Utilisateur:Zyephyrus/Janvier 2015/Odyssée, juxta/3

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Titre : Chants IX, X, XI et XII de l'Odyssée / Homère ; [expliqués littéralement, traduits en français et anotés par M. Sommer,...]

Auteur : Homère

Éditeur : L. Hachette et Cie (Paris)

Date d'édition : 1854

Contributeur : Sommer, Édouard (1822-1866). Éditeur scientifique. Traducteur

Type : monographie imprimée

Langue : Grec

Format : 1 vol. (309 p.) ; in-16

Format : application/pdf

Droits : domaine public

Identifiant : ark:/12148/bpt6k6227867b

Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-320 (303)

Relation : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30614745g

Description : Collection : Les Auteurs grecs expliqués d'après une méthode nouvelle par deux traductions françaises...

Provenance : bnf.fr Le texte affiché comporte un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance obtenu pour ce document est de 99 %.

LES

AUTEURS GRECS EXPLIQUÉS Dj APRÈS UNE MÉTHODE NOUVELLE PAR DEUX TRADUCTIONS FRANÇAISES L'UNE LITTERALE ET JUXTALINÉAIRE PRÉSENTANT LE MOT A MOT FRANÇAIS EN REGARD DES MOTS GRECS CORRESPONDANTS L'AUTRE CORRECTE ET PRÉCÉDÉE DU TEXTE GREC

avec des sommaires et des notes ,

PAR UNE SOCIÉTÉ DE PROFESSEURS ET D'HELLÉNISTES

HOMERE L'ODYSSÉE EXPLIQUÉE LITTÉRALEMENT TRADUITE EN FRANÇAIS ET ANNOTÉE PAR M. SOMMER Agrégé des classes supérieures, docteur ès lettres

Chante IX, X, XI et XII

PARIS LIRRAIRIE DE L. HACHETTE ET Cie RUE PIERRE-SARRAZIN, li* 14 (Très de l'Ecole de Médecine) LES

AUTEURS GRECS

EXPLIQUÉS D'APRÈS UNE MÉTlIODF. NOUVELLE

PAR DEUX TRADUCTIONS FRANÇAISES Ces chants ont été expliqués littéralement, traduits en français et annotés par M. Sommer, agrégé des classes supérieures, docteur ès lettres.

h.

LES

AUTEURS GRECS EXPLIQUÉS D'APRÈS UNE METHODE NOUVELLE PAR DEUX TRADUCTIONS FRANÇAISES L'DNF LITTÉRALE ET JUXTALINÉAIRE PRÉSENTANT LE MOT A MOT FRANÇAIS EN REGARD DES MOTS GRECS CORRESPONDANTS L'AUTRE CORRECTE ET PRÉCÉDÉE DU TEXTE GREC

avec des sommaires et des notes

PAR UNE SOCIÉTÉ DE PROFESSEURS ET D'HELLÉNISTES

HOMÈRE

~S'~X, X, XI ET XII DE L'ODYSSÉE

-e

PAR IS LIBRAIRIE DE L. HACHETTE ET Cie RUE PIERRE-SARRAZIN, N° 14 Près de l'École de Médecine'

1854 AVIS RELATIF A LA TRADUCTION JUXTALINÉAIRE.

On a réuni par des traits les mots français qui traduisent un seul mot grec.

On a imprimé en italiques les mots qu'il était nécessaire d'ajouter pour rendre intelligible la traduction littérale, et qui n'avaient pas leur équivalent dans le grec.

Enfin, les mots placés entre parenthèses, dans le français, doivent être considérés comme une seconde explication, plus iatelligible que la version littérale.

ARGUMENT ANALYTIQUE DU NEUVIÈME CHANT DE L'ODYSSÉE.

Ulysse commence le récit de ses malheurs, et fait d'abord connaître stnnom et son origine t t -38). En revenant de Troie, il ravage une ville des Ciconiens, qui se vengent en massacrant soixante et douze de ses compagnons (39-61). Il essuie une tempête et, au moment où il double le cap Malée, se trouve jeté hors de sa route (62-81). Il aborde chez les Lotophages et se voit obligé d'arracher par force quelquesuns de ses compagnons qui ne voulaient plus quitter cette heureuse contrée (82-104). Ulysse arrive dans une petite lie déserte voisine du pays des Cyclopes; description de l'île, chasse abondante (105-169).

Ulysse part avec un seul vaisseau pour reconnaître la terre des Cycltpes (170-192). Il choisit douze compagnons et se rend avec eux dans la caverne de Polyphème ; description de la caverne ; Ulysse, malgré les prières de ses compagnons, veut attendre le retour du Cyclope (193-230). Polyphème ramène ses troupeaux, trait ses chèvres et interroge Ulysse, qui lui répond avec adresse) 231-2 86). Polyphème dévore deux des compagnons d'Ulysse pour son repas du soir et deux autres le lendemain matin (287-311). Tandis qu'il est au pâturage, Ulysse aiguise un pieu pour lui crever l'œil (312-335).

Polyphème revient et dévore encore deux des Grecs; Ulysse l'enivre, et pendant son sommeil lui crève l'œil avec le pieu (336-394). Les Cyclopes accourent aux cris de Polyphème et s'éloignent aussitôt après (395-412). Le matin venu, Polyphème s'assied à l'entrée de la caverne afin de saisir les Grecs au passage; ruse d'Uiysse, qui fuit avec ses compagnons et emmène sur son vaisseau les troupeaux du Cyclope (413-472).JUne fois en mer, Ulysse outrage Polyphème, qui lance une roche énorme contre le vaisseau (473-490). Nouveaux outrages d'Ulysse; réponse de Polyphème; ses imprécations, sa prière à Neptune son père (491-542). Ulysse rejoint la flotte et offre un sacrifice à Jupiter; le lendemain, il met à la voile (543-566).

Le sage Ulysse lui répondit : « Puissant Alcinoûs, le plus illustre entre ces peuples, il est bien doux d'entendre un chanteur tel que celui-ci, dont la voix égale celle des dieux immortels. Rien, j'ose le dire, n'est plus agréable que de voir la joie régner dans tout le peuple et les convives écouter un chanteur dans le palais, tous assis en ordre à des tables chargées de pain et de viande, tandis qu'un échanson puise le vin au cratère et vient le présenter dans des coupes : oui, voilà ce qui, en mon cœur, me parait le plus beau. Mais le désir t'est venu de m'interroger sur mes tristes aventures , afin que mon 1 HOMÈRE.

L'ODYSSÉE.

CHANT IX.

Mais Ulysse plein-de-prudence répondant dit-à lui: Il Puissant Alcinous, distingué entre tous ces peuples, assurément ceci est beau, d'entendre un chanteur tel que celui-ci est, semblable aux dieux par son chant.

Car moi-du-moins j'affirme ne pas exister quelque chose plus que lorsque la joie [agréable possède le peuple tout-entier, et que les convives dans le palais écoutent un chanteur, étant assis à-la-file, et qu'auprès d'eux des tables sont remplies (chargées) de pain et de viandes, et qu'un échansonpuisant du vin-pur au cratère l'apporte et le verse-dans des coupes ; cette chose paraît à moi dans mon esprit être la plus belle.

Mais le cœur à toi s'est tourné vers (a eu l'idée de) demander mes chagrins déplorables, affliction et mes gémissements redoublent. Par où commencer, par où finir, quand les dieux du ciel m'ont départi tant de maux ? Je dirai d'abord mon nom, pour que vous le sachiez et que, si j'évite le jour funeste, je sois votre hôte, quoique habitant des demeures lointaines. Je suis Ulysse, fils de Laërte, dont les féconds stratagèmes occupent les hommes etdont la gloire s'élève jusqu'au ciel. J'habite hhaque exposée au couchant; dans Ithaque s'élève une superbe montagne, le Nérite au feuillage agité; autour d'elle se trouvent de nombreuses îles, rapprochées les unes des autres, Dnlychium, et Samé, et Zaeynthe boisée. Ithaque, dont les rivages sont au niveau de la mer, est la plus rapprochée du couchant, tandis que les autres regardent l'aurore et le soleil levant ; elle est âpre, mais excellente nourricière de guerriers, et pour moi je ne puis rien voir qui me soit plus doux afin que je gémisse m'affiigeant encore davantage ; quelle chose après-cela raconterai-je à toi la première, et quelle la dernière ?

car les dieux du-ciel [brellx.

ont donné à moi des chagrins nouiMais maintenant d'abord je dirai mon nom, afin que vous aussi le sachiez, et que moi après-cela ayant évité le jour cruel (la mort) je sois un hôte pour vous, [loin.

quoique habitant des demeures au Je suis Ulysse fils-de-Laërte, [mes qui suis-à-souci à (occupe) les hompar mes ruses de-toute-sorte, et la gloire de moi va jusqu'au ciel.

Et j'habite Ithaque bien-située-au-couchant ; et dans elle est une montagne, le Nérite au-feuillage-agité,

très-remarquable ; et autour d'elle des îles nombreuses sont habitées fort près les unes des autres, et Dulichium et Samé et Zacynthe boisée ; mais elle-même basse est située dans la mer [culée) tout-à-fait-la-plus-haute (la plus r&vers le couchant 'et celles-ci à l'écart sont tournées vers et l'Aurore et le Soleil), âpre (rocailleuse), [garçons, mais bonne nourricière-de-jeunescertes moi je ne peux pas voir une autre chose plus douce pour que sa terre (patrie). [chacun que mon pays. La divine Calypso m'a retenu près d'elle, dans ses grottes profondes, désirant que je fusse son époux; l'astucieuse Circé m'a arrêté dans son palais d'Éa, désirant aussi que je devinsse son époux; mais jamais elles n'ont persuadé mon cœur daas ma poitrine. C'est que rien n'est plus doux pour l'homme que sa patrie et ses parents, quand même, loin des siens, il habiterait sur la terre étrangère une opulente demeure. Mais allons, je te raconterai mon retour et les maux que m'envoya Jupiter après mon départ de Troie.

« En quittant Ilion, le vent me porta chez les Ciconicns, à Ismare; je ravageai la ville et massacrai les habitants; nous enlevâmes leurs épouses avec des richesses de toute sorte, nous en fîmes le partage,

el nul ne se retira sans une part égale du butin. Alors j'exhortat mes compagnons à fuir d'un pied rapide ; mais les insensés ne Or Calypso, divine entre les déesses retenait moi là (chez elle), dans des grottes profondes, désirant moi être son époux ; et pareillement Circé d'-Éa, artificieuse, m'arrêtait dans son palais, désirant moi être son époux; mais jamais elles ne persuadaient mon cœur dans ma poitrine. [pour chacun Tellement rien ne devient plus doux que sa patrie ni (et) que ses parents, si même quelqu'un habite au loin une grasse (opulente) maison sur une terre étrangère loin de ses parents.

Mais si tu veux, allons que je raconte à toi [grins, aussi mon retour abondant-en-chaque Jupiter a envoyé à moi étant parti de Troie.

Cl Le vent emportant moi d'Ilion me fit-aborder chez les Ciconiens, à Ismare ; et là moi je saccageai la ville, et fis-périr eux ; et ayant pris de la ville des épouses (femmes) et des richesses nombreuses, nous nous les partageâmes, [à moi de-sorte-que personne ne s'en allât privé d'une part égale.

Alors assurément moi à la vérité j'engageai nous à fuir d'un pied agile; mais ceux-là grandement insensés m'écoutèrent pas. Ils buvaient le vin à longs traits et égorgeaient sur le rivage des troupeaux de brebis et des bœufs au pas lent, aux cornes recourbées. Cependant les Ciconicns qui s'étaient enfuis appelèrent d'autres Ciconiens, leurs voisins, plus nombreux et plus braves, qui habitaient l'intérieur des terres et savaient combattre l'ennemi sur des chevaux et, au besoin, pied à terre. Ils arrivèrent dès l'aurore, aussi nombreux que les feuilles et les fleurs printanières ; alors le funeste destin de Jupiter se dressa contre nous, infortunés, et nous eûmes bien des maux à souffrir. On se rangea pour combattre auprès des vaisseaux rapides , et les lances d'airain firent plus d'une blessure. Tant que dura l'aurore, tant que monta le jour divin, nous repoussâmes de pied ferme des ennemis supérieurs en nombre; mai n'obéirent pas.

Et là du vin-pur était bu en-abondance, et ils immolaient de nombreuses brebis et des bœufs aux-pieds-de-Ira vers aux-carnes-tortues le-long-du rivage.

Mais pendant-ce-temps donc les Ciconiens partant pes) Ciconiens, crièrent aux (appelèrent au secours qui étaient voisins à eux en-même-temps plus nombreux et plus braves, habitant le continent, sachant à la vérité combattre des guerriers de dessus des chevaux, et, là où il faut (quand il faut), combattre chacun étant à-pied.

Ils vinrent ensuite aussi nombreux que naissent les feuilles et les fleurs dans la belle saison, arrivant-le-matin ; alors donc certes le destin funeste de Jupiter se-tint-auprès-de (fondit sur) nous à-la-deslinée-terrible (infortunés), afin que nous souffrissions des maux nombreux.

Etayant élevé (commencé) labataille ils combattirent (soutinrent) un coniauprès des vaisseaux rapides; [bat et ils se frappaient les uns les autres avec des lances d'-airain.

Tant que le matin fut (dura) et que le jour sacré grandit, pendaut-cc-temps nous tenions-bou les repoussant quoique étant plus nombreux ; quand le soleil déclina vers son couchant, les Giconlens domptèrent les Grecs et les mirent en fuite. Chacun de nos vaisseaux perdit six guerriers aux belles cnémides ; le reste échappa à la mort; « Nous continuâmes notre course, contents d'avoir évité le trépas, mais le cœur amigé de la perte de nos chers compagnons. Nos vaisseaux balancés sur les flots ne s'éloignèrent pas avant que nous eussions appelé trois fois à haute voix chacun des malheureux guerriers qui étaient tombés dans la plaine sous le fer des Ciconiens. Cependant Jupiter qui rassemble les nuées soulève contre notre flotte les-

rafales impétueuses du Borée, et couvre à la fois de nuages la terre - et l'Océan ; la nuit tombe alors du ciel. Nos vaisseaux sont jetés ho..

de leur route, et la violence du vent déchire leurs voiles en lambeaux., Nous les descendons dans les navires, car nous redoutions le trépas J mais quand le soleil retournait vers le soir, aussi alors donc les Ciconiens firent-plier les Achéens les ayant domptés. [mides Et six compagnons aux-belles-cnéde chaque vaisseau périrent; mais nous les autres nous échappâmes et à la mort et au destin.

« Et de là (loin); nous naviguâmes plus avant ( plus étant affligés dans notre cœur, contents de nous éloigner de la mort, ayant perdu de chers compagnons.

Et donc les vaisseaux ballottés-des-deux-côtés [loin), n'allèrent pas à moi plus avant (plus avant d'avoir appelé trois-fois chacun des malheureux compagnons qui avaient péri dans la plaine, massacrés-par les Ciconiens.

Mais Jupiter qui-assemble-les-nuages soulcva-contre nos vaisseaux le vent Borée avec une tempête violente, et couvrit de nuages à la fois la terre et la mer ; et la nuit s'était élancée (était tombée) dir ciel.

Ceux-ci (les vaisseaux) après-cela étaient emportés obliques (obliqueet la violence du vent [ment), fendit à eux les voiles et en-trois et en-quatre. [voiles) Et nous descendîmes celles-ci (les dans les vaisseaux,' ayant craint le trépas, et nous nous hâtons de tourner la proue vers la terre. Nous restâmes étendus deux nuits et deux jours entiers sur le rivage , accablés de fatigue et le cœur rongé de chagrins. Mais quand l'Aurore à la belle chevelure amena le troisième jour, relevant nos mats et déployant les blanches voiles, nous nous assîmes sur nos bancs; le vent et les pilotes dirigeaient les vaisseaux. Je serais arrivé sain et sauf sur la terre de ma patrie, si, au moment où je doublais le cap Malée, de rapides courants aidés par le Borée ne m'en avaient repoussé en m'éloignant de Cythère.

« Pendant neuf jours des vents funestes m'emportèrent sur la mer poissonneuse; le dixième jour, nous abordâmes au pays des Lotopliages, qui se nourrissent de mets délicieux. Nous descendîmes à terre et puisâmes de l'eau ; puis mes compagnons se hâtèrent de prendre leur repas auprès des vaisseaux rapides. Quand nous fûmes rassasiés de nourriture et de boisson , je choisis deux guerriers aux- et précipitamment nous tirâmes eux (les vaisseaux) sur la terre-ferme.

Là nous restâmes-étendus deux nuits et deux jours continuellement toujours, rongeant notre cœur à la fois et de fatigue et de souffrances.

Mais lorsque donc l'Aurore à-la-belle-chevelure [jour, eut accompli (amené) le troisième ayant dressé les mâts et ayant hissé les voiles blanches nous nous assîmes ; mais et le vent et les pilotes dirigeaient ceux-ci (les vaisseaux).

Et je serais arrivé sain-et-sauf dans ma terre patrie, mais le flot et le courant et Borée écartèrent moi tournant (doublant) le cap Malée, et m'éloignèrent de Cythérée.

« Et de là je fus emporté neuf-jours par les vents pernicieux sur la mer poissonneuse ; mais le dixième jour nous montàmes-sur la terre des Lotophages, qui mangent une nourriture fleurie (délicieuse).

Et là nous montâmes sur la terre-ferme et nous puisâmes de l'eau ; et aussitôt mes compagnons prirent leur repas auprès des vaisseaux rapides.

Mais après que nous eûmes goûté et à la nourriture et à la boisson, quels j'adjoignis un héraut, et leur ordonnai d'aller reconnaître quels étaient les peuples qui mangeaient les fruits de cette terre. Ils partirent aussitôt et se mêlèrent aux peuples Lothopliages, qui ne tramèrent point la perte de mes compagnons , mais leur firent goûter le lotus ; et ceux d'entre eux qui mangèrent de ce fruit doux comme le miel ne voulaient plus rendre compte de leur message ni revenir vers nous; mais ils souhaitaient de rester au milieu des Lotliophages pour cueillir le lotus et d'oublier le retour. Je les ramenai de force aux vaisseaux malgré leurs larmes, et les fis lier sous les bancs des rameurs dans les profonds navires. Puis j'ordonnai à mes compagnons chéris de monter sans retard sur la flotte rapide, afin que nul ne goûtât du lotus et n'oubliât le retour. Ils s'embarquèrent aussitôt et donc alors moi j'envoyai-en-avant des compagnons, ayant choisi deux hommes, ayant adjoint en-même-temps un héraut pour troisième pour s'informer étant allés quels hommes étaient sur cette terre mangeant du pain.

Et ceux-ci étant partis aussitôt se mêlèrent aux hommes Lotophages ; et donc les Lotophages ne préparèrent pas la mort à nos compagnons, mais ils donnèrent à eux à goûter du lotus ; [mangé mais quiconque de ceux-ci avait le fruit doux-comme-miel du lotus, il ne voulait plus annoncer en-revenant ni s'en retourner ; mais ils voulaient rester là parmi les hommes Lotophages ceuillant du lotus et oublier le retour. [force) Moi je ramenai par nécessité (par vers les vaisseaux ceux-ci pleurant, et les ayant entraînés [meurs je les attachai sous les bancs-de-radans les vaisseaux creux.

Mais j'ordonnai les autres compagnons très-aimés se hâtant monter-sur les vaisseaux rapides, de peur que quelqu'un ayant mangé du lotus n'oubliât le retour.

Et ceux-ci aussitôt prirent place sur leurs bancs ; assis en ordre, ils frappaient la blanche mer de leurs rames.

« Nous continuâmes notre course, le cœur affiigé, et nous arrh â.

mes sur la terre des Cyclopes superbes et violents, qui, se confiant aux dieux immortels, ne sèment aucune plante de leurs mains et ne labourent jamais ; tout croit pour eux sans semence et sans culture, le froment, l'orge, les vignes dont les larges grappes donnent le vin, et que fait grandir la pluie de Jupiter. Ils n'ont ni assemblées où l'on délibère ni lois; mais ils habitent dans des cavernes profondes au sommet des hautes montagnes; chacun gouverne sa femme et ses enfants et ne prend nul souci des autres.

« Une petite Ile se trouve à quelque distance du port des Cyclopes, ni trop près ni trop loin, et elle est couverte de forêts; les chèvres

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entrèrent dans les vaisseaux et s'assirent sur les bancs-de-raet étant assis à-la-file [meurs ; ils frappaient de leurs rames la blanche mer.

« Et de là [loin), nous naviguâmes plus avant (plus étant affligés dans notre cœur.

Et nous arrivâmes dans la terre des Cyclopes superbes, sans-lois, lesquels donc se confiant en les dieux immortels, et ne plantent pas de leurs mains une plante et ne labourent pas ; mais tous ces fruits poussent sans-semence et sans-labour, les froments et les orges et les vignes, qui portent (produisent) le vin aux-grosses-grappes, et la pluie de Jupiter les fait-croître à eux.

Et à eux ne sont ni des assemblées où-l'on-délibère ni des lois ; mais ceux-ci habitent les sommets de hautes montagnes dans des cavernes creuses ; C et chacun donne-des-lois aux enfants et aux épouses, et ils ne s'occupent pas les uns des autres.

« Ensuite une petite île s'étend en-dehors-et-le-long du port de la terre des Cyclopes, l'ni près ni loin, - jîle boisée; sauvages y sont innombrables, car l'approche des hommes ne les met pas en fuite, et les chasseurs, qui endurent les fatigues dans les bois en parcourant les cimes des monts, n'entrent point dans cette île. On ne voit à sa surface ni troupeaux ni cultures ; sans semence et saus labour, elle demeure toujours veuve d'habitants et nourrit des chèvres bêlantes. Car les Cyclopes n'ont ni vaisseaux aux flancs rouges ni constructeurs pour leur bâtir de solides navires propres à chercher ce dont ils ont besoin et à visiter les cités des hommes (c'est ainsi que les mortels se rendent d'une contrée à l'autre en traversant la mer) , ni ouvriers pour rendre leur Ile opulente. Elle n'est point stérile, et produirait chaque fruit en sa saison ; près des bords de la blanche mer sont de molles et humides prairies ; la vigne y serait immortelle.

et dedans sont nées des chèvres sauvages innombrables ; car les pas d'hommes ne les écartent pas ; et les chasseurs n'entrent-pas-dans elle, les chasseurs qui souffrent des maux dans la forêt, [gnes.

parcourant les sommets des montaEt donc elle n'est pas occupée par des troupeaux ni par des labours, mais celle-ci non-ensemencée et non-labourée est-veuve d'hommes pendant tous les jours (toujours), et nourrit des chèvres bêlantes.

Car des vaisseaux aux-flancs-rouges ne sont pas aux Cyelopes, et des hommes constructeurs de ne sont pas, [vaisseaux qui puissent travailler (fabriquer) des vaisseaux aux-bonnes-planches, qui apporteraient chaque chose, allant vers les cités des hommes (comme souvent les hommes traversent la mer sur des vaisseaux allant les uns vers les autres), et qui puissent faire à eux aussi l'île bien-habitée (opulente).

Car elle n'est pasmauvaise du moins, mais porterait (produirait) toutes choses dans-la-saison ; car dedans sont des prairies humides, molles, le-long-des rives de la mer blanchissante ; les vignes y seraient tout à fait impérissables.

Et dedans le labour Le labour serait facile; la saison venue, ils moissonneraient d'innombrables épis, car le sol est gras et fécond. Le port est commode, et on n'y a nul besoin d'amarres ; mais, sans y jeter l'ancre et sans attacher des câbles au rivage, les navigateurs peuvent attendre que leur cœur les invite à partir et que le souffle du vent s'élève. Au fond du port coule une eau limpide : c'est une fontaine dans une grotte qu'entourent des peupliers. C'est là que nous abordâmes et qu'un dieu nous conduisit à travers la nuit obscure ; nous ne pouvions rien apercevoir, car des ténèbres épaisses enveloppaient nos vaisseaux et la lune ne brillait, pas dans le ciel, mais elle était voilée de nuages.

Ainsi nos yeux ne découvrirent point cette île, et nous ne vîmes pas les vagues immenses qui roulaient contre le rivage avant que nos vaisseaux eussent touché la terre. Nous abordâmes et pliâmes toutes les serait uni (facile); ils moissonneraient toujours pour la saison [dante) ; une moisson fort profonde ( abonpuisqu'un sol fort gras est par-dessous.

Et dedans est un port à-bonne-rade, où il n'est pas besoin d'amarre, ni de jeter des ancres ni d'attacher des câbles, [bordé mais où il est possible ceux ayant arester un long temps, jusqu'à ce que le cœur des navigateurs les excite à partir et que les vents soufflent.

Mais à la tête (l'extrémité) du port coule une eau brillante (limpide), une source sous une grotte; et autour des peupliers ont grandi.

Nous abordâmes là, et un dieu nous conduisit à travers la nuit obscure ; mais rien n'apparaissait à voir; car l'air auprès des vaisseaux était profond (épais), et la lune ne brillait pas du ciel ; mais elle était enveloppée de nuages.

Alors personne ne vit l'île de ses yeux ; ni donc nous n'aperçûmes les longs (grands) flots roulant vers la terre-ferme, avantque les vaisseaux aux-bonnesavoir (eussent) abordé. [planches Et nous descendîmes toutes les voiles aux vaisseaux ayant abordé, voiles, puis nous descendîmes sur le bord de la mer, et nous nous endormîmes en attendant l'Aurore divine.

« Quand parut la fille du matin, l'Aurore aux doigts de roses, nous parcourûmes l'ile avec admiration. Les nymphes, filles de Jupiter qui porte l'égide, firent lever les chèvres des montagnes, afin que mes compagnons pussent se nourrir. Aussitôt nous tirâmes de nos vaisseaux des arcs recourbés et des javelots au long fer, puis, divisés en trois troupes, nous commençâmes la chasse , et un dieu nous donna bientôt une proie abondante. Douze vaisseaux me suivaient; chacun d'eux eut pour sa part neuf chèvres, et on en choisit dix pour moi seul. Durant tout le jour, jusqu'au coucher du soleil, nous restâmes assis, savourant des mets abondants et un vin délicieux. Car le vin de nos navires n'était pas épuisé, mais il en restait encore ; nous en avions rempli de nombreuses amphores lorsque nous avions pris la ville sacrée des Ciconiens. Nos regards se portaient près de nous sur la terre et nons sortîmes nous-mêmes sur le bord de la mer ; et là nous étant endormis nous attendîmes l'Aurore divine.

« Mais quand parut l'Aurore née-le-matin aux-doigts-de-roses, admirant l'île nous circulions dans elle.

Et les nymphes, filles de Jupiter qui-a-une-égide, firent-lever les chèvres des-montagnes, afin que mes compagnons dînassent.

Aussitôt nous prîmes de dessus les vaisseaux, des arcs recourbés et des épieux au-loug-manche, et arrangés (divisés) en-trois nous lancions ; et aussitôt un dieu [cœur.

nous donna une chasse douce-auDouze vaisseaux suivaient moi, et neuf chèvres échurent à chaque vaisseau; et j'en mis-de-côté dix pour moi seul.

Ainsi alors tout le jour jusqu'au soleil couchant nous fûmes assis [(abondantes) nous régalant et de viandes infinies et de vin-pur doux.

Car le vin rouge n'avait pas été consommé encore de dessus les vaisseaux, mais il y en avait-dedans ; car chacun nous en puisâmes en-adans des amphores, [bondance ayant pris la ville sainte des Ciconiens.

Et nous regardions des Cyclopes, nous voyions leur fumée , nous entendions leurs cris, ceux de leurs chèvres et de leurs brebis. Quand le soleil se coucha et que la nuit fut venue, nous nous étendîmes au bord de la mer. Mai& lorsque parut la fille du matin, l'Aurore aux doigts de roses, je réunis mes compagnons et leur parlai ainsi : « Restez ici, chers compagnons; moi, avec mon vaisseau et mes a guerriers, j'irai reconnaître quels sont ces hommes; je verrai s'ils « sont farouches, violents, injustes, ou bien s'ils sont hospitaliers « et si leur cœur craint les dieux. «

« En achevant ces mots, je montai sur mon vaisseau; j'ordonnai à mes compagnons de me suivre et de détacher les câbles. Ils s'embarquèrent aussitôt et prirent place sur leurs bancs; assis en ordre, ils frappaient la blanche mer de leurs rames. Quand nous fûmes arri- vers la terre des Cyclopes, qui étaient près, - et nous voyions la fumée et entendions la voix et d'eux-mêmes et des brebis et des chèvres.

Mais quand le soleil se coucha et que l'obscurité survint, donc alors nous nous endormîmes sur le bord de la mer.

Et quand parut l'Aurore née-du-matin aux-doigts-de-roses, aussi alors ayant établi (réuni) une assemblée je dis au-milieu-de tous : « Vous autres à la vérité « restez maintenant, « compagnons très-chers à moi ; « mais moi étant allé « avec et mon vaisseau « et mes compagnons, [mes-ci 1 j'essayerai de connaître ces hom« quels ils sont ; et si donc ceux-ci sont ou et violents, a et farouches, et non justes, « ou amis-des-étrangers, cc et si un esprit craignant-les-dieux « est à eux.» « Ayant dit ainsi je montai sur le vaisseau ; et j'ordonnai mes compagnons et monter eux-mêmes et détacher les amarres.

Et ceux-ci aussitôt entrèrent dans le vaisseau et s'assirent sur les bancs-de-raet étant assis à-la-file [meurs; ils frappaient de leurs rames la blanche mer. Mais lorsque déjà nous fûmes arrivés dans cet endroit, vés dans cette contrée, qui était près de nous, nous aperçùmes sur le rivage, non loin de la mer, une haute caverne ombragée de lauriers ; elle servait d'étable à de nombreux troupeaux de chèvres et de brebis ; la cour était fermée par une enceinte de pierres solides, de grands pins et de chênes à l'altière chevelure. Là habitait un homme dUine taille prodigieuse, qui seul, à l'écart, faisait paître ses troupeaux ; il ne fréquentait pas les autres Cyclopes, mais, vivant dans la solitude, il ne connaissait que la violence. C'était un monstre horrible; il ne ressemblait pas à l'homme qui se nourrit des fruits de la terre, mais à ces cimes boisées des hautes montagnes, qui se détachent des autres sommets.

«r l'ordonnai à mes chers compagnons de rester auprès du vaisseau pour le protéger ; je choisis parmi eux les douze plus braves, et je me mis en marche ; j'avais avec moi une outre remplie d'un vin noir et délicieux que m'avait donné Maron, fils d'Élanthès, prêtre d'Apol- qui était près, là donc sur le bord; près de la mer, nous vîmes une caverne haute, ombragée de lauriers; et là un nombreux bétail, et brebis et chèvres,

étaient-à-l'étâble ; et autour une cour haute avait été construite avec despierres enfoncées-profondéinent, et avec des pins longs (élevés) et des peupliers à-la-haute-cheveEt là habitait flure.

un homme énorme, qui donc seul faisait-paître le bétail au loin ; et il n'allait pas vers les autres, mais étant (se tenant) à l'écart savait des choses iniques (ne conEt en effet [naissait que l'iniquité

il avait été fait (il était) un prQdige énorme; et il ne ressemblait pas du moins à un homme qui-mange-du-pain, mais à un sommet boisé de hautes montagnes, lorsqu'il apparaît seul à l'écart-des autres.

« Donc alors j'ordonnai les autres compagnons très-aiinds et rester là auprès du vaisseau et garder le vaisseau ; mais moi ayant choisi les douze meilleurs des compagnons je me-mis-en-marche; mais j'avais une outre dc-bouc de vin noir, doux, qu'avait donné à moi Maron, Ion, habitant la ville d'Ismare, parce que nous l'avions protégé avec respect, lui, son fils et sa femme : car il demeurait dans un bois épais consacré à Phébus Apollon. Il m'avait offert de magnifiques présents : sept talents d'un or travaillé avec art, une coupe d'argent massif; il avait puisé pour moi dans douze amphores un vin pur et généreux, breuvage divin qui n'était connu de nul dans sa maison, ni serviteur ni servante, mais de lui seul, de son épouse chérie et de son intendante. Quand ils bjivaient ce vin ronge et délicieux, il en remplissait une coupe et la versait dans vingt mesures d'eau; un parfum suave et divin s'exhalait du cratère, et il eût été bien pénible alors de s'abstenir. J'en avais emporté une grande outre, et des vivres dans un sac; car déjà mon noble cœur pressentait que je rencontrerais fils d'Évanthée, prêtre d'Apollon, qui gardait Ismare, parce que nous avions protégé lui avec son enfant et sa femme les respectant; car il habitait [bres dans le bois-sacré abondant-en-arde Phébus Apollon.

Et il avait donné à moi des présents magnifiques : il donna à moi sept talents d'or bien-travaillé; et il donna à moi un cratère tout-d'argent ; mais (et) ensuite ayant puisé dans douze amphores en-tout un vin doux, non-mélangé (pur), boisson divine, il me les donna ; et aucun des serviteurs ni des servantes dans la maison ne connaissait lui (ce vin) , mais seulement lui-même et son épouse chérie et une seule intendante.

Et lorsqu'ils buvaient ce vin rouge doux-comme-miel, ayant rempli une-seule coupe il la versait dans vingt mesures d'eàu; et une odeur douce, divine , s'exhalait du cratère; alors il n'aurait pas été agréable de s'abstenir. [outre Ayant rempli de ce vin une grande je J'emportais ; et des provisions aussi dans un sac ; car aussitôt le cœur généreux se figura à mol un homme devoir survenir, un homme revêtu d'une puissante vigueur, sauvage el ne connaissant ni lois ni justice.

« Nous arrivons bientôt à sa caverne, mais nous ne l'y trouvons point; il faisait paître alors ses gras troupeaux. Nous entrons et nous contemplons chaque objet avec admiration : les paniers de jonc étaient chargés de fromage, les étables remplies d'agneaux et de chevreaux; mais ils étaient séparés: d'un côté les plus vieux, puis les moins grands, enfin ceux qui venaient de naître. Tous les vases débordaient de petitlait, ainsi que les terrines et les bassins dans lesquels il trayait ses troupeaux. Tout d'abord mes compagnons me supplient de prendre quelques fromages et de partir, puis de chasser à la hâte hors de l'étable' vers le rapide vaisseau les agneaux et les chevreaux , et de voguer sur l'onde amère. Je n'écoutai point ce conseil, qui était pour- revêtu d'une grande force, sauvage , ne connaissant bien ni la justice ni les lois. [vtrne « Et nous arrivâmes dans la capromptement, et nous ne trouvâmes pas lui au dedans, mais il faisait-paître son bétail dans un pâturage gras.

Et étant entrés dans la caverne nous admirions chaque chose ; les claies étaient chargées de fromages, et les étables étaient remplies d'agneaux et de chevreaux ; et les brebis et les chèvres étaient séparées chacunes : [enfermées à l'écart les vieilles, et à l'écart celles entre-deux-âges , et à l'écart à-leur-tour celles nouvellement nées; et tous les vases, et terrines et bassins, façonnés-avec-travail, dans lesquels il trayait, ruisselaient de petit-lait.

Là tout-d'abord les compagnons priaient moi par leurs paroles, demandant nous prenant quelques-uns des fromages aller en arrière (nous en retourner), mais ensuite ayant chassé promptement hors des étables' vers le vaisseau rapide et chevreaux et agneaux , naviguer-sur l'eau salée; mais je ne les écoulai pas (et assurément cela aurait été beaucoup-plus avantageux), tant le plus sage : je voulais voir si le Cyclope m'offrirait les présents de l'hospitalité; mais son arrivée devait être funeste à mes compagnons.

« Nous allumons le feu pour les sacrifices et nous prenons quelques fromages que nous mangeons ; puis, assis dans la caverne, nous attendons jusqu'au moment où il revient du pâturage. Il portait une charge énorme de bois sec pour apprêter son repas; il la jette en dehors de la caverne avec un grand bruit; pour nous, épouvantés, nous nous sauvons au fond de l'antre. Alors il chasse ses gras troupeaux dans la vaste grotte, ou du moins toutes les femelles qu'il veut traire, et laisse à l'entrée les mâles, béliers et boucs, en dehors de l'étable immense.

Puis il soulève une grande et lourde pierre pour fermer la caverne; vingt-deux chariots solides, à quatre roues, n'auraient pu l'arracher du sol , tant était haut le quartier de roche qu'il mit à l'entrée de sa de- afin que je visse et lui-même (le Cyet s'il donnerait à moi [clope), des présents-d'hospitalilé ; et il ne devait pas certes ayant paru être agréable à mes compagnons.

« Et là ayant allumé du feu nous fîmes-des-sacrifices, et aussi nous-mêmes prenant quelques-uns des fromages nous les mangeâmes ; et nous attendîmes lui au dedans étant assis, jusqu'à ce qu'il survînt faisant-paître ses troupeaux ; et il portait une charge pesante de bois sec, [souper.

afin que cela fût à lui servant-auEt rayant jeté en dehors de lacaverne il fit du bruit; et nous ayant craint nous nous élançâmes au fond de la caverne.

Mais celui-ci chassa dans la vaste caverne ses bêtes grasses, absolument toutes celles qu'il trayait, et il laissait à la porte les mâles, et béliers et boucs , en dehors de la bergerie profonde.

Mais ensuite [meture il plaça une grande pierre-de-ferl'ayant élevée en haut, pierre pesante; deux et vingt (vingt-deux) chariots bons (solides), à-quatre-roues, n'auraient pas enlevé cette pierre du sol ; si-grande était la haute pierre qu'il plaça à la porte.

meure. Il s'assied et trait avec soiu les brebis et les chèvres bêlautes, puis il fait approcher les agneaux de leurs mères. Ensuite il fait cailler la moitié de son lait éclatant de blancheur, le dépose et l'entasse dans des corbeilles de jouc; il verse le reste dans des vases pour le boire ensuite et en faire son repas du soir. Après avoir promptemeiit terminé ces travaux, il allume du feu, nous voit et nous interroge : « Étrangers, qui dles-vous? d'où venez-vous à travers les plaines « humides? Est-ce uii intérêt qui vous amène, ou bien errez-vous « au hasard sur les flots, comme ces pirates qui voguent à l'aventure, c exposant leurs têtes et porLanl le ravage chez les étrangers? »

« Il dit, et notre cœur se brisa ; nous fûmes remplis d'effroi en entendant cette voix terrible, en voyant ce corps monstrueux. Cependant je lui répondis en ces termes ; Et étant assis il trayait les brebis et les chèvres bêlantes, faisant toutes choses selon la convenance, et il envoya un petit sous chaque mère.

Et aussitôt ayant fait-cailler la moitié du lait blanc, il le déposa l'ayant entassé dans des éclisses tressées; et il plaça à-son-tour l'autre moitié dans des vases , afin qu'elle fût à lui à boire la prenant, [per.

et qu'elle fût à lui servant-au-souMais après que s'étant appliqué il eut fait-à-Ia-hâte ses travaux, aussi alors il alluma le feu et regarda, et interrogea nous : « 0 étrangers, qui êtes-vous?

« d'où venant naviguez-vous Il sur les routes humides ?

« ou bien est-ce en quelque chose a pour une affaire, « ou bien errez-vous sur mer « à l'aventure, Il et comme des pirates , « qui vont-au-hasard , « exposant leurs vies, « portant du mal (le ravage) « à ceux d'un-autre-pays 1 » « Il dit ainsi ; et de nouveau te cœur chéri fut brisé à nous, nous ayant craint et la voix forte , et lui-même monstrueux.

Mais même ainsi (malgré cela) répondant je parlai-à lui en ces termes :

« Nous sommes des Grecs qui revenons de Troie; égarés par des « vents contraires sur le gouffre immense des eaux, nous cherchions « notre patrie, et nous avons été emportés sur d'autres routes : telle « était sans doute la volonté de Jupiter. Nous nous faisons gloire d'être « les soldats d'Agamemnon fils d'Atrée, dont la renommée est sans a bornes sous les cieux; car il a dévasté une cité puissante et détruit « des peuples nombreux. Nous sommes venus embrasser tes genoux, « espérant que tu nous offrirais les dons de l'hospitalité ou que tu * nous ferais du moins quelque présent, comme il est d'usage avec « avec les étrangers. Héros puissant, respecte les dieux ; car nous « sommes tes suppliants. Jupiter venge les suppliants et les hôtes, « Jupiter hospitalier, compagnon des augustes étrangers. »

« Je parlai ainsi; et il me répondit d'un cœur impitoyable: « Tu c es insensé, étranger, ou lu viens de bien loin, toi qui m'engages

« Nous certes Achéens « égarés en partant de Troie « par des vents de-toute-sorte « sur le grand gouffre de la mer, « nous élançant vers notre demeure, « nous sommes venuç par une autre « par d'autres chemins ; [route, « Jupiter sans-doute voulait - cc arranger les choses ainsi.

« Et nous nous vantons « d'être tes peuples (soldats) cc d'Agamemnon fils-d'Atrée, « duquel assurément cc maintenant du moins « la gloire est très-grande 01. sous-le-ciel ; [a ravagée, « si-grande en effet est la ville qu'il « et il a détruit « des peuples nombreux.

Cl Et nous à-notre-tour te rencontrant « nous sommes venus à tes genoux, Il pour voir si tu nous donnerais « quelque présent-hospitalier « ou si aussi autrement « tu nous donnerais un don, lequel usage est celui des hôtes.

« Mais , ô très-bon , « respecte les dieux ; « et nous sommes suppliants à toi.

« Car Jupiter est le vengeur « et des suppliants et des hôtes, Cl Jupiter hospitalier, [che avec) « qui accompagne ensemble (mar« les étrangers vénérables.

« Je dis ainsi ; et lui sur-le-champ répondit à moi d'un cœur impitoyable : « Tu es insensé, ô étranger, « ou tu es venu de loin,

« à craindre les dieux, à éviter leurs coups. Les Cyclopes n'ont souci « ni de Jupiter qui porte l'égide pi des dieux bienheureux ; car nous « sommes bien plus puissants qu'eux. Je n'épargnerais ni toi ni tes c compagnons pour fuir le courroux de Jupiter , si mon cœur ne « m'y engageait. Mais voyons, dis-moi où tu as laissé ton solide « navire; est-ce à l'extrémité de l'île ou près d'ici? Fais-le-moi « savoir..

c Il dit pour m'éprouver; mais mon esprit habile ne s'y laissa point prendre, et je lui fis cette réponse artificieuse : « Neptune qui ébranle la terre a brisé mon vaisseau en le jetant « contre des rochers à l'extrémité de votre terre; il l'a fracassé contre a le promontoire, et le vent de la mer en a emporté les débris; j'ai « échappé avec ceux que tu vois à une fin terrible. » « Je dis, et dans son ccur impitoyable il ne me répondit rien ; a toi qui invites moi u ou à craindre u ou à éviter le courroux d. s dieux.

« En effet les Cyclopes « ne se soucient pas « de Jupiter qui-a-une-égide, « ni des dieux bienheureux; « car nous sommes « beaucoup plus puissants qu'eux a Et moi je n'épargnerais Il ni toi ni tes compagnons « évitant (pour éviter) « la haine de Jupiter, « si mon cœur n'y engage pas moi.

Il Mais dis à moi « où étant venu tu as arrêté « ton vaisseau bien-fabriqué, .< ou quelque-part à l'extrémité « ou aussi auprès d'ici, « afin que je le sache. »

u II dit ainsi m'-éprouvant ; [par) moi mais il n'échappa pas à (fut pénétré qui sais beaucoup de choses ; mais je dis-à lui de nouveau avec des paroles artificieuses : Il Neptune « qui-ébranle-la-terre Il a brisé à moi le vaisseau, « l'ayant jeté contre des rochers « aux extrémités de votre terre, u l'ayant fait-approcher « d'un promontoire; [porté; « et le vent venant de la mer l'a cmu mais moi avec ceux-ci « j'ai évité une perte terriblé,,, « Je dis ainsi; et lui ne répondit rien à moi dans son cœur impitoyable ; mais celui-ci s'étant élancé mais il s'élança les mains étendues sur mes compagnons; il en saisit deux et les heurta contre, terre comme de jeunes chiens; leur cervelle coulait sur le sol qu'elle inonda. Il dépeça ensuite leurs membres et apprêta son repas; il les dévorait comme un lion nourri sur les montagnes, et il ne laissa ni entrailles ni chairs ni os remplis de moelle. Pour nous, témoins de ces horribles forfaits, nous élevions les mains en pleurant vers Jupiter, et le désespoir s'emparait de notre cœur. Quand le Cyclope eut rempli son vaste estomac, mangeant des chairs humaines et buvant du lait pur, il s'étendit dans la caverne au milieu de ses troupeaux. Je voulais en mon cœur magnanime m'approcher de lui, tirer du fourreau mon épée acérée et l'en frapper à la poitrine, cherchant avec ma main l'endroit où le péricarde enveloppe le foie; mais une autre pensée me retint. Nous devions périr dans cet antre d'un affreux trépas; jamais nos mains jeta ses mains sur mes compagnons ; et en ayant saisi deux il les frappait contre terre comme de jeunes-chiens ; et leur cervelle coulait sur-le-sol, et mouillait la terre.

Et ayant dépecé eux par-membres il prépara son repas-du-soir ; et il mangeait [tagnes, comme un lion nourri-sur-les-monet ne laissa pas et les entrailles et les chairs et les os remplis-de-moelle.

Mais nous pleurant nous levâmes les mains vers Jupiter; voyant ces actions cruelles; et le désespoir occupait notre cœur.

Mais après que le Cyclope eut rempli son vaste estomac, mangeant des chairs humaines et buvant par-dessus du lait sans-mélauge (pur), il restait-couché au dedans de l'antre s'étant étendu parmi le bétail.

Moi à la vérité je délibérai en mon cœur magnanime, [ché), étant allé plus près (m'étant approayant tiré d'à côté de ma cuisse mon épée aiguë, de frapper lui à la poitrine, à l'endroit où le péricarde enveloppe le foie, ayant tâté avec la main ; mais une autre pensée retenait moi.

En effet nous aussi nous aurions péri là d'une mort terrible ; car nous n'aurions pas pu écarter avec nos mains n'auraient pu écarter de la porte élevée la roche énorme qu'il y avait placée. Nous attendlmes donc en gémissant l'Aurore divine* « Quand parut la fille du matin , l'Aurore aux doigts de roses, il alluma du feu et se mit à traire avec soin ses magnifiques troupeaux, puis il fit approcher les agneaux de leurs mères. Après avoir promptement terminé ces travaux, il saisit encore deux de mes compagnons, el prépara le repas du malin. Ce repas achevé, il chassa ses gras troupeaux hors de la caverne el enleva sans peine la pierre immense; mais il la remit aussitôt, comme s'il eût placé un couvercle sur un carquois. Le Cyclope, avec un grand bruit, dirigea ses gras troupeaux vers la montagne; moi, je restais là, roulant au fond de mon cœur de funestes desseins, désirant me venger, si Minerve exauçait mon vœu. Voici le parti qui me sembla le meilleur. Le Cyclope avait placé de la porte élevée la pierre pesante qu'il y avait placé.

