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Et cet oiseau qui ses plaintes résonne,
Au mois d'avril soupirant toute nuit :


Et la barrière où quand le chaud s'enfuit,
Ma dame seule en pensant s'arraisonne
Et ce jardin où son pouce moissonne
Toutes les fleurs que Zépbyre produit :


Et cette danse où la flèche cruelle.
M'outre-perça, et la saison nouvelle
Qui tous les ans refraîchit mes douleurs,


Le même jour, la même place et l'heure,
Et son maintien qui dans mon cœur demeure,
Baignent mes yeux de deux ruisseaux de pleurs.



XXVII


Je parangonne à ta jeune beauté.
Qui toujours dure en son printemps nouvelle.
Ce mois d'avril qui ses fleurs renouvelle,
En sa plus gaie et verte nouveauté


Loin devant toi fuira la cruauté :
Devant lui fuit la saison plus cruelle.
Il est tout beau, ta face est toute belle :
Ferme est son cours, ferme est ta loyauté :


Il peint les bords, les forêts et les plaines,
Tu peins mes vers d’un bel émail de fleurs :
Des laboureurs il arrose les peines,

D’un vain espoir tu laves mes douleurs :
Du ciel sur l’herbe il fait tomber les pleurs,
Tu fais sortir de mes yeux deux fontaines.


XXVIII.



STANCES


Quand au temple nous serons
Agenouillés, nous ferons
Les dévots selon la guise
De ceux qui pour louer Dieu
Humbles se courbent au lieu
Le plus secret de l’église.

Mais quand au lit nous serons
Entrelacés, nous ferons
Les lascifs selon les guises
Des amants, qui librement
Pratiquent folâtrement
Dans les draps cent mignardises.

Pourquoi doncque quand je veux
Ou mordre tes beaux cheveux,
Ou baiser ta bouche aimée,
Ou toucher à ton beau sein,
Contrefais-tu la nonnain
Dedans un cloître enfermée ?

Pour qui gardes-tu tes yeux
Et ton sein délicieux,
Ton front, ta lèvre jumelle ?
En veux-tu baiser Pluton
Là-bas après que Charon
T’aura mise en sa nacelle ?

Après ton dernier trépas,
Grêle tu n’auras là-bas
Qu’une bouchette blémie :
Et quand mort je te verrais
Aux ombres je n’avouerais
Que jadis tu fus m’amie.

Ton test n’aura plus de peau,
Nl ton visage si beau
N’aura veines ni artères :
Tu n’auras plus que des dents
Telles qu’on les voit dedans
Les têtes des cimetères

Doncque tandis que tu vis,
Change, maîtresse, d’avis,
Et ne m’épargne ta bouche.
Incontinent tu mourras,
Lors tu te repentiras
De m’avoir été farouche.

Ah je meurs ! ah baise-moi !
Ah ! maîtresse, approche-toi !
Tu fuis comme un faon qui tremble
Au moins souffre que ma main
S’ébatte un peu dans ton sein.
Ou plus bas, si bon te semble


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