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Une petite gerbe de billets inédits/03

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Une petite gerbe de billets inédits : Beaumarchais, sa femme, Mme Campan
(p. 6-7).

III

Au citoyen Raguet Delépine
Place des Victoires


Depuis longtems, mon ami, nous avions aboli l’usage des Billets[1] parce que les Billets ont l’air d’un ton, qu’ils annoncent des préférences, et que ces préférences nous ont valu des scènes très désagréable (sic), mais que M. et Mme d’Ossuna et sa compagnie se présentent tel jour et à telle heure qui leur sera convenable. Leur nom est déjà désigné à notre porte. Nous regrettons ma fille et moi que la cruelle circonstance[2] ne nous permette pas de leur faire les honneurs de ce jardin, bien déchu de sa première splendeur[3].

Depuis que notre jardin est devenu le dépôt de tout ce qui nous est cher[4], nous l’avons fermé indistinctement. Mais il sera ouvert également pour vos frais débarqués de Hollande.

Voila deux places pour votre Alexandre[5]. Comme c’est décadi, je suppose que ce jour lui convient mieux que tout autre, parce que cela ne dérangera ni les études, ni les leçons.

Salut, mon cher neveu,
Votre tante affectionnée,
Beaumarchais.


    de lettres qui l’aimaient lui rendirent les derniers devoirs, et que Collin d’Harleville lut un discours que j’avais composé dans l’épanchement de ma douleur, mais que je n’étais pas en état de prononcer. »

  1. Les billets pour entrer dans le jardin dont il va être question.
  2. La mort de Beaumarchais (19 mai 1799).
  3. Le jardin créé par Beaumarchais à l’entrée du faubourg Saint-Antoine, sur le boulevard qui porte aujourd’hui son nom, était une des curiosités de Paris. Ce vaste et magnifique jardin a été diminué, dans le trop modeste distique que son propriétaire fit inscrire au-dessus de la porte :

    Ce petit jardin fut planté
    L’an premier de la liberté.

    C’était-il ce distique qui protégea le jardin le jour où, une femme ayant eu l’imprudence d’y cueillir une simple fleur, fut souffletée par le peuple indigné ?

  4. Gudin dit (p. 475) « En plantant ce jardin destiné au repos de sa vieillesse et qui n’ombragea guère que ses peines, il avait consacré un bosquet à son repos éternel. C’était là qu’il désirait d’être inhumé. Ce fut là que nous le déposâmes. Ce fut là que son gendre, ses parents, ses amis et quelques gens
  5. Un fils du neveu et correspondant de Madame Beaumarchais.