Ainsi alors gémissant nous attendîmes l'Aurore divine.

« Mais quand parut l'Aurore née-du-matin aux-doigts-de-roses, aussi alors il allumait du feu et trayait ses bêtes magnifiques, faisant toutes choses selon la convenance, et il envoya un petit sous chaque mère.

Mais après que s'étant appliqué il eut fait-à-la-hâte ses travaux, celui-ci de nouveau ayant saisi deux de mes compagnon s apprêta son repas-du-malin.

Et ayant fait-son-repas il chassa-hors de l'antre son bétail gras, ayant enlevé aisément la grande pierre-de-la-porte ; mais ensuite il la plaça de nouveau, comme s'il avait mis un couvercle à un carquois.

Et avec un grand bruit le Cyclope tourna (dirigea) vers la montagne son bétail gras ; [verne mais moi je fus laissé dans la caroulant-profondément des pensées funestes, si de-quelque-façon je pourrais me venger, et si Minerve donnerait à moi l'accomplissement de mon vœu.

Et cette résolution-ci paraissait à moi la meilleure dans mon cœur.

au fond de l'étable une énorme branche verte d'olivier, qu'il avait coupée afin de s'en servir lorsqu'elle aurait séché; quand nous la regardions, nous la comparions au mât d'un noir vaisseau à vingt rangs de rames, vaste bâtiment de transport traversant le gouffre immense : telles étaient en effet sa grosseur et sa hauteur. Je m'approchai et j'en coupai la longueur d'une brasse, que je donnai à mes compagnons en leur ordonnant de l'amincir. Ils la rendirent unie, et alors je m'avançai et en affilai l'extrémité, puis, pour la durcir, je la passai dans un feu ardent. Je la cachai ensuite sous le fumier qui était amoncelé abondamment dans l'étable. J'ordonnai à mes compagnons de tirer au sort entre eux qui aurait le courage de prendre avec moi ce pieu et de l'enfoncer dans l'œil du Cyclope, quand le doux sommeil se serait emparé de lui. Les quatre que le sort désigna furent ceux que En effet une grande massue était étendue dans l'étable du Cyclope, verte, d'-olivier : [ tâ L il avait coupé elle, afin qu'il la porquand elle serait desséchée; et nous la regardant nous comparions elle, [mât la trouvant aussi grande que le d'un vaisseau noir à-vingt-rangs-de-rames, vaisseau de-charge, large, qui traverse le grand gouffre : aussi-grande était sa longueur,

aussi-grande son épaisseur à voir.

Moi m'étant tenu-auprès je coupai de cette massue autant qu'une brasse, [gnons, et la mis-auprès-de mes compaet leur ordonnai de l'aiguiser.

Et ceux-ci la firent unie; et moi m'étant tenu-auprès je l'affilai à-l'extrémité, et aussitôt Payant prise je la tournai-à-la-flamme dans un feu ardent.

Et je déposai bien elle l'ayant cachée sous du fumier, qui donc était répandu dans la caverne grandement assez abondant.

Mais j'ordonnai les autres être agités (tirés) au sort, pour savoir qui oserait avec moi ayant élevé le pieu l'enfoncer dans l'œil du Cyclope, quand le doux sommeil viendrait à Et ceux-ci tombèrent-au-sort, [lui.

que aussi moi-même j'aurais voulu choisir, j'aurais voulu choisir moi-même; je faisais le cinquième avec eux.

Le soir, le Cyclope retint, conduisant ses brebis à la belle toison; il lit entrer aussitôt ses gras troupeaux dans la vaste caverne, sans excepter une seule tête; il n'en laissa pas un seul hors de la cour immense, soit qu'il eût un pressentiment ou que ce fût la volonté d'un dieu. Puis il souleva la roche immense, et la reposa & sa place ; il s'agit et se mit à traire avec soin les brebis et les chèvres bâtantes, puis il fit approcher les agneaux de leurs mères. Après avoir promptement terminé ces travaux, il saisit encore deux de mes compagnons et apprêta le repas du soir. Alors je m'approchai du Cyclope, tenant dans mes mains une coupe de vin noir, et je lui dis 1 c Cyclope, prends et bois ce vin, maintenant que tu t'es repu de c chairs liumaiues, afin que tu saches quelle boisson recélait notre « navire; je t'en apportais une libation, espérant que tu aurais pitié « de moi et me laisserais retourner dans ma patrie ; mais la fureur quatre, mais moi je fus choisi cinquième avec ceux-ci.

Et il vint arrivant-le-soir [toison ; faisant-paître ses bêtes à-la-belleet aussitôt il chassa dans la large caverne ses bfites grasses, absolument toutes; et jl n'en laissa pas quelqu'une hors de la bergerie profonde, [chose, soit donc ayant pressenti quelque soit aussi qu'un dieu ordonnât ainsi.

Mais ensuite il plaça une grande pierre-de-fermeture l'ayant élevée en haut, et s'étant* assis il trayait les brebis et les chèvres bêlantes, faisant toutes choses selon la convenance, [mère.

et il envoya un petit sous chaque Mais après que s'étant appliqué il eut fait-à-la-hâte ses travaux, celui-ci de nouveau ayantsaisi deux de mes compagnons apprêta son repas-du-soir.

Et alors moi m'étant tenu auprès je dis au Cyciope, ayant entre mes mains une coupe de via noir : « Cyclope, tiens, * bois du vin, [humaines, « après que tu as mangé des chairs « afin que tu saches « quelle boissson que-voici « notre vaisseau cachait (renfermait); CI et j'apportais à toi de-mon-côté cc une libation, « si ayant eu-pitié « tu envoyais (laissais aller) moi

« est sans bornes. Insensé, comment quelqu'un des innombrables « mortels voudrait-il jamais venir vers toi? Tu n'agis pas selon la 1 justice. » a Je parlai ainsi; il prit la coupe et but; ce délicieux breuvage remplit son cœur de joie, et il m'en demanda une seconde fois : 1 Donne-m'en encore de bon cœur, et dis-moi vite ton nom, afin « que je t'offre un présent d'hospitalité qui te réjouisse. La terre « nourricière produit aussi du vin pour les Cyclopes dans de grosses « grappes que fait croître la pluie de Jupiter; mais celui-ci me sem« ble un filet d'ambroisie et de nectar. » « Il dit, et je lui donnai encore du vin noir; trois fois je lui offris la coupe, et trois fois l'insensé la vida. Quand le vin se fut emparé de son esprit, je lui adressai ces paroles caressantes :

« dans ma demeure ; « mais tu agis-en-furieux « non d'une-manière-supportable.

« Insensé, o comment encore dans-la-suite « quelque autre des hommes nom« viendrait-il vers toi? [breux « car tu as agi « non selon la convenance. »

« Je dis ainsi ; et lui reçut et but; [ment) et il fut réjoui étrangement (grandebuvant la douce boisson ; et il en demandait à moi une-seconde-fois de nouveau : « Donne-m'en encore « bienveillant (avec bienveillance), « et dis-moi ton nom 41 sur-le-champ maintenant, « afin que je donne à toi « un présent-d'hospitalité, « dont tu te réjouisses.

« Et en effet la terre généreuse « porte (produit) pour les Cyclopes a du vin à-grosses-grappes, « et la pluie de Jupiter « en fait-croître à eux ; « mais ceci « est un fragment (coule de la source) « de l'ambroisie et du nectar, u « Il dit ainsi; mais je donnai à lui de nouveau du vin noir; [tant, je lui en donnai trois-fois l'apporet trois-fois il but dans sa sottise.

Mais après que le vin [prit, eut enveloppé le Cyclope en son esaussi alors donc je dis-à lui avec des paroles caressantes : cc Cyclope, tu demandes mon illustre nom? Eh bien, je vais te le a dire; mais donne-moi le présent d'hospitalité que tu m'as promis.

« Mon nom est Personne; mon père, ma mère et tous mes compa« gnons m'appellent Personne. Il « Je dis, et sur-le-champ il me répondit d'un cœur impitoyable : u Je mangerai Personne le dernier, après ses compagnons, et tous les u autres avant lui ; ce sera là mon présent d'hospitalité. Il « A ces mots, il se renverse et s'étend sur le dos, son cou épais incliné sur ses épaules; le sommeil qui dompte tous les sens s'empare de lui; le vin et les lambeaux de chair humaine s'échappent de son gosier, et il les rejette appesanti par l'ivresse. Alors j'enfonçai le pieu sous une cendre épaisse, jusqu'à ce qu'il fût brûlant, puis j'exhortai tous mes compagnons, afin que nul d'eux ne reculât de frayeur. Au moment où la branche d'olivier, quoiqu'elle fût verte, allait s'enflammer dans le feu et répandait déjà une vive clarté, je m'empressai - « Cyclope, tu demandes à moi « mon nom illustre?

« eh bien je le dirai à toi ; « mais toi donne-moi « un présent-d'hospitalité, Q comme tu l'as promis.

« Le nom à. moi est Personne; « et ma mère et mon père a et tous mes autres compagnons « appellent moi Personne, » » Je dis ainsi; - et lui aussitôt répondit à moi dans son cœur impitoyable : « Je mangerai Personne le dernier « après ses compagnons, « et les autres auparavant ; « et ceci sera pour toi « un présent-d'hospitalité. » - [rière «n dit et s'étant penché-en-aril tomba à-la-renverse; mais ensuite il était étendu ayant incliné son cou épais ; et le sommeil qui-dompte-tout s'empara de lui ; et le vin s'élançait de son gosier et (avec) des morceaux humains ; et il rotait étant-chargé-de-vin.

Et alors moi je poussai le pieu sous une cendre abondante, jusqu'à ce qu'il fût chauffé ; et j'encourageais par mes paroles tous mes compagnons, de peur que quelqu'un ayant craint ne se retirât à moi.

Mais lorsque donc le pieu d'-olivier allait bientôt s'allumer dans le feu, quoique étant vert, et Drillail-à-lravers la cendre étrangement (grandement), de la retirer du foyer, et mes compagnons se rangèrent autour de noi; une divinité nous inspira une grande audace. Saisissant la branche acérée, ils l'enfoncèrent dans l'oeil du Cyclope, et moi, n'appuyant dessus, je la faisais tourner. Ainsi, lorsqu'un homme pe!tC avec une tarière la poutre d'un navire, d'autres, au-dessous de lui, prenant en main une courroie\. font tourner la tarière qui court sans s'arrêter; de même nous faisions tourner dans l'œil du Cyclope la branche embrasée, et.autour d'elle ruisselait le sang. Une ardente vapeur dévorait ses sourcils- et ses paupières, sa prunelle s'enflammait, et les racines de l'œil se consumaient avec bruit. Comme un forgeron plonge dans l'eau froide, pour la tremper, une grande hache ou une cognée qui gronde et frémit, car c'est là ce qui fait la force aussi alors moi je l'apportai plus près le tirant du feu, et mes compagnons se tinrent aumais une divinité [tour ; nous inspira une grande audace.

Ceux-ci ayant pris le pieu d'-olivier, l'appuyèrent aigu au haut-de l'œil ; et moi d'au-dessus m'étant dressé je le tournais.

Comme lorsqu'un homme perce avec la tarière une poutre de-vaisseau, et que d'autres d'au-dessous l'ayant touchée (saisie) de-l'un-et-l'autre-côté la font-mouvoir avec une courroie, et celle-ci (la tarière) court (tourne)constamment toujours: ainsi ayant pris le pieu aiguisé-au-feu nous le faisions-tourner dans l'œil de celui-ci, [pieu et le sang coulait-autour-de lui (du qui était chaud.

Et la vapeur (chaleur) brûla à lui les paupières tout-entières et les sourcils autour de l'œil, la prunelle brûlant; et les racines de l'œil petillaient à lui par le feu.

Et commelorsqu'un homme forgeron plonge dans l'eau froide une grande hache ou une cognée sifflant grandement, la trempant (pour la tremper) ; car ceci ensuite est la force du fer, ainsi l'œil du Cyclope sifflait autour de la branche d'olivier.

pousse un gémissement terrible dont retentissent les rochers voisins, et nous nous éloignons remplis d'épouvante. Il arrache de son œil la branche toute souillée de sang; puis, égaré de fureur, il la rejette loin de lui. Il appelle à haute voix les Cyclopes qui habitaient autour de lui dans des grottes les promontoires battus des vents; à ses cris ils accourent de tous côtés, et, se tenant autour de la caverne, ils lui demandent ce qui le tourmente : « Pourquoi, Polyphème, pousses-tu ces cris de détresse au milieu « de la nuit divine et nous prives-tu de sommeil? T'enlève-t-cil « malgré toi tes troupeaux, ou crains-tu qu'on ne te fasse périr par « ruse ou par violence ? Il « Le robuste Polyphème leur répond du fond de sa caverne : « 0 mes amis, Personne me fait mourir par ruse, et non par viole lence. » du fer du moins : ainsi l'œil de lui sifflait autour du pieu d-olivier. [terrible ; Et il gémit grandement d'une-façonet le rocher retentit autour ; et nous ayant craint nous nous élançâmes loin.

Mais il retira le pieu de son œil, souillé d'un sang abondant; puis il jeta lui loin de lui avec ses mains étant-hors-de-lui de douleur.

Mais il appelait grandement (à haute les Cyclopes, [voix) qui donc habitaient autour de lui dans des cavernes sur les promontoires battus-des-vents ; et ceux-ci entendant le cri venaient-en-foule [côté; l'un d'un côté l'autre d'un-autreet se tenant autour de la caverne ils demandaient ce qui tourmentait lui : « En quoi étant affligé, « Polyphème, Il as-tu crié tellement ainsi cc à travers la nuit divine , « et fais-tu nous sans-sommeil?

CI est- ce que quelqu'un des mortels « chasse le bétail loin de toi CI ne-voulant-pas ? [toi-même cc ou crains-tu que quelqu'un ne tue « par ruse ou par force? »

« Et le robuste Polyphème dit-à eux à-son-tour de la caverne : « 0 amis, « Personne tue moi par ruse, « et non par forcé. » -

« Les Cyclopes lui adressent à leur tour ces paroles ailées : < Si « personne ne te fait violence dans ta solitude, on ne saurait éviter a une maladie envoyée par le grand Jupiter; adresse des prières au « puissant Neptune ton père. »

« Ils dirent et s'éloignèrent; je ris en mon cœur de voir comment mon nom et ma ruse habile les avaient trompés. Le Cyclope, gémissant et déchiré de douleurs, tâtonne avec ses mains et enlève la pierre qui fermait la porte; puis il s'assied à l'entrée, étendant les bras, pour saisir celui de nous qui voudrait sortir en se mêlant aux brebis: tellement il espérait en son esprit que je manquerais de prudence.

Cependant je réfléchissais pour trouver le meilleur moyen de me soustraire à la mort ainsi que mes compagnons ; je combinais des ruses et des plans de toute espèce, comme lorsqu'il s'agit de la vie : car un terrible malheur nous menaçait. Voici le parti qui me parut

« Et ceux-ci répondant disaient ces paroles ailées : « Si donc personne « ne fait-violence à toi "qui es seul, « il n'est pas possible d'éviter « la maladie du moins « du (envoyée par le) grand Jupiter ; Il mais toi prie « le roi Neptune ton père. »

« Us dirent donc ainsi s'en allant; et mon cœur chéri rit en voyant comment mon nom [cellente) - et mon invention irréprochable (exles avait trompés.

Mais le Cyclope et gémissant et souffrant-violemment par ses doutâtant avec les mains, [leurs, enleva la pierre de la porte ; et lui-même s'assit à la porte, ayant étendu les deux-mains, pour voir si peut-être il prendrait quelqu'un de nous allant dehors parmi les brebis; car il espérait peut-être moi être ainsi insensé dans mon esprit.

Mais moi je délibérais, afin que cela arrivât de beaucoup le mieux, si je trouverais pour mes compagnons et pour moi-même quelque affranchissement de la mort; et je tramais toutes-sortes-de ruses et d'inventions, [vie ; comme pour (car il s'agissait de) la car un grand mai était près de moi.

Et cette résolution parut à moi dans mon cœur la meilleure.

être le plus sage. Dans l'étable se trouvaient de gros béliers à toison épaisse, beaux et grands, couverts d'une laine noire; je les liai en silence avec les osiers flexibles sur lesquels dormait cet affreux Cyclope qui ne connaissait que la violence, et je les unis trois par trois : celui du milieu soutenait un homme; les deux autres marchaient de chaque côté et protégeaient mes compagnons. Ainsi trois béliers portaient chaque homme; pour moi, comme il restait uu bélier, le plus beau de tout le troupeau, je le saisis par le dos et me glissai sous son veutre velu, où je me Lins immobile; cramponué d'une main ferme à sa divine toison, je demeurai là le cœur plein de courage. Nous attendîmes donc en gémissant l'Aurore divine.

Quand parut la fille du matin, l'Aurore aux doigts de roses, les béliers se hâtèrent d'aller au pâturage, et les brebis, que le Cyclope n'avait pu traire, bêlaient dans l'étable; car leurs mamelles étaient Des brebis mâles étaient bien-nourries (grasses), à-toison-épaisse, et belles et grandes, ayant une toison violette ; lesquelles en me taisant je liai avec des baguettes bien-tournées, sur lesquelles dormait le Cyclope monstrueux, sachant (pratiquant) des choses iniques(l'iniquité), prenant les béliers trois-ensem ble ; celui qui était au milieu portait un hominç, et les-deux autres allaient de-l'un-et-l'autre-côté, protégeant mes compagnons.

Donc trois brebis portaient chaque homme; mais moi — car un bélier était, de beaucoup le meilleur (le plus gros) de tout le bétail ayant saisi le dos de celui-ci, roulé sous son ventre velu je restais-étendu; mais avec mes mains étant enlacé solidement [perbe) je m'attachais à la laine divine (sud'un cœur endurant (patient).

Ainsi alors gémissant nous attendîmes l'Aurore divine.

- « Et quand parut l'Aurore qui-naît-le-matin aux-doigts- de-roses, aussi alors ensuite [rage, le bétail mâle s'élançail vers le pâtuet les femelles non-traites bêlaient dans l'étable ; gonflées de lait. Tourmenté par de cruelles douleurs, le Cyclope tâtait le dos élevé de tons les béliers ; mais l'insensé ne vit pas que mes compagnons étaient liés sous leur ventre touffu. Enfin le grand bélier sortit le dernier, surchargé de sa toison et de moi qui roulais de prudentes pensées. Le robuste Polyphème le caressa de la main et lui dit : « Cher bélier, pourquoi quittes-tu ainsi l'étable le dernier de tout c le troupeau ? Jadis tu ne marchais pas à la suite des brebis, mais, « t'avançant à grands pas, tu étais le premier à paltre les tendres « fleurs des prairies; le premier tu arrivais au courant des fleuves; le c soir, tu désirais encore le premier de revenir à l'étable : et main« tenant te voilà le dernier de tous. Regrettes-tu donc l'œil de ton « maître? Un homme malfaisant, aidé de ses méchants compagnons, ci m'a ôté la vue, après avoir dompté mon esprit par le vin ; mais j'ose car leurs mamelles étaient chargées.

Mais le maître tourmenté de douleurs funestes tâtait les dosde toutes les brebis se tenant droites; mais l'insensé ne remarqua pas ceci, comment ceux-là (mes compagnons) avaient été liés sous le dos (ventre) des brebis chargées-de-toisons.

Le dernier du troupeau le bélier allait au dehors, 1 chargé de sa laine et de moi, qui pensais des choses habiles.

Et l'ayant tâté le robuste Polyphème dit-à lui : « Cher bélier, a pourquoi t'es-tu élancé à moi ainsi « à travers la caverne « le dernier du troupeau ? [moins Il auparavant (jusqu'à présent) du « tu ne t'avances pas « restant-en-arrière des brebis, « mais de beaucoup le premier c tu broutes les tendres fleurs « de l'herbe, « marchant à-grands-pas ; « et le premier « tu arrives aux courants desrivières; « et le premier « tu désires revenir à l'étable « le-soir ; « maintenant au contraire « tu es tout-à-fait-le-dernier. [tes « Est-ce que toi-du-moins tu regret« l'œil de ton maître?

« qu'un homme méchant a aveuglé Il avec ses compagnons pernicieux, « ayant dompté mon esprit par le vin, Il dire que Personne n'a pas encore échappé au trépas. Ali! si par« tageant mes sentiments lu trouvais une voix pour me dire où il se « cache afin d'éviter mon courroux ! broyé contre le sol, sa cervelle « jaillirait de tous côtés dans ma demeure; et mon cœur serait souc lagé des maux que m'a faits le misérable Personne. »

a Il dit et laisse le bélier franchir la porte. Quand nous fûmes à quelque distance de l'antre et de la caverne, je me détachai le premier de dessous le bélier, puis je déliai mes compagnons. Nous poussâmes devant nous d'un pas rapide et par de nombreux détours les gras et agiles troupeaux, jusqu'à ce que nous eussions atteint le vaisseau ; l'arrivée de ceux d'enrre nous qui avaient échappé à la mort, fut douce à nos amis, mais ils pleuraient et gémissaient sur le sort des autres. Je ne le leur permis point, et d'un signe de mes scurcils je défendis à chacun de pleurer ; puis je leur ordonnai de faire mon- Il Personne, que j'affirme « n'être pas encore échappé « à sa perte.

« Si donc tu pensais-comme moi « et devenais doué-de-voix « pour me di re où se cachant cel ui-là « évite ma vigueur!

a alors à lui la cervelle « de lui frappé contre le sol « se répandrait à travers la caverne « d'un-côté et de-l'autre-côté (çà et a et mon cœur [là) ; « serait soulagé des souffrances u qu'a procurées à moi - « Personne, cet homme de-rien. »

CI Ayant dit ainsi il envoya le bélier dehors d'auprès de lui.

Mais étant arrivés un peu loin et de la caverne et de l'étable, le premier je me détachai de dessous le bélier, et je déliai vies compagnons.

Et promptement faisant-faire-des-détours beaucoup nous poussions le bétail qui-allonge-les-pas (rapide), gras de graisse, [vaisseau ; jusqu'à ce que nous arrivâmes au et nous apparûmes agréables à nos chers compagnons, nous qui avions évité la mort ; et gémissant [gnons morls;.

ils pleuraient ceux-là (les compaMais je ne les laissais pas gémir, mais je défendais-d'un-signe avec mes sourcils à chacun de pleurer; mais je leur ordonnai ter à la hâte sur le vaisseau tous ces troupeaux à la belle toison et de voguer sur l'onde amère. Ils s'embarquèrent aussitôt et prirent place sur leurs bancs ; assis en ordre, ils frappaient la blanche mer de leurs rames. Quand nous fûmes arrivés à la distance où la voix pouvait encore se faire entendre, j'adressai au Cyclope ces paroles railleuses : « Cyclope, tu ne devais donc pas dévorer dans ta profonde ca« verne, grâce à ta force violente, les compagnons d'un homme sans « vigueur. Le châtiment de tes forfaits devait t'atteindre, misérable rr qui ne craignais pas de manger tes hôtes dans ta demeure; aussi * Jupiter et tous les autres dieux t'ont puni. Il « Je dis, et la colère redoubla en son cœur; il arracha, pour le lancer contre nous, le sommet d'une haute montagne, qu'il jeta au delà du navire à la proue azurée, et peu s'en fallut qu'il n'atteignit l'extrémité du gouvernail. La mer bouillonna frappée par la roche, ayant jeté promptement sur le vaisseau un nombreux bétail à-la-belle-toison de naviguer-sur l'eau salée.

Et ceux-ci aussitôt entrèrent dans le vaisseau et s'assirent aux bancs-de-rameurs ; et étant assis à-la-file ils frappaient de leurs rames la blanche mer.

Mais lorsque je fus éloigné d'autant que quelqu'un a fait entendre(se fait ayant crié, [entendre) aussi alors je parlai au Cyclope avec des insultes : cc Cyclope, « tu ne devais donc pas « manger dans ta caverne creuse avec une force violente « les- compagnons « d'un homme sans-vigueur, [valses « Et le châtiment de tes actions mau« devait trouver (atteindre) a toi-du-moins, être injuste, « puisque tu ne craignais pas « de manger des hôtes « dans ta demeure; cc c'est-pourquoi Jupiter a puni toi CI et les autres dieux t'ont puni. Il « Je dis ainsi ; et celui-ci ensuite s'irrita davantage dans son cœur; et l'ayant arraché il lança le sommet d'une grande montagne ; et il le jeta en avant du vaisseau à-la-proue-azurée ; et il manqua de peu [nail.

d'atteindre l'extrémité-du gouver- et soudain le flot, s'élevant du fond de la mer, recula, emporta le vaisseau vers Pile et faillit lui faire toucher le rivage. Prenant dans mes mains un long aviron , j'éloignai le navire du bord, puis, exhortant mes compagnons d'un signe de tête, je leur ordonnai de se courber sur les rames, afin d'éviter le trépas ; ils se baissèrent et ramèrent avec vigueur. Quand nous fûmes deux fois aussi loin sur la mer, j'adressai encore la parole au Cyclope; mais mes compagnons, rangés autour de moi, cherchaient à me retenir par leurs prières : « Insensé, pourquoi veux-tu irriter cet homme cruel, qui, lançant CI un rocher dans la mer, a fait revenir le vaisseau vers le rivage?

« nous avons cru alors que nous allions périr. S'il entendait des cris « ou des paroles, il briserait nos têtes et les planches de notre na- Et la mer bouillonna par-l'effet-de la roche arrivant; et aussitôt le flot retournant-en-arrière, flux partant de la mer, porta celui-ci (le vaisseau) vers la terre-ferme, et le força d'arriver à la terre.

Mais moi ayant pris de mes mains une perche très-longue [rivage); je le poussai à l'écart (l'éloignai du et les excitant j'ordonnai à mes compagnons de peser-sur les rames, afin que nous évitassions le malheur, leur faisant-signe de la tête ; et ceux-ci s'étant penchés-en-avant ramaient. [la mer Mais lorsque donc faisant route sur nous fûmes éloignés deux-fois autant, aussi alors je parlai au Cyclope et autour de moi mes compagnons me retenaient l'un d'un côté, l'autre d'un-autre-côté, avec des paroles caressantes : cc Insensé, pourquoi veux-tu « irriter un homme sauvage?

« un homme qui encore maintenant « ayant jeté un trait dans la mer « a amené de nouveau (fait revenir) « le vaisseau « vers la terre-ferme, « et certes nous avons cru « périr là-même "Et s'il avait entendu quelqu'un de cc ayant crié ou ayant parlé, [nous « il aurait fracassé « les têtes de nous « et les bois du-vaisseau, << vire en lançant contre nous une roche aiguë; car son bras sait « atteindre loin. » « Us disaient ainsi, mais ils ne persuadaient pas mon cœur magnanime; le cœur plein de colère, je m'écriai encore : a Cyclope, si quelqu'un des hommes mortels t'interroge sur ta CI hideuse cécité, dis-lui que celui qui t'a privé de la vue est Ulysse « le destructeur de villes, le fils de Laërte, dont la demeure est « dans Ithaque. »

c Je dis, et il me répondit en gémissant : « Grands dieux , voilà « donc l'accomplissement des anciens oracles. Il y avait en ce pays « un grand et puissant devin , Télème, fils d'Euryme, qui l'emportait « sur tous dans la divination, et qui vieillit au milieu des Cyclopes en «■ leur annonçant l'avenir. Il m'a prédit que tout ceci s'accomplirait « dans l'avenir, et que la main d'Ulysse me priverait de la vue. Mais t toujours je m'attendais à voir arriver dans cette lie un mortel grand « et beau» revêtu d'une force immense; et voilà qu'un homme de « petite taille, un misérable sans vigueur, m'arrache la lumière après

« les ayant frappés du rocher aigu : « si-loin en effet il lance. »

« Ils dirent ainsi; mais ils ne persuadaient pas mon coeur magnanime ; mais je dis à lui de nouveau d'un cœur irrité : « Cyclope, « si quelqu'un des hommes mortels « interroge toi « sur la cécité hideuse de ton œil, « tu peux dire Ulysse « destructeur-de-villes, «. fils de Laërte, « ayant ses demeures dans Ithaque, « avoir aveuglé toi. » « Je dis ainsi ; et lui ayant gémi répondit à moi par ce discours : « 0 grands-dieux, (c assurément certes donc [temps « des oracles prononcés-depuis-long« sont arrivés à moi (m'ont atteint).

« Un homme devin était ici, « et bon et grand, « Télème fils-d'Euryme, « qui excellait dans la divination, « et qui prophétisant « vieillit parmi les Cyclopes; « lequel dit à moi toutes ces choses « devoir s'accomplir dans l'avenir, H moi devoir être privé de la vue « par les mains d'Ulysse.

« Mais toujours j'attendais « un homme grand et beau « devoir venir ici, a revêlu d'une grande force; « mais maintenant un homme « étant et petit « et bon-à-rien et sans-vigueur

« m'avoir dompté par le vin. Allons, viens ici, Ulysse, afin que je « t'offre les présents de l'hospitalité et que je supplie l'illustre dieu « qui ébranle la terre de t'accorder le retour : car je suis son fils , « et il se glorifie d'être mon père ; seul, s'il le veut, il me guérira, « sans l'aide d'aucun des dieux bienheureux ou des hommes mor« tels. » * Il dit, et je lui répondis en ces ternies : « Si seulement je pou- « vais t'arracher l'âme et la vie et t'envoyer dans la demeure de « Pluton, comme il est sûr que Neptune lui-même ne guérira pas u ton œil ! »

c Telles furent mes paroles ; pour lui, il adressa cette prière au puissant Neptune, étendant la main vers le ciel étoilé : « Écoute-moi, Neptune qui enveloppes la terre , dieu à la cheveIl lure azurée : s'il est vrai que je sois ton fils et que tu te glorifies « d'être mon père, fais qu'Ulysse le destructeur de villes, le fils de « Laërte, dont la demeure est dans Ithaque, n'arrive pas dans sa pa-

« a privé moi de mon œil, [vin.

« après qu'il a dompté moi par le « Mais çà viens ici, Ulysse, « afin que j'offre à toi « les présents-de-l'hospitalité, « et que j'invite (prie) « l'illustre dieu qui-ébranle-la-terre « de te donner le retour ; « car je suis fils de celui-ci, « et il se vante d'être mon père ; « et lui seul, s'il veut, a me guérira, « et pas un autre « ni des dieux bienheureux « ni des hommes mortels. »

« 11 dit ainsi ; mais moi répondant je dis-à lui : « Si seulement en effet donc « je pouvais « ayant fait toi privé et du souffle « et de la vie [ton!

« ('envoyer dans la demeure de Plu« comme il est vrai que [terre « pas même le dieu qui-ébranle-la« ne guérira ton œil du moins. » « Je dis ainsi, et lui ensuite priait le roi (puissant) Neptune, tendant la main vers le ciel éloilé : « Écoute-moi, « Neptune qui-embrasses-la-terre, « à-la-chevelure-azurée : « si vraiment du moins je suis tien, « et si tu te vantes d'être mon père, « donne (accorde-moi) « Ulysse destructenr-de-villes, I- fils de Laërte, « ayant ses demeures dans Ithaque,

« trie. Mais si le destin veut qu'il revoie ses amis, qu'il rentre dans fi son palais superbe et dans la terre de sa patrie, qu'il n'y arrive a que tard et misérablement, sur un vaisseau étranger, après avoir « perdu tous ses compagnons, et qu'il trouve le malheur dans sa « maison. »

« Telle fut sa prière, et le dieu à la chevelure azurée l'cntendit.

Il souleva encore une pierre beaucoup plus grande, la fit tournoyer et la lança en déployant une immense vigueur. Il la jeta derrière le navire à la proue azurée, et peu s'en fallut qu'elle n'atteignit l'extrémité du gouvernail. La mer bouillonna frappée par la roche ; le flot emporta au loin le vaisseau, et faillit lui faire toucher le rivage.

« Quand nous fûmes arrivés à l'île où le reste de nos solides navires étaient demeurés l'uu près de l'autre, et où nos compagnons, assis autour de la flotte, gémissaient en nous attendant sans cesse, nous tirâmes notre vaisseau sur le sable et nous descendîmes sur le

« ne pas arriver dans sa maison.

« Mais si le destin est à lui « de voir ses amis cet d'arriver « dans sa demeure bien-bâtie « et dans sa terre patrie, [ment, "qu'il y arrive tard et misérable« ayant perdu tous ses compagnons, « sur un vaisseau étranger, « et qu'il trouve des maux « dans sa demeure. »

« Il dit ainsi en priant; et le dieu à-Ia-chevelure-azurée entendit lui.

Mais lui de nouveau, ayant soulevé une pierre beaucoup plus grande la lança l'ayanl fait-tournoyer; et il y appliqua une force immense.

Et il la jeta en arrière du vaisseau à-la-p roue-azurée ; et il manqua de peu [nail.

d'atteindre l'extrémité-du gouverEt la mer bouillonna par-l'effet-de la roche arrivant ; et le flot porta celui-ci (le vaisseau) en avant, et le força d'arriver à la terre-ferme.

« Mais lorsque donc nous arrivâmes à l'île où les antres vaisseaux aux-heaux-lillacs demeuraient pressés, et où autour des vaisseaux nos compagnons étaient, assis se lamentant, attendant toujours nous, étant arrivés là nous tirâmes le vaisseau sur le sable rivage de la mer. Nous primes sur le navire profond les troupeaux du Cyclope, nous en fimes le partage, et nul ne se retira sans une part égale du butin. Mes compagnons aux belles cnémides, distribuant le bétail, réservèrent le bélier pour moi seul ; je J'immolai sur le rivage à Jupiter qui rassemble les nuées, au roi de l'univers, et je brûlai les cuisses; mais le dieu n'accueillit point mon sacrifice : il méditait sur les moyens de perdre tous mes solides navires et mes compagnons bien-aimés. Durant tout le jour, jusqu'au coucher du soleil, nous restâmes assis, savourant des mets abondants et un vin délicieux. Quand le soleil se coucha et que la nuit fut venue, nous nous étendîmes au bord de la mer. Mais quand parut la fille du matin, t Aurore aux doigts de roses, encourageant mes compagnons , je leur ordonnai de monter sur leurs vaisseaux et de dé- et nous descendîmes aussi noussur le bord de la mer. [mêmes Et ayant pris du (sur le)*aisseau creux le bétail du Cyclope, nous nous le partageâmes, de-sorte-que personne ne s'en allât à moi privé d'une part égale. [miùes, Et mes compagnons aux-belles-cuéle bétail se partageant, donnèrent par-dessus le bélier à moi seul; ayant immolé celui-ci sur le rivage à Jupiter qui-assemble-les-noiresfils-de-Saturne, [nuées qui règne sur tous, je fis-brûler les cuisses; mais il ne se souciait pas de mon sacrifice, mais donc il délibérait comment tous les vaisseaux aux-beaux-tillacs et les compagnons très-chers à moi seraient perdus (périraienl), Ainsi alors tout le jour jusqu'au soleil couchant nous fûmes assis nous régalant et de viandes infinies (abondantes) et de vin-pur doux.

Mais quand le soleil se coucha et que l'obscurité survint, donc alors nous nous endormîmes sur le bord de la mer.

Mais quand parut l'Aurore qui - naît - le - matin àux-doigts-de-roses, alors donc moi les ayant exhortés j'ordonnai à mes compagnons[seaux et de monter eux-mêmes sur les va is- tacher les amarres. Ils s'embarquèrent aussitôt et prirent place sur leurs bancs; assis en ordre, ils frappaient la blanche mer de leurs rames.

« Nous continuâmes notre course, contents d'avoir évité le trépas, mais le cœur affligé de la perte de nos chers compagnons.

et de détacher les amarres.

Et ceux-ci aussitôt entrèrent dans les vaisseaux et s'assirent sur les bancs-de-raet étant assis à-la-file [meurs ; ils frappaient de leurs rames la blanche mer.

« Et de là [loin), nous naviguâmes plus avant (plus étant affligés dans notre cœur, contents d'échapper à la mort, ayant perdu de chers compagnons.

NOTES SUR LE NEUVIÈME CHANT DE L'ODYSSÉE.

Page 2 : 1. Le mot TÉXOÇ est souvent aussi vague que le latin res et le français chose. Ainsi on trouve dans Homère ~OavaTou «réXoç, simple équivalent de ~ôàvaxoç, comme dans Plaute res voluptatum, qui n'en dit pas plus que voluptates.

Page 4:1. Kœ( y-eu vlioç ~oùpavôv ïxei. Énée dit de même Lia jeune chasseresse qu'il rencontre aux environs de Gartbage : Sum pius Æneas, fama super aclhera nolns.

- 2. N~aiexàto 5' 'I~'I0àxY]v. Virgile, Énéide, III, 270 : Jain medio apparet fluctu nemorosa Zacynlbus, Dulichiumque, Sameque. et Neritus ardua suis.

Effugiinuj sropulos ItliacxLaertia regna, El terrain altricem sævi exsecrainur Ulyssei.

Page 6:1. Aîau). Éa était le nom d'une île et d'une ville de Colcliide, où la magicienne Circé avait habité; mais ce fut aussi le nom de l'île où elle s'établit sur la côte d'Italie, île qui se trouva plus tard réunie au continent et qui forma le promontoire de Circé.

— 2. KtxÓveaat, les Ciconiens, peuple de Thrace qui était venu au secours des Troyens.

Page 8 : 1. 'A~^peioy;, plus braves, parce que leur climat, plus rude que celui des Ciconiens du bord de la mer, les portait moins à la mollesse. Pomponius Méla dit de la Thrace : Regio nec cœlo leeta nec solo, et, nisi qua mari propior est, infecunda.

Page 10 : 1. Ilptv nvK TPLÇ ~ëxaarov àyaat. Dugas Montbel : Il Quand les anciens héros étaient forcés de laisser les corps de leurs compagnons en terre étrangère sans leur avoir donné la sépulture, ils les appelaient trois fois, pour que du moins leurs âmes revinssent dans leur patrie. Eustathe raconte que les Athéniens bâtissaient des cénotaphes pour ceux qui avaient péri sur mer; car ils pensaient que les âmes revenaient sur le rivage quand on les appelait trois fois par leur nom. > — 2. IiJv ÕÈ veçÉeafft, etc. Voy. chant V, vers 293 et 294.

Page 12 : 1. Malée, aujourd'hui cap Malio ou Saint-Ange, promontoire du Péloponèse, à l'extrémité de la presqu'île située entre les golfes Laconique et Argolique. Ce promontoire était fort dangereux.

— 2. Cythère, aujourd'hui Cerigo, île située près de la côte mé-

ridionale de la Laconie. -

— 3. 'ElrÉÔ1)¡J.EV ya.vnç A~àwtoçixywv. Dugas Montbel : Ct Selon Strabon, quelques personnes pensaient que les Lothophages habitaient l'île de Ménina (aujourd'hui Zerbi), sur les côtes d'Afrique, à l'entrée du golfe nommé la petite Syrte. On citait en preuve un autel d'Ulysse, et le lotos, arbuste qui croissait en grande abondance dans cette île.

L'autel d'Ulysse n'est pas une grande preuve; celle tirée du lotos serait meilleure. Toutefois observons qu'il ne résulte pas du récit d'Ulysse que les Lotophages habitassent une île; il dit ici È1rÜ;1)(1.c.v YACRtç Awtoçxywv, etc., plus loin È'It' ~Y)7tEÎpou fjt.ev, nous montons sur le continent. Or, dans notre poëte, le mot ~TjTteipoç, continent, est toujours opposé à celui de vîjcro;, île. Une scholie de Pun des manuscrits ambrosiens place les Lotophages dans la Libye. Je crois que tout ce qu'on peut dire, c'est que le pays des Lotophages était situé sur les côtes d'Afrique, à une assez faible distance de la Sicile, qu'habitaient les Cyclopes. » — Sur le lotos ou lotus, voy. Pline l'Ancien, Histoire naturelle, liv. XIII, ch. XVII.

Page 16 : 1. O~î ô' auj/ EÏçêaivov. Voy. chant iv, vers 579 et 580.

— 2. K~uxX<o7U0v Èe; yatav IxôjxeOa. Dugas Montbel : « Strabon place le pays des Cyclopes sur cette partie des côtes de la Sicile où furent ensuite les Léontins. Je croirais plutôt que les Cyclopes habitaient les côtes occidentales de l'ile, parce que c'est l'abord le plus naturel en arrivant d'Afrique. D'ailleurs, du côté des Léontins, il n'existe aucune He en face du pays, tandis qu'à l'occident, près de Lilybée, on trouve les îlesirgades, et l'une d'elles peut très-bien être celle que désigne Ulysse un peu plus loin (v. 116). Il est même assez probable que le nom d',Egades leur fut donné à cause du grand nombre de chèvres qui s'y trouvaient, ainsi que le dit Ulysse : 'Ev ô'aÏYeçàiieipÉffiai ysydauiy (v. 118). Enfin, comme de là Ulysse se rend dans l'île d'Éole, au nord de la Sicile, sans parler du détroit de Charybde, il n'est pas naturel de supposer qu'il ait fait le tour de la Sicile pour arriver dans une contrée qui le détournait de sa route. »

Page 20 : 1. Aetr), facile, littéralement lisse, unie, où l'on ne rencontre pas de pierres.

— 2. OùÕè ffcXrj'vr], etc. Virgile, Énéide, III, 585 : Neque erant astrorum ignes nec lucidms æthra Siderca polus, obscuro sed nubila cœlo, Et lunam in nimbo nox intempesta tenebat.

Page 24 : 1. "H p' oïy' ~ûëptaraÉ ts , etc. Voy. chant VI, vers 120 et 121.

Page 28 : 1. "Ev oÉnaç &[jL~Tj<T<x<;. x~' Pline l'Ancien, Histoire naturelle, liv. XIV, ch vi : « Homère a dit qu'il faut mêler au maronée vingt fois autant d'eau. Le vin de ce terrain est toujours aussi généreux et d'une force aussi indomptable. Mucianus, trois fois consul, un de nos derniers auteurs, a vu, se trouvant sur les lieux, mêler à un setier de vin (0 litr., 54) quatre-vingts setiers d'eau; il ajoute que ce vin est noir, parfumé et devient gras en vieillissant. »

(Traduction de M. Liitré.) Page 34 : 1. "0 Çeïvot, etc. Voy. chant III, vers 71 à 74.

— 2. , ~ôeiffàvrtûv. On attendait Seiaaaiv, mais le poëte change de tournure brusquement, par une licence dont les exemples ne sont pas rares, et emploie, au lieu du datif qu'exigeait la grammaire, le génitif absolu : ~oeiaâvTwv (f|[Awv).

Page 40 : 1. IToxl yarçi xotct £ Ovide, Métamorphoses, XIV, 205 : Vidi bina meorum Ter quater aftligi sociornro corpora terne, Quac super ipse jncens, hirsuti more leonis, Visceraque et carnes oblisisque ossa medullis Semianiuicsque artus avidam condebat in alvwn, Page 50 : 1. TH xal ~àvaxXivOeîç, etc. Virgile, Énéide, III, 630 : Simul explelus dapibus vinoque sepultus Cerviceii) inflexain pOluit, jacuitque per antrum Immensus, saniem eructans ac frusta cruento Per soninum commixta mero, nos, magna precati Nnuiina sorlitique vices, una undiqlle circnra Fundimur, et telo lumen terebraraus acuto Ingens, quod torva solum sub fronte latebat, Argolici clypei aut Phœbeæ lampadis instar.

Page 62 : 1. Tw xé ol, etc. On peut rapprocher de ce vers et des deux suivants ce passage d'Ovide, Métamorphoses, XIV, 192 : O si quis referat mihi casus Ulixem, Aut aliqucin e sociis, in quo inea sarriat ira , Viscera cujus edam, cujus vivenlia dextra Membra mea laniem ,-cujus mihi sanguis inuadet Gllttur, el l'lis: trépident sub denlibus artus!

Quam nullum aut leve sit damnum mihi lucis a~demptac!

Page 66 : 1. 'E~xéXevffa e~Sa~EE~ xMj~. Pindare, Pythiques, IV, 200 : KàpvÇe S' aùtoï; 'E~[i6aXeTv xâmaun.

Page 74 : 1. ~AacffàixeO', etc. Voy. vers 42.

— 2. ail; TOTE jtév, etc. Voy. vers 161 et 162, 168 à 170, 177 à 180.

Page 76 : 1. "Ev6EV ôi, etc. Voy. vers 62 et 63.

ARGUMENT ANALYTIQUE DU DIXIÈME CHANT DE L'ODYSSÉE.

Ulysse arrive chez Éole, qui lui donne une outre où sont renfermés tous les vents, et ne laisse en liberté que celui dont le héros a besoin pour regagner Ithaque (1-27). Les compagnons d'Ulysse ouvrent l'outre pendant son sommeil; une tempête affreuse les ramène chez Ëole, qui les chasse de son palais (28-79). Ulysse aborde chez les Lestrygons, qui massacrent ses compagnons et brisent ses vaisseaux; il s'échappe de leurs mains avec un seul navire (80-1 §2). 11 prend terre à l'île d'Éa, observe le pays, tue un cerf énorme, et, le troisième jour, propose à ses compagnons d'aller à la découverte (133-202). Le sort désigne Euryloque; il se dirige avec la moitié de la troupe vers le palais de Circé; la déesse change tous les suppliants en pourceaux (203-243). Euryloque, qui était resté en arrière, vient annoncer la perte de ses compagnons; il s'efforce en vain de retenir Ulysse, qui se rend à son tour chez Circé (244-273).

Mercure se présente à Ulysse, lui enseigne les ruses et les sortiléges de Circé,-et lui donne une herbe pour le préserver de tout maléfice (274-306). Ulysse triomphe des enchantements et partage la couche de la déesse (307-347). Il obtient de Circé que ses compagnons soient rendus à leur forme première (348-399). Sur l'invitation de Circé, Ulysse va chercher le reste de ses compagnons et les amène dans le palais de la magicienne, malgré l'opposition d'Euryloque (400-448).

Au bout d'une année, les Grecs songent au retour, et Ulysse prie Circé de les laisser partir (449-486). Circé y consent; mais elle apprend à Ulysse qu'il doit d'abord se rendre chez Pluton pour consulter l'âme du devin Tirésias (487-540). Ulysse éveille ses compagnons et presse le départ: mort d'Elpénor, qui se laisse tomber du haut du toit (541-561). Circé, précédant Ulysse sans être vue, attache auprès de son vaisseau les victimes qu'il doit immoler aux mânes (562-574).

