Une petite gerbe de billets inédits/Avertissement

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Une petite gerbe de billets inédits : Beaumarchais, sa femme, Mme Campan
(p. 1-2).


UNE
PETITE GERBE DE BILLETS INÉDITS


Beaumarchais. — Sa Femme. — Mme Campan. — Cuvier.
Duchatel. — Grétry. — Guizot, etc.

AVERTISSEMENT

M. Casimir Mariaud, mon excellent confrère dans les sociétés historiques des Basses-Alpes et du Périgord, a eu l’amabilité de me donner communication de son portefeuille d’autographes. Non content de satisfaire ma proverbiale curiosité, il m’a gracieusement autorisé à mettre sous les yeux d’autres curieux les trésors de sa collection, à lui léguée par un arrière-cousin de Beaumarchais. Cette collection, peu nombreuse, mais où presque toutes les pièces sont de haute valeur, se divise en deux parties, la première formée de lettres adressées à un neveu de l’immortel auteur du Mariage de Figaro, Raguet-Lépine, le célèbre horloger[1] ; la seconde formée de lettres adressées au fils de ce dernier, lequel fils, sous le règne de Louis-Philippe, devint membre de la Chambre des députés, puis pair de France, et fut honoré de la confiance et de l’amitié des plus considérables personnages politiques. On distinguera dans la première série les lettres, ou, pour mieux dire, les billets de Beaumarchais, et, dans la seconde, les billets de Guizot, auquel l’histoire, à mesure qu’elle est plus impartiale, assigne un rang de plus en plus élevé parmi nos grands ministres[2]. Ce sont là les perles de l’écrin si amicalement ouvert devant moi par M. Mariaud. Les petites pages écrites par le plus spirituel des intrigants du XVIIIe siècle seront ainsi rapprochées des petites pages écrites par le plus austère des hommes d’État du XIXe. On trouvera d’autres piquants contrastes dans la correspondance que je publie : une lettre d’un guerrier de la République, le général Husson, est voisine d’un billet de trois lignes du doux Grétry, et un billet encore plus court d’un homme d’État italien, Serbelloni, enthousiaste ami de la France et de la liberté, suit de près une lettre du peintre-archéologue Houel, l’auteur du Voyage pittoresque des îles de la Sicile, de Malte et de Lipari[3].

Je voudrais que ma petite gerbe de documents fût accueillie avec autant de plaisir qu’en a éprouvé M. Mariaud à me les communiquer, et que j’en éprouve moi-même à le remercier publiquement de sa délicate générosité.


Philippe Tamizey de Larroque.
  1. Il eut pour père un autre horloger qui avait épousé en 1756 une des sept sœurs de Beaumarchais, Madeleine-Françoise Caron, née le 30 mars 1734.
  2. Voir les beaux articles de M. Paul Thureau-Dangin, dans le Correspondant de 1888, sur M. Guizot au pouvoir. C’est l’hommage à la fois le plus juste et le plus éloquent qui ait jamais été rendu à cet admirable serviteur de la France. On voudra relire les récits et les appréciations de l’éminent historien de la monarchie de juillet, dans l’ouvrage qui lui a déjà valu le grand prix Gobert et qui, nous aimons à l’espérer, lui vaudra, de la part de l’Académie française, une récompense plus glorieuse encore.
  3. Comme la plupart des autographes ne sont pas datés, je me suis décidé à les ranger par ordre alphabétique de noms d’auteurs. De même que certains avocats dans l’embarras aiment à s’en rapporter à la sagesse du tribunal, je m’en rapporte à la sagacité de mes lecteurs.