Les Névroses (Rollinat)/Vierge damnée

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Les Luxures
Les NévrosesFasquelle. (p. 90).


VIERGE DAMNÉE


 
Il m’a déshabillée avec ses chauds regards,
Et j’ai senti crouler tout mon rempart de linge,
Lorsque ses yeux si clairs sur les miens si hagards
Versaient l’amour de l’homme et l’impudeur du singe.

Ses regards me disaient : « Que ta virginité
« Frissonne de terreur et s’apprête au martyre ;
« Je suis le chuchoteur de la perversité,
« Et mon aspect corrompt, comme le gouffre attire.

« Ma passion qui rôde autour de tes cheveux
« T’insuffle mes désirs et pompe tes aveux :
« Donc, c’est fatal ! Il faut qu’un jour je te possède. »

Horreur ! il a dit vrai : tout mon corps haletant
Obéit d’heure en heure au charme qui l’obsède,
Et je vais, cette nuit, me donner à Satan.