« Nous arrivâmes dans l'lie d'Éolie; le fils d'Hippotas, Éole J cher aux dieux immortels, habitait cette île flottante, qu'entoure de toutes parts un mur d'airain indestructible ; une roche unie s'élève sur les bords. Douze enfants ont reçu le jour dans son palais : six filles et six fils à la fleur de l'âge. Il a donné ses filles pour épouses à ses fils.

Près d'un père chéri et d'une mère vénérée, ils sont sans cesse en festin ; les mets les plus variés sont servis devant eux ; pendant le jour, le palais, où fume la graisse des victimes, retentit des sons de la flûte ; la. nuit, ils reposent près de leurs augustes épouses sur des HOMÈRE.

L'ODYSSÉE.

CHANT X.

« Et nous arrhâmes à l'tle d'Éolie; et là habitait Éole fils-d'Hippotas, cher aux dieux immortels, dans une île flottante; et autour d'elle tout-enlière est un mur d'airain, indestructible ; et une roche unie s'élève tout autour.

Aussi douze enfants sont nés dans les palais de lui : six filles, et six fils florissants-de-jeunesse.

Là celui-ci a donné ses filles à ses fils pour être leurs épouses.

Et ceux-ci sont-en-festins toujours auprès de leur père chéri et de leur mère vénérable; et auprès d'eux sont placés des mets innombrables ; et la demeure remplie-de-la-vapeur des victimes retenlit-tout-autour du son-des-flûtes pendant les jours; et pendant les nuits d'autre-part ils dorment tapis et sur des lits superbes. Nous entrâmes dans leur ville et dans leurs magnifiques demeures. Pendant un mois entier Éole me reçut en ami et m'adressa mille questions sur Ilion, sur les vaisseaux des Argiens et sur le retour des Achéens; je lui fis de tout un récit fidèle.

Quand je le priai de me laisser partir et continuer ma route, loin de s'y opposer, il prépara tout pour mon départ. Il me donna une outre faite avec la peau d'un bœuf de neuf ans, où il avait renfermé les souffles des vents mugissants : car le fils de Saturne l'a fait roi des vents, et il les apaise et les soulève à son gré. Il attacha cette outre dans notre profond navire avec une brillante chaîne d'argent, afin que la moindre haleine ne pût s'en échapper ; mais il laissa souffler le Zéphyre pour nous conduire sur nos vaisseaux. Sa volonté ne devait pas s'accomplir, et nous périmes par notre imprudence.

auprès de leurs épouses respectables et sur des tapis et sur des lits sculptés.

Et nous arrivâmes à la ville et aux belles demeures de ceux-ci.

Et pendant tout le mois il (Éole) m'accueillait-amicalement et m'interrogeait sur chaque chose, sur Ilion et les vaisseaux des Argiens et le retour des Achéens ; et moi je racontai à lui toutes choses selon la convenance.

Mais lorsque déjà aussi moi je demandais à faire route et l'engageais à me congédier, non plus celui-là ne refusa eu rien, mais il prépara ma conduite.

Il donna à moi l'ayant écorchée une outre de la peau d'un bœuf deet lia (enferma) là-dedans [neuf-ans, les routes (souffles) des vents mugissants ; car le fils-de-Saturne a fait celui-là dispensateur des vents, et pour faire-cesser et pour soulever celui qu'il veut.

Et il enchaîna l'outre dans le vaisseau creux avec un lien brillant, d'-argent, afin que rien ne soufilât-de-côté même un peu; mais il lâcha à moi pour souffler le souffle du Zéphyre, afin qu'il portât et les vaisseaux et nous-mêmes; mais il ne devait pas certes accomplir son dessein; car nous pérîmes par l'imprudence de nous-mêmes.

« Nous naviguâmes jour et nuit, pendant neuf jours; le dixième, nous apercevions déjà les champs de la patrie, nous voyions le feu des habitants les plus proches du rivage. Alors un doux sommeil se glissa dans mes membres fatigués; car j'avais saus relâche dirigé le gouvernail et ne l'avais confié à aucun de mes compagnons, pour arriver plus proinptement sur le sol de la patrie. Cependant mes compagnons s'entretenaient ensemble, pensant que je rapportais dans mon palais de l'or et de l'argent, présents du magnanime Éole fils d'Hippotas ; et chacun, les yeux fixés sur son voisin, lui disait : « Grands dieux ! que cet homme est aimé et respecté de tous les « mortels dont il visite les villes et les contrées ! Il ramène de Troie K une riche part de butin, tandis que nous, qui avons accompli la « même route, nous revenons dans nos foyers les mains vides. Main-

« Nous naviguâmes pareillement (sans interruption) pendant-neuf-jours et les nuits et le jour; et le dixième jour déjà la terre de-la-patrie apparaissait ; et déjà nous voyions ceux qui étaient près allumant-du-feu.

Alors le doux sommeil vint en moi fatigué ; car je dirigeais toujours le gouvernail du vaisseau, et ne le donnai pas à quelque autre de mes compagnons, afin que nous arrivassions plus vite à la terre de-la-patrie.

Mais mes compagnons s'adressaient avec des paroles l'un à l'autre, et ils pensèrent moi emmener à la maison et de l'or et de l'argent, présents reçus du magnanime Éole (its-d Hippotas; et chacun disait ainsi [sin: ayant regardé vers un autre son voi« 0 grands-dieux, e comme celui-ci est aimé « et estimé « de tous les hommes, « dont il est arrivé à la ville « et à la contrée!

« 11 emmène de Troie « beaucoup d'objets-précieux beaux <( du butin ; « mais nous de-notre-côté « ayant accompli la même route « nous revenons ensemble à la maison

« tenant encore, voilà qu'Éole , rempli de bienveillance, lui fait des « présents; voyons bien vile ce que c'est, et combien d'or et d'ar« gent renferme cette outre. » « Ils dirent, et ce conseil pernicieux l'emporta dans l'esprit de mes compagnons; ils délièrent l'outre , et tous les vents furent déchaînés. La tempête fondit sur eux et les emporta sur la mer, pleurant, loin de la terre de la patrie; pour moi, je m'éveillai, et délibérai en mon noble cœur si je me jetterais du haut du navire pour périr dans les flots, ou si j'endurerais mon mal en silence et resterais parmi les vivants. Je me résignai et restai ; je m'étendis dans le vaisseau, le visage voilé; cependant un ouragan terrible remportait les navires vers l'île d'Éole, et mes compagnons gémissaient.

«Nous descendîmes à terre et puisâmes de l'eau; puis, sans tarder, mes compagnons prirent leur repas auprès des rapides vaisseaux. Quand nous fûmes rassasiés de nourriture et de boisson, je

« ayant les mains vides.

cc Et maintenant Éole « le gratifiant avec amitié «a donné à lui ces présents; « mais çà que nous voyions bien-vite « ce que sont ces choses, « combien et d'or et d'argent « est-dans l'outre. » « Ils dirent ainsi ; [gnons et le dessein pervers de mes compal'emporta ; ils délièrent l'outre, et tous les vents s'élancèrent.

Et aussitôt la tempête les ayant saisis- [rant, emportait sur la mer ceux-ci pUuloin de la terre de-la-patrie ; mais moi m'étant éveillé je délibérai en mon cœur irréprochable, si ou étant tombé (m'étant jeté) du je périrais dans la mer, [vaisseau ou j'endurerais ce malheur en-me-taisant et serais encore parmi les vivants.

Mais j'endurai et restai; et m'étant voilé je restais-étendu dans le vaisseau ; et ceux-ci (les vaisseaux) étaient emportés par l'ouragan funeste du vent de nouveau vers l'Ile d'Ëolie ; et mes compagnons gémissaient.

« Et là nous montâmes sur la terre-ferme et nous puisâmes de l'eau ; et aussitôt mes compagnons prirent leur repas auprès des vaisseaux rapides.

Mais après que nous eûmes goûté pris avec mol un héraut et un compagnon, et me dirigeai vers le maguifique palais d'Éole ; je le trouvai à table avec son épouse et ses enfants. Nous entrâmes dans la demeure et nous nous asstmes sur le seuil; pour eux, le cœur plein de surprise, ils nous interrogeaient : « Comment es-tu revenu Ulysse ? Quel sort funeste s'est appesanti « sur toi? Nous avions tout préparé pour ton départ, afin que tu ar< rivasses dans ta patrie et dans ta demeure, partout enfin où tu >< voudrais aller. »

« Telles furent leurs paroles ; pour moi, je leur répondis d'un cœur affligé : a De méchants compagnons et un perfide sommeil m'ont « perdu; mais secourez-moi, mes amis, car vous en avez le pouvoir." » Je dis, cherchant à les attendrir par de douces paroles ; mais ils gardèrent le silence, et-ce fut leur père qui reprit : « Va-t'en de cette lie au plus vite, ô le plus misérable des mortels.

et à la nourriture.et à la boisson, donc alors moi m'étant adjoint et un héraut et un compagnon j'allai aux demeures magnifiques d'Éole; [pas et je trouvai celui-ci prenant-son-reauprès et de son épouse et de ses enfants.

Et étant entrés dans la demeure nous nous assîmes sur le seuil auprès des montants-de-la-porte; et ceux-ci étaient étonnés, en leur et me demandaient : [cœur « Comment es-tu venu, Ulysse ?

« quelle divinité méchante « a fondu sur toi ?

« Certes nous avions congédié toi « avec-soin (en prenant soin de toi), « afin que tu arrivasses dans ta patrie a et dans ta demeure, « et si quelque-part (partout où) « il est agréable à toi d'arriver. »

« Ils dirent ainsi; mais moi je pris-la-parole, étant affligé en mon cœur : « Et mes compagnons méchants n et outre ceux-ci un sommeil malc ont fait-tort à moi ; [heureux « mais remédiez à mon infortune, « ô mes amis ; « car le pouvoir est en vous. »

« Je dis ainsi,les touchant (m'adressant à eux) avec de douces paroles ; mais ceux-ci furent silencieux ; et leur père me répondit par ce discours : « Va-t'en de l'ne bien-vite, « le plus méprisable des vivants.

« Il ne m'est pas permis d'accueillir et de protéger dans son voyage un c liomme qui est détesté des dieux bienheureux. Va-t'en, puisque « tu es venu ici avec la haine des immortels. »

< A ces mots, il me chassa de sa demeure malgré mes profonds soupirs. Nous continuâmes notre route, l'âme accablée de tristesse. Le cœur des matelots était brisé par le travail pénible de la rame, grâce à notre sottise, et le retour ne se montrait plus à nos yeux.

« Nous naviguâmes jour et nuit pendant six jours; le septième, nous arrivâmes à la haute cité de Lamos , Télépyle, ville des Lestrygons, où le berger revenant du pâturage appelle un autre berger qui sort à sa voix. Un homme qui ne céderait point au sommeil y gagnerait un double salaire en faisant paître tour à tour les bœufs et les blanches brebis : car la route de la nuit y est voisine de celle du jour.

Nous pénétrâmes dans un port magnifique, qu'enferment de toutes

« Car il n'est pas permis à moi a de soigner ni de reconduire c cet (un) homme qui est haï « des dieux bienheureux.

« Va-t'en, puisque tu es venu ici « étant haï des immortels. r « Ayant dit ainsi il renvoya de sa demeure moi qui gémissais profondément.

Et de là nous naviguâmes plus avant (plus loin), affligés en notre cœur.

Et le cœur des hommes était fatigué par l'importun travail-de-la-rame, par notre sottise ; car la conduite (leTetour) ne nous apparaissait plus.

« Nous naviguâmes pareillement (sans interruption) pendant-six-jours et les nuits et le jour; et le septième jour nous arrivâmes à la haute cité de Lamus, Télépyle des-Lestrygons, rpeau où un berger faisan t-entrer son Irouappelle un autre berger, et celui-ej faisant-sortir le sien prête-l'oreille.

Là un homme se-privant-de-sommeil remporterait (gagnerait) un double salaire, l'un, en faisant-paître-les-bœufs, l'autre, en faisant-paître les blanches brebis ; car les routes et de la nuit et du jour sont près rune de l'autre.

Là après que nous fûmes arrivés au port magnifique, parts de hauts rqehers ; les rivages s'avancent l'un en face de l'autre et en resserrent l'entrée ; le passage est étroit. C'est là que mes compagnons arrêtèrent leurs vaisseaux recourbés. Ils les attachèrent dans le port profond l'un à côté de l'autre; car jamais les Oots, ni grande ni petits, ne se soulèvent dans cette enceinte, mais un calme riantrègne tout autour. Seul je laissai en dehors mon noir vaisseau, à l'extrémité du port, et j'attachai le câble au rocher; puis Je montai sur une hauteur escarpée où je m'arrêtai. On ne voyait là ni les tra- vaux des hommes ni ceux des bœufs, et nous apercevions seulcmenW la fumée qui montait de la terre. Je choisis deux de mes compagnons auxquels j'adjoignis un héraut, et leur ordonnai d'aller reconnaître quels étaient les peuples qui mangeaient les fruits de cette terre. Ils descendirent de leurs vaisseaux et suivirent une route unie, par où autour duquel est une roche très-éled'un-bout-à-l'autre [vée de-l'un-et-l'aulre-côté, et les rivages qui-fout-saillie situés-en-face l'un de l'autre s'avancent à la bouche du port, et l'entrée est étroite,

là tous ceux-ci placèrent au dedans [tés.

les vaisseaux ballottés-des-deux-côCeux-ci (les vaisseaux) donc étaient liés au-dedans du port creux voisins les uns des aulres ; car jamais le flot ne grossissait (ne se soulevait) dans ce port du moins, ni grand ni petit ; et un calme blanc (brillant) était tout-autour.

Mais moi seul je tins au dehors mon vaisseau noir, là-même à l'extrémité, ayant attaché des câbles à la roche.

Et je m'arrêtai, étant monté sur un lieu-d'observation escarpé.

Là n'apparaissaient des travaux ni de bœufs ni d'hommes, mais nous voyions la fumée seule s'élançant de terre.

Donc alors moi j'envoyai-en-avant des compagnons pour s'informer étant allés quels hommes étaient sur celte terre mangeant du pain, ayant choisi deux hommes, et leur ayant adjoint en-même-temps un héraut comme troisième.

Et ceux-ci étant sortis des vaisseaux les chars transportaient à la ville le bois des hautes montagnes. Près des murs ils rencontrèrent une jeune femme qui allait puiser de l'eau ; c'était la noble fille du Lestrygon Antiphate. Elle descendait vers la belle fontaine d'Artacie; car c'était là qu'on venait prendre de l'eau pour la ville ; ils s'approchèrent d'elle et lui demandèrent quel était le roi de ce pays, quels étaient les peuples soumis à ses lois. Aussitôt elle leur indiqua la haute demeure de son père. Dès qu'ils furent entrés dans le palais magnifique, ils y trouvèrent une femme aussi grande que le sommet d'une montagne, et cette vue les frappa de terreur. Elle se hâta d'appeler sur la place publique l'illustre Antiphate, son époux, qui leur prépara une déplorable mort. Saisissant l'un de mes compagnons, il fit les apprêts de son repas; les deux autres prirent soudain la fuite et regagnèrent les vaisseaux. Mais Antiphate poussa un cri dans la ville ; les robustes Lestrygons l'cntendi- 'rEÜZE PoY|V Slà *(7T £ 0; ot Se ïcp(h(i.oi AatGMuyo'

allèrent par une route unie, par où les chariots menaient du bois vers la ville des hautes montagnes.

Et ils rencontrèrent une jeune-fille puisant-de-l'eau en avant de la ville, la noble fille du Lestrygon Antiphate.

Celle-ci donc descendait vers la fontaine Artacie au-beau-cours ; car c'est de là qu'ils portaient de l'eau à la ville; et ceux-ci se tenant auprès d'elle lui adressèrent-la-parole, et lui demandèrent qui était le roi de ces peuples et à quels peuples il commandait.

Et celle-ci tout à fait sur-le-champ leur indiqua la demeure au-toil-élevé de son père.

Et quand ceux-ci furent entrés dans les demeures magnifiques, ils trouvèrent donc sa femme, aussi grande que le sommet d'un etils eurent-peur d'elle. [mont, Et celle-ci aussitôt appela de la place-publique l'illustre Antipbate, son époux, qui donc prépara à eux une mort déplorable. [gnons Aussitôt ayant saisi un de mes compail se prépara un repas; mais les deux autres

f s'étant élancés paria fuite (enfuyan f 'Privèrent aux vaisseaux.

Maïs celui-ci (Antipbate) |$HSt (poussa) un cri à travers la vilk ç^ofit les robustes Lestrygons

ODYSSÉE, X.

5 rent et accoururent en foule de toutes parts, semblables non à des hommes, mais à des Géants. Ils lançaient d'énormes pierres détachées des rochers, et soudain s'éleva sur les navires un affreux tumulte d'hommes mourants et de vaisseaux fracassés ; puis ils percent mes compagnons comme des ptissons, et les emportent pour leurs cruels festins. Tandis qu'ils les exterminaient au sein du port profond, tirant du fourreau mon épée tranchante, je coupe le câble de mon vaisseau à la proue azurée. J'exhorte mes compagnons et leur ordonne de se courber sur les rames, afin de nous dérober au malheur.

Tous alors font jaillir l'écume par épouvante de la mort. Mon navire échappe joyeux aux écueils menaçants et fuit sur la mer; mais tous les autres avaient péri en ces lieux.

« Nous continuâmes notre course, contents d'avoir évité le trépas, l'entendant venaient-en-foule [côté, l'un d'un côté, l'autre d'un-autreinnombrables, - ne ressemblant pas à des hommes,^!

mais à des Géants. [les Ceux-ci donc lançaient desprojectiavec des pierres lourdes-pour-un-homme ; détachées des rochers ; et aussitôt un bruit funeste s'éleva parmi les vaisseaux et d'hommes périssant [brisant; et en-même-temps de vaisseaux se et perçant mes compagnons comme des poissons ils emportèrent un triste festin.

Tandis que ceux-ci (les Lestrygons) faisaient-périr eux (mes compagaons) dans le port très-profond, pendant-ce-temps d'autre-part moi ayant tiré d'auprès de ma cuisse; mon épée pointue, je coupai avec elle les câbles de mon vaisseau à-la-proue-azurée.

Et aussitôt les ayant excités j'ordonnai à mes compagnons de peser-sur les rames, [beur.

afin que nous échappassions au malEt tous ceux-ci firent-jaillir la mer sous la rame, ayant craint la mort.

Et mon vaisseau évita volontiers en se dirigeant vers la mer' les rochers formant-la-voûte; mais les autres en-masse périrent là-même.

« Et de là [loin), nous naviguâmes plus avant (plus affligés en notre cœur, mais le cœur affligé de la perte de nos chers compagnons. Nous arrivâmes dans l'île d'Ëa, qu'habitait Circé à la belle chevelure, déesse redoutable, sœur du sage Ëétès; tous deux sont nés du Soleil, qui éclaire les hommes, et de Persé, fille de l'Océan. Nous fîmes approcher en silence notre vaisseau du rivage, dans un port spacieux où nous guidait un dieu. Nous descendîmes à terre et nous restâmes étendus deux nuits et deux jours entiers sur la grève, accablés de fatigue et le cœur rongé de chagrins. Mais quand l'Aurore à la belle chevelure amena le troisième jour, je pris ma lance et mon épée tranchante, et, m'éloignant du vaisseau, je gravis une hauteur pour voir si je découvrirais les ouvrages des hommes ou si j'entendrais leur voix. Je m'arrêtai quand je fus parvenu au sommet escarpé, et j'aperçus de la fumée qui mon Lait de la vaste terre, dans le palais de contents d'échapper à la mort, ayant perdu de chers compagnons.

Et nous arrivâmes, dans l'île d'-Ëa; et là habitait Circé à-la-belle-chevelure, déesse redoutable, douée-de-voix, sœur du prudent Ëétès ; or tous-deux sont nés du Soleil qui-éclaire-les-mortels et de Persé leur mère, que l'Océan enfanta pour fille.

Et là avec le vaisseau nous abordâmes au rivage en silence [vaisseaux, dans un port propre-à-contenir-deset un dieu nous conduisait.

Là alors étant sortis du vaisseau nous restâmes-étendus et deux jours et deux nuits, rongeant notre cœur à la fois et de fatigue et de douleurs.

Mais lorsque déjà l'Aurore à - la-bene-chevelure accomplit (amena) le troisième jour, aussi alors moi ayant pris ma lance et mon glaive pointu, je montai promptement d'auprès du vaisseau dans un lieu-d'observatioo, pourvoir si de-quelque-façon j'aperdes travaux d'hommes [cevrais et entendrais une voix.

Et je m'arrêtai, [tion étant monté sur un lieu-d'observaescarpé, et de la fumée parut à moi s'élever de la terre vaste, Circé, à travers une épaisse forêt de chênes. Je délibérai ensuite au fond de mon âme d'aller à la découverte du côté où j'avais vu cette noire fumée. Le parti qui me sembla le meilleur fut de revenir d'abord sur le rivage de la mer, auprès du vaisseau rapide , de donner le repas à mes compagnons et de les envoyer reconnaître le pays.

J'approchais déjà du vaisseau, lorsqu'un dieu prit pitié de moi qui allais seul, et envoya sur ma route un cerf aux cornes élevées, qui, des pâturages de la forêt, descendait vers le fleuve pour s'abreuver; car depuis longtemps déjà l'ardeur du soleil l'accablait.

Comme il sortait du bois, je le frappai à l'échine, au milieu du dos, et le trait d'airain le traversa de part en part; il tomba de tout son corps dans la poussière, et la vie s'envola de ses membres. Monté sur son flanc, je retirai de la blessure le trait d'airain , que je laissai dans le palais de Circé, à travers des bois-de-chênes épais et une forêt.

Et ensuite je délibérai dans mon esprit et dans mon cœur d'aller et de m'informer, puisque j'avais vu une noire fumée.

Et il parut à moi réfléchissant être meilleur ainsi, étant allé d'abord vers le vaisseau rapide et le bord de la mer, de donner un repas

à mes compagnons et d'envoyer quelques-uns s'inforMais lorsque déjà- étant allé [mer.

j'étais près du vaisseau ballotté, aussi alors quelqu'un des dieux eut-pitié de moi, quittais seul, lequel donc envoya à moi sur la route même un cerf aux-cornes-élevées ; celui-ci descendait vers le fleuve du pâturage de la forêt, devant boire (pour boire) ; [lcil car déjà la vigueur (l'ardeur) du sopossédait (accablait) lui.

Et moi je frappai celui-ci sortant de la forêt à l'échiné au milieu-du dos ; et le javelot d'-airain [outre) ; traversa en face (le perça d'outre en et il tomba dans la poussière s'étant étendu, et sa vie s'envola.

Et moi montant-sur celui-ci, je retirai de la blessure le javelot d'-airain ; ayant couché celui-ci (le javelot) là sur la terre

étendu sur la terre; puis j'arrachai des osiers flexibles, je les tressai, j'en fis une corde solide et longue d'une brasse, dont j'attachai les pieds de la bête monstrueuse. Je m'avançai alors vers le noir navire en la portant sur mon cou et en m'appuyant sur ma lance, car je n'aurais pu la porter d'une seule main sur mon épaule, tant elle était énorme. Je la jetai devant le vaisseau, puis j'exhortai mes compagnons l'un après l'autre par de douces paroles : « Allons, mes amis, si affligés que nous soyons, nous ne descen« drons point dans la demeure de Pluton avant que le jour fatal soit « venu. Venez donc, et, tant que nous avons sur le rapide navire « des aliments et de la boisson, songeons à nous nourrir et ne nous « laissons point tourmenter par la faim. »

« Je dis, et sans tarder ils obéirent à mes paroles; découvrant leur visage, ils regardaient le cerf avec admiration sur le rivage de la mer je le laissai ; mais j'arrachai et des broussailles et de l'osier ; et ayant tressé une corde bien-tournéede-l'un-et-l'aulre-côté, aussi grande qu'une brasse, je liai les pieds [(énorme).

de la bête - monstrueuse étrange Et la portant sur-le-cou j'allai vers le vaisseau noir, m'appuyant sur ma lance, puisqu'il n'était nullement possible de la porter sur mon épaule avec me main : car la bête était fort grande.

Et je la jetai-par-terre devant le vaisseau ; et j'excitai mes compagnons, chaque homme, par des paroles douces-comme-miel en-me-tenant-auprès d'eux : a 0 amis, « car nous ne descendrons pas encore Il dans les demeures de Pluton, a quoique étant affligés, [destin Il avant que le jour marqué-par-le« soit arrivé.

a Mais allons, Il tant que et nourriture et boisson « sont sur le vaisseau rapide, «souvenons-nous du (songeons au) * et ne nous consumons pas [manger, « de faim.» « Je dis ainsi; et ceux-ci aussitôt obéirent à mes paroles; et s'étant découverts venus auprès du rivage de la mer infertile ils admirèrent le cerf; inféconde; car il était d'une taille énorme. Quand ils eurent rassasié leurs regards, ils lavèrent leurs mains et préparèrent un repas superbe. Durant tout le jour, jusqu'au coucher du soleil, nous restâmes assis, savourant des mets abondants et un vin délicieux. Quand le soleil se coucha et que la nuit fut venue, nous nous étendîmes au bord de la mer. Mais lorsque parut la fille du matin, l'Aurore aux doigts de roses, je réunis mes compagnons et leur parlai ainsi: « Écoutez mes paroles, amis, quoique le malheur vous accable; « chers compagnons, nous ne savons point où est le couchant, de « quel côté est l'aurore, en quel lieu le soleil qui éclaire les hommes « descend sous la terre pour reparaître ensuite; voyons donc si nous < avons le choix entre plusieurs partis : pour moi, je ne le crois point.

« De la hauteur escarpée où j'étais monté, j'ai découvert une lie « qu'entoure de tous côtés la mer immense; cette lie est basse, et car la bête était fort grande.

Mais après qu'ils se furent charmés regardant avec leurs yeux, s'étant lavé les mains ils préparaient un repas magnifique.

Ainsi alors tout le jour jusqu'au soleil couchant nous fûmes assis [(abondantes) nous régalant et de viandes infinies et de vin-pur doux.

Mais quand le soleil se coucha, et que l'obscurité survint, donc alors nous nous endormîmes sur le bord de la mer.

Et quand parut J'Aurore qui-naît-Ie-matin aux- doigts-de-roses, aussi alors ayant établi (réuni) une assemblée je dis au-miUeu-de tous : « Écoutez les paroles de moi, v « compagnons, « quoique souffrant des maux : a ô mes amis, a car nous ne savons pas « où est -le couchant, « ni où est l'aurore,Il ni où le soleil « qui-éclaire-les-mortels va sous la terre, «ni où il revient (reparaît); a mais délibérons bien-vite, [Iution « pourvoir s'il y aura quelque réso« encore (outre celle que je vais dire), « mais moi je ne crois pas qu'il y en ait.

« Car étant monté « sur un lieu-d'observation escarpé « j'ai vu une île, c autour de laquelle « la mer sans-bornes a vers le milieu mes yeux ont vu de la fumée à travers une épaisse « forêt de chênes. » « Je dis, et leur cœur se brisa au souvenir des cruautés du Lestrygon Antiphate el du magnanime Cyclope l'anthropophage. Ils se lamentaient bruyamment et versaient des torrents de larmes ; mais leurs gémissements ne leur étaient d'aucun secours.

« Je partageai donc en deux troupes mes compagnons aux belles cnémides, etje donnai un chef à chacune ; je commandais moi-même les uns, le divin Euryloque était à la tête des autres. Nous agitâmes aussitôt les sorts dans un casque d'airain, et le nom qui sortit fut celui du magnanime Euryloque. Il se mit en route; vingt-deux compagnons le suivirent en pleurant et nous laissèrent derrière eux plongés dans l'affliction. Ils trouvèrent dans une -vallée le palais de

« forme-une-couronne; « et elle-même (l'île) estsituée basse; ff mais j'ai vu de mes yeux « au milieu d'elle a de la fumée « à travers des bois-dc-cbênes épais « et une forêt. » « Je dis ainsi ; mais le cœur chéri fut brisé à ceux-ci s'étant souvenus des actions du Lestrygon Anliphate et de la violence du Cyclope au-grand-cœur, mangeur-d'hommes. [çanls, Et ils pleuraient avec-des-cris-perversant des larmes abondantes; mais certes aucune utilité n'était à eux se lamentant.

« Mais moi je comptais en-deux-bandcs tons mes compagnons aux-belleset j'adjoignis un chef [cnémides, aux-uns-et-aux-autres ; mais je commandais ceux-ci, et Euryloque semblable-à-un dieu commandait ceux-là.

Et nous agitâmes aussitôt les sorts dans un casque d'-airain ; et le sort du magnanime Euryloque sortit.

Et il se-mit-en-marche pour aller, el avec celui-ci deux et vingt (vingt-deux) compapleurant ; [gnons et ils laissèrent derrière nous sanglotant.

Et ils trouvèrent dans une vallée le palais de Circé Circé, bâti en pierres polies sur un tertre élevé. Tout autour étaient des loups de montagne et des lions qu'elle avait charmés en leur donnant des breuvages funestes. Ils ne s'élancèrent point contre les guerriers, mais se dressèrent caressants et agitèrent leurs longues queues. Comme on voit des chiens flatter le maître qui sort de table, car il leur apporte toujours une douce nourriture; ainsi les loups à la griffe puissante et les lions caressaient mes compagnons épouvantés à la vue de ces monstres terribles. Ils s'arrêtèrent dans le vestibule de la déesse à la belle chevelure, et entendirent dans le palais Circé chanter d'une voix harmonieuse en tissant une toile immense et divine : tels sont les ouvrages délicats, gracieux et superbes des déesses. Politès, chef de guerriers, celui de tous mes compagnons que je chérissais et respectais le plus, leur tint ce discours : « Mes amis, c'est une déesse ou une mortelle qui tisse dans ce pa- fait de pierres polies, dans un endroit bien-en-vue.

Et autour d'elle étaient des loups de-montagne et des lions, qu'elle-même avait apprivoisés, après qu'elle leur avait donné des breuvages funestes.

Et ceux-ci ne s'élancèrent pas contre les hommes, mais donc ceux-ci se dressèrent caressant de leurs longues queues.

Et comme lorsque des chiens agitent-leur-queue autour du maître revenant du repas; car toujours il leur apporte des choses-qui-charment leur cœur; ainsi les loups à-Ia-griffe-puissante et les lions [ci ; agitaient-leur-queue autour de ceuxet ceux-ci eurent-peur, après qu'ils eurent vu ces monstres terribles.

Et ils se tinrent dans le vestibule de la déesse à-la-belle-chevelure; et ils entendaient Circé au dedans chantant d'une belle voix, parcourant (travaillant à) une toile grande, divine, telle que sont les travaux et fins et gracieux et brillants des déesses.

Et Politès, chef de guerriers, qui était pour moi le plus cher et le plus respecté des compagnons, commença à eux ce discours : « 0 amis, « car au dedans quelqu'une

« lais une- toile immense et fait entendre ces chants délicieux dont « tout retentit alentour; mais appelons sans retard. »

« Il dit; tous appellent à haute voix. Circé sort aussitôt, ouvre les portes brillantes et les invite à entrer ; ils la suivent avec imprudence; Euryloque seul reste en arrière, soupçonnant quelque piège.

Elle les introduit et les fait asseoir sur des pliants et sur des sièges; puis elle mélange pour eux dans le vin de Pramne du fromage, de la farine et du miel nouveau; elle ajoute à ce mets des charmes funestes, afin de leur faire oublier la terre de la patrie. Dès qu'ils ont bu le breuvage qu'elle leur présente, elle les frappe de sa baguette et les pousse dans l'étable des pourceaux. Ils en ont la tête, la voix, les poils, tout le corps, mais leur intelligence conserve sa force comme auparavant. Elle les enferme malgré leurs larmes, et jette

« parcourant ( travaillant à) « une grande toile « chante un beau chant « (et tout le sol en retentit) -cc ou déesse ou femme ; « mais crions bien-vite. »

« Il parla donc ainsi ; et ceux-ci criaient en appelant.

Et celle-ci étant sortie aussitôt ouvrit les portes brillantes et les appela; et tous ceux-ci ensemble la suivirent avec imprudence ; mais Euryloque resta-en-arricre, ayant soupçonné être (que c'était) Et les ayant fait-entrer [un piége.

elle les fit-asseoir sur et des pliants et des sièges; et elle mélangea à eux et du fromage et de la farine et du miel frais dans du vin de-Pramne; et elle mêla au mets des préparations funestes, afin qu'ils oubliassent entièrement la terre de-la-patrie.

Mais après que et elle leur eut donné et ils eurent bu, aussitôt ensuite les ayant frappés d'une baguette elle les enferma dans des étables-à-porcs.

Et ceux-ci avaient à la vérité des têtes et une voix et des soies et un corps de pourceaux, mais leur intelligence était ferme, comme auparavant. [més; Ainsi ceux-ci pleurant furent enferet Circé jeta à eux des faines et des glands devant eux pour aliments les glands, les faines et le fruit du cornouiller, mets habituels des pourceaux qui couchent sur la terre.

a Euryloque revint en toute liâte vers le rapide et noir navire, pour nous annoncer le triste sort de nos compagnons. Malgré ses efforts , il ne pouvait prononcer une seule parole, mais son âme était percée d'une vive souffrance; ses yeux se remplissaient de larmes, et son cœur ne songeait qu'à gémir. Enfin, lorsque dans notre surprise nous l'eûmes tous interrogé, il nous raconta le malheur de nos autres compagnons : « Nous avions traversé la forêt de chênes ainsi que tu nous l'avais « ordonné, noble Ulysse. Nous trouvons dans une vallée un beau paa lais bâti en pierres polies, sur un tertre élevé. Là une déesse ou « une femme, tissant une toile immense, faisait entendre des chants « mélodieux; nos compagnons l'appellent à haute voix. Elle sort auscc sitôt, ouvre les portes brillantes et nous invite à entrer; tous lasui- et le fruit du cornouiller pour manger, aliments tels que les pourceaux qui-couchent-sur-la-terre en mangent toujours.

« Et aussitôt Euryloque vint vers le vaisseau rapide et noir, devant dire la nouvelle des (au sujet des) compagnons et leur destin amer.

Et il ne pouvait pas prononcer quelque parole, quoique le désirant, frappé au cœurù'une grande douleur; et les deux-yeux à lui se remplissaient de larmes, et soncœur Songeait au gémissement.

Mais lorsque donc tous [ment lui nous eûmes regardé-avec-étonnel'interrogeant, aussi alors il nous raconta la perte des autres compagnons : (c Nous sommes allés, « comme tu ordonnais, « à travers les bois-de-chênes, « illustre Ulysse ; « nous avons trouvé dans une vallée a un beau palais « bâti de pierres polies, « dans un endroit bien-en-vue.

Cl Et là quelqu'une [grande toile « parcourant ( travaillant à ) une « cli an tait harmonieusement, a ou déesse ou femme ; a et ceux-ci (nos compagnons) « criaient en appelant.

« Et celle-ci étant sortie aussitôt a ouvrit les portes brillantes « et nous appela ; [rent « et tous ceux-là ensemble la suivi-

« vent avec imprudence ; moi seul je reste en arrière, soupçonnaht CC quelque piège. Tous alors ont disparu, nul d'entre eux ne s'est « montré depuis, et je suis resté longtemps assis à les attendre, a « Il dit; pour moi, je suspendis à mes épaules ma grande épée d'airain aux clous d'argent, je pris mon arc, et je lui ordonnai de me conduire sans retard par le même chemin. Mais lui, embrassant mes genoux de ses deux mains, il me suppliait et m'adressait en gémissant ces paroles ailées : « Fils de Jupiter,, ne m'entraîne pas là-bas malgré moi, mais cc laisse-moi ici ; car je sais que tu ne reviendras pas et que tu ne ramècc lieras aucun de nos compagnons; mais fuyons au plus vite avec « ceux qui sont ici : nous pouvons encore éviter le jour fuueste. » « 11 dit, et je lui répondis en ces termes : a Euryloque, reste donc

« avec imprudence ; « mais moi je restai-en-arrière, « ayant soupçonné 4 être (que c'était) un piège.

«Et ceux-ci en-masse à la fois « disparurent, , « et aucun d'eux ne reparut ; « et étant assis cej'ai attendu longtemps. »

o Il dit ainsi; mais moi je mis autour de mes épaules mon épée à-clous-d'argent, grande, d'-airain, et autour de mes épaules mon arc; et aussitôt j'engageai lui à me conduire par le même chemin.

Mais celui-ci m'ayant pris par les genoux avec ses deux mains me-snppliait; et se lamentant il disail-à moi ces paroles ailées : « Nourrisson-de-Jupiter, « ne mène pas là-bas moi « ne-voulant-pas, « mais laisse-moi ici ; « car je sais [pas a que et toi-même tu ne reviendras « et tu ne ramèneras pas « quelque autre de tes compagnons; « mais fuyons bien-vite « avec ceux-ci : « car nous pourrions éviter encore CI un jour funeste. »

« Il dit ainsi ; mais moi répondant je dis à lui : « Euryloque, eh bien donc toi c reste ici dans cet endroit,

« en cet endroit, buvant et mangeant près du profond et noir na« vire; pour moi, j'irai, car la puissante nécessité m'y pousse. >• a A ces mots, je m'éloignai du vaisseau et de la mer. Traversant la sainte vallée , j'allais arriver à la grande demeure de l'enchanteresse Circé, quand Mercure à la verge d'or s'offrit à moi, au moment où je me dirigeais vers le palais, sous la forme d'un jeune homme dont le visage se couvre d'un premier duvet et a toute la grâce de la jeunesse ; il me prit la main et m'adressa ces mots : c Où vas-tu malheureux, seul sur ces hauteurs, dans un pays que « tu ne connais pas ? Tes compagnons sont renfermés dans le palais « de Circé, et, comme des pourceaux, habitent une étable obscure.

« Viens-tu pour les délivrer? Je ne pense pas que tu puisses toi« même t'en retourner, mais tu y resteras avec eux. Cependant je te « délivrerai de ce malheur, je te sauverai; tiens, va dans le palais de

« mangeant et buvant, tl près du vaisseau creux etnoir; « mais moi j'irai : « car une nécessité puissante « a été (est) à moi. » - « Ayant dit ainsi je montai d'auprès du vaisseau et de la mer.

Mais lorsque déjà donc [sacrées m'étant avancé à travers les vallées j'étais-sur-le-point d'arriver à la grande demeure de Circé aux-nombreux-breuvages, là Mercure à-la-verge-d'or s'offrit à moi qui allais vers la demeure, ressemblant à un homme jeune, à-qui-la-barbe-pousse pour-la-première-fois dont la jeunesse est très-gracieuse ; et il s'attacha donc à la main à moi, et dit une parole, et prononça ces mots: « Mais où donc de nouveau, « ô infortuné, « vas-tu seul par les hauteurs, a étant ignorant de la contrée ?

« etles compagnons à toi qui-sont-ici « sont renfermés dans la demeure de a comme des pourceaux, [Circé, cc ayant (habitant) « des tanières pressées (ombragées).

« Est-ce que tu viens ici a devant délivrer ceux-ci ?

«je dis (pense) pas même toi-même « ne devoir revenir, « mais tu resteras là « où les autres sont restés.

« Mais allons déjà «je délivrerai toi des maux <> et te sauverai ;

« Circé en tenant cette plante salutaire qui détournera de ta tête le « jour funeste. Je te ferai connaître tous les pernicieux desseins de Circé.

Il Elle te préparera un breuvage et y mêlera des sucs magiques; mais « elle ne pourra te charmer, car la plante salutaire que je vais te don« nernele permettra point. Je te dirai tout. Quand Circé t'aura frappé « de sa longue baguette, tire du fourreau ton épée tranchante, et « jette-toi sur elle comme si tu voulais la tuer. Saisie d'épouvante, elle « t'invitera à partager sa couche ; garde-toi bien de refuser le lit de « la déesse, si tu veux qu'elle délivre tes compagnons et qu'elle t'acIl cueille toi-même. Mais fais-lui jurer par le redoutable serment des « bienheureux qu'elle ne te prépare point quelque nouveau malheur, « afin qu'une fois dépouillé de tes armes elle ne t'enlève pas le court rage et la vigueur. »

« Ayant ainsi parlé, le meurtrier d'Argus me donna une plante qu'il

« tiens, ayant cette plante salutaire « qui pourrait détourner de la tête à « un jour funeste, [toi et va dans les demeures de Circé.

« Et je dirai à toi « tous les desseins pernicieux « de Circé.

a Elle préparera à toi un mélange, a et jettera des poisons dans ce mets ; e mais pas même ainsi « elle ne pourra ensorceler toi; o car la plante salutaire a que je donnerai à toi a ne le permettra pas; » et je te dirai chaque those.

« Lorsque Circé aura frappé toi « avec sa baguette très-longue, « eh bien alors toi « ayant tiré du-long-de ta cuisse « ton épée pointue « élance-toi-contre Circé, « comme voulant la tuer.

a Mais celle-ci ayant craint toi « t'invitera à reposer près d'elle; « là ensuite toi « songe à ne pas refuser a la couche de la déesse, « afin que et elle délivre à toi « tes compagnons

« et elle prenne-soin de toi-même ; mais à engager elle « à jurer le grand serment c des bienheureux, [même a de ne pas devoir méditer contre toi« quelque autre dommage funeste, a de peur qu'elle ne rende lâche a et sans-énergie « toi dépouillé de tes armes. »

« Ayant parlé donc ainsi le meui trier-d'Argus arracha de terre et dont il m'enseigna la nature. Sa racine était noire, et sa fleur blanche comme du lait; les dieux l'appellent moly, et il est difficile aux mortels de la cueillir, mais les dieux sont tout-puissants.

« Mercure alors s'en alla vers les hauteurs de l'Olympe en traversant l'île boisée; pour moi, je me dirigeai vers le palais de Circé, et tout en marchant j'agitais mille pensées dans mon cœur. Je m'arrêtai à la porte de la déesse à la belle chevelure, et je poussai un cri; la déesse entendit ma \oix. Elle sortit aussitôt, ouvrit les portes brillantes et m'invita à entrer; je la suivis, l'âme pleine de tristesse.

Après m'avoir introduit, elle me fit asseoir sur un beau siège à clous d'argent, travaillé avec art, et mit un escabeau sous mes pieds; puis elle apprêta un breuvage dans une coupe d'or pour me le faire boire, et y mêla un charme, roulant dans son cœur des pensées funestes. Dès que j'eus bu le breuvage qu'elle me présentait, et dont le me donna la plante, l'ayant tirée (arrachée) de terre, et montra à moi la nature d'elle.

Elle était noire à la racine, mais semblable à du lait par la fleur; et les dieux appellent elle moly; et elle est difficile à déraciner dumoins pourdes hommes mortels; mais les dieux peuvent toutes choses.

« Ensuite Mercure s'en alla vers le haut Olympe à travers l'île boisée ; et moi j'allai vers les demeures de Circé ; et le cœur à moi marchant agitait-profondément beaucoup de -pensées.

Et je me tins aux portes de la déesse à-la-belle-chevelure ; me tenant là je criai, et la déesse entendit la voix de moi.

Et celle-ci étant sortie aussitôt ouvrit les portes brillantes et m'appela ; mais moi je la suivis, affligé en mon cœur.

Et ayant fait-entrer moi elle me fit-asseoir sur un siège à-clous-d'argent, beau, artistement-travaillé ; et un escabeau était sous mespieds; et elle prépara à moi un mélange dans une coupe d'-or, afin que je le busse ; et elle jeta un breuvage dedans, ayant-des-pensées funestes dans son cœur.

Mais après et qu'elle me l'eut donné et que je l'eus bu, et qu'il n'eut pas ensorcelé moi, charme fut impuissant contre moi, elle me frappa de sa baguette et prononça ces mots : « Va maintenant à l'étable, et couche-toi à côté de tes comer pagnons. » « Elle dit; mais tirant du fourreau mon épée tranchante, je me jetai sur Circé comme si j'eusse voulu la tuer. Elle poussa un grand cri, courut vers moi, me prit les genoux , et m'adressa en gémissant ces paroles ailées : « Qui es-tu? où sont ta patrie et tes parents? Je suis saisie d'étonc uement de voir que ce breuvage ne t'a point charmé. Kul autre « homme jusqu'à ce jour n'a pu résister à mes philtres, une fois qu'il o les a bus et qu'il y a mouillé ses lèvres. Mais ta poitrine renferme « un cœur indomptable. Es-tu donc cet artificieux Ulysse que le dieu « à la verge d'or, le meurtrier d'Argus, m'a annoncé tant de fois, diCI sant qu'il viendrait ici, à son retour de Troie, sur un lapide et noir « navire? Allons, remets ton épée au fourreau, et reposons ensemble m'ayant frappé de sa baguette et elle dit une parole (parla) et prononça ces mots : « Va maintenant, « va-coucher à l'étable-à-porcs « avec les autres, tes compagnons. M « Elle dit ainsi ; [cuisse mais moi ayant tiré du-long-de ma mon épée pointue je m'élançai-contre Circé, comme voulant la tuer.

Mais celle-ci criant grandement accourut vers moi et meprit par les genoux, et se lamentant dit-à moi ces paroles ailées : Cl Qui et d'où des hommes es-tu ?

« où sontk toi une ville et des parents?

« l'admiration possède moi, « en voyant comment ayant bu ces « tu n'as pas été charmé, [breuvages « Car pas un autre homme a qui les ait bus « et les ait fait-passer-au-delà « de la barrière de ses dents c pour-la-première-fois, « n'a supporté ces breuvages, [mer « Mais un esprit qu'on-ne-peut-char« est à toi dans ta poitrine.

« Assurément tu es Ulysse a fertile-en-expédients, a que le meurtrier-d'Argus « à-la-verge-d'or c disait toujours à moi devoir venir, « revenant de Troie cc avec un vaisseau rapide et noir.

« Eh bien allons maintenant amets ton épée au fourreau, « et nous-deux ensuite « montons-sur notre couche,

« sur cette couche, afin que les caresses de l'amour nous inspirent * une mutuelle confiance. » « Elle dit, et je pris la parole à mon tour : « 0 Circé, comment « m'ordonnes-tu d'être doux pour toi, quand dans ton palais tu c as fait de mes compagnons des pourceaux, quand tu me retiens « moi-môme ici, et que d'un cœur perfide tu m'invites à entrer dans « ton appartement et à reposer sur ta couche, afin qu'une fois dé« pouillé de mes armes, tu m'enlèves le courage et la vigueur? Non, < je ne consentirai point à prendre place dans ton lit, à moins que « tu ne daignes, ô déesse, jurer par un serment redoutable que tu « ne me prépares point quelque nouveau malheur. Il « Je parlai ainsi, et elle fit aussitôt le serment que j'exigeais d'elle.

