18 ; XII, VI, 6-7 ; XII, ( ?) a, 12.
  22. La cité : II, II, 17, 22, 24, 25, 28 ; II, III, 20 ; II, IV, 47 ; II, V 7, 12, 29 ; III, III, 2 ; III, IV, 38 ; III, V, 5 ; IV, II, 40-43 ; IV, IV, 2 ; V, 1, 13 ; VI, 15-16, 35, 58, 62, 64, 128, 130, 141, 168, 187, 197, 198-203 ; X, V b, 32, 33 ; XI, 35, 68, 86, 162 ; X ! b, 9 ; XII, I, 20 : XII, (?) b, 37-39, 42-43 ; (?), (?) e, 3, 4 ; (?), (?) h, 11-14
  23. La civilisation : 1° Écriture : II, I, 8 ; XI, 323-324, (?), (?) l, 23.
    2° Lettres : XI, 323-324.
    3° Sciences : a) Système des nombres et mesures : II, II, 44 ; II, III, 48, 50 ; IV, (?) b, 44-45 ; V, I, 11, 12 ; V, II, 23, 24 ; V, VI, 44 ; VI, 52, 55, 104, 111,130, 140, 141,143, 187-188,189-191 ; VIII, I, 41, 44-45 ; VIII, VI, 21, 23-24, 26 ; IX, III, 10 ; IX, IV, 47, 50 ; IX, V, 23, 26, 29, 32, 35, 38, 44 ; X, I, 3 ; X, III, 23, 41, 45, 49 ; X, IV, 4-7,8, 15, 16 ; XI, 28-30,57, 58, 59, 60, 61, 62, 63, 66, 67, 68-70-80, 128, 130, 140, 143-146, 156, 158, 208, 224-229, 236-241, 300-301, 314, 318-319, 325-326 ; (?) III, 15 ; (?), (?) c, 46 ; (?), (?) i, 17.
    b) Physique : IV, (?) c, 15-20 ; XI, 97-108.
    c) Pour la cosmographie et l’astronomie, voir plus haut.
    4° Art et industrie : II, I, 9, 10, 11 ; II, II, 2, 34 ; II, III, 22, 43 ; II, IV, 10, 12, 17, 18 ; II, V, 14 ; III, III, 6, 9 ; III, IV, 30, 31, 32, 35, 36, 37 ; III, V, 3, 4, 9 ; IV, I, 22, 27 ; IV, II, 3-5, 7, 44, 46, 48 ; IV, IV, 3 ; IV, (?) a, 6 ; V, II, 36, 39, 40-41 ; VI, 1-5, 10-14, 20-21, 25, 27, 28, 31, 34, 3o, 36, 39, 54, 66, 77, 174, 170, 192, 207, 208 ; VIII, I, 19, 32, 38, 39, 47 ; VIII, VI, 22, 27 ; IX, V, 48, 50 ; IX, VI, 25, 26, 29, 36 ; X, I, 1 ; X, II, 29 ; X, III, 38, 39 ; X, V, 30 ; X, V c, 46, 47, 48 ; X, VI, 26 ; XI, 68, 73, 76, 81-83, 158, 165, 220, 238, 255, 238, 259, 262, 264, 267, 268, 271, 288, 315, 322, 325, 327, 328 ; XII, I, 13, 14, 20, 22, 30 ; XII, II, 21, 28 ; XII, VI, 4 ; 10 ; XII, (?) b, 37, 38 ; (?), III b, 16, 23 ; (?), (?) e, 5 ; (?), (?) f, 14, 15, 17,19 ; (?), (?) j, 13.
  24. La chasse et la guerre : II, I, 9 ; II, III, 9-10, 36-37 ; II, VI, 22 ; III, IV, 39 ; III, V, 6 ; IV, 1, 15 ; IV, II, 13, 37-43 ; IV, VI, 33, 39 ; V, I, 13 ; V, II, 21, 42 ; V, VI, 41, 45, 46 ; VI, 1-5, 120-124, 128-147, 167-170, 174 ; VIII, VI, 31, 32, IX, 1, 15, 16, 17 ; IX, V, 43 ; X, II, 4, 5 ; X, III, 40, 44 ; XI, 5, 55, 122, 130-131, 322 ; XII, I, 18-19 ; XII, II, 26 ; XII, III, 4, 11, 19 ; XII, VI, 4-7 ; XII, (?) a, 9 ; (?), (?) a, 38 ; (?), (?) h, 10-14.
  25. La navigation : X, II, 28, 41, 40, 48 ; X, III, 32, 41, 42, 45, 10, 17-49 ; X, IV, 4-7, 8-9, 11, 15-16 ; XI, 24, 27, 28-31, 56-67, 70, 77,79, 85, 89, 94-96, 136, 141-145, 172, 198-200, 208, 221, 223, 248-249. 272-273, 277-278, 294, 309, 317, 321 ; XI b, 7, 11, 14-18 ; (?), III b, 4.
