Wikisource:Traductions/Des Principes Éthiques (George Edward Moore) (bilingue)

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Principia Ethica
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CHAPITRE I



LE SUJET DE L'ÉTHIQUE


1. Il est très facile de remarquer que la vérité de certains de nos jugements habituels concerne indubitablement l'éthique. Chaque fois que nous disons : « Un-tel est un homme bon », « Cet homme est un méchant » ; chaque fois que nous demandons : « Que dois-je faire ? » ou « Est-il mal pour moi d'agir ainsi ? » ; toutes les fois que nous hasardons une remarque telle que : « La tempérance est une vertu et l'ivresse un vice » — il ne fait aucun doute que c'est l'affaire de l'éthique de discuter de telles questions et de tels énoncés, de justifier ce qui est la vraie réponse lorsque nous demandons ce qu'il est juste de faire, et de donner des raisons de penser que nos énoncés sur le caractère des personnes ou la moralité des actions sont vrais ou faux. Dans la grande majorité des cas, quand nous produisons des énoncés impliquant n'importe lequel de ces termes : « vertu », « vice », « devoir », « droit », « bien », « mal », nous produisons des jugements éthiques ; et si nous voulons discuter de leur vérité, nous devons discuter d'un problème d'éthique.

Voilà qui n'est pas contesté ; mais cela est très loin de définir le domaine de l'éthique. Ce domaine peut en effet être défini comme la vérité exhaustive à propos de ce qui est à la fois commun à tous ces jugements et leur est particulier. Mais nous devons encore poser la question : Qu'est-ce donc qui est commun et particulier ? Et c'est une question à laquelle des réponses très différentes ont été données par des philosophes de l'éthique d'une réputation reconnue, et aucun d'entre eux ne semble l'avoir fait de manière complètement satisfaisante.

2. Si nous prenons des exemples tels que ceux donnés ci-dessus, nous ne devrions pas nous tromper de beaucoup en affirmant qu'ils concernent tous