Dès qu'elle l'eut prononcé, je montai sur la couche superbe de Circé.

« Cependant quatre servantes, qui exécutaient ses ordres dans sa demeure, s'empressaient dans le palais. Elles étaient filles des fon-

« afin que nous étant unis « par la couche et la tendresse « nous ayons-confiance « l'un en l'autre. »

a Elle dit ainsi ; mais moi répondant je dis-à elle : a 0 Circé, « comment donc invites-tu mol « à être doux pour toi ?

« toi qui as fait à moi mes compagnons a des pourceaux dans ton palais ; « et ayant moi-même ici, « méditant-des-ruses « tu m'invites et à aller vers ton lit c et à monter-sur ta couche, « afin que tu rendes lâche « et sans-énergie « moi dépouillé de mes armes.

« Maisje ne voudrais pas « monter-sur ta couche, «si tu n'endurais pas du moins, « déesse, « de jurer à moi « un grand serment, [moi-même « de ne pas devoir méditer contre a quelque autre dommage funeste..

« Je dis ainsi ; et celle-ci jura-que-non aussitôt, comme je l'y invitais.

Mais après que donc et elle eut juré et elle eut achevé le serment, aussi alors moi je montai-sur la couche très-belle de Circé.

a Et pendant-ce-temps donc quatre servantes, [elle qui sont remplissant-des-fonctionsà dans la demeure, s'empressaient dans le palais.

taines, des bois et des fleuves sacrés qui mêlent leurs eaux à la mer.

L'une étendait sur des sièges de beaux tapis de pourpre qui recouvraient des tissus de lin; une autre disposait devant les sièges des tables d'argent sur lesquelles elle plaçait des corbeilles d'or; la troisième mélangeait dans un cratère d'argent un vin doux comme du miel, et distribuait des coupes d'or; la dernière apportait de l'eau, puis allumait un grand feu sous un immense trépied, où cette eau s'échauffait. Quand elle eut frémi dans l'airain brillant, la nymphe me fit entrer dans une baignoire et, puisant l'onde douce sur le grand trépied, elle melavala tête et les épaules, jusqu'à ce qu'elle eût ôté à mes membres la fatigue qui les accablait. Quand elle m'eut baigné et parfumé d'essences onctueuses. elle me revêtit d'un beau manteau et d'une tunique; puis elle m'introduisit, me fit asseoir sur un beau siége à clous d'argent, travaillé avec art, et mit un escabeau sous Mais celles-ci donc sont nées et des sources et des bois, et des fleuves sacrés qui coulent dans la mer.

Desquelles l'une jetait sur les sièges de beaux tapis de-pourpre par-dessus, et par-dessous jetait du linge; et la seconde étendait-devant les sièges des tables d' -argent, et mettait sur elles (sur les tables; des corbeilles d' -or; et la troisième mélangeait un vin doux et délicieux dans un cratère d'-argent, et distribuait des coupes d'-or; et la quatrième apportait de l'eau, et allumait un grand feu sous un grand trépied ; et l'eau s'échauffait.

Mais après que l'eau eut chauffé dans l'airain brillant, [baignoire, m'ayant fait-entrer donc dans une y ayant versé cette eau agréable du grand trépied, elle me lava sur et la tête et les épaules, jusqu'à ce qu'elle eût enlevé des membres à moi la fatigue qui-ronge-le-cœur.

Mais après que et elle m'eut baigné et elle m'eutoint grassementd'huile, elle mit alors autour de moi un beau linge et une tunique; et ayant fait-entrer moi elle me fit-asseoir sur un siège à-clous-d'argent, beau, artistement-travaillé; et un escabeau était sous mes pieds.

mes pieds. Une servante vint répandre l'eau d'une belle aiguière d'or sur un bassin d'argent pour faire les ablutions, et plaça devant moi une table polie. L'intendante vénérable apporta le pain et le déposa sur la table avec des mets nombreux, servant tous ceux qu'elle avait en réserve. Alors la déesse m'invita à manger; mais cela ne plaisait point à mon cœur; je demeurai assis, occupé d'autres pensées, et mon âme ne prévoyait qu'infortunes.

Quand Circé vit que je restais assis sans étendre les mains vers la table, et que j'étais saisi d'une violente douleur, elle s'approcha de moi et m'adressa ces paroles ailées : c Ulysse, pourquoi restes-tu ainsi, semblable à un homme sans voix ?

« pourquoi ronges-tu ton cœur, et ne touches-tu ni à la nourriture « ni à la boisson? Sans doute tu soupçonnes quelque piège; mais tu « n'as rien à craindre; car je t'ai déjà fait un serment redoutable. - Et une servante versa en l'apportant de l'eau-pour-ablution d'une aiguière belle, d'-or, au-dessus d'un bassin d'-argent, pour me laver; et elle étendit (plaça) auprès une table polie.

Et une intendante vénérable plaça-auprès de moi du pain en l'apportant, ayant mis-sur la table des mets nombreux, me gratifiant [gardés).

des mets qui étaient-là (qu'on avait Et elle (Circé) m'engageait à manger; mais cela ne plaisait pas à mon cœur; mais j'étais assis pensant-à-autre-chose, et mon cœur prévoyait des maux.

a Mais quand Circé vit moi assis, etnejetant (n'étendant) pas les mains vers la nourriture, mais moi ayant une douleur violente, se tenant auprès de moi elle me dit ces paroles ailées : « Pourquoi, Ulysse, « es-tu assis donc ainsi « semblable à un homme sans-voix, « rongeant ton cœur, a et ne touches-tu pas à la nourriture a ni à la boisson?

« Assurément peut-être « tu soupçonnes « quelque autre ruse ; « mais il ne faut pas [quelque chose ; « toi craindre (que tu craignes) en « car déjà j'ai juré à toi « un serinent puissant. »

« Elle dit, et je répondis ainsi : « 0 Circé, quel homme juste voue drait se rassasier de nourriture et de boisson avant d'avoir délivré e ses compagnons et de les voir devant ses yeux? Si tu m'invites de « bon cœur à manger et à boire, délivre-les, afin que je voie de mes fi yeux mes compagnons bien-aimés. »

« Je dis; Circé traversa le palais, tenant en main sa baguette, et ouvrit les portes de l'étable, puis elle en fit sortir mes compagnons, qui ressemblaient à des porcs de neuf ans. Ils s'arrêtèrent devant nous; la déesse, allant de l'un à l'autre, les frotta tour à tour d'un autre philtre. Aussitôt les poils qu'avait fait pousser le breuvage funeste offert par l'auguste Circé tombèrent de leurs membres, et ils redevinrent hommes, mais plus jeunes, plus beaux et plus grands qu'ils n'étaient auparavant. Ils me reconnurent et chacun d'eux me prit les mains. De douces larmes mouillèrent tous les yeux el le pa-

« Elle dit ainsi; mais moi répondant je dis-à elle : « 0 Circé, quel homme en effet, a qui serait juste, « endurerait de goûter auparavant « à la nourriture et à la boisson, « avant d'avoir délivré a ses compagnons « et deles-avoir vus devant ses yeux?

  • Mais si donc [cœur) « tu m'invites Bienveillante (de bon « à boire et à manger, « délivre-les, « afin que je voie de mes yeux « mes compagnons très-aimés. »

« Je dis ainsi ; et Circé traversa pour sortir du palais, ayant sa baguette dans sa main, et ouvrit les portes de l'étable-à-porcs, et fit-sortir mes compagnons ressemblant à des porcs de-neuf-ans.

Ceux-ci ensuite se tinrent en-face ; et celle-ci allant à travers eux appliquait-sur chacun une autre drogue.

Et les soies, qu'avait fait-pousser auparavant le breuvage pernicieux que l'auguste Circé avait donné à eux, tombaient des membres de ceux-ci ; et soudain ils devinrent hommes plus jeunes qu'ils n'étaient auparaet heaucoup plus beaux [vanl et plus grands à voir.

Et ceux-là reconnurent moi, et s'attachèrent chacun à mes mains.

Et des larmes agréables (de bonheur) lais retentit bruyamment de nos cris; la déesse elle même fut émue de pitié, et, se tenant auprès de moi, la divine Circé me parla ainsi : « Noble fils de Laërte, ingénieux rlysse, va maintenant au bord « de la mer, près de ton rapide navire; tirez votre vaisseau sur la « terre, cachez dans des grottes vos richesses et tous vos agrès, puis « reviens sans retard et amène tes compagnons bien-aimés. »

« Elle dit, et mon cœur généreux fut persuadé. Je me rendis au bord de la mer, vers mon rapide navire; je trouvai auprès du vaisseau mes compagnons bien-aimés, qui poussaient de pitoyables gémissements et versaient des torrents de larmes. Lorsque des génisses, pirquées au milieu d'un champ, voient revenir rassasiées d'herbe les vaches qui étaient allées en troupe au pâturage, elles bondissent toutes à la fois à leur rencontre; les barrières ne les arrêtent plus, mais elles courent en mugissant autour de leurs mères: se glissèrent dans tous, et la demeure tout-autour retentissait terriblemen t(fortcmen t); et la déesse aussi elle-même avait-pitié.

Et celle-ci divine entre les déesses s'étant tenue auprès de moi me dit : « Noble fils-de-Laërte, « Ulysse fertile-en-inventions, « va maintenant a. vers le vaisseau rapide « et le bord de la mer ; « tout-d'abord donc « tirez le vaisseau sur-la-terre-ferme, Il puis déposez dans des cavernes « vos biens et tous les agrès ; « et aussitôt songe à venir toi-même o et à amener a tes compagnons très-chers..

« Elle dit ainsi ; mais le noble cœur fut persuadé à moi.

Et je me-mis-en-marche pour aller vers le vaisseau rapide et le bord de la mer; ensuite je trouvai sur le vaisseau rapide mes compagnons très-aimés, se lamentant d'une-manière-digne-de pitié, versant des larmes abondantes.

Et comme lorsque des génisses parquées-dans-les-champs toutes ensemble bondissent à-la-rencontre autour de vaches qui-vont-en-troupe qui sont allées à l'étable, [be ; après qu'elles se sont rassasiées d'heret les barrières ne les arrêtent plus, mais mugissant ainsi, quand leurs yeux m'aperçurent, ils se mirent à fondre en larmes, et il leur semblait en leur cœur que déjà ils étaient arrivés dans leur patrie, dans la cité de l'âpre Ithaque, où ils étaient nés et avaient été nourris. Au milieu de leurs sanglots, ils m'adressaient ces paroles ailées : u Fils de Jupiter, ton retour nous cause autant de joie que si nous « étions arrivés à Ithaque, sur la terre de notre patrie ; mais racontenous la fin de nos autres compagnons. »

« Ils dirent, et je leur répondis avec de douces paroles : « Tirons cc d'abord notre vaisseau sur la terre ; cachons dans des grottes nos e richesses et tous nos agrès; puis hâlez-vous de me suivre tous, « afin que vous voyiez vos compagnons buvant et mangeant dans les « saintes demeures de Circé : car ils jouissent d'une inépuisable « abondance. » elles courent-autour de leurs mères en-troupe-serrée : ainsi ceux-là, après qu'ils eurent vu moi de leurs yeux, [mes) ; fondirent pleurant (fondirent en laret le cœur donc à ceux parut être ainsi, comme s'ils étaient arrivés dans la patrie et la ville d'eux de l'âpre Ithaque, où ils avaient été nourris et ils étaient nés ; et sanglotant [lées ils adressèrent-à moi ces paroles ai« Nourrisson-de-Jupiter, « nous nous sommes réjouis ainsi « de toi étant revenu,« comme si nous étions arrivés < dans Ithaque « notre terre patrie ; « mais allons,« raconte-nous la perte « des autres compagnons. »

"Ils dirent ainsi; mais moi je dis-à eux avec de douces paroles : « Tout-d'abord donc « tirons le vaisseau « sur-la-terre-ferme, « puis déposons dans des cavernes « nos biens et tous les agrès ; « et vous-mêmes hâtez-vous, « afin que tous ensemble a vous suiviez moi, [gnons « afin que vous voyiez vos compati buvant et mangeant « dans les saintes demeures de Circé; a car ils ont des repas « perpétuellement. »

« Je dis, et aussitôt ils obéirent à mes paroles; Euryloque seul cherchait à retenir tous mes compagnons, et leur adressait ces paroles ailées : « Insensés, où allons-nous? Pourquoi désirer notre perte en nous « rendant au palais de Circé? Elle fera de nous tous des pourceaux, « ou des loups, ou des lions, pour nous forcer de garder sa vaste « demeure. Ainsi nous a traités le Cyclope, quand nos compagnons « ont pénétré dans son antre, suivis de l'audacieux Ulysse; car c'est « par l'imprudence de cet homme qu'ils ont péri. » « Il dit, et je délibérai dans mon cœur si, tirant ma grande épée du long de ma cuisse robuste , je lui trancherais la téte et la ferais rouler à terre, bien qu'il fût mon proche parent ; mais de tous côtés mes compagnons me retenaient par de caressantes paroles :

« Je dis ainsi ; et ceux-ci aussitôt obéirent à mes paroles ; mais Euryloque seul retenait à moi tous les compagnons; et ayant parlé il dit-à eux ces paroles ailées: « Ah ! malheureux, où allons-nous?

  • pourquoi souhaitez-vous « ces malheurs, « de descendre a dans le palais de Circé ?

« qui pourra faire de nous tous < ou des sangliers ou des loups « ou des lions, « qui gardions (pour garder) à elle « sa grande demeure « aussi par contrainte.

« Comme a fait le Cyclope, « quand nos compagnons « sont allés à l'étable à lui, « et que le hardi Ulysse « a suivi avec eux (les a accompagnés); « car aussi ceux-là ont péri « par l'imprudence « de celui-ci (d'Ulysse). » « Il dit ainsi ; mais moi je délibérai dans mon esprit, ayant tiré mon épée à-longue-pointe du-long-de ma cuisse épaisse, ayant coupé à lui la tête avec elle de la jeter contre le sol, quoique étant mon parent tout à fait de près; mais mes compagnons l'un d'un côté l'autre d'un-autre-côté retenaient moi par des paroles douces:

« Noble Ulysse, si tu y consens, nous le laisserons en cet endroit « pour garder le vaisseau; guide-nous vers la sainte demeure de « Circé. » « En disant ces mots, ils s'éloignaient du vaisseau et de la mer.

Euryloque lui-même ne resta pas près du profond navire, mais il nous suivit ; car ma terrible menace l'avait épouvanté.

« Cependant Circé baignait avec soin dans sa demeure mes autres compagnons et les parfumait d'essences onctueuses ; puis elle les revêtit de tuniques et de manteaux moelleux, et nous les trouvâmes tous dans le palais assis à un festin superbe. Après s'être reconnus les uns les autres et s'être informés de tout, ils pleurèrent, et le palais retentit de leurs gémissements. Mais la divine Circé s'approcha de moi et me dit : « Noble fils de Laërte, ingénieux Ulysse, ne versez plus ainsi des « torrents de larmes ; je n'ignore pas tous les maux que vousavez en-

« Noble Ulysse, « si tu l'ordonnes, « nous laisserons celui-ci « et rester ici auprès du vaisseau « et garder le vaisseau ; « mais guide-nous • vers les saintes demeures de Circé. »

a Ayant dit ainsi [seau ils montèrent en s'eloignant du vaiset de la mer.

Et Euryloque non plus ne fut pas laissé (ne resta pas) auprès du vaisseau creux, mais il suivit ; car il avait craint ma menace terrible.

4 Et pendant-ce-temps Circé et baigna avec-soin dans sa demeure les autres compagnons et les oignit grassement d'huile; et donc elle jeta autour d'eux des manteaux moelleux et des tuniques; et nous les trouvâmes tous festinant bien dans le palais.

Et après que ceux-ci se furent vus les uns les autres et eurent examiné toutes choses, ils pleuraient se lamentant, [tour.

et la demeure retentissait tout-auEt celle-ci divine entre les déesses s'étant tenue auprès de moi me dit : cc Noble fils-de-Laërle, « Ulysse fertile-en-inv entions, a n'élevez (ne poussez) plus mainte« des gémissements abondants; [nant « je sais aussi moi-même « etcombien de douleurs « vous avez souffertes

« durés sur la mer poissonneuse et ce que de cruels ennemis vous ont « fait souffrir sur terre. Mais venez, mangez de ces mets, buvez de « ce vin, jusqu'à ce que soit rentré dans votre âme le courage qui « vous animait lorsque jadis vous vous éloignâtes de la terre de la « patrie, de l'âpre Ithaque. Aujourd'hui, vous êtes sans force et sans «énergie, car vous songez toujours à vos courses pénibles; von tre cœur n'est jamais à la joie, parce que vous avez supporté bien « des souffrances. »

« Elle dit, et notre noble cœur fut persuadé. Nous restâmes dans son palais pendant une année entière, savourant des mets abondants et un vin délicieux. Mais quand l'année se fut écoulée et que les saisons eurent fait leur révolution, que les mois en se consumant tour à tour eurent mené à terme ces longues journées, mes compagnons bien-aimés m'appelèrent auprès d'eux et me dirent : « Divin Ulysse, souviens-toi enfin de la terre de la patrie, puisque

« sur la mer poissonneuse, « et combien des hommes ennemis a vous ont fait-de-maux sur terre.

c Mais allons, a mangez de la nourriture « et buvez du vin, « jusqu'à ce que de nouveau « vous ayez pris dans vos poitrines « un courage tel « que celui que vous aviez « lorsque tout-d'abord vous quittiez « la terre patrie « de l'âpre Ithaque ; « mais maintenant [rage, « vous êtes sans-forces et sans-cou- « vous souvenant toujours (l de vos courses pénibles ; « et jamais le cœur à vous * n'est dans la joie, « parce que vous avez souffert « des maux tout à fait nombreux. » « Elle dit ainsi ; et de nouveau le noble cœur fut persuadé à nous.

Nous restlmes assis (séjournâmes) là pendant tous les jours jusqu'à une année entière, nous régalant et de viandes infinies (abondantes) et de vin-pur doux; mais lorsque déjà donc une année fut écoulée, [révolution, et que les heures eurent fait-leurles mois se consumant, et que de longs jours eurent été accomplis, aussi alors ayant appelé moi mes compagnons très-aimés dirent : « Homme étonnant, t souviens-toi déjà maintenant

» le destin veut que tu sois sauvé et que tu rentres dans ta haute demeure et sur le sol d'Itliaque. » « Ils parlèrent ainsi, et mon cœur généreux fut persuadé. Durant tout le jour, jusqu'au coucher du soleil, nous restâmes assis, savourant des mets abondants et un vin délicieux. Quand le soleil se coucha et que la nuit fut venue, mes compagnons allèrent reposer dans le palais ombragé.

e Pour moi, dès que je fus entré dans la couche magnifique de Circé, je la suppliai en embrassant ses genoux, et la déesse entendit ma voix; je lui adressai donc ces paroles ailées: « Circé, tiens la promesse que tu m'as faite de me renvoyer dans « ma demeure ; mon âme est impatiente comme celle de mes com« pagnons, qui affligent mon cœur en gémissant autour de moi quand « lu es loin de nous. » « Je dis, et la divine Circé me répondit : « Noble fils de Laërte, e de la terre patrie, « s'il est marqué-par-lé-destin à toi « d'être sauvé et d'arriver « dans ta demeure au-toit-élevé « et dans ta terre patrie. »

« Ils dirent ainsi ; mais le noble cœur fut persuadé à moi.

Ainsi alors tout le jour jusqu'au soleil couchant nous fûmes assis [(abondantes) nous régalant et de viandes infinies et de vin-pur doux.

Mais quand le soleil se coucha et que l'obscurité survint, ceux-ci s'endormirent dans le palais ombragé.

« Mais moi étant monté sur la couche très-belle de Circé, je la suppliai en la prenant par les genoux, et la déesse entendit la voix de moi; et ayant parlé j'adressai-à elle ces paroles ailées : II 0 Circé, a accomplis pour moi la promesse « que tu as promise (faite), « de me renvoyer dans ma demeure ; « et le cœur a s'est élancé (désire) à moi déjà, « et aussi celui a des autres compagnons « qui consument le cœurchéri de moi, « se lamentant autour de moi, « quand tu es quelque-part à l'écart.» « Je dis ainsi ; et celle-ci divine entre les déesses répondit aussitôt : « Noble fils-de-Laërte, - « Ulysse fertile-en-inventions,

« ingénieux Ulysse, ne restez pas plus longtemps malgré vous dans « ma demeure; mais il faut que tu accomplisses d'abord un autre < voyage et que tu te rendes dans le palais de Pluton et de l'auguste « Proserpine pour consulter l'âme du Tliébain Tirésias, devin aveuli gle, dont l'intelligence a gardé toute sa force ; à lui seul, bien qu'il « soit mort, Proserpine a donné la sagesse ; les autres voltigent « comme des ombres vaines. »

« Telles furent ses paroles, et mon cœur se brisa ; je pleurais assis sur sa couche, et mon âme ne voulait plus vivre ni voir la lumière du soleil. Cependant, quand j'eus assez pleuré en me roulant de désespoir, je lui répondis en ces mots : « 0 Circé, qui donc me guidera dans ce voyage? Nul encore n'a « pénétré cliez Pluton sur un noir vaisseau. « Je dis, et la divine Circé me répondit: * Noble fils de Laërte,

« ne restez plus maintenant « ne - îe-voulanl-pas (contre votre a dans ma demeure ; [gré) a mais il faut d'abord « vous accomplir un autre voyage « et arriver dans les demeures a de Plulon a et de l'auguste Proserpine, a devant interroger l'âme a du Thébain Tirésias, a devin aveugle, a dont l'esprit est ferme ; a auquel même mort a Proserpine a donné l'intelligence a. pour être-sage seul ; cc mais ceux-là (les autres) « voltigent comme des ombres. ■» a Elle dit ainsi; mais le cœur chéri fut brisé à moi ; et je pleurais assis sur le lit, [core et mon cœur ne voulait plus vivre enet voir la lumière du soleil.

Mais après que je fus rassasié et pleurant et me roulant, aussi alors donc répondant avec des paroles je dis-à elle : a 0 Circé, « qui donc me guidera « dans ce voyage?

a car jamais-encore personne a n'est arrivé dans la demeure de « sur un vaisseau noir. f Pluton cc Je dis aiusi; et celle-ci divine entre les déesses répondit aussitôt : « Noble fils-ùe-Laërte, a Ulysse fertile-cn invcRtions, a ingénieux Ulysse, ne regrette pas de n'avoir point de guide sur ton « vaisseau; dresse le mât, déploie la blanche voile et demeure en repos ; « le souille de Borée conduira ton navire. Mais quand tu seras arrivé « au terme de l'Océan, à l'endroit où sur un rivage resserré se trouve « un bois de hauts peupliers et de saules stériles consacrés à Proser* pine, tire ton vaisseau sur le bord du profond Océau, et gagne « l'humide séjour de Pluton. Là le Pyriphlégéthon et le Cocyte, qui « n'est qu'un bras du Styx, coulent dans l'Acliéron; un rocher s'é« lève à l'endroit où se réunissent les deux fleuves retentissants; apa proche-toi, héros, comme je te l'ordonne, et creuse une fosse qui « ait une coudée dans tous les sens; répands sur ses bords des liba- « lions en l'honneur de tous les morls, d'abord avec de l'eau miellée, « puis avec un vin généreux, enfin avec de l'eau, et jette par-dessus une a que le désir d'un guide du moins « sur ton vaisseau « ne soit-pas-à-souci à toi ; <r mais ayant dressé ton mât a et ayant déployé les voiles blanches a songe à rester-assis; « et le souffle de Borée [à toi.

a portera celui-ci( dirigera le vaisseau) a Mais lorsque déjà a avec le vaisseau a tu seras arrivé-au-terme a à travers l'Océan, « à l'endroitoùsont et un rivage petit e et des bois-sacrés de Proserpine, « et de hauts peupliers CI et des saules stériles, « songe à faire-aborder oc ton vaisseau là, « sur l'Océan aux-gouffres-profonds, cc et toi-même à aller 01 dans la demeure humide de Pluton.

CI Là et le Pyriphlégéthon c et le Cocyte, « qui donc est un fragment (un bras) « de l'eau du Styx, « coulent dans l'Achéron ; « et il y a une roche n et la réunion de deux fleuves « très-retentissants; a et là ensuite, héros, CI t'étant approché auprès, « comme j'y invite toi, a songe à creuser une fosse, « aussi grande que d'une-coudée « ici et là (dans les deux sens); a et à verser autour d'elle « une libation pour tous les morts, « d'abord avec de l'eau-miellée, « et ensuite avec du vin doux, « la troisième fois à-son-tour

« blanche farine. Implore ensuite les ombres vaines desmorts; promets « que de retour dans Ithaque tu immoleras dans ton palais une vache « stérile, la plus belle de toutes, et que tu rempliras un bûcher d'of« frandes précieuses ; que tu sacrifieras à Tirésias en particulier un « bélier entièrement noir, remarquable parmi vos troupeaux. Quand Il tu auras adressé tes vœux aux Illustres peuplades des morts, immole « un bélier et une brebis noire en les tournant vers l'Érèbe ; mais « toi-même détourne tes regards, et étends les mains vers les eaux « du fleuve. Là viendront en foule les ombres des morts. Commande 6 à tes compagnons de dépouiller en ce moment les victimes qui se« ront étendues sur le sol, égorgées par le fer cruel, de les brùler et a d'adresser des prières aux dieux, an puissant Pluton et à l'auguste « Proserpine; toi-même, tire du fourreau ton glaive tranchant, reste

« avec de l'eau ; « et à répandre de la farine blanche.

a Et songe à supplier beaucoup a les têtes vaines des morts, « promets, étant arrivé dans Ithaque, « de sacrifier dans ton palais « une vache stérile,

« qui soit très-belle, e et de remplir un bûcher CI de bonnes choses ; « et d'immoler en particulier « à Tirësias seul el un bélier tout-noir, « qui se distingue « parmi vos brebis. prières CI Mais quand tu auras supplié par des c les nations illustres des morts, c songe à sacrifier là « une brebis mâle (un bélier) « et une femelle noire, « les ayant tournés vers l'Ërèbe, « mais toi-même « à te détourner à l'écart, Il te portant (tendant les mains) « vers le courant du fleuve.

c Et là viendront « de nombreuses âmes « de morts qui-ne-sont-plus.

« Donc alors ensuite 1: songe à exciter tes compagnons « et à les engager, « ayant écorché les bêtes, « qui donc étaient étendues c égorgées par l'airain cruel, a à les brûler, * et à faire-des-vœux aux dieux, a et au puissant Pluton « et à l'auguste Proserpine ; a et toi-même « ayant tiré du-long-de ta cuisse

« assis, et ne permets pas aux ombres des morts de s'approcher du « sang avant que tu aies interrogé Tirésias. Le devin viendra près « de toi sans retard, chef de guerriers ; il t'enseignera ta route , la « longueur du voyage, et te dira comment tu pourras accomplir ton « retour sur la mer poissonneuse. » « Elle dit, et aussitôt parut l'Aurore au trône d'or. La nymphe me revêtit d'une tunique et d'un manteau; elle se couvrit elle-même d'une longue robe légère et gracieuse, tout éclatante de blancheur, entoura ses reins d'une magnifique ceinture d'or, et mit un voile sur sa tête. Pour moi j'allai dans le palais exhorter mes compagnons, et me tenant auprès d'eux, j'adressai à chacun ces douces paroles : « Ne dormez plus maintenant, ne goûtez plus le doux sommeil; fi partons; l'auguste Circé elle-même me le conseille..

«Je dis, et leur cœur généreux fut persuadé. Cependant je ne

« ton épée pointue « songe à rester-assis, « et à ne pas laisser « les têtes vaines des morts [sang aller plus près (s'approcher) du « avant d'avoir interrogé Tirésias.

« Là aussitôt, chef de peuples, a le devin viendra à toi, c qui dira à toi la route « et les mesures du chemin « et le retour, « afin que tu ailles « sur la mer poissonneuse. Il CI Elle dit ainsi; et l'Aurore au-trône-d'or vint aussitôt.

Et elle revêtit (mit) autour de moi et un manteau et une tunique pour vêtements; et la nymphe elle-même revêtit une grande robe blanche, fine et gracieuse, et elle jeta-autour-de ses reins une ceinture belle, d'-or ; et elle mit-sur sa tête un voile.

Mais moi étant allé à travers les demeures j'exhortai mes compagnons, chaque homme, par des paroles douces-comme-miel en-me-tenant-auprès d'eux : « Ne dormez plus maintenant « un doux sommeil « étant endormis ; « mais marchons ; a car déjà l'auguste Circé « l'a conseillé à moi. » a Je dis ainsi ; et le noble cœur fut persuadé à eux.

remmenai pas sains et saufs tous nies compagnons : parmi eux se trouvait Elpénor, le plus jeune de tous, peu vaillant à la guerre et doué de peu de prudence ; loin de ses amis, dans les saintes demeures de Circé, il s'était endormi en cherchant la fraîcheur, tout appesanti par le vin; quand il entendit le tumulte et le bruit de ses compagnons qui se mettaient en mouvement, Il se leva soudain, et, dans le trouble de son esprit, au lieu de retourner sur ses pas et de gagner le long escalier, il se précipita du haut du toit; les vertèbres de son cou furent brisées, et son âme s'énvola chez Pluton. Quand les autres furent réunis, je leur tins ce discours : « Vous pensez sans dÕute aller dans vos foyers, sur le sol de notre a chère patrie ; mais Circé nous indique une autre route, elle nous * envoie dans les demeures de Pluton et de l'auguste Proserpine pour « consulter l'âme du Thébain Tirésias. > « Je dis, et leur cœur se brisa; assis sur la terre, ils pleuraient et s'arrachaient les cheveux ; mais leurs gémissements ue leur étaient d'aucun secours.

Pourtant je n'emmenai pas même de mes compagnons sans-perte. [là Mais un certain Elpénor était, le plus jeune, et pas trop brave à la guerre et pas solide dans son esprit, qui à l'écart de ses compagnons dans les saintes demeures de Circé, désirant le frais, se coucha à moi chargé-de-vin; mais ayant entendule tumulte et le bruit [mouvement, de ses compagnons se-mettant-enil s'élança soudain et oublia dans son esprit [pas, de descendre en-revenant-sur-sesétant allé vers le haut escalier ; mais il tomba du toit droit-devant; et le cou fut brisé à lui aux vertèbres, et son âme descendit dans la demeure de Pluton.

Et moi je dis ce discours à ceux-ci (mes compagnons) arrivant: « Vous pensez sans-doute aller « dans -votre demeure « dans la terre chérie de-la-patric ; « mais Circé « a indiqué à nous une autre route « vers les demeures de Pluton « et de l'auguste Proserpine, [ter « où elle nous envoie devant consul« l'âme du Thébain Tirésias. »

« Je dis ainsi ; et le cœur chéri fut brisé à ceux-ci ; et étant assis là ils pleuraient et s'arrachaient les cheveux.

Mais certes aucune utilité n'était à eux se lamentant.

« Tandis que nous allions vers le rapide navire et vers le bord de la mer, le cœur attristé, versant des torrents de larmes, Circé vint attacher auprès du sombre vaisseau un bélier et une brebis noiru ; elle s'était facilement dérobée à nos regards : et quels yeux pourraient suivre un dieu malgré lui, de quelque côté qu'il se dirige?

» Mais lorsque déjà donc nous allions affligés vers le vaisseau rapide et le bord de la mer, versant des larmes abondantes, pendant-ce-temps donc Circé étant partie attacha auprès du vaisseau noir une brebis mâle (un bélier) et une femelle noire, [#re vue ayant passé-à-côté-de nous sans facilement : car qui pourrait voir de ses yeux un dieu ne le voulant pas, allant ou ici ou là?

NOTES SUR LE DIXIÈME CHANT DE L'ODYSSÉE.

Page 82: 1. A~ioXîviv vî^ov. Pline l'Ancien, Histoire Naturelle, III, xiv : « En deçà de la Sicile se trouvent les sept îles Éoliennes, appelées aussi Liparéënnes, Héphestiades par les Grecs, Vulcanienmes par les Latins. Elles doivent leur nom à Éole, qui y régnait au teaps de-la guerre de Troie. La troisième est Strongyle : c'est là que régna Éole; elle ne diffère de Lipari que par une éruption de flammes plus éclatantes; on assure que, par l'inspection de la fumée du volcan , les habitants prédisent trois jours à l'avance les vents qui vont souffler ; de là l'opinion que les vents obéissaient à Ëole. » (Traduction de M. Littré.) — 2. nXtoTrj ÊVI ~vrjo-w. Dugas Montbel : « Homère donne à cette île l'ëpithète de flottante; du moins c'est ainsi qu'Aristarque expliquait l'adjectif ~7tXtoTYi du troisième vers ; et, quoique quelques critiques la rendaient par étant d'un facile accès, ou bien, placée dans une mer navigable, que d'autres enfin en faisaient un nom propre, la première explication a prévalu. Les anciens, en effet, ont plusieurs fois supposé qu'il existait des îles flottantes. Selon Hérodote, les Égyptiens le disaient de l'ile Chemmis. Les Grecs l'ont dit de Délos, des roches Cyanées et des roches Symplégades. Le scholiaste d'Apollonius de Rhodes explique cette opinion bizarre par l'illusion que produisent, relativement à leur position respective, deux objets vus de différents points ; de sorte que, si en les regardant on est sur la même ligne, ils paraissent se confondre, et au contraire ils paraissent fort éloignés si on les regarde de côté; enfin, en naviguant tout autour, à une certaine distance, ils semblent s'éloigner, se rapprocher et se réunir, selon le point d'où on les découvre. Cette explication me paraît fort admissible. Il faut l'appliquer aussi à ces roches nommées errantes par les dieux, et dont il est parlé au douzième chant de l'Odyssée. Les anciens n'ont jamais fait mention de ce phénomène quand il n'y avait qu'un seul rocher ou une seule île. Délos était au milieu des Cyclades, et Lipara au milieu des îles Éoliennes. »

— 3. A~ûXifl, ainsi accentué, est pour aùXiicrei, comme âvOrjv, aûÇrjv, ~p>.â(7TTr)v, représentent âvOriaiv, aû^aiv, pXà<rr»)«7iv.

Page 84 : 1. Tapiviv ~àvsjj-wv. Virgile, Énéide, I, 69 : Æole, namque libi Divum pater atque hominum rex Et inalcere dédit fluctus et tollere vento.

Page 88 : 1. Bo\A-i) Se xaxYj, etc. Ovide, Métamorphoses, XIV, 229:

Invidia soclos prsedacque cupidine ductos, Esseratos aurum, dempsisse ligamina ventis, Cum quibus isse retro per quas modo venerat undas, iEoliique ratem porlus repetisse tyranni.

Page 92 : 1. ~Aotjiou. Dugas Montbel: « Horace attribue à Lamus la fondation de Formies, maintenant Mola di Gaeta, qu'on suppose être l'ancien pays des Lestrygons. Silius Italicus a dit aussi : Regnata Lamo Caieta. C'est de lui que la famille Lamia à Rome prétendait tirer son origine. »

— 2. 'Eyyùç ylip. xéXevOoi. Vœlcker, Géographie d'Homère : « Les Lestrygons habitent une ville située sur une hauteur; or l'expérience avait appris aux Grecs que sur 'les hautes montagnes, sur l'Athos, par exemple, le soleil, pendant la nuit, ne disparaît que 'peu de temps derrière l'horizon, et que, quand les derniers feux du soir ont à peine pâli à l'occident, déjà l'aurore se montre à l'orient; ils conclurent de là que ce peuple occidental pouvait, de ses hautes demeures, assister très-longtemps au coucher du soleil, puisqu'il était, dans leurs idées, le plus près possible du soleil couchant. C'est ainsi que les voies du jour et de la nuit se touchent, et qu'un pâtre qui ne dormirait point pourrait gagner un double salaire. a » Page 94 : 1. Ayj 'tÓ't' ÈyW'l, etc. Voy. chaut X, vers 88-90.

Page 98 : 1. AT^a S' ~è^oïç tTapoiaiv, etc. Voy. chant X, vers 488 et 489.

— 2. "EvSev Se TtpoTÉpw, etc. Voy. chant X, vers 62 et 63.

Page 100 : 1. "Ev0a 'tÓ't" hôci'l'tEç, etc. Voy. chant X, vers 74 et 75.

Page 10C : 1. "Q; tôtê piév, etc. Pour ce vers et les suivants, jusqu'au vers 188, voy. chant X, vers 161, lC2, et 168-171.

Page 110 : 1. 'A~[J.qït Si (xiv MxoL Yjcrxv, etc. Virgile, Énéide, VII, 15 :

Hinc exaudiri gemitus iracque leonum.

Setigerique sues atque in pracsepibus nrsi Sacvire, ac formæ magnornm ululare luporuin; Quos hominum ex facie dea sæva potenlibus herbis lnduerat Circe in vultus ac terga ferarum.

Voyez aussi Ovide, Métamorphoses, XIV, vers 248 et suivants..

Page 124 : 1. E ~Ovîj; èniêeiofiev. De cette union naquit, selon la Fable, un fils qui reçut le nom de Télégone, et qui tua son père sans le connaître.

Page 126 : 1. Téa-crapeç. Court de Gébelhi, le Monde primitif: « Ces quatre nymphes sont les quatre saisons. La première, ou le printemps, étend un tapis admirable; la seconde, ou l'été, porte des corbeilles d'or; la troisième verse le vin; la quatrième allume du feu; et, comme pour nous donner le mot de l'énigme, le poète nous assure qu'Ulysse demeura une année dans cette Ile et n'en partit que lorsque les quatre saisons furent révolues. »

Page 130 : 1. Xépviëa 5' ~à[i<p £ iïoXoç, etc. Voy. chant I, vers 136140.

Page 138 : 1. K~ai TOrjcji TrF-p èovxi gxâXa oxeôÓv" Selon les scholiastes, Euryloque avait épousé la sœur d'Ulysse, Climène, dont il est question au XV* chant.

Page 144 : 1. flac; tôte (J.É"/, etc. Voy. vers 183-186.

Page 150 : 1. Aùto; Se Çtcpoç ô|u, etc. Dugas-Montbel : « Circé commande ici à Ulysse de tirer son glaive pour écarter les ombres qui voudraient boire le sang des victimes avant que Tirésias l'ait instruit; et, dans la suite, le héros parvient en effet à repousser les ombres. Dans Virgile, le premier mouvement d'Énée est aussi de tirer son glaive pour disperser les ombres ; mais sa docte compagne, docta cornes, l'avertit que ce sont des âmes sans corps et de vaines images.

On sent aisément la différence des deux civilisations. »

Page 152 : 1. Aùtti ~Õ' Iipyv<p&oV, etc. Voy. chant V, vers 230-232.

ARGUMENT ANALYTIQUE DU ONZIÈME CHANT DE L'ODYSSÉE.

Ulysse part de l'île d'Éa et arrive chez les Cimmériens, à l'endroit désigné par Circé; il accomplit les sacrifices prescrits par la déesse (1-50). L'ombre de son compagnon Elpénor vient la première s'entretenir avec lui ; il aperçoit sa mère Anticlée (51 -83). Tirésias lui annonce son retour dans Ithaque et lui parle d'un voyage qu'il devra entreprendre ensuite (84-137). Grâce aux indications de Tirésias, Ulysse peut s'entretenir avec sa mère (138-224). Les âmes des filles et des épouses des héros s'avancent à leur tour vers lui ; il les interroge successivement (225-332). Alcinoiis et les autres Phéaciens prient Ulysse de continuer son récit, qu'il veut abandonner pour se livrer au sommeil; le héros y consent (333-376). Agamemnon apparaît à Ulysse, lui raconte sa mort et lui donne divers conseils (317-466).

EnLretien d'Ulysse avec Achille (467-540). Ajax, interpellé par Ulysse, ne daigne pas lui répondre (541-567). Ulysse voit Minos, Orion, Tantale, Sisyphe (568-600). Hercule s'entretient avec lui (601-624). Les ombres s'approchent en foule; le héros épouvanté fuit vers son navire et met à la voile (625-640).

a Quand nous fûmes arrivés sur le rivage et près du vaisseau, nous lançâmes d'abord le navire sur la mer divine, puis nous plaçâmes sur le noir tillac le mât et les voiles; nous embarquâmes le bélier et les brebis, et nous montâmes nous-mêmes, affligés et versant des torrents de larmes. Derrière le vaisseau à la proue azurée, Circé à la belle chevclure, redoutable déesse, fit souffler un vent favorable, bon compagnon de roule, qui gonflait nos voiles. Après avoir disposé tous les agrès dans le vaisseau, nous nous assîmes; le vent et le pilote dirigeaient notre course. Pendant tout le jour, le navire HOMÈRE.

LODYSSÉE.

CHANT XI.

-

e Mais donc après que nous fûmes arrivés au vaisseau et à la mer, tout-d'abord donc nous tirâmes le vaisseau dans la mer divine, et nous plaçâmes le mât et les voiles dans le vaisseau noir ; et ayant pris les bâtes [seau, nous les fîmes-monter-sur le vaiset nous montâmes aussi nous-mêmes étant affligés, versant des larmes abondantes.

Et de-son-côté Circé à-la-belle-chevelure, déesse redoutable, douée-de-voix, envoya à nous derrière le vaisseau à-la-proue-azurée un vent favorable remplissant-les-voiles, bon compagnon.

Et nous ayant disposé-avec-travail chacun-des agrès dans le vaisseau nous nous assîmes ; mais et le vent et le pilote dirigeaient celui-ci (le vaisseau).

Et les voiles de celui-ci vogua la voile tendue; puis le soleil se coucha et toutes les routes se couvrirent de ténèbres.

a Cependant nous étions arrivés au terme du profond Océan. C'est là que se trouvent le peuple et la ville des Cimmériens, enveloppés d'une obscurité épaisse; jamais le soleil radieux ne les contemple de ses rayons, ni lorsqu'il monte dans le ciel étoilé, ni quand il redescend des cieux vers la terre ; mais une nuit funeste couvre ces mortels in fortunés. Arrivés en ces lieux, nous poussâmes le vaisseau contre le rivage, nous débarquâmes les victimes, et nous nous avançâmes nousmêmes le long du fleuve Océan jusqu'à ce que nous fussions à l'endroit que Circé nous avait indiqué.

« Là, tandis que Périmède etEuryloque tenaient les victimes, tirant du fourreau mon glaive acéré, je creusai une fosse d'une coudée dans tous les sens; je répandis sur ses bords des libations en l'honneur de tous les morts, d'abord avec de l'eau miellée, puis avec un vin géné- voguant-sur-la-mer furent tendues tout-le-jour ; et le soleil se coucha, [bres.

et tous les chemins devinrent-som« Et celui-ci (le vaisseau) arriva aux limites de l'Océan au-cours-profond.

Et là se trouvent et le peuple et la des hommes Cimmériens, [ville couverts (enveloppés) d'un brouillard et d'un nuage; et jamais le Soleil resplendissant de rayons n'aperçoit eux, ni lorsqu'il va vers le ciel étoilé, ni lorsque de nouveau il se tourne vers la terre venant du ciel; mais une nuit funeste s'étend sur ces mortels malheureux.

Étant allés nous fîmes-aborder le vaisseau là; et nous tirâmes-de-dessus les brebis; et nous-mêmes ensuite nous allâmes le-long-du courant de l'Océan, jusqu'à ce que nous arrivâmes à que Circé avait indiqué, [l'endroit « Là Périmède et Euryloque tinrent les victimes ; et moi ayant tiré du-long-de ma mon épée acérée, • [cuisse je creusai une fosse, aussi grande que d'une-coudée ici et là (dans les deux sens) ; et je versai autour d'elle une libation pour tous les morts, d'abord avec de l'eau-niielléc , et ensuite avec du vin doux.

la troisième fois à-son-lour reux, enfin avec de l'eau, et je jetai par-dessus une blanche farine.

J'implorai ensuite les ombres vaines des morts, promettant que de retour dans Ithaque j'immolerais dans mon palais une vache stérile, la plus belle de toutes, et que je remplirais un bûcher d'offrandes précieuses ; que je sacrifierais à Tirésias en particulier un bélier cntièrement noir, remarquable parmi nos troupeaux. Quand j'eus adressé mes vœux et ries prières aux peuplades des morts, je saisis les victimes et les égorgeai au-dessus de la fosse, dans laquelle coulait un sang noir; et du fond de l'Érèbe arrivaient en foule les âmes des morts: de jeunes femmes et de jeunes garçons, des vieillards accablés de misères, de tendres vierges au cœur rempli d'une récente douleur; puis une multitude de guerriers percés par des lances d'airain, immolés dans les combats et revêtus d'armes ensanglantées. Ils se pressaient de tous côtés autour de la fosse avec un bruit immense; et la pâle crainte s'emparait de moi. Alors je commandai à mes compagnons de dé- avec de l'eau; et je répandis de la farine blanche.

Et je suppliai beaucoup les têtes vaines des morts, [que, promettant, étant arrivé dans Ithade sacrifier dans mon palais une vache stérile, qui serait très-belle, [choses; et de remplir un bûcher de bonnes et d'immoler en particulier à Tirésias seul un bélier tout-noir, qui se distingue (se distinguerait) parmi nos brebis.

Et quand j'eus conjuré ceux-ci, les nations des morts, avec des vœux et des prières, ayant pris alors les brebis, je les égorgeai au-dessus de la fosse, et un sang noir coulait; et les âmes des morts trépassés se rassemblaient sortant de l'Érèbe, et jeunes-femmes et jeunes-garçons et vieillards ayant-beaùcoup-enduré, et tendres vierges, [cent; ayant le cœur affiigé-d'un-deuil-réet beaucoup d'hommes percés de lances à-pointe-d'airain , guerriers tués-dans-les-combats, ayant des armes ensanglantées; lesquels en-grand-nombre venaient-en-foule autour de la fosse l'un d'un côté, l'autre d'un-autre-côté avec une clameur immense; etla pâle crainte s'emparait de moi.