  26. Sur les dieux en général : II, II, 19 ; II, IV, 34 ; III, III, 9 ; IV, II, 45 ; IV, III, 44,45 ; IV,(?) c,5 ; V, I, 6 ; IX, I, 11 ; IX, II, 14, 16, 18 ; IX, V, 47 ; IX, 6,35 ; X, I, 7 ; X, V, 38 ; XI, 10, 114, 116, 118, 125-126, 160-162, 165, 167, 203, 206, 283 ; (?), (?) a, 36, 37, 39, 40 ; (?), III b, 11 ; (?),(?) d, 44 ;(?),(?) g, 12, 18, 19, 20 ; (?), (?) j, 3, 14.
    Leur nature : II, IV, 34 ; IV, II, 18, 21, 22 : VI, 21-79, 80-114, 174-177 ; IX, II, 14 ; X, I, 7, X, II, b, 23 ; XI, 97-108. 114-115, 116, 117-127,160-162, 167-170, 171-175 ; 186-194 ; (?), (?) a, 37-40 ; (?), III b, 11-12.
    Leur constitution familiale et hiérarchique : III, III, 10 ; IV, III, 49 ; VI, 82-83, 212 ; IX, III, 3-5 ; X, VI, 36-39 ; XI, 7, 13-14, 15, 120-121, 195-190 ; XII, ( ?) b, 44 ; ( ?), ( ?) a, 40 ; ( ?), III b, 25 ; ( ?), ( ?) g, 20.
    Leur action par intervention directe : II, II, 18, 29-35 ; III, IV, 28-43 ; IV, II, 10-18, 20 ; IV, V, 1-6 ; IV, (?) c, 12 ; VI, 21-79 ; IX, II, 18 ; XI, 21-31, 36-47, 87-88, 90-91 : XI b, 1-11, 12-18 ; (?), III b, 17.
    Leur action indirecte par les songes : II, V, 21-31 ; II, VI, 19,20-29, VI ; III, III, 12-23 ; IV, ( ?) b, 32-36, 37-42, 49, (Cf. IV,(?) c, 1) ; IV, ( ?) c, 13-21, 22 ; VI, 209-212 ; VIII, VI, 19, 20 : IX, I, 13 : IX, II, 16 ; X, V b, 16 ; XI, 195-196 ; (?), (?) g, 15.
  27. Sur les démons : II, V, 9 ; VI, 93 ; VIII, I, 22 ; X, V, 3, 40, 42X, V b, 24 ; XI, 245 ; XII, 1, 19, 21 ; XII, II, 24, 25, 29, 30 ; XII, III, 2, 3, 6, 7, 9, 10, 17, 48 ; XII, VI, 8, 9 ; (?), III b, 13-14 ; (?), (?) f, 11.
  28. Sur l’homme, son origine : II, II,30-35 ; XI, 20-22.
    Sa destinée : X, II b, 11, 12-14 ; X, III 29, 30-31 ; X, V, 20, 2122 ; XI, 20-22,119,134,197-205, 284-286,295-299, 303-306, 310-314 ; XII, I, 28-31 ; XII, II, 19-22. 23 ; XII, III, 1, 8, 23, 27 ; XII, IV, 1-13 ; XII, VI, 1-10, XII, (?) a, 8 ; XII, (?) b, 27-50.
    Sa situation vis à vis des démons : II, 1,12 ; VIII, VI, 21-27 ; IX, II, 16 ; X, I, 6-8 ; X, VI, 35 ; XI, 206-271.
    Son attitude vis à vis des dieux : II, II, 16-18, 20-29 ; IV, I, 43 ; 49 ; IV, II, 40-22 ; VI. 22-79, 178 183 ; IX, I, 10-14 ; XI. 8-205 ; XII, n. 15-27, 28-111,5 ; XII, III, 6-11, 17-20, 21-25 ; (?), (?) c, 46-48.
    Sa position en face des géants, des monstres et des fauves : II, V, 1 ; II, V, 9 ; IV- V ; VI, 120-193 ; IX, I, 8-27 ; IX, H, 1-24 ; X, V, 3.
  29. Sur le culte purement extérieur : II, I, 10 ; II, II, 22 ; II, IV, 36-37, 44 ; III, III, 9 ; III, IV, 30 ; IV, I, 22-23, 27-28 ; IV, II, 3-5, 7 ; V, I, 6 ; VI, 10-14, 27, 46-47, 175, 184-185, 102-193 ; XI, 75, 76. 164, 325, 327, 328 ; XII, I, 13 ; XII, II, 28 ; (?), III b, 23.
  30. Sur les offrandes et sacrifices : IV, II, 8 9, 44 ; IV, (?) b, 44-49 ; VI, 13, 17-19, 59-60, 64-66, 192-193 ; XI, 69, 71-72, 76, 156-159 (Cf. 167, 168), 301, 319 ; (?), (?)a, 32, 33.
  31. Sur les hommages et prières : II, II, 16-17, 20-28 ; IV, 1,13-19 ; IV, II, 10-22 ; VI, 15-16, 72 ; IX, I, 10-14 ; X, VI, 36 ; XII, II, 15-27, 28-III, 5 ; XII, III, 6-11, 17-20, 21-25 ; (?), (?) c, 46-48 ; (?), (?) g, 18.




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