Vingt-quatre heures d’une femme sensible/Lettre 19

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Librairie de Firmin Didot Frères (p. 68-69).



LETTRE XIX.

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Lisez, lisez, perfide ! apprenez comme le hasard vient enfin trahir de vos indignes secrets. J’attendais avec anxiété le retour de l’homme que j’avais envoyé chez vous, lorsque je l’ai vu de ma fenêtre parler à un de ses camarades. J’ai reconnu à l’instant la livrée de madame de B… ; j’ai frémi ; mais un trait de lumière m’a paru traverser mes esprits. Je me suis hâtée d’envoyer Charles interroger cet homme. Hélas ! il n’a pas même eu l’idée de rien cacher. Ces malheureux savent-ils garder les secrets de leurs maîtres ? Il a tout dit, entendez-vous, il a tout dit, et son rapport s’accorde entièrement avec celui qui a été fait chez vous. Elle est aussi à la campagne ; elle est aussi partie cette nuit. C’est elle, je n’en doute plus, qui est venue vous chercher. De grands et mystérieux préparatifs se font dans la maison ; on en ignore l’objet ; mais je le sais, moi : on attendait quelqu’un, et ce quelqu’un, c’est vous !…

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