Donc alors ensuite les ayant excités j'ordonnai à mes compagnons ayant écorché les bêtes, pouiller les victimes qui étaient étendues sur le sol, égorgées par le fer cruel, de les brûler et d'adresser des prières aux dieux, au puissant Pluton et à l'auguste Proserpine; moi-même, tirant du fourreau mon glaive tranchant, je restai et ne permis pas aux ombres vaines des morts de s'approcher du sang avant que j'eusse interrogé Tirésias.

a La première qui s'avança fut l'âme de mon compagnon Elpénor; il n'avait pas encore été enseveli sous la vaste terre, mais nous avions laissé son corps dans le palais de Circé sans larmes et sans sépulture; car d'autres soins nous pressaient. Je pleurai en le voyant, mon cœur fut saisi de pitié, et je lui adressai ces paroles ailées: « Elpénor, comment es-tu descendu dans la sombre nuit? tu es « arrivé à pied plus vite que moi sur mon noir navire. »

« Je dis, ci il me répondit en gémissant : a Noble fils de Laërte, « ingénieux Ulysse , un destin cruel et l'excès du vin ont causé ma qui donc étaient étendues égorgées par l'airain cruel, de les brûler, et de faire-des-vœux aux dieux, et au puissant Pluton et à l'auguste Proserpine ; et moi-même

ayant tiré d'auprès de ma cuisse mon épée pointue je restai-assis, et je ne laissai pas les têtes vaines des morts aller plus près (s'approcher) du sang, avant d'avoir interrogé Tirésias.

« Et l'âme d'Elpénor mon compagnon vint la première ; car il n'avait pas été enseveli encore sous la terre aux-larges-voies ; car nous avions laissé dans le palais de Circé son corps non-pleuré et non-ensevcli, puisqu'un autre travail nous pressait.

Je pleurai ayant vu lui, et j'eus-pitié en mon cœur, et ayant parlé je dis-à lui ces paroles ailées : a Elpénor, comment es-tu venu « sous l'obscurité sombre?

« étant à-pied a tu es arrivé-plus-vite que moi a avec mon vaisseau noir. »

« Je dis ainsi ; et celui-ci ayant gémi répondit à moi par ce discours : cc Noble fils-de-Laërte, a Ulysse fécond-en-inventions, cc le destin funeste de la divinité « et un vin abondant « ont nui à moi ;

« perte ; couché dans le palais de Circé, je ne songeai pas à retourcc ner sur mes pas vers le haut escalier, et je tombai du faite du toit; ce les vertèbres de mon cou se brisèrent, et mon âme s'envola vers la a demeure de Pluton. Je te supplie maintenant, au nom de ceux qui « sont loin d'ici derrière toi, de ton épouse, de ton père qui a nourri oc ton enfance, de Télémaquc, le seul fils que tu aies laissé dans ton ce palais; je sais qu'en t'éloignant de ces lieux, du royaume de Plua ton, tu arrêteras dans l'ile d'Éa ton solide navire; alors, ô prince, « je t'en conjure, souviens-toi de moi; ne me laisse pas en parLant et sans larmes et sans sépulture, si tu ne veux pas que j'attire sur toi a le courroux des dieux; mais brûle mon corps avec les armes que a je portais, élève sur le bord de la blanche mer un tombeau qui apCI prenne à la postérité mon malheureux sort ; rends-moi ces derniers

«et m'étant couché « dans le palais de Circé « je ne songeai pas [pas, « à descendre en-revenant-sur-mes« étant allé vers le haut escalier, « mais je tombai du toit droit-devan t; e et le cou fut brisé à moi « aux vertèbres, « et mon âme descendit « dans la demeure de Pluton.

« Mais maintenant je supplie toi a au nom de ceux « que tu as laissés derrière toi, a qui nesont-pas-présents, cc au nom et de ton épouse « et de ton père, a qui a nourri toi étant petit, « et de Télémaque, « que tu as laissé seul enfant a dans ton palais ; a car je sais qu'étant parti d'ici « de la demeure de Pluton « tu pousseras vers l'île d'-Éa « ton vaisseau bien-travaillé; « là ensuite, ô roi, « j'exhorte toi à te souvenir de moi; z à ne pas laisser moi non-pleuré, non-enseveli, [tiras), étant allé en arrière (quand tu paroi t'élant éloigné, « pour que je ne devienne pas à toi « quelque cause-de-colère des dieux; a mais à brûler moi « avec les armes qui sont à moi, a et à verser (amonceler) à moi « un tombeau cc sur le bord de la blanche mer, aJombeau d'un homme malheureux, « aussi pour les hommes futurs a pour Rapprendre ; a devoirs, et plante sur le tertre la rame dont je me servais quand a j'étais plein de vie au milieu de mes compagnons. »

a. Il parla ainsi, et je lui répondis en ces termes : a Infortuné, j'aca complirai tout ce que tu désires. »

a: Nous étions assis, échangeant ces tristes paroles; moi d'un cOté, tenant mon épée sur le sang, et de l'autre l'ombre de mon compagnon qui s'entretenait avec moi.

a. Ensuite s'avança l'âme de ma mère, la fille du magnanime Autolycus, Anticlée, que j'avais laissée vivante en partant pour la sainte Ilion. Je pleurai en la voyant et mon cœur fut saisi de pitié; je ne lui permis point cependant, malgré ma profonde douleur, de s'approcher du sang avant que j'eusse consulté Tirésias.

a Ensuite s'avança l'âme du Thébain Tirésias, qui tenait un sceptre d'or ; il me reconnut et me dit : a Noble fils de Laêrte, ingénieux Ulysse, pourquoi donc, quittant a et à accomplir à moi ces choses « et à ficher sur mon tombeau la rame « avec laquelle aussi vivant je ramais, « étant parmi mes compagnons. »

a Il dit ainsi ; mais moi répondant je dis-à lui : « Et j'accomplirai a et je ferai ces choses à toi, « ô infortuné. »

a Nous-deux conversant ainsi avec des paroles tristes nous étions assis; moi à l'écart (d'un côté) tenantmonépée au-dessus du sang, et l'ombre de mon compagnon de-l'autre-côté me disant beaucoup de paroles.

a EL l'âme de ma mère morte vint en outre, la fille du magnanime Autolycus, Anticlée, que j'avais laissée vivante, étant allé vers Ilion sacrée.

Je pleurai ayant vu elle, et j'eus-pitié en mon cœur; mais pas même ainsi (malgré cela), quoique affligé fortement, je ne laissais pas elle plus tôt aller plus près (s'approcher) du sang, avant d'avoir interrogé Térésias.

« Et l'âme du Thébain Térésias vint en outre, ayant un sceptre d'-or, et il reconnut moi et me dit : cc Noble fils-de-Laërte, a Ulysse fécond-en-inventions, a la lumière du soleil, es-tu venu visiter les morts et ces rivages afec freux? Mais éloigne-toi de cette fosse, écarte ton glaive acéré, afin a que je boive de ce sang et que je te dise la vérité. »

« JI dit, et me retirant je remis au fourreau mon épée ornée de clous d'argent; quand le noble devin eut goûté au sang noir, il m'adressa ce discours : a Tu cherches le doux retour, glorieux Ulysse ; un dieu te le rendra a difficile; tu n'échapperas pas sans doute à Neptune, dont le cœur a est rempli contre toi de courroux, indigné de ce que tu as aveuglé son et fils bien-aimé. Toutefois vous arriverez, après avoir souffert bien des ce maux, si tu veux réprimer tes désirs et ceux de tes compagnons, « quand tu auras fait aborder dans l'lie de Trinacrie ton solide navire a sauvé de la noire mer. Vous y trouverez dans leurs pâturages les

«pourquoi donc cs-tu venu, « ô infortuné, a ayant quitté la lumière du soleil, K afin que tu-voies les morts cc et ce lieu peu-réjouissant?

cc Mais éloigne-toi de la fosse, cc et écarte ton glaive acéré, a afin que je boive du sang cc et dise à toi des choses vraies. »

ce Il dit ainsi ; et moi m'étant reculé j'enfonçai dans le fourreau mon épée à-clous-d'argent ; [noir, et après que celui-ci eut bu le sang aussi alors donc le devin irréprochable parla-à moi en ces termes : ce Brillant (glorieux) Ulysse, a. tu cherches le doux retour ; ce mais un dieu {toi ; « établira (rendra) celui-ci difficile à cc car je ne pense pas (C toi devoir échapper (C au dieu qui-ébranle-la- terre, ce qui a mis-en son cœur « du courroux contre toi, a irrité parce que tu as aveuglé à lui son fils chéri..

a Mais même ainsi , ce quoique souffrant des maux vous arriveriez encore, «si tu voulais contenir ce ton cœur ce et le cœur de tes compagnons, a lorsque d'abord (au moment où) cc tu auras fait-aborder « ton vaisseau bien-travaillé ce à l'île de Thrinacrie, « ayant fui la mer violette, « èt lorsque vous aurez trouvé a génisses et les gras troupeaux du Soleil, qui voit tout et entend tout.

« Si tu les respectes et si tu songes à ton retour, vous rentrerez dans cc Ithaque après bien des épreuves; mais si tu les attaques, je t'an« nonce la perte de ton navire et de tes compagnons; si tu échappes « toi-même, lu n'arriveras que tard et misérablement, sur un vaisseau « étranger, après avoir perdu tous les tiens, et tu trouveras le mala heur dans ta maison, des hommes audacieux qui dévorent tes biens, « recherchent ta divine épouse et lui offrent les présents de l'hymen ; a mais une fois de retour tu puniras leurs outrages. Quand tu auras a immolé les prétendants dans ton palais, soit par la ruse soit à « force ouverte et avec le fer acéré, pars de nouveau eu prenant une « large rame, jusqu'à ce que tu arrives chez des peuples qui ne concc naissent pas la mer et qui ne mangent aucun aliment assaisonné

« les génisses paissant ce et les grasses brebis du Soleil, "qui voit toutes choses a et entend toutes choses. [mage « Si tu laisses celles-ci sans-domcc et te préoccupes du retour, a aussi vous pourriez arriver encore a dans Ithaque « quoique souffrant des maux ; «mais si tu leur fais-dommage, cc alors je prédis à toi la perle cc et pour ton vaisseau « et pour tes compagnons; « et si-toutefois « tu as échappé toi-même, cc tu retourneras dans ta patrie a tard et misérablement, « ayant perdu tous tes compagnons, a sur un vaisseau étranger; cc et tu trouveras des maux « dans ta demeure, « des hommes arrogants, [bien), cc qui dévorent à toi ton vivre (ton « recherchant ton épouse cc égale-à-une-déesse [men ; cr et lui donnant des présents-d'hy« mais assurément étant arrivé « tu puniras les violences « de ceux-là du moins. [dants « Mais quand tu auras tué les préten« dans ton palais, « ou par ruse « ou ouvertement avec l'airain aigu, « ensuite déjà songe à aller, cc ayant pris une rame bien-ajustée, cc jusqu'à ce que tu sois arrivé « chez ces hommes, « lesquels hommes « ne connaissent pas la mer, « et ne mangent pas une nourriture

« par le sel; ils ne connaissent pas non plus les navires aux flancs « rouges, ni les larges rames qui sont les ailes des vaisseaux. Je te cc donnerai un signe manifeste qui ne te trompera point : quand un « autre voyageur venant à ta rencontre te dira que tu portes un van « sur ton épaule glorieuse, plante alors en terre la large rame, offre a un magnique sacrifice au roi Neptune, un bélier, un taureau et un <c sanglier mâle, puis retourne dans ta demeure, immole de saintes « hécatombes aux dieux immortels qui habitent le vaste ciel, sans en a oublier aucun ; loin de la mer une douce mort viendra te visiter, « elle t'emportera au sein d'une longue vieillesse, et autour de toi les « peuples seront heureux. Je te dis la vérité. »

a Quand il eut achevé, je lui répondis en ces termes : et Tirésias, tels sont sans doute les décrets des dieux. Mais parle, et réponds- a mêlée de sel ; [non plus a et donc ceux-ci ne connaissent pas celés vaisseaux « aux-joues (flancs)-rouges, a ni les rames bien-ajustées, a qui sont des ailes pourles vaisseaux.

« Et je dirai à toi a un signe tout à fait clair, IX et il n'échappera pas à toi : a: lorsque donc un autre voyageur ce ayant rencontré toi a dira toi avoir un van a sur ton épaule brillante, « aussi alors donc ayant fiché en terre a ta rame bien-ajustée, ex ayant fait de beaux sacrifices a. au roi Neptune, « un bélier et un taureau « et un verrat u étalon des truies, «songe à t'en aller dans ta demeure « et à immoler de saintes hécatombes « aux dieux immortels, ce qui occupent (habitent) le vaste ciel, à tous tout à fait à la suite; « et une telle mort tout à fait douce « viendra à toi-même « hors de la mer, a mort qui tuera toi [che; « accablé sous (par) une vieillesse ria et autour de toi les peuples cc seront heureux : « je dis à toi ces choses vraies. »

- Il dit ainsi;

mais moi répondant je dis-à lui : a Tirésias, les dieux donc sans-doute (f. ont décidé ces choses eux-mêmes.

te Mais allons dis ceci à moi oc et raconte sincèrement;

« moi avec franchise : je vois ici l'âme de ma mère qui n'est plus; cc elle se tient en silence auprès de ce sang, elle n'ose point regarder « son fils en face ni lui adresser la parole. Dis-moi, 0 prince, comment a. elle pourrait me reconnaître. »

a Je dis, et il me répondit ainsi: a Je déposerai dans ton cœur « une parole facile; tous ceux d'entre les morts que tu laisseras apa procher du sang te diront la vérité ; ceux que tu en empêcheras a s'éloigneront de toi. D « A ces mots, l'âme du roi Tirésias rentra dans le séjour de Pluton, après avoir prononcé ses oracles. Pour moi, je restai là de pied ferme jusqu'à ce que ma mère fût venue et eût bu le sang noir; elle me reconnut aussitôt, et gémissant elle m'adressa ces paroles ailées: «Mon enfant, comment es-tu venu dans la sombre nuit, quoique t plein de vie? il est difficile aux vivants de visiter ces lieux. Entre a je vois l'ombre qui-est-ici a de ma mère morte ; a mais celle-ci est assise silencieuse a près du sang, « et elle n'a pas enduré de voir en face cc ni de parler-à son fils.

a Dis, puissant devin, [moi « comment elle pourrait reconnaître a étant celui-ci (son fils). »

« Je dis amsi ; et celui-ci aussitôt répondant dit-à moi : « Je dirai à toi et mettrai en ton esprit « une parole facile : a celui des morts trépassés « que tu laisseras « aller plus près (approcher) du sang, « celui-ci dira à toi une chose vraie; « mais celui à qui « tu envieras (refuseras) cela, a celui-là ira de nouveau « quelque-part en arrière. »

CI Ayant dit ainsi l'âme du roi Tirésias alla dans la demeure de Pluton, après qu'il eut exposé les prophéties.

Mais moi je restai là fermement (avec constance), jusqu'à cie que ma mère fût venue et eût bu le sang noir; et aussitôt elle me reconnut, et se lamentant elle dit-à moi ces paroles ailées : - cc Mon enfant, a comment es-tu venu a sous l'obscurité ténébreuse, K étant vivant?

« car il est difficile aux vivants « de voir ces choses-ci. [et nous) oc En effet dans l'intervalle (entre eux

« eux et nous se trouvent de grands fleuves, des courants terribles, « et surtout l'Océan, qu'on ne saurait traverser à pied, si l'on n'a « pas un solide navire. Viens-tu donc ici d'Ilion, errant depuis longa temps avec ton vaisseau et tes compagnons ? n'cs-tu pas encore « retourné dans Ithaque, et n'as-tu pas encore vu ton épouse dans a ton palais ?» a Elle dit, et prenant la parole à mon tour: « 0 ma mère, c'est la a nécessité qui m'a fait descendre chez Pluton pour consulter l'âme « du Thébain Tirésias. Je n'ai point encore approché de l'Achaie, « mais j'erre sans cesse accablé de souffrances, depuis que pour comet battre les Troyens j'ai suivi le divin Agamemnon vers Ilion riche a en coursiers. Mais parle et réponds-moi avec franchise : comment el la mort qui couche les hommes dans la tombe t'a-t-elle domptée ?

CI sont de grands fleuves a et des courants terribles, « d'abord l'Océan, « qu'il n'est nullement possible « de traverser « étant à-pied, [voir) cc si quelqu'un n'a pas (à moins d'acc un vaisseau bien-fabriqué, « Est-ce que maintenant déjà (donc) « errant depuis Troie a tu es arrivé ici [pagnons, « et avec ton vaisseau et avec tes comet après un long temps?

« et n'as-tu pas été encore a dans Ithaque ?

« et n'as-tu pas vu ta femme a dans ton palais? »

ce Elle dit ainsi ; mais moi répondant je dis-à elle : «Ma mère, de besoin a fait-descendre moi a dans la demeure de Pluton, a devant consulter l'âme a du Thébain Tirésias.

cc Car je ne suis pas allé encore cc près de l'Achaïe, « et je n'ai pas monté encore CI sur notre terre, a mais j'erre toujours a ayant de la souffrance, [ment où) a depuis que d'abord (depuis le moa j'ai suivi le divin Agamemnon « vers Ilion aux-beaux-coursiers, a afin que je combattisse les Troyens.

a Mais allons dis ceci à moi a et raconte sincèrement i « quel destin (quel coup) a de la mort qui-couche-tout-du-long ex a dompté toi?

« est-ce par une longue maladie? ou bien Diane amie de l'arc t'a« t-elle attaquée et fait périr sous ses douces déclics? Parle-moi aussi « de mon père et du fils que j'ai laissé ; dis-moi s'ils jouissent encore « de mon trône, ou si déjà quelque, autre homme le possède, et s'ils cc pensent que je ne reviendrai plus. Fais-moi connaître aussi les cc résolutions et les desseins de mon épouse : reste-t-ellc près de « son fils et conserve-t-ellc fidèlement tous mes biens? ou le plus a illustre des Achéens a-t-il déjà obtenu sa main? »

« Je dis, et elle me répondit aussitôt : « Elle reste dans ton palais, « le cœur bien affligé; ses nuits et ses jours se passent dans la douleur c et dans les larmes. Personne encore n'occupe ton noble trône; « mais Télémaque cultive en paix tes domaines et s'assied à de suât perbes festins, comme il convient à un homme qui rend la justice ; a cst-ce une longue maladie ?

cc ou Diane qui-aimc-les-traits « marchant-vers toi t'a-t-elle tuée a de ses douces flèches ?

« Et parle-moi a et de mon père et de mon fils, « que j'ai laissé, a si ou mon .honneur (trône) « est encore au-pouvoir d'eux, « ou déjà quelque autre des hommes « le possède, « et s'ils disent (pensent) moi « ne plus de-voir revenir.

« Et dis-moi et la résolution « et l'intention [pousc), « de ma femme épousée (de mon é« si ou elle reste auprès de son fils a et garde toutes choses stables, a ou déjà celui qui est le meilleur « des Achéens

ce a épousé elle. »

oc Je dis ainsi ; et la vénérable mère répondit aussitôt : « Et celle-ci certes reste « d'un cœur fort endurant (patient) « dans ton palais ; « mais et les nuits lamentables « et les jours a se consument à elle « toujours versant-des-larmes.

« Et personne encore a n'a ton bel honneur (ton trône) ; « mais Télémaque paisible « cultive les domaines « et banquette « à des banquets égaux, « desquels il convient « un homme qui-rend-la-justice « s'occuper ;

« tous l'invitent à leur table. Ton père demeure aux champs et ne a descend jamais à la ville ; il n'a point de lit couvert de manteaux et « de tapis brillants ; mais l'hiver il dort avec les serviteurs de la mai« son, dans la cendre, près du foyer, et ne porte que de misérables a vêtements; quand vient l'été et la saison des fleurs, les feuilles « tombées forment sa couche, à terre, sur le sol fécond de ses vigno« bles ; c'est là qu'il s'étend dans sa douleur, et dans son âme croit cc sans cesse une grande affliction, tandis qu'il gémit sur ton sort; a cependant une pénible vieillesse fond sur lui. C'est ainsi que je a suis morte moi-même et que j'ai accompli mon destin; l'habile « déesse amie de l'arc ne m'a point attaquée et fait périr dans mon a. palais sous ses douces flèches; aucune de ces maladies qui par une « consomption horrible chassent la vie des membres, ne s'est appe- a car tous l'invitent.

« Et ton père reste là « à la campagne, a et ne descend pas à la ville; « et un lit « et des couvertures cc et des tapis brillants «ne sont pas pour couche à lui; a mais celui-ci pendant l'hiver a dort où dorment les serviteurs « dans la maison, « dans la cendre près du feu, « et il est revêtu sur son corps a de mauvais vêtements ; « puis quand est venu l'été « et la saison verdoyante, « une couche basse a de feuilles tombées de-tous-côtés « est jetée à lui (étendue pour lui) a dans le terrain-fertile a du champ planté-de-vigne; et: là celui-ci s'étend affiigé, a et il augmente dans son esprit « une grande douleur, « déplorant ton destin ; « et en outre une vieillesse pénible cc est arrivée à lui.

(C Car ainsi moi aussi j'ai péri [mort); cc et j'ai suivi le destin (trouvé la a et la déesse qui-aime-les-traits cc qui-vise-bien « n'a pas tué moi du moins « de ses douces flèches « dans mon palais a marchant-vers moi; cc ni donc quelque maladie cc n'est survenue à moi, ce la maladie qui surtout « a enlevé (enlève) la vie des membres a par un dépérissement odieux ; a santie sur moi ; mais le regret, le désespoir de t'avoir perdu, noble a Ulysse, le souvenir de ta bonté, m'ont seuls privée de la douce \"ie.D a Elle dit, et moi, délibérant en mon esprit, je voulus saisir l'âme de ma mère; trois fois je m'élançai, et mon cœur brûlait de l'embrasser ; trois fois elle s'envola de mes mains, semblable à une ombre ou à un rêve ; une douleur poignante redoublait en mon cœur, et je lui fis entendre ces paroles ailées: a Ma mère, pourquoi ne pas attendre un fils qui veut te saisir, afin a que, même dans la demeure de Pluton, nous enlaçant l'un l'autre « dans nos bras, nous puissions nous rassasier de larmes amères?

« La glorieuse Proserpine ne m'a-t-elle donc envoyé qu'une vaine « image, pour me faire souffrir et gémir plus encore? »

a Je parlai ainsi, et ma mère vénérée me répondit : a Hélas! ô mon « enfant, ô le plus malheureux des mortels, la fille de Jupiter, Pro- a mais et le regret tien (de toi) « et mes soucis tiens (sur toi), «brillant (glorieux) Ulysse, « et le souvenir de ta tendresse a. ont ôté à moi la douce vie. »

« Elle dit ainsi ; mais moi ayant délibéré en mon esprit je voulais saisir l'âme de ma mère morte; trois-fois je m'élançai, et le cœur excitait moi à la saisir, mais trois-fois elle s'envola à moi des mains semblable à une ombre ou aussi à un rêve ; et une douleur aiguë arrivait à moi davantage du cœur; et ayant parlé je dis-à elle ces paroles ailées : « Ma mère, « pourquoi n'attends-tu pas moi a désirant te saisir, [Pluton, cc afin qu'aussi dans la demeure de cc ayant jeté-autour l'un de l'autre « nos mains chéries, « tous deux nous nous rassasiions « de tristes pleurs ?

« Est-ce que la glorieuse Proserpine a a suscité (envoyé) à moi aune forme gue-voici,' « afin que me lamentant a je gémisse encore davantage? »

« Je dis ainsi ; et la mère vénérable répondit aussitôt : cc Hélas à moi ! mon enfant, a malheureux cc par-dessus tous les hommes, a serpine, ne se joue point de toi; mais telle est la condition des a hommes, une fois qu'ils sont morts; les nerfs n'enveloppent plus a les chairs et les os, Car la force puissante d'un feu ardent les conte sume aussitôt que la vie a quitté les os blanchissants ; quant à a l'âme, elle s'envole légère comme un songe. Mais retourne au plus a. vite à la lumière, et retiens tout ceci, afin qu'un jour tu le reec dises à ton épouse. » a C'est ainsi que nous nous entretenions ensemble; ensuite se présentèrent à moi, envoyées par la glorieuse Proserpine, les femmes qui avaient été les épouses et les filles de héros; elles se rassemblèrent en foule autour du sang noir. Pour moi, je réfléchissais comment j'interrogerais chacune, et voici le moyen qui me parut le meilleur : tirant ma longue épée d'à côté de ma cuisse robuste, je ne les laissai pas toutes ensemble boire le sang noir. Elles s'avancèrent donc l'une après l'autre, et chacune me racontait son origine; je les interrogeai toutes.

aProserpine, fille de Jupiter, a ne trompe pas toi, [mortels, « mais cette condition est celle des lorsqu'ils sont morts ; a car les nerfs n'ont plus cc et de chairs et d'os, a mais et la vigueur puissante cc du feu embrasé « dompte (consume) ceux-ci, « après que d'abord (dès que) la vie a a quitté les os blancs ; cc et l'âme comme un songe a s'envolant voltige. [mière cc Maisefforce-toi-d'atteindre à la lucc au plus vite; « et sache toutes ces choses, « afin que aussi dans-la-suite « tu les dises à ta femme. »

« Nous-deux [les; nous conversions ainsi avec des paroet les femmes vinrent — car la glorieuse Proserpine les suscitait (envoyait), toutes-celles-qui étaient épouses et filles de chefs ; [ses et celles-ci s'assemblaient noinbreuautour du sang noir.

Mais moi je délibérais comment j'interrogerais chacune ; et cette résolution-ci parut à moi la meilleure dans mon cœur : ayant tiré mon épée à-longue-pointe du-long-de ma cuisse épaisse, je ne les laissais pas toutes ensemble boire le sang noir.

Et celles-ci l'une-après-l'autre s'approchèrent, et chacune déclarait sa race, et je les interrogeais toutes.

« La première que je vis fut la noble Tyro, qui se disait du sang de l'irréprochable Salmonée; elle me raconta qu'elle avait été l'épouse de Créthée, fils d'Éole; elle avait aimé un Fleuve, le divin Énipée, le plus beau de tous ceux qui arrosent la terre. Souvent elle allait le long des eaux limpides de l'Énipée ; Neptune qui ébranle la terre prit la forme de ce dieu et se coucha à l'embouchure du fleuve impétueux ; un sombre flot l'enveloppait, semblable à une montagne arrondie, et cacha à la fois le dieu et la mortelle. Neptune dénoua la ceinture de la vierge et lui versa le sommeil. Quand il eut accompli les travaux de l'amour, il lui prit la main et lui adressa ces paroles : c Femme, réjouis-toi de mon amour ; avant que l'année soit révocr lue, tu mettras au jour de beaux enfants, car la couche des imnarel tels n'est jamais inféconde ; prends soin d'eux, élève-les. Mainte-

« Là donc [vis fat) Tyro je vis la première (la première que je née-d'un-noble-père, qui disait être le rejeton de Salmonée irréprochable, et qui dit être la femme de Créthée fils-d'Éole ; laquelle s'éprit d'un Fleuve, le divin Ënipée, qui de beaucoup le plus beau des fleuves envoie son eau (coule) sur la terre ; et donc elle était-fréquemment sur le (près du) beau courant de l'Énipée. [lui Et s'étant rendu-semblable donc à le dieu qui-ébranle-Ia-te-rre et qui-enveloppe-la-terre se coucha à l'embouchure du fleuve tournoyant ; etdoncunflot de-pourpre (sombre), égal à une montagne, courbé, l'entoura; et il cacha le dieu et la femme mortelle.

Et il délia la ceinture virginale, et versa le sommeil à Tyro.

Mais après donc que Je dieu eut achevé les travaux de-l'amour, et il s'attacha donc à la main à elle, et dit une parole, et prononça ces. mots : a. Réjouis-toi, femme, a de cet amour ; cet l'année faisant-sa-révolution a tu enfanteras de glorieux enfants, a car la couche des immortels a n'est pas vaine (stérile); a mais toi songe à soigner « et à nourrir eux.

a nant retourne à ta demeure et sois discrète, ne me nomme pas; je « suis Neptune qui ébranle la terre. »

« Il dit, et se plongea dans la mer houleuse. Au terme de sa grossesse , Tyro mit au monde Pélias et Nélée, qui furent tous les deux de puissants serviteurs du grand Jupiter : Pélias, riche en troupeaux, habitait dans la vaste Iolcos, et Nélée dans la sablonneuse Pylos.

Tyro, la reine des femmes, donna encore d'autres enfants à Créthée : Ëson, Pliérès et Amythaon ami des coursiers.

te Je vis ensuite Antiope, fille d'Asopus, qui se vantait d'avoir reposé dans les bras de Jupiter; elle avait mis au monde deux fils, Amphion et Zéthus, qui les premiers jetèrent les fondements de Thèbes aux sept portes et la fortifièrent ; car, bien qu'ils fussent pleins de force, ils n'auraient pas pu habiter la vaste Thèbes sans qu'elle eût des remparts.

a Après elle je vis Alcmène , l'épouse d'Amphitryon , qui enfanta II Et maintenant va vers ta demeure a et contiens-toi (tais-toi), cc et ne me nomme pas ; a mais je suis pour toi a. Neptune qui-ébranle-Ia-terre. 7J « Ayant dit ainsi il se glissa sous la mer a gi lée-dans-ses-flots.

Et celle-ci étant devenue-grosse enfanta Pélias et Nélée, qui tous deux devinrent de puissants serviteurs du grand Jupiter: Pélias riclre-en-troupeaux habitait dans Iolcos vaste ; et l'autre donc (Nélée) dans Pylos sablonneuse.

Et la reine des femmes (Tyro) enfanta à Crétliée les autres (d'autres) fils, et Éson et Phérès et Amythaon qui-combattait-à-cheval.

« Et après celle-ci je vis Antiope, fille d'Asopus, [mi qui donc aussi se vantait d'avoir dordans les bras de Jupiter ; et donc elle enfanta deux fils, et Amphion et Zélbus, qui les premiers fondèrent la demeure de Thèbes aux-sept-portes, et la munirent-de-tours ; car ils ne pouvaient pas habiter la vaste Thèbes non-munie-de-tours du moins, quoique étant puissants.

a Et après celle-ci je vis Alcmène, l'invincible Hercule au cœur de lion, après avoir goûté l'amour dans les bras de Jupiter, et Mégare, la fille du magnanime Créon, qu'épousa le fils infatigable d'Amphitryon.

a Je vis aussi la mère d'OEdipe, la belle Épicaste, qui dans son ignorance commit un crime affteux en s'unissant à son fils; celui-ci l'épousa après avoir égorgé son père ; mais les dieux révélèrent tout aux hommes. L'un, souffrant mille douleurs dans l'aimable Thèbes, régnait sur les Cadméens par la volonté des dieux cruels ; l'autre était descendue dans les demeures solides du puissant Pluton ; en proie au désespoir, elle avait suspendu un lacet aux lambris élevés de son palais, laissant derrière elle à OEdipe les tourments sans nombre qu'apportent les Furies d'une mère.

a Je vis encore a belle Chloris, que Nélée épousa jadis pour sa

épouse d'Amphitryon, qui donc enfanta Hercule intrépide, au-cœur-de-lion, s'étant unie (ayant eu commerce) dans les bras du grand Jupiter; et Mégare, fille du magnanime Créon, [tryon, qu'eut pour épouse le fils d'Ampliitoujours infatigable en vigueur.

« Et je vis la mère d'OEdipe, la belle Ëpicaste, qui fit un grand crime dans l'ignorance de son esprit, s'étant mariée à son fils; et celui-ci ayant tué son père épousa sa mère; mais aussitôt les dieux [mes.

firent ces choses connues des homMais celui-ci souffrant des douleurs.

dans Thèbes très-aimable régnait sur les descendants-de-Cadmus par les desseins funestes des dieux ; et celle-ci alla dans la demeure de Plu ton aux-portes-solides et puissant, ayant attaché un lacet haut(en haut) au plafond élevé, possédée par sa douleur ; et elle laissa derrière elle à celui-ci des souffrances tout à fait nombreuses, toutes-celles-que les Furies d'une mère accomplissent.

« Et je vis Chloris très-belle, que jadis Nélée épousa pour sa beauté, beauté, après lui avoir fait de riches présents ; c'était la plus jeune fille d'Amphion, fils d'Iasus, qui avait commandé vaillamment dans Orchomène, ville de Minyas. Chloris régnait à Pylos, et elle mit au jour d'illustres enfants, Nestor, Chromius et le magnauime Périclymène. Elle enfanta aussi la noble Péro, tant admirée des mortels, que recherchèrent tous les héros voisins; mais Nélée ne voulut la donner qu'à celui qui enlèverait au puissant Iphiclée et amènerait de Phylacé des génisses indomptables aux cornes recourbées et au large front ; le devin irréprochable promit seul de les ravir; mais le destin funeste d'un dieu, des liens solides et des bouviers sauvages le retinrent captif. Lorsque les mois et les jours furent accomplis, que l'année fut révolue et que les saisons reprirent leur cours, alors le puissant Iphiclès le délivra, parce qu'il lui avait révélé tous les oracles: ainsi s'exécutait la volonté de Jupiter.

après qu'il lui eut donné des présents-d'hymen innombrables, la flUe la plus jeune d'Amphion descendant- d'Iasus, qui jadis commandait vaillamment dans Orchomène ville de-Minyas ; et celle-ci régnait sur Pylos, et elle enfanta à lui de glorieux enfants, et Nestor et Chromius et Périclynrène superbe.

Et outre ceux-ci elle enfanta la noble Péro, merveille pour les mortels, que tous les habitants-des-environs recherchaient ; etNélée ne la donnait pas à celui qui ne chasserait (n'enlèverait) pas de Phylacé les génisses aux-cornes-recourbées au-large-front [Iphiclée), de la force d'-Iphiclée (jdu puissant génisses difficiles à enlever ; et seul un devin irréprochable promit de chasser (d'enlever) elles ; mais le destin funeste d'un dieu l'entrava, et aussi des liens difficiles à rompre et des bouviers des-champs.

Mais lorsque déjà et les mois eL les jours s'accomplissaient, l'année faisant-sa-révolution de nouveau, et que les heures furent arrivées, aussi alors donc [clée) la force d'-Iphiclée (lepuissantlphidélivra lui, qui avait dit tous les oracles ; et la volonté de Jupiter s'accomplissait.

« Je vis Léda, l'épouse de Tyndare, qui donna à ce héros deux fils magnanimes, Castor le dompteur de coursiers et Pollux vaillant au pugilat; la terre féconde les retient tous deux pleins de vie; honorés par Jupiter jusque dans les enfers, chaque jour ils vivent et meurent tour à tour, et ils obtiennent des honneurs semblables à ceux des dieux.

« Après elle je vis Iphimédie, l'épouse d'Aloée, qui disait s'être unie à Neptune ; elle avait enfanlé deux fils dont la vie ne fut pas longue, le divin Otus et l'illustre Éphialte; c'étaient les plus grands et les plus beaux des mortels nourris par la terre féconde, après le glorieux Orion. A l'âge de neuf ans ils avaient neuf coudées de grosseur, et leur taille s'élevait jusqu'à neuf brasses. Ils menacèrent de porter aux immortels dans l'Olympe même le tumulte des luttes et des combats, et tentèrenl de mettre l'Ossa sur l'Olympe, puis le Pé- a Et je vis Léda, l'épouse de Tyndare, qui donc sous Tyndare enfanta deux-fils à-l'âme-vigoureuse, et Castor dompteur-de-chevaux et Pollux bon (brave) au-pugilat; lesquels tous-deux vivants la terre qui-donne-la-vie renferme; qui même au-dessous de la terre ayant de l'honneur de (honorés par) tantôt vivent [Jupiter de-deux-jours-l'un, et tantôt d'autre-part sont morts ; et ils ont obtenu de l'honneur également aux (autant que les) dieux.

« Et après celle-ci je vis Iphimédie, l'épouse d'Aloée, qui donc disait s'être unie à Neptune ; et donc elle enfanta deux fils, et ils furent de-courte-vie, et Otus égal-à-un-dieu, et Éphialte illustre-au-loia ; que donc la Terre féconde-en-préscnts nourrit les plus grands et de beaucoup les plus beaux , toutefois après l'illustre Orion.

Car ceux-ci même âgés-de-neuf-ans étaient de-neuf-coudées en largeur, mais en longueur (hauteur) certes ils furent de-neuf-brasses.

Lesquels donc menacèrent de dresser aussi aux immortels dans l'Olympe la lutte d'une guerre très-agitée; ils s'efforcèrent de placer l'Ossa sur l'Olympe, puis sur l'Ossa lion boisé sur l'Ossa, afin de pouvoir escalader le ciel. Us en seraient venus à bout, s'ils eussent atteint l'âge de puberté; mais le fils de Jupiter et de Latone à la belle chevelure les fit périr avant que le duvet eût fleuri sous leurs tempes et ombragé leurs joues d'une barbe épaisse.

« Je vis encore Phèdre, et Procris, et la belle Ariadne, la fille du sage Minos, que jadis Thésée amena de Crète sur la terre féconde de la sainte Athènes ; mais il ne jouit pas d'elle ; car Diane la tua auparavant dans Dia entourée d'eau, sur le témoignage de Bacchus.

« Je vis enfin Méra, Clymène et l'odieuse Ériphyle, qui reçut de l'or précieux pour trahir son mari. Mais je ne saurais vous dire ni même vous nommer toutes les épouses et les filles de héros qui m'apparurent ; avant la fin de mon récit, la divine nuit serait consumée tout entière; d'ailleurs, voici le moment de dormir, soit que j'aille sur le vaisseau rapide, vers mes compagnons, soit le Pélion au-feuillage-agité, [der.

afin que le ciel fût possible-à-escalaEt certes ils eussent accompli cela, s'ils étaient arrivés à la mesure (l'âge) de la puberté; mais le fils de Jupiter, qu'enfanta Latone à-la-belle-cli e vcl u re, les fit-périr tous-deux, avant que les poils avoir (eussent) fleuri à eux sous les tempes et avoir (eussent) couvert leurs joues d'un duvet florissant.

« Et je vis Phèdre et Procris et la belle Ariadnc, fille de Minos aux-desseins-pernique jadis Tliésée emmena [cieux, de Crète

dans le terri loire-élevé de la sainte Athènes, mais dont il ne jouit pas; car auparavant Diane tua elle dans Dia entourée-d'eau, sur le témoignage de Bacchus.

a Et je vis Méra et Clymène et l'odieuse Éripliyle, qui reçut en échange de son époux de l'or précieux.

Mais je ne pourrais pas raconter et je ne pourrais pas nommer toutes celles que je vis épouses et filles de héros ; car avant que j'eusse fini aussi la nuit divine se serait consumée (serait écoulée); mais aussi il est temps de dormir, ou étant allé vers le vaisseau rapide vers mes compagnons que je reste ici ; les dieux et vous, vous prendrez soin de mon départ. » Il dit, et tous gardèrent un profond silence; ils étaient sous le charme dans le palais ombrage. Arété aux bras blancs prit la parole la première : o Phéaciens, comment trouvez-vous cet homme, et pour la beauté et pour la taille et pour le sage esprit qui est en lui ? C'est mon hôte, et chacun de vous a sa part de cet donneur; aussi ne vous pressez pas de le congédier et ne lui faites pas à moitié les présents dont il a si grand besoin ; car, parla faveur des dieux, vos palais renferment de grandes richesses..

Le vieux héros Ëchénéus, le plus âgé de tous les Phéaciens, s'exprima à son tour en ces termes : <t 0 mes amis, notre sage reine ne parle point mal à propos ni centre la convenance ; écoutez-la donc ; cependant c'est d'Alcinoüs que dépendent et l'action et le conseil.

ou ici-même ; [à-soin mais ma conduite (mon départ) seraaux dieux et à vous. » Il dit ainsi; et ceux-ci donc tous furent en-se-taisant dans le silence; et ils étaient possédés par le charme dans le palais ombragé.

Mais Arété aux-bras-blancs commença les discours à ceux-ci : « Phéaciens, comment cet homme-ci paraît-il à vous être et en forme et en grandeur et au dedans [extérieur)?

en son esprit égal (répondant à son Et d'autre-part il est mon hôte; mais chacun de vous participe à cet honneur ; c'est-pourquoi ne le congédiez pas en vous hâtant, et ne rognez pas ainsi les présents à lui qui a-besoin ; car des richesses nombreuses sont à vous dans vos palais par la volonté des dieux. »

Et aussi le vieux héros Ëchénéus dit-parmi eux, lui qui donc était plus âgé que les autres hommes Phéaciens : « 0 amis, assurément la reine très-prudente ne dit pas à nous

des choses en dehors du but(inutiles) ni en dehors de la convenance ; mais obéissez-lui; mais et l'action et l,a parole dépendent d'Alcinoûs que-voici. D Alcinoiis lui répondit : « Cette parole s'accomplira, si toutefois je vis et si je commande aux Phéaciens amis de la rame. Que L'étranger, malgré son impatience du retour, se résigne cependant à rester jusqu'à demain, afin que j'achève de rassembler mes présents ; tous s'occuperont de son départ, mais moi principalement, puisque c'est moi qui règne sur ce peuple. »

Le prudent Ulysse lui adressa ces mots en réponse : « Puissant Alcinoûs, le plus illustre entre ces peuples, si vous m'engagiez à rester ici pendant une année, préparant mon retour et me faisant de riches présents, j'y consentirais volontiers encore , car il me serait plus avantageux de rentrer dans ma douce patrie les mains plus remplies; je serais plus honoré et plus chéri de tous les hommes qui me verraient revenir dans Ithaque. »

Alcinoûs reprit : a Ulysse, en te voyant nous ne supposons point Et Alcinous à-son-tour répondit à celui-ci et dit : « Cette parole-ci donc sera ainsi (s'accomplira), si du moins moi vivant je commande aux Phéaciens amis-de-la-rame.

Mais que l'étranger endure, quoique désirant fort le retour, de rester donc cependant jusqu'à demain,

jusqu'à ce que j'accomplisse le don tout-entier ; mais la conduite sera-à-souci à tous les hommes, et à moi principalement; [torité à moi de qui (à qui) est en effet l'audans la maison. »

Et Ulysse fécond-en-inventions répondant dit à lui ; a Puissant Alcinous, distingué entre tous ces peuples, si vous ordonniez moi rester ici même jusqu'à une année et prépariez ma conduite et me donniez des présents magnifiques, je voudrais aussi ceci, [tageux, et cela me seraitbeaucoupplus avand'aller dans ma chère patrie avec une main plus pleine; et je serais plus honorable et plus cher pour tous les hommes qui verraient moi étant revenu dans Ithaque. D Et Alcinous à-son-tour répondit à -celui-ci et dit : a 0 Ulysse, te regardant nous ne soupçonnons pas toi de ceci, que tu sois un fourbe et un menteur, semblable à ceux que la noire terre nourrit de tous côtés en si grand nombre, qui arrangent des contes dont personne ne saurait reconnaître la fausseté; tu as le charme de la parole et la sagesse des pensées ; tu nous as raconté avec autant d'art qu'un chanteur tes aventures, tes tristes souffrances et celles de tous les Argiens. Mais parle, et réponds-moi avec franchise : as-tu vu quelques-uns de tes divins compagnons, de ces héros qui sont allés avec toi vers Ilion et qui y ont trouvé le trépas? La nuit est encore longue, bien longue ; ce n'est pas encore le moment de dormir dans le palais ; redis-moi tes merveilleux travaux. Je resterais ainsi jusqu'à l'aurore divine, si tu voulais dans cette demeure me raconter tes infortunes. »

Le prudent Ulysse lui répondit : a Puissant Alcinoûs, le plus illustre entre ces peuples, il est un temps pour les longs entretiens, il d'être et un imposteur et un trompeur, comme la terre noire nourrit beaucoup d'hommes dispersés-au-loin et arrangeant des mensonges, d'où (dans lesquels) quelqu'un ne verrait pas qu'ils mentent; mais la beauté des paroles est-en toi, et un bon esprit est-en toi; et tu as raconté savamment, comme lorsqu'un chanteur raconte, cette histoire, les souffrances déplorables et de tous les Argiens et de toi-même.

Mais allons dis ceci à moi et raconte-moi sincèrement, si tu as vu quelques-uns des compagnons égaux-à-des-dieux, qui avec toi-même ont suivi (sont allés) ensemble à Ilion et ont subi le destin (ont péri) là.

Or cette nuit-ci est fort longue, inexprimable (immense); et il n'est pas encore temps de dormir dans le palais ; mais toi dis à moi ces actions divines (merveilleuses).

Et j'endurerais jusqu'à l'aurore divine, quand tu supporterais (si tu voulais) raconter à moi dans le palais tes souffrances. »

Et Ulysse fécond-en-inventions répondant dit à lui : « Puissant Alcinoüs, distingué entre tous ces peuples, il est un temps à la vérité en est un pour le sommeil ; mais si tu désires en entendre davantage, je ne refuserai point de te raconter des maux encore plus terribles, le triste sort de mes compagnons qui périrent dans la suite; ils avaient échappé à cette guerre des Troyens féconde en gémissements, et au retour ils furent victimes des artifices d'une femme exécrable.

a Quand la chaste Proserpine eut dispersé de tous côtés les âmes des femmes, l'ombre désolée d'Agamemnon fils d'Atrée s'avança vers moi ; autour d'elle se pressaient les âmes de tous ceux qui avaient succombé et trouvé la mort avec lui dans le palais d'Égisthe. Il me reconnut aussitôt qu'il eut bu du sang noir ; il pleurait amèrement, versant des torrents de larmes, et tendait les mains vers moi comme pour m'embrasser; mais il n'avait plus cette force et cette vigueur qui des (pour les) longs entretiens, mais un temps aussi du (pour le) sommeil ; mais si tu-désires du moins entendre encore, je n'envierai (ne refuserai) pas à toi de te dire aussi d'autres choses plus dignes-de-pitié que celles-ci, les souffrances de mes compagnons, qui donc ont péri dans-la-suite; qui avaient échappé à la vérité au cri de guerre fécond-en-gémissedes Troyens, [ments mais périrent dans le retour par la volonté d'une femme méchante.

« Mais après que la chaste Proserpine eut dispersé les unes d'un côté les autres d'un-autre-côté les âmes des femmes femelles, alors l'âme d'Agamemnon fils-d'Atrée vint ensuite affiigée; et autour d'elle d'autres étaient assemblées, toutes-celles-qui avec lui moururent dans la maison d'Ëgisthe et subirent le destin.

Et celui-là aussitôt reconnut moi, après qu'il eut bu le sang noir ; et celui-ci pleurait bruyamment, versant des larmes abondantes, étendant les mains vers moi, désirant me toucher; mais assurément la force ferme n'était plus à lui ni en rien une puissance telle, que celle qui était auparavant dans ses membres flexibles.

résidaient jadis dans ses membres si souples. Je pleurai en le voyant, mon cœur fut saisi de pitié, et je lui adressai ces paroles ailées : « Glorieux fils d'Atrée, roi des guerriers, Agamemnon, comment oc la mort qui couche les hommes dans la tombe t'a-t-elle dompté?

