Vie de Marie-Antoinette d’Autriche, reine de France, femme de Louis XVI, roi des Français/Introduction

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illustration du livre de Charles-Joseph Mayer : Vie de Marie-Antoinette d'Autriche, reine de France, femme de Louis XVI, 1793
illustration du livre de Charles-Joseph Mayer : Vie de Marie-Antoinette d'Autriche, reine de France, femme de Louis XVI, 1793

VIE


PRIVÉE


LIBERTINE ET SCANDALEUSE
DE
MARIE-ANTOINETTE D’AUTRICHE,
CI-DEVANT
REINE DES FRANÇOIS.
Depuis son arrivée en France, jusqu’à sa
détention au Temple.
Ornée de ving-six gravures.


TOME PREMIER.




Aux Thuileries et au Temple,
Et se trouve au palais de l’Égalité, ci-devant
Palais Royal, chez les marchands de nouveautés.




L’an premier de la République.
ÉPITRE DÉDICATOIRE.
À
MARIE-ANTOINETTE
D’AUTRICHE,
REINE DES FRANÇOIS.


Madame,

S’il ne ſuffiſoit pour donner de la vogue à un ouvrage, que d’y mettre en tête un nom célebre en vous dédiant celui-ci, je lui aſſureroit le ſceau de l’immortalité ; un motif plus puiſſant me détermine, Madame, à vous en faire l’hommage, celui de mériter par-là vos bonnes graces, pour vous avoir offert le premier, dans ce livre, l’image de vos goûts & de vos caprices.

Vous ne trouverez point en moi un courtiſan adulateur prêt à ériger pour plaire à ſon idole, ſes défauts en vertus, non Madame, le régne de la liberté a donné naiſſance à celui de la vérité, une princeſſe paillarde ne ſera jamais à mes yeux qu’une paillarde. Je ne lui ferai point un crime d’aimer, de chérir la volupté, & je ne ſaurois déſaprouver ni blâmer dans autrui, un penchant qui eſt pour ainsi-dire identifié avec mon être ; daignez ſeulement honorer d’un ſourire voluptueux cet ouvrage libertin, & j’aurai rempli le but que je me ſuis propoſé ; puiſſe-t-il vous retracer quelquefois ces momens délicieux de fouterie, ou perdant de vue l’éclat & la majeſté de votre rang, vous ne dédaigniez pas de partager vos jouiſſances avec vos favoris & vos ſujets les plus vigoureux, où toutes les facultés de votre ame ſenſible ſe trouvoient comme anéanties dans le torrent des délices charnelles, & je m’applaudirai alors d’avoir pu annoncer & charmer les loiſirs d’une princeſſe ſi conſommée, & ſi rafinée dans tous les genres de volupté.

Agréez, Madame, comme une preuve sincere de mon parfait dévouement, ce foible tribut que je rends ici aux qualités diſtinctives qui vous aſſurent dans la poſtérité une place parmi les femmes illustres les plus paſſionnées, & permettez-moi de me dire avec reſpect,

MADAME.
DE VOTRE MAJESTÉ,
le très-humble obéiſſant &
très-idolâtre ſerviteur & ſujet.
DOM-BOUGRE.