CA: Neptune t'a-t-il fait périr sur tes vaisseaux en soulevant contre « toi le souffle terrible des vents impétueux? ou bien, sur la terre, « des ennemis t'ont-ils frappé au moment où tu détournais leurs « bœufs et leurs beaux troupeaux de brebis, où tu combattais pour « leur ravir leur cité et leurs femmes? »

a Je dis, et il me répondit aussitôt : « Noble fils de Laërte, ingéII Dieux Ulysse, Neptune ne m'a point dompté sur mes vaisseaux en a soulevant contre moi le souffle terrible des vents impétueux, et sur « terre des ennemis ne m'ont point frappé ; c'est Égisthe qui a pré« paré mon trépas, c'est lui qui.m'a égorgé avec mon infâme épouse, « après m'avoir invité à un festin dans son palais, comme on tue un Moi ayant vu celui-ci je pleurai, et j'eus-pitié en mon cœur, et ayant parlé je (Us-à lui ces paroles ailées: « Fils-d'Atrée très-auguste, « roi des hommes, Agamemnon, « quel destin donc « de lamort qui-couche-tout-du-long « a dompté toi ?

a ou Neptune a-t-il dompté toi « sur tes vaisseaux, a ayant soulevé le souffle immense 41 de vents difficiles (violents) 1 « ou des hommes ennemis [ferme ont-ils fait-du-mal sur la terrecc à toi pillant des bœufs « et de beaux troupeaux de brebis, « ou allant-combattre « au-sujet-d'une ville et de femmes?» «Je dis ainsi ; et celui-ci aussitôt répondant dit-à moi : « Noble fils-de-Laërte, a Ulysse fécond-en-inventions, Ii ni Neptune a n'a dompté moi du moins « sur mes vaisseaux, « ayant soulevé le souffle immense « de vents difficiles (violents), a ni des hommes ennemis [ferme; cc n'ont fait-du-mal à moi sur la terre« mais Égisthe c ayant préparé à moi et la mort « et le destin « m'a tué [cieuse, cc avec l'aide de mon épouse pernia m'ayant appelé en sa maison, « m'ayant fait-souper, « comme on a tué (on tue) « un bœuf auprès du râtelier.

et bœuf auprès de la crèche. Telle fut ma déplorable mort ; autour de « moi, mes compagnons étaient massacrés sans trêve comme des pour« ceaux aux dents blanches pour les noces d'un homme riche et « puissant, ou pour un festin par écot, ou pour un repas magnifique.

« Tu as assisté déjà à la mort de bien des hommes, tués isolément « ou dans la terrible mêlée ; mais tu aurais gémi bien plus profondécc ment en ton cœur, si ta avais vu comment autour du cratère et des a. tables chargées de mets nous étions gisants dans le palais, et comet ment tout le sol ruisselait de sang. J'entendis la voix lamentable « de la fille de Priam, de Cassandre, que la perfide Clytemnestre ima molait auprès de moi; couché à terre, je soulevai mes mains et les oc portai en mourant à mon épée ; mais l'infâme s'éloigna et ne vou« lut pas abaisser mes paupières et fermer ma bouche au moment où

« Ainsi je mourus « d'une mort très-déplorable; « et autour de moi « les autres, mes compagnons, « étaient tués sans-relâche [ches, « comme des porcs aux-dents-blana qui donc sont tués « dans ou la noce - cc ou le festin-par-écot a ou le banquet florissant (superbe) « d'un homme riche « qui-peut (est puissant) grandement.

« Déjà certes tu as rencontré (vu) Ii le meurtre d'hommes nombreux, « étant tués isolément cc et dans le combat violent ; « mais tu aurais gémi le plus a dans ton cœur « ayant vu ces choses, « comme nous étions étendus a dans le palais « autour du cratère cc et des tables remplies (chargées), « et comme tout le sol [sang.

«était agité dans le (ruisselait de) CI Et j'entendis la voix très-lamentable Il de la fille de Priam, « Cassandre, [perfides que Clytemnestre aux-desseius« tuait auprès de moi ; « mais moi « mourant contre la terre « élevant les mains [mon glaive ; «je les jetais autour de (je saisissais) « mais celle-ci (Clytemnestre) « à-la-face-de-chienne (impudente) c s'éloigna, a et ne supporta pas « d'abaisser les yeux avec ses mains « et de fermer la bouche à moi

« je descendais chez Pluton. Non, il n'est rien de plus odieux, de a plus éhonté qu'une femme qui met de tels crimes en son esprit; a ainsi Clytemnestre a exécuté un forfait exécrable en préparant la a mort de son légitime époux. Hélas! je pensais que mon retour « dans mes foyers serait agréable à mes enfants et à mes serviteurs; a mais la plus barbare des femmes a versé l'infamie sur ellece même et sur les femmes à venir, lors même qu'elles seraient vera. tueuses. > .11 dit, et je lui répondis ainsi : « Grands dieux ! Jupiter à la voix c retentissante a dès l'origine frappé d'une façon terrible la race a d'Atrée par les perfidies de leurs femmes , - nous avons péri par a milliers pour Hélène, et Clytemnestre, tandis que tu étais loin a d'elle, te dressait des embûches. »

«quoique allant « dans la demeure de Pluton. [se «Tellement il n'est pas une autre cho« plus affreuse et plus impudente « qu'une femme [solu) « qui donc a mis dans son esprit (ré« de telles actions, « une action indigne « telle que donc aussi celle-là « en médita une, « ayant préparé le meurtre « à son époux légitime.

« Assurément je pensais du moins « devoir revenir à la maison < agréable à mes enfants a et à mes serviteursf [nestes cc mais celle-ci sachant des choses fu<1 supérieurement aux autres a a versé la honte et sur elle-même n.et sur tes femmes femelles oc qui seront dans-la-suite, a même sur celle qui sera a agissant-bien (vertueuse). »

oc Il dit ainsi ; mais moi répondant je dis-à lui : ([ 0 grands-dieux, a assurément donc « Jupiter a-la-vaste-voix II a haï (poursuivi) ce tout à fait d'uue-façon-étonnante CI la race d'Atrée CI depuis l'origine « par des résolutions (perfidies) a de-femmes ; a nous avons péri en-grand-nombre CI pour Hélène; oc et Clytemnestre a préparait un piège « à toi étant loin. » a Je dis, et il me répondit aussitôt :. « Aussi ne sois jamais trop « bon pour une femme et ne lui révèle point tous tes secrets, mais a dis ceci et cache cela. Pourtant, Ulysse , ce n'est pas toi qui rece« vras la mort de la main de ton épouse ; la fille d'Icare, la prudente CI Pénélope , est trop vertueuse, et son âme ne connaît que de sages « pensées. Nous l'avons laissée jeune épouse encore, quand nous « partîmes pour la guerre; elle pressait sur sa mamelle un petit en« fant qui doit s'asseoir aujourd'hui parmi les hommes et jouir du < bonheur. Ah ! son père bien-aimé le verra du moins à son retour, a et l'enfant embrassera son père, comme cela est juste. Pour mei, « mon épouse ne m'a pas permis de rassasier mes yeux de la vue de a mon fils; elle m'a fait périr auparavant. Mais je te donnerai encore

« Je dis ainsi ; et celui-ci aussitôt répondant dit-à moi : [toi a C'est-pourquoi maintenant aussi « songe à jamais n'être doux ce pour une femme, cc et à ne pas révéler à elle a. tout propos (toute chose) « que tu saches bien, IX mais à dire ceci, ce et que celà-Ímssi être (soit) caché.

« Mais le meurtre a ne sera pas à toi du moins, Ulysse, cr du moins de-la-part-de ta femme ; et car la fille d'Icare, «Pénélope très-prudente, cc et est trop sensée a et sait bien dans son esprit - « les conseils ( la sagesse).

a. Assurément nous, a allant à la guerre, a nous avons laissé elle du moins - jeune épouse; a et un enfant qui-ne-parlait-pas « était à elle à la mamelle, [moins a qui saus-doute maintenant du « est assis au nombre des hommes, « heureux ; II assurément donc son père chéri « étant arrivé verra lui, et et celui-ci oc embrassera son père, t comme c'est justice.

a Mais mon épouse "ne m'a pas même laissé a me rassasier de mon fils -

« par les yeux ; a mais auparavant « elle a tué aussi moi-même.

(C Mais je dirai à toi une autre chose, a un conseil, grave-le dans ton esprit : fais aborder ton navire en sec cret, et non ouvertement, sur la terre chérie de la patrie ; car on ne cr peut plus se fier aux femmes. Mais parle et réponds-moi avec franc chise : avez-vous appris que mon fils fût encore en vie, soit dans a Orchomène , ou dans la sablonneuse Pylos, ou près de Ménélas, a dans la vaste Sparte? car le divin Oreste n'est sans doute pas mort a encore sur la terre. » «Je répondis à son discours : « Fils d'Atrée, pourquoi m'interoc roger là-dessus? je ne sais s'il vit ou s'il est mort : il n'est pas bon a de parler en vain. »

« Tandis que nous échangions ces tristes paroles, nous nous tenions debout, affligés, versant des torrents de larmes.

« Ensuite s'avancèrent les âmes d'Achille, fils de Pélée, de Patrocle, de l'irréprochable Aniiloque et d'Ajax, qui par sa taille et sa beauté était le premier des Argiens, après l'irréprochable fils de a et toi mets-la dans ton esprit : a songe à faire-aborder ton vaisseau « à la terre chérie de-la-patrie II: en cachette, et non ouvertement, a puisqu'il n'y a plus à-se-fier a aux femmes. -

a. Mais allons dis ceci à moi « et raconte sincèrement, « si vous apprenez {avez appris) a mon fils a vivant encore quelque-part, a ou peut-être dans Orchomène, - « ou dans Pylos sablonneuse, - « ou peut-être auprès de Ménélas a dans la vaste Sparte ; a car le divin Oreste a n'est pas mort encore sur la terre." « Il dit ainsi ; mais moi répondant je dis-à lui : a Fils-d'Atrée, [choses ?

- CI. pourquoi demandes-tu à moi ces « je ne sais en Tien « si celui-ci vit ou est mort ; « or il est mauvais cc de dire des choses vaines. » < a Nous-deux donc nous répondant ainsi avec des paroles tristes nous étions-debout amigés, versant des larmes abondantes.

c Et en outre vint l'âme d'Achille fils-de-Pélée et de Patrocle et de l'irréprochable Antiloque et d'Ajax, qui et par l'apparence et par le corps était le meilleur (le premier) des autres descendants-de-Danaüs après l'irréprochable fils-de-Pélée.

Pélée. L'âme (l'Achille aux pieds légers me reconnut, et m'adressa en gémissant ces paroles ailées : a Noble fils de Pélée, ingénieux Ulysse, quel dessein plus grand « encore as-tu médité en ton cœur? comment as-tu osé descendre « chez Pluton, dans les demeures qu'habitent les morts privés de « sentiment, images des hommes qui ne sont plus? n « Il dit, et je lui répondis en ces termes : « Achille, fils de Pélée, « le plus brave des Achécns, je suis venu pour entretenir Tirésias, a afin qu'il me donnât quelque conseil et m'enseignât les moyens « de rentrer dans l'âpre Ithaque ; car je n'ai pas encore approché de Il l'Achale, je n'ai pas encore abordé sur notre terre, mais je souffre « des maux sans fin; pour toi, Achille, nul homme n'a été, nul ne a sera jamais plus heureux que toi. Durant ta vie, les: Argicns t'ho- Et l'âme du descendant-d'Éaque aux-pieds-rapides reconnut moi, et donc se lamentant elles me dit ces paroles ailées : a Noble fils-de-Laêrte, « Ulysse fécond-en-inventions, a infortuné,

a quelle œuvre plus grande encore a méditeras-tu dans ton esprit ?

a comment as-tu enduré [Pluton, ce de descendre dans la demeure de a et dans ces lieux où habitent a les morts privés-de-sentiment, a feintâmes a de mortels qui ont succombé? » a Il dit ainsi ; mais moi répondant je dis-à lui : s. 0 Achille, fils de Pélée, u: grandement (de beaucoup) cc le plus distingué des Achéens, « je suis venu pour le besoin que j'acc de Tirésias, [vais a pour voir s'il me dirait oc quelque conseil, « m'enseignant comment je pourrais a dans Ithaque, escarpée ; [arriver « car je ne suis pas venu encore «près de l'Achaïe, «et je n'ai pas monté encore «sur notre terre, cc mais toujours « j'ai (je souffre) des maux; «mais aucun homme «.auparavant (dans le passé) a ni donc dans-1'avenir [toi, a n'est ni ne sera plus heureux que a Achille..

«Car auparavant cr noraient à l'égal des dieux, et maintenant que tu es ici, tu règnes « sur les ombres ; ne t'afflige donc pas de ta mort, ô Achille. D « Je parlai ainsi, et il me répondit aussitôt : a Ne me console pas « de ma mort, glorieux Ulysse; j'aimerais mieux, simple cultivateur, « servir un homme pauvre, qui n'aurait qu'un petit bien, que de réa gner sur tous les morts. Mais allons, parle-moi de mon noble fils : u dis-moi s'il vous a suivis ou non à la guerre pour combattre au cr premier rang. Dis-moi aussi si tu as appris quelque nouvelle de a l'irréprochable Pélée : garde-t-il encore le sceptre parmi les nom« breux Myrmidons, ou bien le méprise-t-on dans l'Hellade et dans « Phthie, parce que la vieillesse enchaîne ses pieds et ses bras? Je « ne suis plus là, sous les rayons du soleil, pour lui venir en aide, a nous autres Argiens et nous honorions toi vivant « pareillement aux dieux ; Il maintenant d'aulre-part [morts, « tu commandes grandement aux « étant ici ; « c'est-pourquoi ne t'afflige pas « étant (d'être) mort, Achille. »

CI Je dis ainsi; et celui-ci aussitôt répondant dit-à moi : « Ne console donc pas moi « de la mort du moins, «brillant (illustre) Ulysse; « j'aimerais-mieux étant cultivateur « servir un autre, a chez un homme indigent, [pas, « à qui une vie abondante ne serait a que de régner a sur tous les morts « trépassés.

« Mais allons dis-moi a le récit (des nouvelles) a de mon fils glorieux, a si ou il a suivi (est parti) cc pour la guerre a pour être le premier, «ou aussi (ou bien) non.

« Et dis-moi « si tu as appris quelque chose « sur l'irréprochable Pélée, [té) « si ou il a encore l'honneur (la royau« parmiles rtfyrmidons nombreux, a ou on méprise lui dans et l'Hellade et Phthie, Ii parce que la vieillesse possède lui a et aux mains et aux pieds.

« Car je ne suis pas pour lui un aide a sous les rayons du soleil, « étant tel, a tel que jadis, dans la vaste Troie, j'immolais un peuple-belliqueux et « défendais les Argiens. Si j'étais encore ainsi et si je rentrais même •a pour un instant dans le palais de mon père, certes je ferais sentir « ma vigueur et mon bras invincible à ceux qui l'outragent.. et l'é« loignent de son trône. »

ocIi dit, et jp lui répondis en ces termes: cc Non, je n'ai appris « aucune nouvelle de l'irréprochable Pélée; mais je te dirai toute la a vérité, comme U1 me le demandes, sur ton fils chéri, NéDptolèmc ; « car c'est moi qui l'ai amené de Scyros, sur un profond naiire, ws « les Achéens aux belles cnémides. Lorsque nous délibération autour « de la ville de Troie , H parlait, toujours le premier, et ses discours Œ ne manquaient point de sagesse; seuls le divin Nestor et moi nous « l'emportions sur lui. Mais lorsque nous combattions le fer à" la « main dans les champs des Troyens, jamais il ne restait parmi les eL soldats, confondu dans la foule; il s'élançait bien loin en avant I que jadis dans la vaste Troie « je tuais un peuple très-brave, a défendant les Argieus.

« Si étant tel « je venais même pôuv-nn-instant Œ dans la demeure de mon père, a alors je rendrais-terribles « ma vigueur et mes mainsinvincibîes a à. quelqu'un de ceux a qui font-yiolence à celui-là, « et l'excluent a de Thonneur (la royauté). »

Mil dit ainsi ; mais moi répondant je dis-à lui : a Assurément je n'ai rien appris « sur l'irréprochable Pélée ; « mais je dirai à toi [lème « du moins sur ton fils cliérilVéoploa toute la vérité, a comme tu l'ordonnes à moi ; Il car moi-même j'ai amené lui « sur un vaisseau creux et égal (poli) « de Scyros « vers les Achéens a aux-belles-cnémides.

« Certes lorsque c, nous examinions des avis a autour de la ville de Troie, « il parlait toujours le premier, a et n'errait pas en ses discours; a et Nestor pareil-à-un-dieu « et moi a nous le surpassions seuls.

« Mais quand nous combattions a. avec l'airain a dans la plaine des Troyens, « jamais il ne restait a dans la multitude « ni dans la foule des guerriers, a et ne le cédait à personne en valeur : il a tué de nombreux guera riers dans la terrible mêlée, Je ne saurais te dire ni même te a nommer tous les héros qu'il immola en défendant les Argiens ; « mais il perça de son fer le fils de Télèphe, le vaillant Eurypyle, et cc autour de lui tombèrent les Cétéens ses compagnons, grâce aux cc présents qu'avait reçus une ferpme. C'était le mortel le plus beau a que j'eusse vu après le divin Memnon. Quand les premiers des Ara giens entrèrent dans le cheval qu'avait fabriqué Épéus, ce fut à a moi que l'on confia le soin d'ouvrir et de fermer la porte de ce a piège solide ; alors les chefs et les conducteurs des Achéens a essuyaient leurs larmes et tremblaient de tous leurs membres; « mais jamais mes yeux ne virent pâlir le beau front de Néoptolème, a et il n'essuya point de larmes sur ses joues; il me suppliait au « contraire de sortir du cheval, il portait la main à la poignée de

« mais il courait-en-avantbeaucoup, a ne cédant à aucun par sa vigueur; « et il tua de nombreux guerriers «ilans le terrible combat.

a Et moi je ne pourrais les raconter cr: et ne pourrais les nommer tous, ce tout le peuple (tous les guerriers) cc qu'il immola, a défendant les Argiens; oc mais il tua par l'airain [phe, « un guerrier tel que le fils-de-Télè« le héros Eurypyle ; cr: et beaucoup de compagnons cc Cétéens v étaient massacrés autour de lui, a à-cause-de présents de-femme.

a J'ai vu assurément celui-là le plus a après le divin Memnon. [beau a Mais lorsque nous descendîmes a dans le cheval a qu'avait fabriqué Ëpéus, a nous les meilleurs des Argiens, II: et toutes choses avaient été confiées à moi, « et pour ouvrir cr: l'embûche serrée (solide) a et pour la fermer ; alors les autres conducteurs oc et chefs des descendanls-de-Danaus a et essuyaient leurs larmes, « et les membres de chacun ctremblaient-sous lui; a. mais jamais absolument a je ne vis de mes yeux celui-là II: ni ayant pâli en son beau corps a ni ayant essuyé des larmes a de ses joues; a mais lui fort souvent oc suppliait moi pour sortir du cheval,

« son glaive et à sa lance pesante, et méditait des maux pour les « Troyens. Lorsque nous eûmes saccagé la haute cité de Priam , il cr: reçut une part glorieuse du butin et monta sain et sauf sur son cc vaisseau; il ne fut pas frappé par un javelot d'airain ni percé de a. près par le glaive, comme il arrive souvent à la guerre, où Mars « porte les coups au hasard. »

« Je dis, et l'âme d'Achille aux pieds légers s'éloigna, traversant à grands pas la prairie d'asphodèles, joyeuse d'apprendre que son fils était un illustre guerrier..

a Les âmes des autres morts se tenaient affligées autour de moi, et chacune m'interrogeait sur les objets de ses soucis. Seule l'âme d'Ajax, fils de Télamon, restait à l'écart, irritée de la victoire que j'avais remportée sur lui en plaidant auprès des vaisseaux pour obtenir les armes d'Achille, mises au concours par sa divine mère. Les ft et il cherchait a la garde de son. épée « et sa lance pesante-d'airain, a et méditait des maux ce pour les Troyens. [ té ce Mais quand donc nous eûmes détas« la haute ville de Priam, cc aussi ayant pour part de butin cr nll honneur (présent) excellent « il monta sur son vaisseau « sain-et-sauf, a ni doocfrappé a de rairain acéré « ni blessé de près ; a accidents tels que de nombreux a arrivent a la guerre ; cc car Mars exerce-sa-furenr « pêle-mêle (indistinctement). »

« Je dis ainsi ; et l'âme du descendant-d'Éaque airx-picds-rapides s'en allait marchant à-grands-pas dans la prairie remplie-d'asphodèles, joyeuse, parce que j'avais dit à elle son fils être très-illustre.

« Mais les autres âmes de morts trépassés se tenaient affligées, [soucis et s'informaient des objets de lewrs chacune.

Et seule l'âme d'Ajax fils-de-Télamon se tenait à l'écart, irritée à cause de la victoire par laquelle je vainquis lui, plaidant auprès des vaisseaux au-sujet-des armes d'Achille; or sa divine mère tes avait mises au concours.

fils des Troyens et Pallas Athéné étaient les juges. Plût aux dieux que je n'eusse point triomphé dans cette lutte ! car c'est à cause de ces armes que la terre recouvrit cette noble tête, Ajax, le plus beau et le plus brave des Achéens après l'irréprochable fils de Pélée. Je lui adressai ces douces paroles : « Ajax, fils de l'irréprochable Télamon, tu ne devais donc pas, « même après la mort, oublier ton courroux contre moi au sujet de « ces armes funestes, dont les dieux ont fait un fléau pour les Ar« giens? Toi qui étais leur solide rempart, tu as péri à cause d'elles ; Il tous les Achéens désolés te pleurent sans cesse comme le noble « Achille, fils de Pélée; mais Jupiter seul en est cause, lui qui a « conçu une haine violente contre l'armée des belliqueux descen« dants de Danaüs et qui t'a envoyé le trépas. Allons, ô roi, viens Et les enfants des Troyens et Pallas Athéné jugèrent. [cre Combien donc j'aurais dû ne pas vaindans une telle lutte !Car à cause d'elles (de ces armes) la terre posséda (recouvrit) une telle tête, Ajax, qui était au-dessus des Grecs pour la forme (beauté) d'un-,Côté, et pour les actions de-l'autre-côté au-dessus des autres descendants-de-Danaus, après l'irréprochable fiis-de-Pélée.

Mot je parlai-à lui avec ces paroles douces-comme-miel : II Ajax, a fils de l'irréprochable Télamon, « tu ne devais donc pas, cc pas même étant mort, a oublier pour moi ton courroux, a à cause de ces armes pernicieuses?

c car les dieux ont établi celles-ci « un fléau pour les Argiens.

a Car toi qui étais une telle tour pour « tu as péri ; [eux (leur rempart) « et nous autres Achéens a nous sommes affligés sans-cesse « à cause de toi mort [tête a pareillement à (autant que pour) la « d'Achille fils-de-Pélée ; « et quelque autre n'en est pas cause, a mais Jupiter a haissak d'uue-façon-étonnante a l'armée [queux; « des descendants-de-Danaus belli« et il a imposé à toi a la destinée (mort).

a Mais allons viens ici, roi, a afin que tu entendes la parole

« ici, afin que tu entendes mes paroles ; dompte ta colère et ton « noble cœur. »

ex Je dis , et il ne me répondit point, mais il se retira dans l'Erèbe parmi la foule des autres ombres. Là sans doute, malgré son courroux, il m'aurait parlé ou je lui aurais adressé de nouveau la parole, si dans ma chère poitrine mon cœur n'avait souhaité de voir les âmes des autres morts.

« Je vis Minos , le glorieux fils de Jupiter, tenant un sceptre d'or, assis et rendant la justice aux ombres; elles sollicitaient les arrêts du roi, assises ou debout, dans le palais aux larges portes de Pluton.

« Après lui, j'aperçus l'énorme Orion, poursuivant dans la prairie d'asphodèles les bêtes qu'il avait tuées sur les montagnes désertes, tenant entre ses mains une massue toute d'airain qui ne se brise jamais.

« Je vis Titvus, le fils de l'illustre Terre, étendu sur le sol ; sen corps couvrait neuf arpents ; deux vautours se tenaient à ses côtés et

« et le discours nôtre (de moi) ; « et dompte ta colère « et ton cœur généreux. »

a Je dis ainsi ; et Lui ne répondit rien à moi, mais alla vers les autres âmes des morts trépassés, dans l'Ërèbe.

Là cependant il m'aurait parlé quoique étant courroucé, ou moi j'aurais encore parlé à lui, mais le cœur à moi dans ma chère poitrine voulait voir les âmes des autres morts.

« Là donc je vis Mi nos, iilustre Us de Jupiter, ayant on sceptre d'-or, rendant-larj ustice aux morts, étant assis; et celll-ci autour de lui interrogeaient sur leurs causes le roi, étant assis et se-tenant-debout, dans la demeure aux-larges-portes die Pluton.

« EL après celui-ci je vis l'immense Oiion, chassant ensemble dans la prairie remplie-d'asphodèles les bêtes que lui-même avait tuées sur les montagnes désertes, ayant dans ses mains une massue toute-d'airatu, toujours non-brisée.

et Et je vis Tityus, fils d-e la terre très-glorieuse, gisant sur le sol; et celui-ci était étende suc neuf arpeats; et de-run-et-l'autre-côt-é lui rongeaient le foie, plongeant leur bec dans ses entrailles; ses mains ne les repoussaient point, car il avait fait violence à Latone, l'auguste épouse de Jupiter, lorsqu'elle traversait les campagnes riantes de Panopée pour se rendre à Pytho.

« Je vis aussi Tantale, souffrant de cruelles douleurs, debout dans un lac; l'eau s'approchait de son menton; tourmenté par la soif, il ne pouvait pas boire. Chaque fois que le vieillard se baissait pour se désaltérer, l'onde fugitive s'engloutissait aussitôt, et la terre noire apparaissait, desséchée par un dieu. De hauts arbres penchaient leurs fruits au-dessus de sa tête, poiriers, grenadiers, pommiers aux fruits magnifiques, figuiers délicieux et verdoyants oliviers ; quand le vieillard se dressait pour les saisir dans ses mains, le vent les enlevait jusqu'aux sombres nuées.

■ Je vis encore Sisyphe, qui souffrait de cruelles douleurs et portait entre ses bras une pierre énorme. Faisant effort des pieds et des deux-vautours assis-auprès de lui rongeaient lui au foie, plongeant dans ses entrailles ; et il ne les repoussait pas avec ses mains; car il avait entraîné (fait violence à) auguste épouse de Jupiter, [Latone, qui allait à Pytho par la riante Panopée.

ce Et aussi je vis Tantale, ayant des souffrances terribles, se-tenant-debout dans un lac; et celui-ci (le lac) s'approchait de son menton ; et il se tenait ayant-soif, mais il ne pouvait pas saisir l'eau pour boire.

Car autant-de-fois-que le vieillard se baissait, désirant boire, autant-de-fois l'eau absorbée périssait (disparaissait) ; et autour de ses pieds la terre noire apparaissait, et une divinité-la desséchait.

Et des arbres au-feuillage-élevé versaient (laissaient pendre) des d'en haut, [fruits poiriers et grenadiers et pommiers aux-fruits-brillants, et figuiers doux et oliviers fleurissants; lorsque le vieillard s'élançait pour saisir eux avec les mains, le vent alors enlevait eux vers les nuages sombres.

- « Et aussi je vis Sisyphe, ayant des souffrances terribles, portant une pierre énorme de ses deux mains.

mains, il poussait la pierre vers le haut de la montagne; mais, quand elle était près d'atteindre le sommet, une force puissante la repoussait en arrière, et, se jouant de ses efforts, elle allait rouler dans la plaine.

Sisyphe recommençait encore à la pousser en tendant tous ses membres ; la sueur coulait de tout son corps, et des flots de poussière s'élevaient autour de sa tête.

fi Après lui, je i is le robuste Hercule, ou du moins son image; car ce héros goûte parmi les dieux immortels la joie des festins et a pour épouse la belle Ilébé, fille du grand Jupiter et de Junon aux sandales d'or. Autour de lui retentissaient les cris des morts fuyant avec épouvante de toutes parts comme des oiseaux ; pour lui, semblable à la sombre nuit, tenant son arc nu et la flèche sur la corde, jetant çà et là des regards menaçants, il paraissait toujours prêt à frapper. Autour de sa poitrine étaient uu baudrier terrible et un ceinturon d'or, où se voyaient de merveilleux ouvrages, des ours, des sangliers sau- Assurément lui s'appuyant ( faisant et des mains et des pieds [effort) poussait la pierre en liant vers Je sommet ; mais lorsqu'elle était-sur-le-point de franchir le faite, alors une force-puissante la faisait-retourner de nouveau ; puis la pierre impudente roulait dans la plaine. [éffort) Mais celui-ci se tendant ( faisant la poussàit derechef; et la sueur coulait de ses membres, et la poussière s'élevait de sa tête.

a Et après celui-ci je vis [cule), la force d'-Hercule (le robuste Herou plutôt son image ; car lui-mêmeparmi les dieux" immortels se réjouit dans les festins et possède Hébé aux-beaux-talons, fille du grand Jupiter et de Junon aux-sandales-d'or.

Et autour de lui était une clameur -de morts fuyante-désordre de-tous-côtés, comme des ciseaux ; et lui, ressemblant à la nuit obscure, ayant son arc nu et une flèche sur la corde, [rible, regardant-çà-et-Ià d'une-façon-terressemblamt toujours à un homme qui va lapcer.

Et un terrible baudrier était à lui tout-autour autour de la poitrine, un ceinturon d'-or était à lui; où des ouvrages admirables avaient été faits, et des ours et des sanglierssaavages vages, des lions formidables, des mêlées, des combats, des meurtres, des homicides. L'habile ouvrier qui mit tout son art à façonner ce travail n'en exécutera jamais un semblable. Dès qu'il m'eut vu, 11 me reconnut aussitôt, et m'adressa en gémissant ces paroles aitées : cc Noble fils de Laërte, ingénieux Ulysse, infortuné, toi aussi sans a doute tu traînes une destinée cruelle comme celle que je supporte tais moi-même sous les rayons du soleil. J'étais l'enfant de Jupiter, « fils de Saturne, mais j'endurais des peines infinies; car j'étais sou« mis aux lois d'un mortel bien plus faible que moi, qui m'imposait a de rudes travaux; un jour il m'envoya en ces lieux pour enlever le « chien, car il ne pouvait pas imaginer une autre entreprise plus pé* rilleuse pour moi. Je. saisis le monstre et l'entraînai hors du palais et des lions au-regard-étiucelaut et des mêlées et des combats et des carnages et des meurtres-d'hommes.

Celui qui l'ayant fabriqué a fait-reposer (travaillé lentement) ce ceinturon sur (par) son art ne fabriquerait pas quelque autre chose pareille.

Mais celui-là (Hercule) me reconnut aussitôt, après qu'il m'eut vu de ses yeux, et gémissant il dit-à moi ces paroles ailées : a Nohle fils-de-Laërte, a Ulysse fécond-en-inventions, « ah! infortuné, a assurément aussi toi "tu mènes (portes) a quelque mauvais destin, cc comme celui que moi je supportais a sous les rayons du soleil.

cc J'étais à la vérité le fils a de Jupiter fils-de-Saturne, a mais j'avais une misère immense; « car j'étais dompté (soumis) a fortement a par (à) un homme bien pire que moi, ce et celui-ci commandait à moi a de pénibles travaux; cc et un jour il enyoya ici moi a devant emmener le chien ; cc car il n'imaginait plus « un autre travail [pour moi « être en quelque chose plus pénible II: que celui-ci.

a Moi j'emportai celui-ci (le chien) a et l'emmenai ce de la demeure de Pluton;

« de Pluton; car Mercure et Minerve aux yeux bleus me condui« saient.» « A ces mots, il rentra dans la demeure de Pluton. Pour moi, je continuai à rester là, pour voir s'il viendrait encore quelqu'un des héros morts anciennement. Peut-être aurais-je vu ceux que je désirais, Thésée et Pirithoüs, ces glorieux rejetons des dieux ; mais autour de moi s'assemblaient avec un bruit immense les nations des morts ; la pâle crainte s'empara de moi, je tremblai que l'auguste Proserpine ne m'envoyât du fond des enfers la tête de la Gorgone, monstre horrible. Aussitôt donc je revins vers le vaisseau, et j'ordonnai à mes compagnons de s'embarquer et de détacher les amarres; ils montèrent rapidement sur le navire et prirent plaçe sur leurs bancs. Le flot nous emporta sur le fleuve Océan, et au travail de la rame succéda bientôt une brise favorable.

-,Ï- -

« et Mercure avait conduit moi « et (avec) Minerve aux-yeux-bleus. »

« Ayant.dit ainsi, celui-ci s'en alla de nouveau dans la demeure de Pluton.

Mais moi je restais là avec-constance, [héros, pourvoir si quelqu'un des hwmmes qui donc avaient péri auparavant, viendrait encore.

Et j'aurais vu encore les hommes plus anciens, que je voulais voir, Thésée et Pirîthoùs, enfants très-glorieux des dieux; mais auparavant des nations innombrables de morts se rassemblaient, avec un bruit divin (inexprimable) ; et la crainte pâle saisit moi, de peur que la glorieuse Proserpine n'envoyât à moi de la demeure de Pluion la tête de-Gorgone du monstre terrible.

Aussitôt ensuite étant allé vers le vaisseau j'ordonnai mes compagnons et monter eux-mêmes et détacher lés amarres ; et eeux-ci aussitôt entrèrent dans le vaisseau [meurs.

et s'assirent sur les bancs-de-raEt le Dot du courant portait celui-ci (le vaisseau) sur le fleuve Océan; - d'abord le travail-de-la-rame, et ensuite un beau veat.

NOTES SUR LE ONZIÈME CHANT DE L'ODYSSÉE.

Page 164 : 1. K~e~M~ ~&vâprov. Dugas-Montbel : a La plupart des interprètes entendent ici par Cimmériens les peuples qui habitaient le pays nommé Bosphore Cimmérique, au nord du PontEuxin. Celte opinion n'est pas admissible ; tout démontre qu'Ulyase parcourait alors la mer de Sicile; et l'on ne peut pas supposer que le poëte, sans prévenir qu'il intervertit l'ordre naturel des événements, transporte tout à coup son héros dans la Chersonnèse Taurique, près des Palus Méotides. Par Cimmériens il faut entendre avec Ëphore les peuples voisins du lac Averne, aujourd'hui lago Averno, entre Baies et Cumes, où., du cap de Circé, l'on peut se rendre. en un jour, temps que met Ulysse pour faire ce trajet. Le nom de Cimmériens fut donné à ces peuples parce qu'ils habitaient une contrée ténébreuse, en faisant dériver le mol de ~x £ H.(j.epoç, qui, selon Hésychius, signifie ténèbres, obscurité. » — 2. Qùôi '/tG.' ~aùtouç, etc. Virgile, Géorgiques, III, 35G :

TUID sol pulleules liaud unquam discntit umbras, Nec quuiu invectus eqais altum petit acthera, nec quum Præcipitem Oceani rubro lavat xquore eurrulß.

— 3. "EvO' lEpeLcx |JLSV, etc. Pour tous les détails qui suivent, comparez le chant X, vers 516-530.

Page 16C : i. M~eTaupéitei. La syntaxe régulière exigerait jietaT.ç>é"iz-Q ou ¡.c.e'ta.'ltpÉ'ltOL.

Page 168:1. llpwtri âà tJï.-l¡ 'E~À'It'f;vopoç Y])6e' De même EnéeJ au VI' livre de l'Énéide, rencontre d'abord l'ombre de Palinure errant à l'entrée des enfers, où les âmes ne peuvent être admises sans que leurs corps aient reçu la sépulture.

Page 170 : 1. Kîpy-T); iv i^apo», etc. Pour ce vers et les suivants, voy. chaut X, vers 554-560.

Page 174 : 1. TLnr' ~aux' r.XvjQcç ; Bothe : a Quid rursus venisîi concise dictum est pro hoc vel quodam simili : xint' auxe vo^aa?

~^v9e;, quid cogitans, quidve struens, denuo, more tuo, hue advenisli P » — 2. ~pivay.ifl vr)a( £ Est-il question ici de la Sicile ? Cela est assez improbable, disent les savants, bien que les anciens lui aient plus d'une fois donné le nom de Trinacrie, à cause de ses trois pro- montoires, Pélore, Pacliynum et Lilybée. Ulysse connaissait la Sicile ; il ne l'eût pas appelée une île déserte (voy. chant XII, 127-136), puisqu'elle était habitée alors par divers peuples, les Sicanes, les Sicules, les Cyclopes et les Lestrygons ; il ne l'eût pas décrite plus loin comme une terre qu'il voyait pour la première fois. Sans vouloir nous permettre de trancher la question, nous dirons cependant que cet argument n'est pas sans réplique. Ulysse connaissait la Sicile pour avoir abordé sur un point de ses rivages ; il y prend terre ensuite du côté opposé : qu'y a-t-il d'étonnant à ce qu'il ne reconnaisse pas que c'est une seule et même lie? Il ne l'a jamais parcourue, il en ignore les dimensions, la situation précise; enfin, ce qui est plus concluant, il ne la voit pas sous le même aspect.

Page 176 : 1. EtçÓxE ~TOÙ; «pixviai, etc. Selon Pausanias, Homère veut désigner ici les Épirotes: Voici en effet ce qu'il dit en parlant de Pyrrhus (I, XII) : T £ ç ôè TY)V ~SixçXCav matîliç, Kap^Soviov? Y,vliyxaaev à7tava<TTY)aai Zvpaxowûjv. ~cppovf¡Ciae; Se aÛTÔi KapxYjSoviwv, (j'l ôaXdtffOTiç rrov Tore jBapëàpwv [/.àXiaTa EI^OV ~È[TJiEipwç, TuptOt <Ï>OIVIXEÇ Tb ~œpxaiov SVTEÇ, TOÛTMV èvavxi'A ÈIRFLPQR) vav¡.c.ax'ÎÍCiat, TOÏÇ 'H'ltELplfr RAIÇ j^pw[JI. £ voç, oï FJ,7]ÔÈ àXouaT]; 'I~ÀLOV MÀIXCiCiIXV oî TTOXXOI, [LYISÈ âXatv ~ÈTricTavco 7rco ^pyja^ai. MapxupeT Sé [LOt xal "OJJ.^poy ÉTIOÇ iv 'Oôuaceta* 01 oùx ~ïtratri. ËÕOVCiLV. On dit en effet qu'Ulysse, après son retour, alla en Épire consulter l'oracle de Dodone.

Page 188 : 1. Sôç TE 7to0oç. 0v[t6v âirriupa. Hyginus : Anticlea, Autolyci filia, mater Ulyssis, nuntio falso audito de Ulysse, ipsa se interfecit. Selon Homère, au contraire, Anticlée meurt du chagrin de ne pas voir revenir son fils.

— 2. Aurap gywy' ~EOF,).ov, etc. Virgile, Enéide, VI, 700 :

Ter conatus ibi collo dare brachia circum, Ter frustra comprcnsa manus effugit imago, Par levibns ventis volucrique simillima sorano.

Page 192: 1. 'Evnnjo;. L'Énipée, fleuve de la Thessalie, sur laquelle régnait Salmonée.

— 2. II~HopcpvpEov 8' âpa xdpot, etc. Virgile, Géorgiques, IV, 360 : At ilium Curvata in montis fatiein cifcumstetit unda Accepitque sinu vaslo.

Page 196 : 1. 'E~mxàcFTTiv. Les tragiques l'appellent Jocaste.

— 2. K~œO(.l.EÍwv Y)vaac7 £ Selon Sophocle, aussitôt après que l'inceste est découvert, Œdipe est banni de Thèbes; on voit que dans Homère il continue à régner.

Page 198 : 1. M~àv-riç àjj.Ofiwv. Homère-dit au XVe chant (vers 225 et suiv.) que ce fut le devin Mélampe qui enleva les génisses des champs de Phylacé et qui épousa la fille de Nélée.

Page 200 : 1. 5I<pi|A £ 8eiav. Cette Iphtmédie était fille de Triops, de Tliessalie.

— 2. "Oatjav ètc' ~OùXu[ntw, etc. Virgile, Géergiqma, I, Ni :

Ter sunt conari imponere Pelio Ossam Scilicet, alquc Ossæ frondosnm involvcre Olympum.

Page 202: 1. Awvvaou ~(japxupugaiv. Bacchus l'accusa auprès de Diane d'avoir profané avec Thésée le bois sacré de la déesse. D'après les poètes des âges suivants, Ariadne, abandonnée par Thésée dans l'lie de Naxos, y fut épousée par Bacchus.

Page 206 : 1. Awdv'Yj" ~teXéitw. Voy. chant I, 358 et 359.

Page 210: 1. Kaxrjç ~Iôtyiti Ywatxôç. Dugas-Montbcl : a Par ceUe femme odieuse, les uns entendent Hélène, la cause de-la guerre;

d'autres Clytemnestre, qui fit périr Agamemnon et ses compagnons; d'autres enfin Cassandre, qu'Ajax viola dans le temple de Minerve, ce qui rendit cette déesse contraire aux desseins des Grecs. Caix qui sont de cette dernière opinion expliquent l'épithète xaxtU, léchante, par xxxoOE-KTY)!; ( ou xax«o0ei<jY)ç ), celle qui attire le malheur, funeste. Eustathe traite cette question assez minutieuse avw des détails qui me paraissent inutiles à faire connaître. Ce qu'il y a de plus vraisemblable, c'est qu'il est ici question de Clytemnestre, dont Ulysse va raconter le crime. »

Page 214 : 1. B~ovXoijjlyjv x' ÈTtàpoupoç twv, etc. Dugas-Montbel : « Voici une des pensées d'Homère contre laquelle Platon s'indigne le plus. C'est par là qu'il commence la liste des passages qu'on doit retrancher dans le poëte. Cependant rien de plus naturel que ce sentiment qui nous attache à la vie. Virgile a dit aussi en parlant de ceux qui se sont donné la mort :

Qnam vellent ætbcre in alto Nunc et panperiem et duros perferre labores 1

On trouve souvent cette idée-là exprimée dans l'Ecriture. »

Page 228 : 1. K~iyruoi. Les Cétéens étaient un peuple de la Mysie.

Page 230 : 1. 'A~7<po5ê).ôv ).Etf/.tovoc. Pline l'Ancien dit en parlant de l'asphodèle : Fuit tenuiorum cibus, quem et mortuorum in tumulis apponebant.

Page 23G : 1. Tune oé [ttv, etc. Virgile, Énéide, VI, 597 :

Rostroque ~immanis Tullar obunco Immortale jeenr tonHcns fecundnque poem's Viscera.

— 2. Panopée, ville de Phocide; c'était là que régnait Tityus.

ARGUMENT ANALYTIQUE DU DOUZIÈME CHANT DE L'ODYSSÉE.

Ulysse aborde de nouveau à l'île d'Ëa et donne la sépulture à Elpénor (1-15). Circé apporte des provisions au vaisseau et instruit Ulysse des incidents qui doivent marquer son voyage (16-153).

Ulysse répète à ses compagnons les avis de la déesse ; grâce à sa prudence, il échappe aux séductions des Sirènes (154-200). Il passe entre les écueils de Charybde et de Scylla et perd six de ses compagnons (201-259). Les Grecs abordent à l'île de Trinacrie, malgré les conseils d'Ulysse; mais ils jurent de ne point toucher aux troupeaux du Soleil (260-324). Retenus dans l'île pendant un mois entier par les vents contraires, ils égorgent les plus belles génisses en l'absence de leur chef (325-373). Le Soleil irrité demande vengeance à Jupiter (374-396). Le vaisseau périt dans une tempête; Ulysse seul parvient 4 se sauver sur ses débris (397-425). Il passe de nouveau devant l'écueil de Charybde, et, après avoir erré pendant neuf jours, aborde à l'île d'Ogygie (426-453).

a Quand le vaisseau eut quitté les eaux du fleuve Océan, qu'il eut gagné les flots de la vaste mer et l'île d'Éa, où sont les demeures et les danses de l'Aurore, fille du matin, et le lever du soleil, nous le tirâmes sur le sable et nous descendîmes sur le rivage ; puis nous nous endormîmes en attendant l'Aurore divine.

« Dès que parut la fille du matin, l'Aurore aux doigts de roses, j'envoyai mes compagnons dans le palais de Circé pour rapporter le cadavre d'Elpénor. Ayant coupé des troncs d'arbres sur le lieu le plus élevé du rivage, nous l'ensevelissons, le cœur aflligé, et versant des torrents de larmes. Quand le corps et les armes du mort HOMÈRE.

L'ODYSSÉE.

CHANT XII.

« Mais quand le vaisseau eut quitté le courant du fleuve Océan, et fut arrivé au flot de la mer aux-larges-routes, et à l'île d'-Ëa, [daiise où sont la demeure et les places-dede l'Aurore fille-du-matin et le lever du Soleil, étant arrivés là nous poussâmes le vaisseau sur le sable, et nous sortîmes aussi nous-mêmes sur le rivage de la mer.

Et ayant dormi là nous attendîmes l'Aurore divine.

cc Mais quand parut l'Aurore née-du-matm aux-doigts-de-roses, donc-alors j'envoyai mes compagnons vers le palais de Gircé, pour apporter le cadavre d'Elpénor trépassé.

Et aussitôt ayant coupé des troncs à l'endroit où le rivage le plus haut faisait-saillie, nous l'ensevelîmes affligés, versant des larmes abondantes.

Mais après que et le mort eurent été consumés, nous élevons un tombeau, nous le surmontons d'une colonne, et nous plantons au sommet du tertre sa large rame.

« Nous accomplissions ainsi tous ces devoirs, et notre retour des demeures de Pluton ne fut point ignoré de Circé, mais elle se hâta d'accourir avec ses suivantes qui portaient du pain, des viandes abondantes et un vin rouge et noir. Debout au milieu d'elles, la nymphe divine nous dit : « Infortunés, qui êtes descendus vivants au séjour de Pluton, deux a fois mortels, tandis que les autres hommes ne meurent qu'une fois, « allons, goûtez ces mets et buvez ce vin ici pendant toute cette a journée; quand paraîtra l'aurore, vous voguerez de nouveau; je « vous enseignerai votre route et vous ferai tout connaître, afin qu'un a funeste conseil ne vous expose pas à de cruelles souffrances, soit a sur terre soit sur mer. »

a Elle dit, et notre cœur généreux fut persuadé. Durant tout le et les armes du mort eurent été brûlés, ayant élevé un tertre et ayant dressé dessus un cippe nous fichâmes au haut du tertre une rame bien-adaptée.

a Nous à la vérité nous accomplissions ces choses chacune (l'une après l'autre) ; mais donc nous n'échappâmes pas à -Circé étant revenus de chez Pluton, mais elle vint fort promptement s'étant apprêtée; et avec elle des suivantesapportaient du pain et des viandes abondantes et du vin noir rouge.

Et celle-ci divine entre les déesses s'étant tenue au milieu dit : « Malheureux, qui vivant « êtes entrés dans la demeure KdePtuton, a doublement-mortels, « quand les autres hommes ce meurent une-seule-fois.

« Mais allons, a mangez de la nourriture « et buvez du vin « ici tout-le-jour ; te et avec l'aurore paraissant ce vous naviguerez; « mais moi je vous montrerai laroute et tous indiquerai chaque chose, « afin que vous ne soyez pas affligés cc ayant éprouvé un dommage « ou sur mer ou sur terre a par un mauvais-conseil funeste. »

et Elle dit ainsi ; et d'autre part le cœur généreux jour, jusqu'au coucher du soleil, nous restâmes assis, savourant des mets abondants et un vin délicieux. Quand le soleil se coucha et que la nuit fut venue, tous s'étendirent auprès des amarres du navire; pour moi, me prenant par la main, Circé me conduisit loin de mes chers compagnons, et, reposant près de moi, elle m'interrogea sur chaque chose ; je lui racontai tout en détail. Alors l'auguste Circé m'adressa ces mots : « Tout s'est donc accompli ainsi; écoute maintenant ce que je vais « te dire, et un dieu t'en rappellera le souvenir. Tu arriveras d'abord cc auprès des Sirènes, qui séduisent tous les hommes qui s'approchent « d'elles. Celui qui, dans son ignorance, s'avance et écoute la voix a des Sirènes ne verra pas, de retour dans sa maison , sa femme et « et ses jeunes enfants se réjouir, assis à ses côtés; les Sirènes, cou« chécs dans une prairie, le charment par leurs chants harmonieux; fut persuadé à nous.

Ainsi alors tout le jour jusqu'au soleil couchant nous fûmes assis [( abondantes) nous régalant et de viandes infinies et de vin-pur doux.

Mais quand le soleil se coucha, et que l'obscurité survint, [rent ceux-là (mes compagnons) se coucheauprès des amarres du vaisseau ; mais celle-ci ayant pris moi par la main et me fit-asseoir à l'écart de mes chers compagnons et se coucha-auprès de moi et m'interrogea sur chaque chose; mais moi je racontai à elle toutes choses selon la convenance.

Et alors donc l'auguste Circé parla-à moi en ces termes : « Ces choses ce ont été accomplies toutes ainsi ; « mais toi écoute, cc comme je dirai à toi, « et un dieu aussi lui-même « en fera-souvenir toi. [nés, « D'abord tu arriveras chez les Sirè« qui donc charment « tous les hommes, [les.

« tout homme qui est arrivé près d'el« Quiconque dans son imprudence a s'est approché « et a entendu le chant des Sirènes, « la femme et les enfants en-bas-âge a ne jamais se tiennent-auprès delui « étant revenu dans sa demeure cc ni ne se réjouissent; « mais les Sirènes, cc assises dans la prairie, « le charment

« autour d'elles sont des amas d'ossements et des cadavres dont et les chairs tombent ca pourriture. Vogue sans t'arrêter; ferme las a oreilles de tes compagnons avec une cire molle que tu anras pétrie, a afin que nul d'entre eux ne les entende; si tu veux toi-même les « écouter. qu'ils te lient par les pieds et par les mains sur le rapide « navire, debout contre le mât, où ils enlaceront les cibles; ainsi tu a pourras charmer tes oreilles de la voix des Sirènes. Si tu supplies a tes compagnons, si tu }eur ordonnes de le détacher, qu'ils te charIX gent alors de liens encore plus nombreux.

1 Quand vous aurez dépassé le séjour des Sirènes, je ne puis plus CI te dire d'une matière précise quelle route tu dois suivre, mais tu a délibéreras en ton cœur ; je vais te parler de l'un et l'autre chemin, et D'un côté sont de hautes roclies, contre lesquelles vient mugir le a par leur chant harmonieux ; « et autour d'elles a est un monceau considérable * d'os d'hommes se putréfiant, a et autour les peaux se consument.

« Mais songe à pousser tonvaisseau « le-long-el-au-delà, [pagnons, a et à enduire les oreilles de tes cornai ayant assoupli une douce cire, « de peur que quelqu'un des autres « n'entende; « mais toi-même a si tu veux entendre, « qu'ils lient toi a sur le vaisseau rapide « et aux mains et aux pieds, « droit au pied-du-mât ; « et que des cordes a soient attachées à lui (au mât), a afin que te réjouissant « tu écoutes la voix des Sirènes.

"Mais si tu supplies tes compagnons « et leur ordonnes de te délier, (c que ceux-ci donc alors CI enchaînent toi de liens a encore plus nombreux.

cc Mais après que donc [navire a tes compagnons auront poussé le a le-long-et-au-delà de celles-ci, cc alors ensuite «je ne dirai plus à toi K sans-discontinuer a quelle route doac sera à toi ; a mais aussi toi-même a tu dois délibérer en ton cœur j a et je dirai à toi quelles sontles rou« de-l'un-et-l'autre-côté. [tes a Car d'un-côté sont [lants), « des rochers formant-le-dos (sailce et contre eux le grand flot

« flot impétueux d'Amphitrite aux yeux d'azur; les dieux bienbeua reux les appellent Roches-Errantes. Aucun oiseau ne peut les fran« chir, pas même les timides colombes qui apportent l'ambroisie à « Jupiter ; mais toujours la roche unie enlève quelqu'une d'elles, et « le père des dieux en envoie une nouvelle pour compléter le nom« bre. Aucun vaisseau des mortels n'a pu encore s'en approcher et « fuir, mais les flots de la mer et les tempêtes d'une flamme dévo« rante emportent les planches des vaisseaux et les corps des mate telots. Seul le célèbre Argo, venant de chez Éétès, a pu franchir ces « écueils; et sans doute la vague l'eût aussitôt jeté contre les vastes « roches : mais Junon le conduisit, parce qu'elle chérissait Jason.

« De l'autre côté sont deux rochers : l'un atteint le vaste ciel de sa « cime aiguë, que la sombre nuée enveloppe ; jamais ces ténèbres ne « se dissipent, jamais la sérénité ne règne autour de ce sommet, ni a d'Amphitrite aux-yeux-bleus a mugit ; ( or les dieux bienheureux « appellent à toi ceux-ci Errants.

ce Par là ne passent « ni oiseaux a ni colombes timides, cc qui portent l'ambroisie a au père (à l'auguste) Jupiter ; a mais toujours la roche unie a enlève l'une aussi de celles-ci ; « mais le père (l'auguste dieu) a. en envoie une autre [nombre).

ce pour être du-nombre (compléter le cc Et par là quelque vaisseau d'hom« qui y est venu, [mes, cc n'a pas encore échappé, a mais les flots de la mer a et les ouragans du feu destructeur « emportent à la fois « et les planches des vaisseaux a et les corps des hommes.

a Seul donc du moins ce vaisseau ti voguant-sur-la-mer cc a passc-en-naviguant, [(fameux), g: Argo qui-occupe-tous les hommes a cinglant de chez Éétès; « et là le flot « aurait jeté lui promptement « contre les grands rochers, mais Junon le fit-passer, « car Jason était cher à elle.

a De-l'autre-côté les rochers a sont deux : a l'un atteint le vaste ciel « de sa cime aiguë, a et la nue sombre CI entoure lui ; «ce qui jamais ne cesse, « et jamais la sérénité a eu été ni en automne ; un mortel ne saurait ni le gravir ni le des« cendre, eût-il vingt mains et vingt pieds ; car cette roche est lisse a comme si on l'avait polie. Au milieu de sa hauteur se trouve une a caverne obscure, tournée vers le couchant et vers l'Érèbe; dirigez cc sur elle votre profond navire, 6 glorieux Ulysse. Un homme plein de « jeunesse, lançant une flèche de son vaisseau, n'atteindrait pas les ce profondeurs de la caverne. C'est là qu'habite Scylla, qui fait entendre « des cris affreux; sa voix est semblable à celle d'une jeune lionne; a elle-même est un monstre funeste ; nul, pas même un dieu, ne se a réjouirait de son aspect ou de sa rencontre. Ses pieds de devant sont « au nombre de douze; elle a six cous immenses; chacun d'eux est « surmonté d'une tête épouvantable avec trois rangées de dents ser« rées et nombreuses que remplit la noire mort. Son corps plonge

« ne possède (n'enveloppe) la cime de « ni en été ni en automne ; [lui « et un homme mortel a ne pourrait le gravir, ce et ne pourrait le descendre, « pas même si et vingt mains a et tingt pieds étaient à lui; a car la roclie est unie, [autour.

a ressemblant à unepierrepolie-tout« Et au milieu du rocher « est une caverne sombre, « vers le couchant, a tournée vers l'Érèbe ; [ger a c'est par là que vous pourriez diri« votre vaisseau creux, fi brillant (glorieux) Ulysse.

a Et un homme jeune « ayantdécoché-une-flèche avec l'arc œ depuis le vaisseau creusé « n'arriveraitpasà lacavernecreuse, « Et là Scylla habite dedans, a rugissant d'une-façon-terrible ; « de laquelle assurément la voix ce est aussi grande « que-celle d'une jeune-lionne a nouvellement-née, « et d'autre-part elle-même « est un monstre funeste ; « et quelqu'un ne se réjouirait pas a ayant vu elle, « pas même si c'était un dieu « qui la rencontrât..

« Car les pieds de-devant d'elle «sont douze en-tout; « et six tous très-longs sont à elle ; « et sur chaque cou « est une tête horrible, [rangées, « et dedans sont des dents sur-trois« serrées et nombreuses, « pleines d'une noire mort.

a jusqu'à la ceinture dans la caverne profonde ; elle avance ses têtes a hors du gouffre horrible, et, portant de tous côtés ses regards au« tour du rocher, elle saisit les dauphins, les chiens de mer, ou en« core quelqu'un de ces énormes cétacés que nourrit en foule la reten« tissante Amphitrite. Jamais les nautonniers ne se glorifient de lui ex avoir échappé sans dommage avec leur vaisseau; mais de chacune « de ses têtes elle enlève un homme sur le navire à la proue azurée.

« L'autre rocher t'apparaltra plus bas, Ulysse ; ils sont voisins l'un « de l'autre, à une portée de trait. Sur celui-ci se trouve un grand c figuier couvert de feuilles vertes; au-dessous, la divine Charybde Œ engloutit l'eau noire. Trois fois chaque jour elle la rejette et l'en« gloutit d'une façon terrible; puisses-tu ne pas te trouver auprès « d'elle lorsqu'elle l'engloutit ! car Neptune lui-même ne saurait te fi: Et jusqu'au-milieu elle est plongée « dans la caverne creuse; « mais elle tire ses têtes « hors du terrible gouffre; Ketia - [l'écueil « cherchant- avidement - autour- de « elle pêche d les dauphins « et les chiens de mer, « et si quelque-part elle peut prendre « un plus grand cétacé, [tissante « un de ceux qu'Amphitrite retenu nourrit innombrables.

« Et jamais-encore les matelots CI ne se vantent a d'avoir échappé par là « sans-dommage « avec leur vaisseau ; « mais avec chaque tête « ayant enlevé un homme «du vaisseau à-la-proue-azurée

« elle Remporte.« Mais tu verras, Ulysse, « l'autre rocher « plus bas, « car ils sont près l'un de l'autre ; « et tu i'atteindrais-avec-une-flèclic.

« Et dans celui-ci « est un grand figuier, « florissant de feuilles ; « et sous celui-ci la divine Charybde t engloutit l'eau noire.

« Car trois-fois dans le jour « elle lance l'eau, « et trois-fois elle l'engloutit.

« d'une-façon-terrible ; « puisses-tu ne pas te trouver là, « quand elle Vengloutirait ; « car pas même le dieu qui-ébranle« ne pourrait tirer toi [la terre a du malheur.

« sauver du trépas. Approche-toi donc du rocher de Scylla, et pouace « vivement ton vaisseau ; il vaut bien mieux avoir à regretter six « compagnons sur ton navire que de les pleurer tous. »

« Elle dit, et je lui répondis : « Déesse, parle-moi avec frandUse : « pourrais-je échapper à la funeste Charybde et repousser Scylla a quand elle ravira mes compagnons ? »

« Je dis ainsi ; la divine Circé me répondit : « Infortuné, les tra« vaux de la guerre, les fatigues occupent donc encore ta pensée, et a tu ne veux pas céder même aux dieux immortels ? Scylla n'est a point sujette à la mort; c'est un monstre impérissable, terrible, « affreux, cruel, invincible; contre elle, point de ressource; le plus « sûr est de fuir bien loin. Si tu t'arrêtes pour t'armer auprès de ma

« Mais t'étant approché tout à. fait « du rocher de Scylla, « songe à pousser vite ton vaisseau « le-long-et-au-delà d'elle; fi car il est de beaucoup meilleur « de regretter six compagnons a sur le vaisseau « que de regretter tous à la fois. »

« Elle dit ainsi ; mais moi répondant je dis-à elle : « Eh bien si tu veux, «allons maintenant, déesse, « dis-moi ceci sincère (sincèrement), « si de-quelque-façon « je pourrais éviter a la funeste Charybde, [(Scylla), « et je pourrais repousser celle-là « lorsque du moins « elle ravirait à moi cc mes compagnons. »

« Je dis ainsi ; et celle-ci divine entre les déesses répondit aussitôt : « Infortuné, « encore donc de-nouveau « les travaux de la guerre et la fatigue « sont-à-souci (plaisent) à toi, « et tu ne céderas pas « aux dieux immortels ? [toi, « Car celle-ci n'est pas mortelle pour « mais est un fléau immortel « et terrible et difficile à vaincre cc et cruel « et non possible-à-combattre; « et quelque secours n'est pas contre elle; « fuir loin d'elle est le meilleur.

Car si en t'armant a tu tardes auprès du rocher,

« écueil, je crains bien que, s'élançant une seconde fois, elle ne t'ena lève autant d'hommes qu'elle a de têtes. Lance tou vaisseau de a: toute sa vitesse, et appelle la mère de Scylla, crataIs, qui enfanta ce a fléau des mortels ; elle l'empêchera de fondre de nouveau sur vous.

tt Ensuite tu arriveras dans l'île de Thrinacie, où paissent les nomce breuses génisses et les grasses brebis du Soleil, sept troupeaux chaoc cuu de cinquante génisses et tout autant de superbes brebis; elles a ne se reproduisent point et ne meurent point ; des déesses les font ce pattre, des nymphes à la belle chevelure, Phaéthuse et Lampétie, « que la divine Nééra enfanta au Soleil Hypérion. Après les avoir a mises au jour et les avoir élevées, leur divine mère les envoya loin a d'elle pour habiter l'île de Thrinacie et y garder les brebis de « leur père et ses génisses aux cornes recourbées. Si tu respectes ces

«je crains que « s'étant élancée de nouveau « elle ne trouve (n'atteigne) toi « avec autant-de têtes, a et ne t'enlève autant d'hommes.

« Mais songe à pousser ton vaisseau « tout à fait rapidement, a et à appeler Crataïs, « mère de Scylla, « qui engendra elle a fléau pour les mortels; « et qui alors empêchera elle « de s'élancer a dans la suite (une seconde fois).

« Et tu arriveras

« dans l'île de Thrinacie ; « et là paissent « les génisses nombreuses Il et les grasses brebis du Soleil, « sept troupeaux de génisses, « et autant-de beaux troupeaux de « et chaque troupeau [brebis, « est de cinquante têtes; a et la reproduction d'elles « n'a-pas-lieu, « et jamais elles ne périssent ; « mais des déesses « sont leurs bergères, a des Nymphes aux-beaux-cheveux, « et Phaéthuse et Lampétie, « que la divine Nééra « enfanta au Soleil Hypérion.

cc Ayant nourri donc * et ayant enfanté celles-ci a leur auguste mère « les établit dans l'île de Thiinacie « pour habiter au loin, « pour garder les brebis paternelles « et les génisses II allx-cornes-recourbées.

I( troupeaux et si tu songes à ton retour, vous rentrerez dans Ithaque « après bien des épreuves; mais si tu les attaques, je t'annonce la CI perte de ton navire et de tes compagnons ; et si tu échappes toi- « même, tu n'arriveras que tard et misérablement dans ta patrie. »

a Elle dit, et aussitôt parut l'Aurore au trône d'or. La nymphe divine s'éloigna à travers l'ile ; pour moi, j'allai au vaisseau et j'exhortai mes compagnons à s'embarquer et à détacher les amarres. Ils montèrent aussitôt et prirent place sur leurs bancs ; assis en ordre, ils frappaient la blanche mer de leurs rames. Derrière le vaisseau à la proue azurée, Circé à la belle chevelure, redoutable déesse, fit souffler un vent favorable, bon compagnon de route, qui gonflait nos voiles. Après avoir disposé tous les agrès dans le vaisseau, nous

«.Si tu laisses elles sans-dommage « et te préoccupes du retour, « certes vous pourriez arriver encore « dans Ithaque cc quoique souffrant des maux ; cc mais si tu leur fais-dommage, « alors je prédis à toi la perte « et pour ton vaisseau «et pour tes compagnons; « et si-toutefois « tu as échappé toi-même, « lu retourneras dany ta patrie « tard et misérablement, « ayant perdu tous tes compagRons.) « Elle dit ainsi ; et aussitôt l'Aurore au-trône-d'or vint.

Celle-ci ensuite, divine entre les déesses, s'en alla à travers l'île ; mais moi étant allé vers le vaisseau j'excitai mes. compagnons et à s'embarquer eux-mêmes et à détacher les amarres.

Et ceux-ci aussitôt s'embarquèrent et s'assirent sur les bancs-de-raet étant assis à-la-file [meurs; ils frappaient de leurs rames la blanche mer.

Et de-son-côté Circé à-la-belle-chevelure déesse redoutable, douée-de-voix, envoya à nous derrière le vaisseau à-la-proue-azurée un vent favorable rempiissant-les-voiles, bon compagnon.

Et aussitôt ayant disposé-avec-travail chacun-des agrès dans le vaisseau nous nous assîmes; nous assîmes; le vent et le pilote dirigeaient notre course. Alors, le cœur affligé, je dis à mes compagnons : oc 0 mes amis, il ne faut pas qu'un ou deux .seulement connaissent a les oracles que m'a dits la divine Circé; je vous les révélerai donc, <e afin qu'instruits de ces secrets nous mourions ou nous échappions « à la mort et à la destinée. Elle nous engage d'abord à éviter les a chants et la prairie en fleurs des divines Sirènes ; elle m'invite seul a à écouter leur voix ; mais attachez-moi avec une chaîne solide dea bout contre le mât, où vous enlacerez les câbles, afin que je demeure et là sans bouger. Si je vous supplie, si je vous ordonne de me déta« cher, chargez-moi alors de liens encore plus nombreux. »

c Je découvrais ainsi chaque chose à mes compagnons ; pendant ce temps le solide navire arrivait promptement à l'lie des Sirènes, poussé mais et le vent et le pilote dirigeaient celui-ci (le vaisseau). ,

Donc alors moi, affligé en mon cœur, je dis à mes compagnons : « 0 mes amis, a car il ne faut pas un ni deux settls « connaître les prophéties, « que Circé, divine entre les déesses, « a dites à moi ; mais je vous les dirai, « afin que les sachant Kou nous mourions « ou ayant échappé « nous évitions la mort et le Destin.

« D'abord elle nous exhorte « à éviter la voix « et la prairie fleurie cc des Sirènes divines; « elle engageait moi seul « à écouter leur voix ; « mais attachez-moi [nouer, « dans (avec) un lien difficile à déa afin que je reste fermement là, « droit au pied-du-mât, « et que des cordes « soient attachées à lui (au mât).

« Et si je supplie vous « et vous ordonne de me délier, « vous donc alors « songea à me presser « dans des liens plus nombreux. »

et Assurément moi disant ces choses chacune (l'une après l'autre) je les révélais à mes compagnons ; et pendant-ce-temps le vaisseau bienarriva promptement [travaillé à l'île des Sirènes ; car un ventinoffensif le poussait.

par un veut favorable. Mais bientôt ce vent cessa, et fit place à un calme profond ; une divinité assoupit les flots. Mes compagnons se levèrent et plièrent les voiles, qu'ils déposèrent dans le vaisseau profond; puis, s'asseyant sur leurs bancs, ils faisaient blanchir l'onde sous la rame polie. Pour moi, je coupais en petits morceaux avec l'airain tranchant une grosse boule de cire, et la pétrissais de mes mains robustes; aussitôt la cire s'amollit, domptée par une force puissante et par les rayons du divin Soleil Hypérion; puis je bouchai successivement les oreilles de tous mes compagnons. Ils me lièrent par les pieds et par les mains sur le vaisseau, debout contre le mât, où ils enlacèrent les câbles, et eux-mêmes assis frappaient la blanche mer de leurs rames. Quand nous fûmes à la distance où la voix peut se faire entendre, nous voguâmes rapidement; mais le vaisseau ailé n'échappa pas aux Sirènes, dont il côtoyait les bords; elles commencèrent leurs chants harmonieux : Aussitôt ensuite le vent cessa, et un calme sans-vent était ; et une divinité endormit les flots.

Et mes compagnons s'étant levés plièrent les voiles du vaisseau, et déposèrent elles dans le vaisseau creux ; et ceux-ci assis aux rames faisaient-blanchir l'eau avec les sapins polis. [ceaux Mais moi ayant coupé-en-petit&-moravec l'airain acéré une grande boule de cire je la pressais de mes mains robustes; et aussitôt la cire s'échauffait, car une grande force l'ordonnait.

et l'éc!at du Soleil roi fils-d'Hypérion ; et je l'étendis sur les oreilles à tous mes compagnons à-la-file.

Et ceux-ci lièrent moi sur le vaisseau à la fois et par les mains et par les pieds, droit au pied-du-mât, et attachèrent des cordes à lui (au mât); et eux-mêmes étant assis frappaient de leurs rames la blanche mer.

Mais lorsque nous fûmes-éloignés autant (à la distance) que (où) quelqu'un a fait-entendre ayant crié, [(se fait entendr e) pressant rapidement, alors le vaisseau rapide-sur-la mer

n'échappa pas à celles-ci étant poussé de près ; et elles préparaient (commençaient) un chant harmonieux :

« Viens à nous, Ulysse tant vanté, grande gloire des Grecs; arrête « ici ton vaisseau, afin que tu entendes notre voix. Nul encore ne « s'est éloigné de nous sur son noir navire avant d'avoir écouté les a accents délicieux qui sortent de nos bouches; mais, charmé par « notre voix, il s'en retourne ensuite instruit de plus de choses. Nous « savons tous les travaux que les Argiens et les Troyens ont accom« plis dans la vaste Troie par la volonté des dieux; nous connaissons a tout ce qui se passe sur la terre féconde. »

Ainsi parlèrent les Sirènes, d'une voix mélodieuse; mon cœur brûlait de les entendre, et, faisant signe des yeux à mes compagnons, je leur ordonnais de me détacher ; mais ils se courbaient sur leurs rames. Aussitôt Périmède et Euryloque se levèrent et me chargèrent de liens encore plus nombreux. Quand nous eûmes dépassé les Sirènes et que nous n'entendîmes plus ni leur voix ni leurs chants,

« Allons étant venu ici, « Ulysse très-loué, grande gloire des Achéens, « arrête ton vaisseau, « afin que tu entendes noire voix.

« Car pas encore quelqu'un u n'a poussé-au-delà par ici « avec son vaisseau noir, « avant du moins d'avoir entendu « la voix mélodieuse « qui sort des bouches de nous ; « mais celui-oi s'en va s'étant charmé « et sachant plus de choses.

« Car nous savons assurément « toutes les choses, « que dans la vaste Troie « les Argicns et les Troyens a ont endurées-avec-fatigue a par la volonté des dieux; * et nous savons tout ce qui se passe o suc la terre très-nourricière. » « Elles dirent ainsi, émettant une belle voix; mais mon cœur voulait les entendre, et j'ordonnais à mes compagnons de me délier, faisant-signe des sourcils ; [avant mais ceux-ci s'étant penchés-enramaient.

Et aussitôt s'étant levés Périmède et Euryloque lièrent moi dans des liens plus nombreux et me serrèrent davantage.

Mais lorsqu'ils eurent dépassé celles-ci (les Sirènes), et qu'ensuite nous n'entendions plus la voix ni le chant des Sirènes, mes compagnons bien-aimés ôtèrent la cire dont j'avais fermé leurs oreilles et me détachèrent de mes liens.

a A peine avions-nous quitté l'île, que j'aperçus de la fumée avec des vagues immenses et que j'entendis un grand fracas; tous furaaL remplis d'effroi, et les rames s'échappant de leurs mains tombèrent avec bruit dans les flots; le vaisseau s'arrêta, car leurs bras n'agitaient plus les longues rames. Pour moi, parcourant le navire, j'exhortais mes compagnons l'un après l'autre par de douces paroles : » 0 mes amis, nous ne sommes point sans expérience des dangers; a nous ne sommes pas menacés d'un plus grand malheur que lers« que le Cyclope nous enfermait avec une force terrible dans sa pro« fonde caverne ; nous lui avons échappé cependant par ma valeur, « ma sagesse et nia prudence; un jour aussi, je l'espère, vous vous « rappellerez les périls de ce moment. Allons, obéissez tous à mes aussitôt les compagnons très-chers ôtèrent la cire [à moi que j'avais appliquée à eux sur les oreilles, - et délièrent moi de mes liens.

« Mais lorsque déjà nous eûmes laissé l'île derrière nous, aussitôt ensuite je vis de la fumée et de grandes vagues et j'entendis du fracas ; et les rames donc s'échappèrent des mains de ceux-ci ayant craint; et toutes donc retentirent dans le courant; et le vaisseau fut arrêté là, [mains puisqu'ils ne pressaient plus de leurs les rames longues.

Mais moi allant à travers le vaisseau j'excitai 81es compagnons, chaque homme, par des paroles douces-comme-miel en-me-tenant-auprès d'eux : a 0 amis, « car nous ne sommes pas encore « sans-expérience des malheurs; « ce malheur-ci donc se présente a non plus grand - [mait « que lorsque le Cyclope nous enfer« par sa force violente « dans la caverne creuse t « mais nous avons fui aussi de là ( par ma valeur « et mon conseil et ma prudence ; a. et je crois [doute vous devoir vous souvenir sans « de ces choses. -

« Maintenant donc allons, a. obéissons tous « comme j'aurat dit.

0: paroles. Assis sur vos bancs, frappez de vos rames les flots proie fonds; peut-être Jupiter nous accordera-t-il d'échapper au trépas.

a Pour toi, pilote, voici mes ordres; grave-les dans ton cœur, puisoc que tu diriges le gouvernail du profond navire : éloigne le vaisseau « de cette fumée et de ces vagues; dirige-le vers l'écueil, de peur a qu'il ne s'élance de l'autre côté malgré toi et que lu ne nous jettes » dans le malheur. D a Je dis, et sans tarder ils obéirent à mes paroles. Je ne parlais jpoint de Scylla, malheur inévitable, de peur que mes compagnons épouvantés ne cessassent de ramer et ne se blottissent dans le vaisseau. En ce moment j'oubliai les tristes recommandations de Circé, qui m'avait engagé à ne pas m'armer; je revêtis donc mes armes nrillantes, et, prenant en main deux longs javelots, je m'avançai sur cc Vous frappez de vos rames cc les brisants profonds de la mer a étant assis « sur les bancs-de-rameurs, a pour voir si peut-être Jupiter a nous donnerait de fuir « et d'éviter cette perte-ci du moins.

"cc Et j'enjoins ainsi a à toi, pilote; [cœur, ce mais mets mes ordres dans ton cc puisque tu diriges le gouvernail a du vaisseau creux : « écarte le vaisseau « en dehors de cette fumée a et de ces vagues ; cc mais toi cc cherche le (va droit au) rocher, cc de peur que s'étant élancé là K il (le vaisseau) n'échappe à toi, a et que tu ne jettes nous cc dans le malheur. »

II Je dis ainsi; et ceux-ci aussitôt obéirent à mes paroles.

Et je ne parlais plus de Scylla, mal sans-remède, de peur que peut-être mes compagnons ayant craint ne cessassent à moi le travail-de-laet ne blottissent eux-mêmes [rame, en dedans du vaisseau.

Et alors donc j'oubliai la recommandation triste de Circé, car elle n'avait pas engagé moi à m'armer ; mais moi ayant revêtu mes armes illustres et ayant pris dans mes mains deux longues javelines j'allai sur le tillac le tillac du vaisseau, vers la proue ; là j'espérais d'abord apercevoir Scylla, l'habitante du rocher, qui apportait le trépas à mes compagnons. Mais je ne pus la découvrir, et mes yeux se fatiguèrent à parcourir le sombre écueil.

a Nous traversions en gémissant le détroit; d'un côté était Scylla, de l'autre, la divine Charybde engloutissait avec un bruit terrible l'onde salée. Quand elle IJ rejetait, la mer agitée grondait comme une chaudière sur un feu ardent; l'écume jaillissait et retombait sur les cimes des deux rochers. Mais quand elle engloutissait l'eau salée de la mer, tout l'intérieur paraissait bouillonnant ; autour del'écueil retentissait un fracas horrible j au-dessous on voyait la terre avec son sable azuré ; et la pâle crainte s'emparait de mes compagnons. Nous regardions le rocher et nous redoutions le trépas ; cependant Scylla saisit sur le profond navire six de mes compagnons, les plus remar- du vaisseau à-la-proue ; car j'attendais elle, Scylla entourée-de-rochers, qui apportait à. moi le malheur à mes compagnons, devoir apparaître d'abord de là.

Et je ne pus l'apercevoir nulle-part; et les yeux se fatiguèrent à moi qui regardais de-tous-côtés vers la roche sombre.

c Et nous nous traversions le détroit en gémissant; car d'un côté était Scylla, et de-l'autre-côté la divine Charybde engloutit d'une-façon-terrible l'eau salée de la mer.

Certes lorsqu'elle la vomissait, tout-entière bouleversée elle mugissait [feu; comme une chaudière sur un grand et en haut l'écume tombait sur les deux rochers à-leur-sommet.

Mais quand elle engloutissait l'eau salée de la mer, elle apparaissait [rieur; tout-entière bouleversée à l'intéet elle retentissait d'une-façon-terrible autour de la roche; et au-dessous la terre apparaissait avec du sable azuré; - .et la crainte pâle s'empara d'eux.

Nous regardâmes vers celle-ci (la roche), ayant craint le trépas ; et pendant-ce-temps Scylla enleva à moi du vaisseau creux six compagnons, quables par leur force et leur courage. Portant mes yeux sur le vaisseau rapide et sur mes amis, je vis leurs pieds et leurs mains déjà enlevés dans les airs; ils m'appelaient à haute voix par mon nom, pour la dernière fois, le cœur rempli de douleur. Lorsque sur un roc élevé le pêcheur, armé d'un long roseau, préparant un appât aux petits poissons, jette dans la mer la corne d'un bœuf sauvage, bientôt il en saisit un et le jette palpitant hors de l'eau ; ainsi ces infortunés s'agitaient et étaient emportés vers le rocher; tandis que le monstre les dévorait à l'entrée de sa caverne, ils poussaient des cris et me tendaient les mains dans leur affreuse détresse. Jamais plus lamentable spectacle ne s'offrit à mes regards en parcourant les routes de la mer.

« Quand nous eûmes évité le double écueil, la terrible Charybde et Scylla, nous atteignîmes bientôt l'lie du dieu magnifique; là se trou- qui étaient les meilleurs et par les mains et par la force.

Et ayant regardé vers le vaisseau rapide et en-même-temps vers mes compagnons, je vis déjà au-dessus de moi les pieds et les mains de ceux-ci, enlevés en haut; et ils criaient appelant moi par-mon-nom, alors certes pour-la-dernière-fois, ; affligés en leur cœur.

Et comme lorsque sur un rocher-qui-s'avance un pêcheur faisant-descendre des aliments comme piège pour les petits poissons avec une baguette très-longue lance dans la mer la corne d'un bœuf champêtre, et ensuite ayant pris un poisson l'a jeté hors de la mer palpitant; ainsi ceux-ci palpitant étaient enlevés vers les rochers ; et elle (Scylla) dévorait là à la porte de son antre eux criants, tendant les mains à moi dans cette terrible lutte.

Certes de tous les maux que j'endurai en parcourant les routes de la mer celui-là est le plus digne-de-pitié que je vis de mes yeux.

« Mais après que nous eûmes fui les rochers, et l'horrible Charybde et Scylla, aussitôt ensuite nous arrivâmes vaieut les belles génisses au large front et les troupeanx de grasses brebis du Soleil Hypérion. J'étais encore au milieu de la mer, sur mon noir navire, quand j'entendis le mugissement des génisses dans leurs parcs et le bêlement des brebis : aussitôt me revint à la pensée la parole du devin aveugle , le Thébain Tirésias, et de Circé d'Ëa ; car elle m'avait recommandé par-dessus tout d'éviter l'lie du Soleil qui réjouit les mortels. Le cœur aIDigé, je parlai ainsi à mes compagnons : « Écoutez mes paroles, amis, quoique le malheur vous accable, a afin que je vous dise les prophéties de Tirésias et de Circé d'Ëa ; « car elle m'a recommandé par-dessus tout d'éviter l'île du Soleil « qui réjouit les mortels. C'est là, m'a-t-elle dit, que nous attend le « plus cruel malheur ; poussez donc au delà de cette île notre noir « vaisseau. « Je dis, et leur cœur se brisa. Aussitôt Euryloque me fit entendre ces paroles amères : dans l'île irréprochable (magnifique) du dieu ; et là étaient les belles génisses au-large-front et les nombreuses et grasses brebis du Soleil Hypérion.

Donc alors moi étant encore sur mer dans mon vaisseau noir j'entendis et le meuglement des génisses parquées et le bêlement des brebis ; et la parole du devin aveugle, du Thébain Tirésias, et la parole de Circé d'-Éa, qui recommandait à moi fort souvent d'éviter l'île du Soleil qui-réjouit-les-mortels, tomba à moi dans le cœur.

Donc alors je dis à mes compagnons, étant affiigé en mon cœur : « Écoutez les paroles de moi, « compagnons, a: quoique souffrant des maux, a afin que. je dise à vous « les prophéties de Tirésias « et de Circé d'-Éa, [vent « qui recommandait à moi fort soucc d'éviter l'île a du Soleil qui-réj oui L-les-mortels « car elle disait « un malheur très-terrible « être là pour nous ; « mais poussez le vaisseau noir ale-long-et-au-delà de l'île. »

« Je dis ainsi; et le cœur chéri fut brisé à ceux-ci.

Et aussitôt Euryloque répondit à moi avec un discours triste :

« Tu es cruel, Ulysse; ta force est immense et tes membres ne se ce lassent point; tout en toi est de fer, puisque tu ne permets pas à « tes compagnons épuisés de fatigue et de sommeil d'aborder au ri« vage; dans cette île entourée d'eau, nous préparerions un repas a succulent, tandis que lu nous ordonnes de nous éloigner de l'lie et « de voguer pendant la nuit rapide sur la sombre mer. Les vents « qui s'élèvent la nuit sont terribles, c'est la perte des vaisseaux ; « comment échapper à un affreux trépas, si tout à coup survient « l'ouragan du Notus ou du Zéphyre impétueux qui surtout brisent a les navires, même malgré les dieux tout-puissants? Allons, obéissons a à la noire nuit et préparons notre repas en nous tenant auprès du « rapide vaisseau ; nous nous y embarquerons dès l'aurore et nous le « lancerons sur la vaste mer. » c Tu es cruel, Ulysse; [ment, a de la vigueur est à toi abondamci et tu n'es pas fatigué a en tes membres; a certes donc tous les membres a ont été faits de-fer à toi du moins, cc qui donc ne laisses pas oc tes compagnons « épuisés de fatigue cc et aussi de sommeil CI monter-sur la terre (prendre terre); « là de-notre-côté 0: dans cette île entourée d'eau a nous aurions préparé ( un repas agréable ; « mais tu nous invites à errer ainsi « à travers la nuit rapide, cc nous étant éloignés de l'île, « sur la mer sombre.

Mais pendant les nuits « naissent des vents violents, cc fléaux des vaisseaux ; cc où quelqu'un pourrait-il fuir cc une perte terrible, ce si par-hasard la tempête du vent « arrivait soudain, ce la tempête ou du Notus 0: ou du Zépliyre au-souffle-tcrrible, «lesquels surtout et détruisent un vaisseau, a même contre-le-gré cc des dieux souverains?

« Mais certes maintenant à la vérité a obéissons à la nuit noire « et préparons notre repas, K restant auprès du vaisseau rapide; cc et nous étant embarqués « dès-l'aurore « nous lancerons le vaisseau a sur la vaste mer. »

« Ainsi parla Euryloquc, et tous mes compagnons l'approuvèrent ; je reconnus alors qu'un dieu préparait notre perle, et je leur adressai ces paroles ailées : a Euryloque, vous me faites violence, car je suis seul; eh bien, du « moins, faites-moi tous un serment redoutable : jurez que, si nous « rencontrons un grand troupeau de génisses ou de brebis, nul de cc vous, dans un funeste égarement, n'immolera ni génisses ni brebis; « mais mangez en repos les provisions que vous a données l'immor« telle Circé. »

« Je dis, et aussitôt ils firent le serment que j'exigeais. Quand ils eurent achevé de prononcer ce serment, nous plaçâmes dans un port profond notre solide navire, auprès d'une eau douce; mes compagnons descendirent du vaisseau et préparèrent avec soin le repas du soir. Quand ils eurent apaisé la faim et la soif, ils versèrent des larmes au souvenir de leurs chers compagnons qu'avait dévorés Scylla après a Ainsi parla Euryloque ; et les autres compagnons l'approuvèrent.

Et alors donc je reconnus que certes une divinité nous préparait des maux; et ayant parlé je dis-à lui ces paroles ailées : et Euryloque, certes donc -a vous contraignez fortement moi, « qui suis seul ; « mais allons maintenant tous «jurez-moi un serment puissant, « si nous trouvons a ou quelque troupe de génisses ce ou un grand troupeau de brebis, « que nul par une sottise funeste a ne tue ou une génisse cc ou encore une brebis; « mais paisibles mangez la nourriture, « que l'immortelle Circé ( nous a donnée. »

cc Je dis ainsi; et ceux-ci aussitôt jurèrent-que-non, comme je l'ordonnais.

Mais après donc que et ils eurent juré et ils eurent achevé le serment, nous établîmes dans un port creux le vaisseau bien-fabriqué, auprès d'une eau douce; et mes compagnons descendirent du vaisseau, et ensuite préparèrent le repas-du-soir savamment.

Mais quand ils eurent enlevé (chassé) le désir du boire et du manger s'étant souvenus donc ensuite [ris, ils pleuraient lewrscompagnonsché- les avoir saisis sur le profond navire, et, tandis qu'ils pleuraient, le doux sommeil descendit sur eux. C'était la troisième partie de la nuit, et les astres déclinaient vers leur couchant; Jupiter qui rassemble les nuées souleva les rafales violentes d'un vent impétueux, et couvrit à la fois de nuages la terre et l'Océan ; la nuit tomba du ciel. Quand parut la fille du malin, l'Aurore aux doigts de roses, nous tirâmes le vaisseau et le fîmes entrer dans une grotte profonde, où se trouvaient les belles danses et les sièges des nymphes ; je réunis mes compagnons et leur parlai ainsi : a Mes amis, nous avons encore sur le rapide vaisseau de la nourria ture et de la boisson; abstenons-nous donc de ces génisses, afin de a ne souffrir aucun malheur; car ce sont les génisses et les grasses a brebis d'un dieu redoutable, le Soleil, qui voit tout et entend a tout. »

a. Je dis, et leur cœur généreux fut persuadé. Pendant un mois entier le Kotus ne cessa pas de souiller, et aucun autre vent ne s'éleva, qu'avait dévorés Scylla,

les ayant pris sur le vèisseau creux ; et le doux sommeil vint à eux pleurant.

Mais quand ce fut au tiers de la nuit, et que les astres eurent passé, Jupiter qui-rassemble-les-nuages souleva un vent impétueux avec une tempête violente, et couvrit de nuées à la fois la terre et la mer ; et la nuit s'était élancée (étaittombée) du ciel.

Mais quand parut l'Aurore née-du-matin aux-doigts-de-roses, nous mouillâmes le vaisseau, l'ayant tiré-dans une grotte creuse; etlà étaient de belles places-de-danse et des sièges de Nymphes ; aussi alors ayant établi (réuni) une assemblée je dis au-milieu-de tous : a 0 amis, [son a car et de la nourriture etdelaboisa sont dans le vaisseau rapide, a eh bien abstenons-nous « des génisses, [que mal; a de peur que nous ne souffrions quel« car celles-ci sont les génisses a et les grasses brebis « d'un dieu terrible, celé Soleil, qui voit toutes choses « et entend toutes choses. »

« Je dis ainsi ; et te cœur généreux fut persuadé à eux.

Et du-rant un mois tout-entier le Notus souffla sans-cesser, et aucun autre des vents ne fut (ne souffla) ensuite, si ce n'est l'Eurus et le Notus. Tant qu'ils eurent du pain et un fin rouge, ils s'abstinrent des génisses tout en cherchant leur nourriture. Mais lorsque toutes les provisions du vaisseau furent épuisées, errant par nécessité, ils poursuivaient quelque proie, poissons, oiseaux, tout ce qui pouvait tomber dans leurs mains armées de l'hameçon recourbé. Alors je m'éloignai dans l'île, afin de supplier les dieux et de voir si l'un d'eux m'indiquerait la voie du retour. Quand je me fus écarté de mes compagnons, je lavai mes mains dans un lieu placé à l'abri du vent, et je suppliai tous les immortels qifi habitent l'Olympe ; mais ils versèrent sur mes paupières un doux som.

meil. Alors Euryloque le premier donna à mes compagnons un conseil funeste : a Écoutez mes paroles, amis, quoique le malheur vous accable; « toutes les morts sont odieuses aux malheureux mortels, mais de sinon et l'Eurus et le Notus.

Et ceux-ci tant que à la vérité ils eurent du pain et un vin rouge, jusque-là s'abstinrent des génisses, cherchant leur nourriture.

Mais lorsque donc toutes les provisions [vaisseau, eurent été consumées et tirées du aussi alors errant ils poursuivaient une proie par nécessité, des poissons et des oiseaux, tout ce qui venait en leurs mains chéries, avec des hameçons recourbés; car la faim tourmentait leur ventre.

Alors donc moi je m'éloignai dans l'ne, afin que je priasse les dieux, pour voir si l'un d'eux montrerait à moi une route pour m'en retourner.

Mais lorsque donc ayant été à travers l'île je me fus écarté de mes compagnons, ayant lavé mes mains, dans un endroit où était un abri du (contre le) vent; je suppliai tous les dieux, qui ont (habitent) l'Olympe ; et ceux-ci donc versèrent à moi un doux sommeil sur mes paupières.

Et Euryloque [gnons fut-le-premier-auteur à mes compad'un conseil funeste : « Écoutez les paroles de moi, « compagnons, et quoique souffrant des maux ; a toutes les morts sont odieuses a aux malheureux mortels,

« tous les destins le plus triste est de périr par la faim. Allons, chas« sons devant nous les plus belles génisses du Soleil, et faisons un « sacrifice aux immortels qui occupent le vaste ciel. Si nous arrivons « dans Ithaque, notre chère patrie, nous bâtirons aussitôt au Soleil « Hypérion un temple magnifique, où nous déposerons de nombreuses <c et riches offrandes; si le dieu s'irrite à cause de ses génisses aux ce cornes superbes, s'il veut anéantir notre vaisseau et que les autres « divinités y consentent, j'aime mieux perdre la vie une fois pour « toutes au milieu des flots que de me consumer lentement dans une Il Ile déserte. »

« Ainsi parla Euryloque, et tous mes compagnons l'approuvèrent.

Aussitôt ils chassèrent devant eux les plus belles génisses du Soleil ; car ces superbes troupeaux au large front, aux cornes recourbées, paissaient non loin du vaisseau à la proue azurée ; puis ils les entou- cc mais mourir et subir le destin « par la faim a est la chose la plus digne-de-pitié.

a Mais allons, ( ayant chassé devant nous Kles meilleures (plus. belles) a des génisses du Soleil a sacrifions-ies aux immortels, « qui ont (habitent) le vaste ciel.

a Et si nous arrivons dans Ithaque « notre terre patrie, « aussitôt nous bâtirons cc un temple opulent a au Soleil Hypérien, a et nous déposerons-dedans a des offrandes nombreuses « et bonnes (précieuses) ; a et si s'étant irrité en quelque chose a au sujet des génisses « aux-corn es-droites « il veut perdre notre vaisseau, « et que les autres dieux cc suivent sa volonté « j'aime-mieux c ayant ouvert-la-bouche au flot a perdre d'un-seul-coup la vie te que de me consumer longtemps, a étant dans une île déserte. »

a Ainsi parla Euryloque ; et les autres compagnons l'approuvèrent.

Et aussitôt ayant chassé devant eux les meilleures (les plus belles) des génisses du Soleil, de près (car les belles génisses aux-cornes-recourbées, au-large-front, ne paissaient pas loin du vaisseau à-la-proue-az u rée), rèrent et adressèrent leurs vœux aux dieux, après avoir cueilli les tendres feuilles d'un chêne à l'altière chevelure ; car ils n'avaient pas d'orge blanche sur le solide navire. Quand ils eurent achevé leurs prières, qu'ils eurent égorgé et dépouillé les victimes, ils leur coupèrent les cuisses, qu'ils couvrirent d'une double enveloppe de graisse, et sur ces membres ils placèrent des chairs palpitantes ; ils n'avaient pas de vin pour répandre des libations sur les victimes livrées aux flammes, mais ils versèrent de l'eau et firent griller les entrailles teut entières. Lorsque les cuisses furent consumées et qu'ils eurent gaûté les entrailles, ils coupèrent le reste des chairs par morceau* et en garnirent leurs kraches.

c En ce moment, le doux scwneil quitta mes paupières, et je me dirigeai vers le vaisseau rapide et le bord de la mer. Comme j'approchais du navire balancé sur 18 flots, une douce odeur de graisse arriva jusqu'à moi; je gémis, et élevant la voix vers les dieux iMMrtels : oc Puissant Jupiter, *i'écriai-je, et vous tous, dieux immortelm 8L alors ils entourèrent celles-ci et adressèrent-des-vœux aux dieux, ayant cueilli les tendres feuilles d'un chêne à-la-chevelure-élerée ; car ils n'avaient pas d'orge blanche sur le vaisseau au-beau-tillac.

Mais quand donc ils eurent fait—les— et les eurent égorgées £ vœux et les eurent dépouillées, et ils coupèrent les cuisses et les couvrirent de graisse, ayant mis la graisse en double, et posèrent-des-chairs-crues sur elles; et ils n'avaient pas de vin-pur pour. faire-des-libations sur les victimes se consumant, mais faisant-des-libationsavec de l'eau [les.

ils faisaient-griller toutes les entrailMais quand les cuisses furent consumées et qu'ils eurent goûté aux entrailles, donc et ils coupèrent-en-morceanx les autres chaws et les percèrent autour des broches.

a Et alors le doux sommeil s'en alla à moi des paupières ; et je me-mis-en-marche poar aller vers le vaisseau rapide et le bord de la mer.

Mais lorsque déjà ayant marché j'étais près du. vaisseau ballotté, aussi alors la douce odeur delà graisse se répandit-autour de moi ; et ayant gémi je criai vers les dieux immortels: « Jupiter père (auguste) K et autres dieux bieilieuroHx a. existant toujours (immortels) »

« bienheureux, c'est donc pour ma perte que vous m'avez endormi c d'un cruel sommeil, et mes compagnons, restés loin de moi, ont « médité un horrible forfait. »

« Aussitôt Lampétie au long voile alla redire au Soleil Hypérion que nous avions égorgé des génisses. Le cœur plein de courroux, il parla ainsi parmi les immortels : c Puissant Jupiter et vous tous, dieux immortels et bieaheureux, « punissez les compagnons d'Ulysse fils de Laërte : ils ont violemment « égorgé ces génisses que je regardais avec orgueil quand je montais a vers le ciel étoilé et quand, abandonnant l'Olympe, je descendais « vers la terre féconde. S'ils ne subissent pas pour mes génisses la « peine qui m'est due, je m'enfoncerai chez Pluton et brillerai pour « les morts. »

« Jupiter qui rassemble les nuées lui répondit : « Soleil, continue « de briller pour les immortels et d'éclairer les hommes sur la terre

« assurément c'est tout à fait pour uu « que vous avez eu dormi moi [mal « d'un sommeil cruel, « et mes compagnons « restant près de la mer a ont médité « une action grande (criminelle). »

« Mais Lampétie au-long-voile vint messagère rapide au Soleil Hypérion, annonçant que nous avions tué les génisses à lui.

Et aussi tôt il dit-parmi les immortels, étant irrité en son cœur : c Jupiter père (auguste), a et autres dieux bienheureux existant toujours (immortels), CI faites donc les compagnons «l'Ulysse c fils-de-Laërte, « payer une peine, « eux qui ont tué les génisses de moi K avec-une-violence-excessive ; « ces génisses dont moi j'étais-joyeux ce allant vers le ciel étoilé, « et lorsque de nouveau <c je me tournais vers la terre « en revenant du ciel.

« Et s'ils ne payent pas à moi a une rétribution convenable « de mes génisses, « je me plongerai « dans la demeure de Pluton « et brillerai chez les morts. D a Et Jupiter qui-rassem ble- les-nuage s répondant dit-à lui : « Soleil, certes toi brille <r parmi les immortels a et les hommes mortels « sur la terre féconde-en-présents j a féconde ; bientôt je frapperai de ma foudre étincelante leur rapide « navire et le mettrai en pièces au milieu de la noire mer. »

« J'ai appris toutes ces choses de Calypso à la belle chevelure, qui disait elle-même les tenir de Mercure, le messager des dieux.

« Quand je fus arrivé auprès du vaisseau, au bord de la mer, j'accablai de reproches tous mes compagnons l'un après l'autre ; mais nous ne pûmes trouver de remède, car déjà les génisses étaient égorgées.

Aussitôt les dieux manifestèrent des prodiges: les peaux rampaient, les chairs mugissaient autour des broches, cuites ou crues, et on entendait comme meugler des génisses.

a Pendant six jours, mes compagnons bien-aimés mangèrent les plus belles génisses du Soleil, qu'ils avaient chassées devant eux; mais quand Jupiter, fils de Saturne, eut amené le septième jour, alors le vent cessa de souffler avec fureur ; nous montâmes sur le vaisseau a et moi bientôt a ayant frappe a de ma foudre étincelante a le vaisseau rapide de ceux-ci aje le briserai en-petits-morceaux a au milieu de la noire mer. » a Et moi j'ai appris ces choses de Calypso à-la-belle-chevelure ; et celle-ci disait elle-même les avoir apprises de Mercure le messager.

a Mais après donc que je fus descendu vers le vaisseau et la mer, je querellais l'un d'un côté l'autre d'un-autre-côté en-me-tenant-auprès d'eux, et nous ne pûmes pas trouver quelque remède; car les génisses étaient mortes déjà.

Et aussitôt ensuite les dieux manifestaient des prodiges à ceux-ci: tes peaux rampaient, et les chairs mugissaient autour des broches, et cuites et crues ; et une voix comme de génisses se produisait.

a Pendant-six-jours ensuite les compagnons très-chers à moi festinaientayant chassé devant eux les meilleures (plus belles) des génisses du Soleil ; mais lorsque déjà Jupiter fils-de-Saturne eut établi (amené) le septième jour, aussi alors ensuite le vent cessa étant (d'être)-furieux par la tempôte ; et nous le lançâmes sur la vaste mer, après avoir dressé le mât et hissé les blanches voiles.

ce Quand nous eûmes quitté l'île, et que déjà aucune terre ne nous apparaissait, mais seulement le ciel et la mer, le fils de Saturne amena une noire nuée au-dessus du profond navire, et la mer fut couverte de ténèbres. Le vaisseau ne suivit pas longtemps sa route; car bientôt le Zéphyre retentissant vint souffler avec furie ; le vent impétueux brisa les deux cordages du mât, qui tomba en arrière, tandis que tous les agrès étaient jetés au fond du vaisseau ; le mât, s'écroulant sur la proue, frappa le pilote à la tête et lui broya tous les os; semblable à un plongeur, il tomba du tillac, et son âme généreuse s'enfuit de ses membres. Jupiter fit gronder son tonnerre et en même temps lança la foudre sur le vaisseau, qui tourbillonna, frappé par les et nous aussitôt nous étant embarnous lançâmes le vaisseau [qués sur la vaste mer, ayant dressé le mât et ayant hissé les voiles blanches.

« Mais lorsque déjà nous quittions l'île, et que pas une autre des terres n'apparaissait, mais seulement ciel et mer, déjà alors le fils-de-Saturne plaça une nuée azurée au-dessus du vaisseau creux ; et la mer fut obscurcie par elle.

Et celle-ci courut jusqu'à un temps non fort long; car aussitôt vint le Zépliyre retentissant, se déchaînant avec un grand ouragan; et la tempête du vent brisa les deux câbles du mât; et le mât tomba en arrière, et tous les agrès s'affaissèrent dans la sentine; et celui-ci (le mât) donc à la poupe-du vaisseau frappa Ja tête du pilote, et lui broya à la fois tous les os de la tête ; et celui-ci donc ressemblant à un plongeur tomba du tillac, et la vie généreuse quitta ses os.

Et Jupiter à la fois tonna et lança la foudre sur le vaisseau ; et celui-ci tout-entier fut emporté-en-tournant, frappé par la foudre de Jupiter, carreaux du fils de Saturne, et se remplit de soufre; mes compagnons furent jetés hors du navire. Semblables à des corneilles , ils étaient portés par les flots autour du noir vaisseau, et un dieu leur ravit le retour.

a Pour moi, je parcourais le tillac, quand un tourbillon brisa les flancs et les détacha de la carène, que la vague emportait sans agrès.

Elle en arracha le mât jusqu'à la quille ; mais une courroie faite de la peau d'un bœuf y restait attachée. Je la saisis et je liai ensemble le mât et la quille ; assis sur ces débris, j'errai au gré des vents funestes.

a. Alors le Zéphyre cessa de déchaîner sa fureur; bientôt le Notus lui succéda et porta la douleur dans mon âme, car il me fallait passer encore devant l'affreuse Charybde. Je fus ballotté ainsi toute la nuit; quand le soleil se leva, j'arrivai auprès de la roche de Scylla et de la redoutable Charybde. Elle engloutit l'onde salée de la mer; je me dressai pour saisir un haut figuier, auquel je restai fermement at- et fut rempli de soufre; et mes compagnons tombèrent du vaisseau.

Et ceux-ci semblables à des corneilles étaient portés-sur les flots autour du vaisseau noir ; et un dieu leur enlevait le retour.

a. Mais moi je marchais sur le vaisseau, jusqu'à ce que la tourmente détacha les flancs de la quille ; et le flot portait celui-ci nu (sans Et il brisa à lui le mât (agrès).

jusqu'à la quille ; mais une courroie avait été mise sur lui, faite de la peau d'un bœuf.

Avec celle-ci (la courroie) donc j'attachai à la fois les deux, la quille et aussi le mât; et assis sur eux j'étais portépar les vents pernicieux.

« Là (alors) donc le Zéphyre cessa étant (d'étre)-furieux par la tempête ; et le Notus survint aussitôt, apportant des douleurs à mon cœur, afin que je mesurasse (traversasse) la pernicieuse Charybde. [encore Je fus porté toute-la-nuit ; et avec le soleil levant j'arrivai au rocher de Scylla et à la terrible Charybde.

Et celle-ci engloutit l'eau salée de la mer; mais moi m'étant dressé en l'air vers un haut figuier, m'étant attaché à celui-ci je m'y tenais comme une chauve-sourts; taché comme une chauve-souris; mais je ne pouvais ni poser mes pieds sur un appui solide ni m'élcver; car les racines étaient éloignées, et au sommet seulement poussaient de vastes et forts rameaux qui ombrageaient Charybde. Je restai là avec constance jusqu'à ce qu'elle rejetât le mât et la quille; ils apparurent enfin à mes yeux impatients; à l'heure où le juge quitte son tribunal pour le repas du soir, après avoir terminé les différends de la jeunesse en discorde, les débris du vaisseau se montrèrent à moi, sortant du gouffre de Charybde. J'étendis les mains et les pieds, et je tombai avec bruit auprès des poutres, au milieu de la mer, puis m'asseyant sur elles je ramai avec les mains. Le père des dieux et des hommes ne permit pas à Scylla de m'apercevoir; autrementje n'aurais point échappé à un terrible trépas.

« Pendant neuf jours, je fus porté sur les flots; la dixième nuit, les dieux me firent aborder à l'île d'Ogygie, qu'habite Calypso à la et je ne pouvais nulle-part [ment ni m'appuyer sur mes pieds fermeni monter.

Car les racines étaient loin, et les rameaux étaient éloignés-en-haut, et hauts et grands, et ombrageaient Charybde.

Et je me tenais là constamment, jusqu'à ce qu'elle revomît en arrière le mât et la quille de nouveau ; et ils vinrent enfin, mais tard, à moi qui les désirais ; mais quand (à l'heure où) un homme, jugeant de nombreuses querelles de jeunes-gens qui-sont-en-procès, s'est levé de (qui lté la) place pour aller vers le repas-du-soir, alors donc ces poutres apparurent sortant de Charybde.

Et moi je jetai par-dessus mes pieds et mes deux-mains pour être porté, [milieu et je retentis (tombai avec bruit) au à côté des poutres très-longues, et assis sur elles je ramai avec mes mains.

Mais le père et des hommes et des dieux ne laissa plus Scylla m'apercevoir; car je n'aurais pas évité un trépas terrible.

a Et de là je fus porté pendant-neuf-jours ; mais la dixième nuit les dieux firent-approcher moi de l'île d'Ogygie, où habite Calypso belle chevelure, déesse redoutable; elle m'accueillit et me combla de soins amis. Mais à quoi bon te raconter ces choses? hier déjà, dans ta demeure, je te les ai dites, à toi et ta noble épouse ; et je n'aime point à revenir sur un récit fait avec soin. »

à-Ia-belle-ch ev el ure, déesse redoutable, douée-de-voix, qui et accueillit-amicalement et soigna moi. [choses Pourquoi raconterais-je à toi ces car déjà hier je les racontais dans la maison et à toi et à ta noble épouse; et il est odieux à moi (je hais) de raconter une-seconde-fois les choses dites avec-soin. » NOTES SUR LE DOUZIÈME CHANT DE L'ODYSSÉE.

Page 248: 1. Nîjot |x £ v, etc. Voy. chant IX, vers 546 et 547.

Page 252 : 1. "Oç TÔTE fjiev, etc. Voy. chant IX, vers 161, 1G2, 169 et 556-558.

— 2. Seiptivaç ~àqpii-eai. « Tout ce qu'on doit conclure des paroles d'Homère, dit Dugas-Molltbel, c'est que les Sirènes étaient des femmes d'une voix agréable, au nombre de deux seulement, puisque le poëte emploie le duel ~lEipAvotiv (au vers 52), qu'elles étaient couchées dans une prairie, et qu'elles adressaient des discours flatteurs aux navigateurs pour les engager à débarquer dans leur Ile. Quant à l'endroit où cette fie était placée, il est probable que c'était dans les environs de Naples, soit dans l'lie de Capri, soit dans les petits Ilots qui sont en face du cap Minerve, et qui anciennement étaient nommés Sirènes. » Page 258 : 1. IXÛXXTI. Hyginus : Scylla, Cratxis filia, virgo formosissima fuisse dicitur. Hanc Glaucus amavit; Glaucum autern Circe, Solis filia. Scylla autem quum assueta esset in mari lavari, Circe propter xelum. medicamentis aquam inquinavit. Quo Scylla quum descendisset, ab inguinibus ejus canes sunt nati, etc.

Virgile, Énéide, III, 424 :

At Scyllam caccis cohibet spelunca latebris.

Ora exsertantem et naves ill saxa LrahenLem.

Prima hominis facies et pulchro pectore virgo Tube tenns; postrema iinmani corpora pistris, Delphinum caudas ulero commissa luporum.

Page 260 : 1. Ata Xcipv6Stç. Virgile, Énéide, III, 420 :

Dextram Scylla latus, lævum iraplacata flMCjybdil" Obsidet, atque imo barathri ter gargftev^oVtbSSorbet in abruptum fluctus, rursu*^Hp*sub aur^^ Erigit alternos, et sidera Terberat aqda. ,

Page 266 : 1. Tàç ILÈV et x' àaivéa;, etçPVoy. Wdfetveré^A)9-

113.

— 2. <Hp.!v 8' au xaTO7ii(T0e, etc. Voy. chant XI, vers 6-10.

Page 280 : 1. Boèç xépaç. Dugas-Montbel : a Il paraît que les anciens Grecs entouraient d'un petit tube de corne l'extrémité de la corde à laquelle étaient attachés l'appât et l'hameçon de leurs lignes; cette précaution était prise pour que le poisson ne rongeât pas la carde. A ce petit tube de corne on attachait aussi un morceau de plomb qui servait à tenir l'appât au fond de l'eau, et celte corne, étant de la couleur de la mer, avait aussi l'avantage de mieux tromper le poisson. »

Page 284 : 1. 'Ex vuxtwv, pendant la nuit. Sophocle dit de même iZ ^épaç, pendant le jour.

Page 288: 1. ~AaîXowu OecrrcEcrÎYi, etc. Voy. chant IX, vers 68 et 69.

Page 294 : 1. AÙTàp lmt p' eûSjavto, etc. Ce vers et ceux qui suivent se trouvent déjà dans VIliade, chant 1, 458-465.

Page 300 : 1. -AIX' fixe 8rj, etc. Virgile, Énéide, III, 192 :

Postquain altum lenuere rates, nec jam ainplius ullac Apparent terra:, eælum unaique et undique pontus, Turn mihi cscraleus supra caput adstitil imber, Noctem hiememque ferens, et inhorruit unda procellis.

Page 304 : 1. "'H¡J.oç S' èiù Sopuov, etc. Dugas-Montbel : a Il parait que dans plusieurs éditions, ces vers, où il est parlé de l'heure à laquelle le juge quitte le tribunal, étaient marqués de quelques signes critiques destinés à faire douter de leur authenticité. Quoi qu'il en soit, observons, comme je l'ai déjà dit, que dans les siècles héroïques, où la division artificielle de la journée n'était pas encore fixée, on devait en déterminer les moments par certaines actions qui revenaient à des époques fixes.. Cet usage subsistait encore longtemps après Homère. On trouve dans Hérodote : Tb (xèv 5p0piov jxéxP1 OTOV ~irXï)0wpTi; àtyop'Ÿjç, depuis le matin jusqu'au moment où la place publique est remplie de monde. Et dans Thucydide, iv T~ àyopS •7ï>,ï|0ou<r!] signifie aussi à l'heure où la place publique est remplie; ce qui doit s'entendre de neuf à onze heures du matin. » LIBRAIRIE DE L. HACHETTE ET Cie.

RUE PIERRE-SARRAZIN, 14, À PARIS (Près de l'École de Médecine).

LES AUTEURS LATINS EXPLIQUÉS

D'APRÈS UNE MÉTHODE NOUVELLE PAR DEUX TRADUCTIONS FRANÇAISES, L'une littérale et juxtalinéaire, présentant le mot à mot français en regard des mots latins correspondants; l'autre correcte et précédée du texte latin ; avec des Sommaires et des Notes en français ; par une Société de Professeurs et de Latinistes. Format in-12.

Cette collection comprendra les principaux auteurs qu'on explique dans les classes

EN VENTE :

fr. e.

CÉSAR : Guerre des Gaules, par M. Sommer, agrégé des classes supérieures : Livres 1, II, III et IV,.,. 4 » Livres V, VI et V II. , , , » CICERON : Catilinaires (les quatre), par M. J. Thibault. 2 » La première Catilinaire. Sépar-éD'lent. » 50 — Dialogue sur l'Amitié, par M. Legouëz, professeur au lycée Bonaparte. 1 25 — Dialogue sur la Vieillesse J par MM. Paret et J.egouëz. 1 25 — Discours contre Verrès tur les Statues, par M. Thibault.,. 3 » — Discours contre Verrès sur les Supplices, par M. 0. Dupont., 3 » — Discours pour la loi Manilia, par M. Lesage,. 1 50 — Discours pour Ligarius, par M. Materne. » 75 - Discours pour Marcellus, par le même » 75 - Plaidoyer pour le poète A rchias, par M. Chansselle. » 90 - Plaidoyer pour Milon, par M. Sommer , agrégé des classes supérieures.. 1 50 - Plaidoyer pour Muréna, par M. J. Thibault, de l'ancienne École normale. 2 50 - Songe de Scipion, par M. Ch. Pottin. » 50 HORACE : Art poétique, par M. Taillefert, proviseur du lycée d'Orléans. » 75 — EpUres J par le même auteur, , 2 » — Odes et Épodes J par MM. Sommer et A. Desportes. 2 voL.,.,. 4 50 Le 1er et le 2e livre des Odes, séparément. 1 vol 2 fr. "C.

Le 3e et le 4e livre des Odes et les Épodes, séparément 3 fr. » c.

— Satires, par les mêmes auteurs 2 » LHOMOND : Epitome historise sacræ. .,., 3 » PHÈDRE 1 FablBl, par M. D. Marie, ancien élève de PEcole normale. 2 » SALLUSTE. Catilina, par M. Croiset, professeur au lycée Saint-Louis.. 1 50 - Jugurtha, par le même 3 50 TACITE; Annales, par M. Materne, censeur du lycée Saint-Louis : Livres 1, Il et Ill. , , 6 » Le 1er livre séparément 2 50 Livres IV, V et VI. ', ..,. 4 » Livres XI, XII et XIII.,.,. 4 » Livres XIV, XV et XVI. » » — Germanie (la), par M. Doneaud, licencié es lettres. 1 » — Vie d'Agricola, par M. H. Nepveu.,. i 75 rr. a TÉreJICE : Adelphes (les), par M. Materne. 2 » - Indrienne (l'j, parle même. 2 50 VIRGILE s Egloyurs, par MM. Sommer et A. heaportes. 1 » La première Êglogue séparément » 10 - Énéide, par les mêmes, 4 volumes. 16 » Livres 1,11 ellll, réunis. 1 volume.,..,.

Livres IV, V et VI, réunis. 1 volume 4 » Livres VII, VIII et IX, réunis. 1 volume 4 ■ Livres X, XI et XII, réunis. 1 volume.

Chaque livr'e séparément. , , 1 50 - Géorgiques (les quatre livres), par les mêmes 2 » Chaque livre séparément » 60

LES AUTEURS GRECS EXPLIQUÉS D'APRÈS UNE MÉTHODE NOUVELLE PAR DEUX TRADUCTIONS FRANÇAISES, f/une lillérale el juxtalinéaire, présentant le mot À mot français en regard des mots grecs correspondants; l'autre correcte et précédée du texte grec; avec des Sommaires et des Notes en français; par une Société de Professeurs et d'Hellénistes. Format in-12.

CetLe collection comprendra les principaux auteurs qu'on explique dans les cluses.

EN VENTE :

fr. o.

ARISTOPHANE 1 Plutus, par M. Cattant, professeur au lycée de Nancy. 2 25 BABRIUS 1 Fables, par MM. Théobald Flx et Nommer. 4 » BASILE ( SAINT ) : De la lecture des auteurs profanes, par M. Sommer. 1 25 - Observe-toi toi-même , par le même » 90 - Contre les usuriers, par le même 75 CHRYSOSTOME ( S. JEAN ) 1 Homélie en faveur d'Eutrope, par M. Sommer, agrégé des classes supérieures, docteur fis lettres.,.. » 60 — Homélie sur le retour de l'évêque Flavien, par le même t » DÉMOSTHÈNE 1 Discours contre la loi de Leptine, par M. Stiévenart. 3 50 — Discours pour Ctésiphon ou sur la Couronne, par M. Summer 5 a — Harangue sur les prévarications de l'Ambassade, par M. Sliévenart. 6 — Olynthiennes (les trois), par M. C. Leprévost., .,..,.. 1 50 Chaque Olynthienne séparément > 50 — Philippiques (les quatre), par MM. Lemoine et Sommer 2 Chaque Philippique séparément » 00 US CHINE : Discours contre Ctésiphon, par M. Sommer.,.

ESCHYLE 1 Prométhée enchaîné, par MM. Le Bas et Théobald Fix. 2 » — Sept contre Thèbet (les;, par M. Materne, inspecteur d'Académie. t 50 ÉSOPE t Fables choisies, par M. C. Leprévost » 75 EtTILIPIDE t Électre, par M. Théobald Fix. 3 » - Hécube, par M. C. Leprévost, professeur au lycée Bonaparte.,.. 2 » - Hippolyte, par M. Théobald Fix. , 3 50 - Iphigénie en Aulide, par MM. Tbéubald Fix cLLe Bas. 3 25 GRÉGOIRE DE NYSSE (SAINT) : Contre les usuriers,, par M. Sommer. » 15 — Éloge funèbre de saint Mélèce, par le même » 75 GRÉGOIRE DE NAZIANZE ( SAINT ) : Éloge funèbre de Césaire, par le même. 1 25 — Homélie sur les Machabées, par le même » 90 HOMiRE: Iliade , par M. C. Leprévost, prof. au lycée BOllaperte. 6 vol 20 » Chants I, II, III et IV réunis. 1 volume. 3 50 Chants V, VI, VU et VIII réuuis. 1 volume. 3 50 Chants IX, X. XI et XII réunis. 1 volume. 3 50 Chants XIII, XIV, XV et XVI réunis. 1 volume 3 50 Chants XVII, XVIII, XIX et XX réunis. 1 volume. 3 50 Chants XXI, XXII, XXIII et XXIV réunis. 1 volume. 3 50 Chaque chant séparément.,.,. 1 » — Odyssée, par M. Sommer, agrégé des classes supérieures : Chants I, II, III et IV réunis. 1 volume 4 » Le premier chant séparémelit. » 90 Chants V, VI, VII et VlIl réunis. 1 volume 4 » Chants IX, X, XI et XII reunis. 1 volume 4 » ISOCRATE : Archidamus, par M. C. Leprévost. , , 1 50 — Conseils à Démonique, par le même » 75 — Éloge d'Evagoras, par M. Ed. Renouard, licencié ès lettres. 1 » LUCIEN s Dialogues des morts, par M. C. J,eprévosL.,.,. 2 15 HERES GRECS (Choix de Discours tirés des), par M. Sommer 7 50 FIKDARE : Isthmiques (.les), par MM. Fix et Sommer 2 50 '-- Néméennes (les), par les mêmes..,.,. 3 » - Olympiques (les), par les mêmes. 3 50 - Pythiques (les), par les mêmes. 3 50 DILATON: Alcibiade (le premier), par M. C. Leprévo3t. , 2 50 - Apologie de Socrate, par M. Materne, censeur du lycée Saint-Louis. 2 » - Criton, par M. Waddington-Kastus, agrégé de philosophie., 1 25 - Phédon, par M. Sommer, agrégé des classes supérieures.,., 5 » PLUTARQUE : De la lecture des poètes, par M. Ch. AuberL. 3 » - Vie d'Alexandre, par M. Bétolaud, professeur au lycée Charlemagne. 3 » - Vie de César, par M. Materne, censeur du lycée Saint-Louis. 2 » - Vie de Cicéron, par M. Sommer , agrégé de l'Université. -' 3 » - Vie de Démosthène, par le même 2 50 - Vie de Marius) par le même (. 3 » - Vie de Pompée, par M. Druon , censeur du lycée de Nancy. 5 » - Vie de Sylla, par M. Sommer, agrégé des classes supérieures.,. 3 50 SOPHOCLE : Ajax, par M. Benloew et M. Bellaguet, chef d'institution. 2 50 — Antigone, par les mêmes. 2 25 — Electre, par les mêmes.,. 3 » — OEdipe à Colone, par les mêmes.,.,.,. 2 » — OEdipe roi, par MM. Sommer et Betlagnet. 1 50 — Philoctète, par MM. Benloew et Bellaguet 2 50 — Trachiniermes (les), par les mêmes., .,., 2 50 THÉOCRTTE : OEuvres complètes, par M. Léon Renier. 7 50 La première Idylle, séparément, par M. C. Leprévost » 45 THUCYDIDE : Guerre du Péloponèse, livre deuxième ; par M. Sommer. 5 » XÉNOPHON : Apologie de Socrate, par M. C. Leprévost. » 60 - Cyropédie, livre premier; par M. le docteur Lehrs. 1 25 — livre second; par M. Sommer , agrégé de l'Université. 2 » - Entretiens mémorables de Socrate (les quatre livres), par le même. 7 50 Chaque livre séparément. 2 ■ LES AUTEURS ANGLAIS EXPLIQUÉS D'APRÈS UNE MÉTHODE NOUVELLE PAR DEUX TRADUCTIONS FRANÇAISES, L'une littérale et juxtalinéaire, présentant le mot à mot français en regard des mots anglais correspondants ; l'autre correcte et précédée du texte anglais; avec des Sommaire» et des Notes en français; par une Société de Professeurs et de Savants. Format in-12

EN TENTEt

SHAKSPEARE. Coriolan, par M. Fleming, ancien professeur de langue anglaise à l'Ecole polytechnique. Broché 4 fr.

LES AUTEURS ALLEMANDS EXPLIQUÉS D'APRÈS UNE MÉTHODE NOUVELLE PAR DEUX TRADUCTIONS FRANÇAISES, L'une littérale et juxtalinéaire, présentant le mot à mot français ne regard des mois allemands correspondants ; l'autre correcte et précédée du texte allemand ; avec des Sommaires et des Notes en français ; par une Société de Professeurs et de Savants. Format in-12.

EN VENTE : LESSDG: Fables en prose et en vers, par M. Boutteville, professeur suppléant de langue allemande au lycée Bonaparte. Broché.,. 2 fr. S. c.

SCHILLER i Guillaume Tell, par M. Th. Fix, professeur de langue allemande au lycée Napoléon. Broché 0 fr. » — Marie Stuart, par le même.,..,. fr. »

LES AUTEURS ARABES EXPLIQUÉS D'APRÈS UNE METHODE NOUVELLE PAR DEUX TRADUCTIONS FRANÇAISES, L'une littérale et juxtalinéaire, présentant le mot à mot français en re4 gard des mots arabes correspondants, l'autre correcte et précédée du texte arabe.

EN VENTE t HISTOIRE DE CHEMS-EDDINE ET DE NOUR-EDDINE , extraite des Mille et une Nuits, par M. Cherbonneau, professeur d'arabe à la chaire de Constanline » fr.

LOK.MAN : Fablu, arec un dictionnaire analytique des mots et des formes difficiles qui tie rencontrent dans ces fables, par M. Cherbonneau. 1 vol. in-12. Prix, broché 3 fr.

LIBRAIRIE DE L. HACHETTE ET Cie, A PARIS, RUE PIERRE-SARRAZIN, N* 14 (Près de FEcole de Médecine).

OUVRAGES A L'USAGE DES ASPIRANTS

AD BACCALAURÉAT ÈS LETTRES.

Règlement et programmes du baccalauréat ès lettres t arrêtés par le Ministre de l'instruction publique, le 5 septembre 1852.

Brochure in-12, 15 c. ; franco par la poste , 20 c.

Nouveau manuel du baccalauréat ès lettres 3 conforme au programme du 5 septembre 1852, publié par MM. Jourdain, Duruy, CortamberL et Saigey, 1 très-fort volume in-12. Prix, broché. 8 fr.

Cartonné en percaline gaufrée. 8 fr. 50 c.

Les cinq parties suivantes dont se compose le Manuel se vendent séparément: 1* NOTICES HISTORIQUES ET LITTÉRAIRES SUR LES AUTEURS ET LES OUVRAGES GRECS, LATINS ET FRANÇAIS, indiqués pour l'explication orale, avec un résumé des règlements relatifs à l'examen du baccalauréat ès lettres et des conseils sur les différentes épreuves. Broché. 1 fr. 50 c.

28 NOTIONS DE LOGIQUE , par M. Jourdain, agrégé près les facultés des lettrès, ancien professeur de philosophie au collége Stanislas. 1 fr. 25 c.

3° RÉSUMÉ DES HISTOIRES ANCIENNE, DU MOYEN AGE ET DES TEMPS MODERNES, par M. Duruy, prof. d'histoire au lycée Saint-Louis. 3 fr.

4° RÉSUMÉ DE GÉOGRAPHIE PHYSIQUE ET POLITIQUE, par M. Cortambert, professeur de géographie. Broché. 2 fr.

5° ÉLÉMENTS D'ARITHMÉTIQUE, DE GÉOMÉTRIE ET DE PHYSIQUE, par M. Saigey.

Broché. 1 fr. 25 c.

Modèles de composition française, comprenant des lettres, des dialogues, des descriptions, des portraits, des narrations, des discours, des lieux communs ou dissertations, avec des arguments, des notes et des préceptes sur chaque genre de composition; par M. Chassang, professeur de rhétorique, docteur ès lettres. 1 vol. in-12, cartonné. 2 fr. 50 c.

Modèles de composition latine, comprenant des exercices préparatoires, des fables, des lettres, des dialogues, des descriptions, des portraits et des lieux communs ou des dissertations, avec des arguments, des notes et des préceptes sur chaque genre de composition, par le même auteur. l vol. in-12, cart. 2 fr. 50 c.

LE MÊME OUVRAGI , suivi de la traduction française. 5 fr.

Recueil de versions latines dictées à la Sorbonne, et publiées par M. Delestrée. 2 vol. in-12, textes et traductions, br. 2 fr.

Chaque volume se vend séparément.

AUTEURS GRECS.

TEXTESDémosthène : Les trois Olynthiennes, publiées avec des notes en français; par M. Materne, censeur du lycée Saint-Louis. In-12, br. 50 c.

— Les quatre Philippiques, publiées avec des notes en français; par M. Materne, censeur du lycée Saint-Louis. In-12, cart. 75 c.

— Discours pour Ctésiphon ou sur la Couronne, publié avec des notes en français; par M. Sommer. 1 vol. in-12, cartonné. 1 fr. 25 c.

Plutarque : éditions annotées par les auteurs dont les noms sont indiqués entre parenthèses. In-12, cartonné :

Vie d'Alexandre (Bétolaud). 1 fr. Vie de Pompée (Druon). 1 fr. 25 c.

Vie de César (Materne). 1 fr, Vie de Solon (Deltour). lfr.

Vie de Cicéron (Talbot). ) 1 fr. Vie de Syila Régnier) i fr.

Vie de Démosthene (Sommer). t fr. V~e de Sylla (Regl11er). 1 fr.

Vie de Marius (Regnier). 1 fr. Vie de Thémistocle (Sommer). 1 fr.

Choix de discours tirés des Pères grecs, par L. de Sinner, comprenant : 1° Saint Basile : De la lecture des auteurs profanes ; Observetoi toi-même; Contre les usuriers. — 2° Saint Grégoire de Nysse : Contre les usuriers; Éloge funèbre de saint Mélèce. — 3° Saint Grégoire de Nazianze: Éloge funèbre de Césaire; Homélie sur les Machabées. —

4° Saint Jean Chrysostome ; Homélie sur le retour de l'évéque Flavien; Homélie en faveur d'Eutrope. Ouvrage autorisé par le Conseil de l'instruction publique. Nouvelle édition, publiée avec des arguments et des notes en français; par M. Sommer, agrégé des classes supérieures, docteur ès lettres. 1 vol. in-12. Prix, cart. 2 fr.

Homère: L'Iliade, avec un choix de notes ; par M. Quicherat. Édition autorisée par le Conseil de l'instruction publique. 1 fort vol. in-12, cartonné. 3 fr. 60 c.

— L'Odyssée. publiée avec des notes en français; par M. Sommer.

Chants I, II, 111 et IV réunis. In-12, cart. 1 fr.

Chants V, VI, VII et VIII réunis. In-12, cart. 1 fr.

Chants IX, X, XI et XII réunis. In-12, cart. 1 fr.

Sophocle : éditions annotées par les auteurs dont les noms sont indiqués entre parenthèses. In-12, cartonné:

ijax (Quicherat). 1 fr. 25 c. OEdipe roi (Delzons). 1 fr.

Antigoile (de Siniler). 1 fr. Philoctète (de Sinner) *• Électre (de Sinner). 1 fr. 25 c. mner. r.

OEdipe à Colone (de Sinner). 1 fr. Trachiniennes (de Sinner). 1 fr. 25c.

TRADUCTIONS.

lies auteurs grecs expliqués d'après une méthode nouvelle par deux traductions françaises, l'une littérale el juxtalinéaire , présentant le mot à mot français en regard des mots grecs correspondants, l'autre correcte et précédée du texte grec, avec des sommaires et des notes en français; par une société de professeurs et d'hellénistes. Format in-12, broché :

DÉMOSTHÈNE : Les trois Olynthiennes, par M. C. Leprévost. 1 fr. 50 c.

— Les quatre Philippiques, par MM. Lemoine et Sommer. 2 fr.

— Discours vour Ctésiphon ou sur la Couronne, par M. Sommer, 5 fr.

PLUTARQUE; traductions par les auteurs dont les noms sont indiqués entre parenthèses :

Vie d'Alexandre (Bétolaud). 3fr. Vie de Marius (Sommer). 3 fr.

Vie de César (Materne). 2 fr. Vie de Pompée (Druon). 5 fr.

Vie de Ciceron (Sommer). 3 fr.

Vie de Démosthène (Sommer). 2 f 50 Vie de Sylla (Sommer). 3 fr. 50 c.

CHOIX DE DISCOURS TIRÉS DES PÈRES GRECS , par M. Sommer. 7 fr. 50 c.

Les neuf discours que comprend ce choix se vendent séparément.

HOMÈRE : L'Iliade, par M. C. Leprévost. 6 volumes. 20 fr.

Chants 1, II, III et IV réunis, 1 vol. 3 Cr. 50 c.

Chants V, VI, VII et VIII réunis, 1 vol. 3 fr. 50 c.

Chants IX, X, XI et XII réunis, 1 vol. 3 fr. 50 c.

Chants XIII, XIV. XV et XVI réunis, 1 vol. 3 fr. 50 c.

Chants XVII, XVIII, XIX et XX réunis, 1 vol. 3 fr. 50 c.

XXIVV, III, XXUI et XXIV réunis, 1 vol. 3 fr. 50 c.

Chants XXI, XXII, XXIII et XXIV réunis, l vol. 3 Cr. 50 c.

Chaque chant séparément. 1 fr.

'Odyssée, par M. Sommer : Chants I, II, III et IV, réunis. 1 vol. 4 fr.

Le Ier chant séparément. 90 c.

Chants V, VI, VU et VIII réunis. 1 vol. 4 fr.

Chants IX, X, XI et XII, réunis. 1 vol. 4 fr.

IOPROCLE; traductions par MM. Benloew et Bellaguet. :

Ajax. 2 fr. 50 c. OEdipe roi. 1 fr. 50 c.

Antigone, 2 fr. 25 c. Ehiloctète. 2 fr. 50 c.

Élee/re. 3 fr.

OEdipe à Colont. 2 fr. Les Trachiniennes 2 fr. 50 c.

AUTEURS LATINS.

TEXTES.

Dicéron: In Catilinam orationes quatuor. Edition publiée avec des notes en français; par M. Sommer. In-l2, br. 40 c.

—In Yerrem oratio de Signis. Édition publiée avec des notes en français ; par M. J. Thibault. In-12, br. 40 c.

-ln Verrem oratio de Suppliciis. Édition publiée avec des notes en français; par M. 0. Dupont. In-12, br, 40 c.

—De Amicilia dialogus. édition publiée avec des notes en français; par M. Legouez, professeur au lycée Bonaparte. In-12, broché. 25 c.

—De Seneclule dialogus. Edition publiée avec des notes en français ; par M. Paret, professeur au collége Rollin. In-12. 25 c.

-Somnium Scipionis. Edidit L. Quicherat. In-12, br. 20 c.

Cœsar : Commentarii de bello gallico et civili. Selectas aliorum suas'Que notas adjecit Ad. Regnier. 1 vol. in-12 , cart. 1 fr. 50 c.

Salin stius : Conjuratio Catainæ, Jugurtha, et selecta ex fragmentis loca. Édition publiée avec des notes en français; par M. Croiset, professeur au lycée Saint-Louis. In-12, cart. 90 c.

Tacitus: Annalium libri XVI, juxta accuratissimam Burnouf editioneni, cum notulis. In-12, cart. 1 fr. 50 c.

"VirgiUus Maro : Opéra. Édition publiée avec des arguments et des notes en français; par M. Sommer, 1 vol. in-12, cart. 2 fr.

Horatius Flaccus : Opéra. Nouvelle édition publiée avec des arguments et des notes en français, et précédée d'un précis sur les mètres employés par Horace; par M. Sommer. 1 vol. in-12, cart. 1 fr. 80 c.

TRADUCTIONS.

Les auteurs latins expliqués d'après une méthode nouvelle par deux traductions françaises, l'une littérale et juxtalinéaire, représentant le mot à mot français en regard des mots latins correspondants, l'autre correcte et précédée du texte latin , avec des sommaires et des notes en français; par une société de professeurs et de latinistes. Format in-12, broché: -

CICÉRON : Les Catilinnires; par M. J. Thibault. 2 fr.

— Dtxcoufs contre Verrès sur les statues; par M. J. Thibault. 3 fr.

— Discours contre Verrès sur les Supplices; par M. O. Dupont. 3 fr.

— Dialogue sur VAmitié; par M. Legouez. 1 fr. 25 c.

- Dialogue sur la Vieillesse; par MM. Paret et Legouez. 1 fr. 25 c.

-Songe de Scipion; par M. Pottin. 50 c.

CÉSAR : Guerre des Gaules, par M. Sommer : Livres 1, II, III et IV réunis. 1 vol. 4 fr.

Livres V, VI et VII réunis. 1 vol. > fr. Il c.

SALLUSTE: Catilina; par M. Croiset. 1 fr. 50 c.

-Jugurtha; par le même. 3 fr. 50 c.

TACITE : Annales, par M. Materne , censeur du lycée Saint-Louis :

Livres 1, Il et III réunis. 6 fr.

Le livre 1er séparément. 2 fr. 60 c.

Livres IY, V et VI réunis. 1 vol. 4 fr.

Livres XI, XII et XIII réunis. 1 vol. 4 fr.

Livres XIV, XV et XVI réunis. » fr. v c.

VIRGILE : Les Églogues ; par MM. Sommer et Desportes. 1 fr.

— L'Enéide ; par les mêmes auteurs. 4 volumes. 16 fr.

Livres I, II et III réunis, 1 vol. 4 fr.

Livres IV, V et VI réunis, 1 vol. 4fr.

Livres VII, VIII et IX réunis, 1 vol. 4 fr.

Livres X, XI et XII réunis, 1 vol. 4 fr.

Chaque livre séparément. 1 fr. i>0 c.

-Les Géorgiques (les quatre livres ) ; par les mêmes auteurs. 1 vol. 2 fr.

Horace : Art poétique ; par M. E. Taillefert. 75 c.

-Épîtres; par le même auteur. 2 fr.

-Odes et Épodes; par iMM. Sommer et A. Desportes. 2 vol. 4 fr. 50 c.

Le 1er et le IIe livre des Odes , séparément. 2 fr.

Le IIIe et le IVe livre des Odes, et les Épodes, séparément. 2 fr. 50 c.

-Satires; par les mêmes auteurs. 1 vol. 2 fr.

AUTEURS FRANÇAIS.

Bossuet : Discours sur l'histoire universelle. Édition revue et publiée par M. Olleris , recteur d'Académie. 1 vol. in-12, cart. 2 fr. 50 c.

Fénelon : Dialogues sur l'éloquence en général, et sur celle de la chaire en particulier, précédés des Opuscules académiques du mêice auteur, contenant le Discours de réception à l'Académie française, le Mémoire sur les occupations de l'Académie, et la Lettre à l'Académie sur l'éloquence, la poésie, l'histoire. Nouvelle édition classique, revue et annotée par M. Delzons. 1 vol. in-12, cart. 1 fr. 25 c.

Massillon : Petit Carême, suivi de plusieurs sermons du même auteur.

Édition publiée avec une introduction et des notes ; par M. Colincamp, professeur au lycée de Dijon. 1 vol. in-12, cart. 1 fr. 50 c.

Montesquieu : Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence. Édition publiée avec des notes, par M. C. Aubert, 1 volume in-12. Prix, cart. 1 fr. 25 c.

Voltaire : Histoire de Charles XII. Édition publiée avec une carte de l'Europe centrale et des notes, par M. Brochard-Dauteuille. 1 volume in-12, cart. 1 fr. 50 c.

-Siècle de Louis XIV. Édition publiée avec une introduction et des notes; par M. Garnier, 1 vol. in-12, cartonné. 3 fr.

Théâtre classique, contenant : Le Cid, Cinna, Horace, Polyeucte, de Corneille; Britannicus, Esther, Athalie, de Racine; Mérope, de Voltaire; et le Misanthrope, de Molière , et publié avec les préfaces des auteurs, les variantes, les principales imitations et un choix de notes.

par M. Ad. Regnier. 1 vol. in-12, cartonné. 2 fr. 50 c.

Koileau-Despréaux : OEuvres poétiques. Édition publiée avec une notice et des notes; par M. Geruzez. 1 vol. in-12, cart. 1 fr. 50 c.

La Fontaine : Fables. Édition publiée avec une notice et des notes, par M. Geruzez. 1 vol. in-12, cart. 1 fr. 50 c.

LIBRAIRIE DE L. HACHETTE ET Cie.

TRADUCTIONS JUXTALINÉAIRES DE5

PRINCIPAUX AUTEURS CLASSIQUES GRECS,, ■ FORMAT IX-12.

Celle collection comprendra les principaux auteurs qu'on expliqué dans les classes.

EN VENTE LE 1er -MAI 1834 :

ARISTOPHANE: Plutus.

RABRIUS: Fables.

BASILE (Saint): De la lecture des auteurs profanes.

- Observe-toi lor-méme.

— Contre les usuriers.

CHRYSOSTOME (S. JEAN) : Homélie en faveur d'Eutrope.

— Homélie sur le reiour de l'évêque Flavien.

DEBLOSTHEKE : Discours contre la loi de Leptino.

— Discours pour Ctésiplion ou sur la Couronne.

— Harangue sur les prévarications de J'amLassade.

- Les trois Olynlhienncs.

- Les quatrePbilippiques.

ESCHINE : Discours contre Clési-

phon.

ESCHYLE : Prométhée enchaîné.

— Les Sept contre Thèbes.

ESOPE: Fablçs choisies.

EURIPIDE : Electre.

- Hécube.

- Hippolyle.

- Jp Ilgénie en Aulide. GREGOIRE DE NAZlANZE (Saint): Éloge funèbre de Césaire.

— Homéne sur les Machabées.

GRÉGOIRE DE NYSSE (Saint) : Contre les usuriers.

— Eloge funèbre de St. Mélèce.

HOMERE : Iliade, 6 volumes: Chants I,II, III et rv, 1 vol.

Chants V, VI, VII et VIII, 1 vol.

Chants ix, x, xi et xn, 1 vol.

Chants xm, xiv, xv et xvi, 1 vol.

Chants xvil, XYIll, xjx et xx, 1 vol.

Chants xxi, xxii, XXIII et xxiv, i vol.

Chaque chant séparément.

- Odyssée, chants I, Il, III et IV, ivol.

Le i" chant séparément.

Chants V, VI, VII et VIII, 1 vol.

ISOCRATE : Arcbidanius.

— Conseils,à Démonique, — Eloge d'Evagoras.

LUCIEN : Dialogues des morts.

PERES GRECS (Choix de discours).

PINDARE : isilimiques (lesj.

— INémécnncs (les).

— Olympiques (les).

— Pylhiquesiles;.

PLATON : Alcibiade (le premier).

— Apologie de Socrate.

- Crilon.

-Phédon.

PLUTARQUE : De la lecture des

poëtes.

- Vie d'Alexandre.

- Vie de César.

- Vic dc Cicéron — ViedeDémostliène.

Vie de Mariub.

ViedePompée. « Vie de Sylla.

SOPHOCLE: Ajax.

— Antigone.

- Electre.

- OEdipe à Colone.

— OKdiperoi.

— Philoclète.

— Tracbiniennes (les ).

THÉOCRITE: OEuvres complètes.

— La première Idylle.

THUCYDIDE : Guerre du Péloponèse, livre il.

XEXOPHON: Apologie de SocraLe, — Cyropcdie, livre i.

— Cyropédie, livre II.

— Entretiens memorables de Socrate (Jes quatre livres).

Chaque livre séparément.

A LA MÊME LIBRAIRIE : Traductions juxtalinéaires des principaux auteurs latins qu'on explique dans les classes.